mercredi 9 décembre 2020

Des oiseaux en pandémie (Mai 2020).

 

Voilà un mois et demi que la pandémie sévit sur l'ensemble de la planète. De plus en plus de cas, de plus en plus de décès et la conviction de plus en plus forte que nous sommes au début d'une grande noirceur. Tellement de questions sans réponse devant un ennemi inconnu jusqu'alors. Les spécialistes de la santé à l'échelle mondiale se liguent pour trouver des solutions, pour établir des marches à suivre afin de limiter la propagation de la maladie. Les frontières se ferment entre les pays et des zones sont établies puis fermées par les services publiques. Nous sommes confinés à des régions spécifiques et des barrages policiers empêchent les récalcitrants de se promener dans certaines d'entre elles. C'est ainsi par exemple, qu'au Québec, il faudra attendre au 18 mai avant que nous puissions nous rendre dans le Bas-Saint-Laurent.

Nos incursions dans les régions permises se continuent, mais nous dépassons rarement un rayon d'une quarantaine de kilomètres de la maison. Voici un échantillonnage de nos découvertes.

 

Une autre visite à la Base de Plein Air de Sainte-Foy me fait découvrir un mâle de Fuligule à collier / Aythya collaris / Ring-necked Duck qui a été rejoint par sa femelle. Même si le couple se forme rapidement, il ne nichera pas ici, mais il choisira plutôt un plan d'eau, lac ou étang, plus au nord. Réalisé le 5 mai.

  

Le Pic flamboyant / Colaptes auratus luteus / Northern Flicker est l'un de mes pics préférés. Son nom ancien de Pic doré faisait référence au jaune éclatant qui orne le dessous de ses ailes et de sa queue. Cette couleur ne s'observe bien que lorsqu'il s'envole. Sa grosseur, son vol ondulant et son croupion blanc nous aide aussi à l'identifier au premier coup d'oeil. Il se nourrit principalement de fourmis, ce qui explique le fait qu'on le voit très souvent au sol. Très vocal et territorial dès son arrivée, il visite d'abord les anciens sites de nidification. Réalisé le 6 mai à Québec.


La Petite Buse / Buteo platypterus platypterus / Broad-winged Hawk porte bien son nom et par ses dimensions et par son cri aigu de "p'tite buuuuse" qu'elle émet aussi bien en vol que perchée. Elle niche dans les forêts mixtes et elle est commune dans la vallée du Saint-Laurent. Sa diète comprend des couleuvres. Réalisé le 7 mai dans le comté de Lotbinière.


Le Roitelet à couronne rubis / Regulus calendula calendula / Ruby-crowned Kinglet se déplace fébrilement entre les chatons en floraison à la recherche de nourriture. À l'instar de son cousin, le Roitelet à couronne dorée / Regulus satrapa satrapa / Golden-crowned Kinglet, il reste très peu longtemps au même endroit. Lui aussi n'est que de passage et la grande majorité des effectifs se rend jusqu'en forêt boréale pour y nicher. Réalisé le 8 mai à Québec. 

 

La Paruline à couronne rousse / Setophaga palmarum palmarum / Palm Warbler fait partie des premières parulines qui nous reviennent en mai. Cette paruline se décline en deux sous-espèces différenciables sur le terrain. Au Canada, la sous-espèce palmarum, illustrée ci-haut, niche à partir des grands lacs vers l'ouest. Elle hiverne de la Virginie jusqu'au Texas ainsi que dans les îles caraïbes et le Mexique. J'en ai observé jusqu'au Costa Rica et même au Panama. Rencontrée le 10 mai 2020 à la Base de Plein Air de Sainte-Foy, ville de Québec.


Et voilà que le 16 mai, je rencontre la sous-espèce hypochrysea de la Paruline à couronne rousse sur son site de nidification à la tourbière de Villeroy. En fait, elle est très facile à trouver lorsque l'on visite les tourbières dans la région où nous vivons.  À mes débuts en ornitho, on mentionnait "race de l'est" et "race de l'ouest" pour distinguer les deux versions. Hypochrysea a les dessous très jaunes, marqués de rayures rousses sur la poitrine et les flancs. Elle niche à partir de l'Ontario vers l'est, hivernant principalement de la Géorgie jusqu'à la Louisiane.


Nous n'apercevons cet oiseau noir au Québec qu'en période de migration. En provenance des États-Unis, il se rend en forêt boréale pour se reproduire et il repasse à l'automne pour le retour sur son terrain d'hivernage plus au sud. Le Quiscale rouilleux / Euphagus carolinus carolinus / Rusty Blackbird est le moins observé de tous les oiseaux noirs trouvés dans la vallée du Saint-Laurent. Il se nourrit au sol alors qu'il recherche insectes et graines. Il affectionne en particulier les terrains humides. Réalisé le 10 mai dans la ville de Québec.


Le Grand Corbeau / Corvus corax principalis / Common Raven a déjà été beaucoup moins commun qu'il ne l'est présentement. Je me souviens très bien d'un nid découvert près des ponts de Québec, au début des années 90, qui avait attiré l'attention de bien des ornithologues de la région. J'ai photographié cet adulte près d'un nid contenant trois immatures prêts au premier envol le 11 mai 2020 à Sainte-Croix-de-Lotbinière. Le Grand Corbeau niche tôt au printemps (en mars).


Les moqueurs peuvent émettre un grand répertoire de strophes musicales. Certains imitent les chants ou les cris d'autres oiseaux et même des bruits entendus à répétition dans leur environnement tels que des sirènes de police ou autres. Ce n'est pas le cas du Moqueur roux / Toxostoma rufum rufum / Brown Thrasher dont le chant est reconnaissable au fait qu'il répète souvent trois fois d'affilée la même strophe. Son corps a le volume de celui d'un Merle d'Amérique, mais sa queue est plus longue. Ce grand roux est très vocal en mai, mais ses turluttes sont vite interrompues dès que la femelle est sur le nid. Réalisé le 11 mai 2020 à Saint-Antoine-de-Tilly.


Cet étrange oiseau que l'on ne voit pas souvent est le Bihoreau gris / Nycticorax nycticorax hoactli / Black-crowned Night-Heron. Même s'il lui arrive d'être éveillé le jour, c'est un oiseau qui s'active surtout la nuit. Un petit héron nocturne aux pattes courtes et inféodé aux milieux aquatiques. Celui-ci a été trouvé le 13 mai 2020 au Domaine de Maizerets. Ce site est traversé par une petite rivière qui laisse pénétrer l'eau du fleuve lors des marées hautes. Ce flux et ce reflux constant apporte son lot de nouveaux nutriments dont se délectent les anatidés et les ardéidés. Il est présent à chaque année sur le domaine.  


Ouf ! Difficile à manquer cet oiseau au plumage si attrayant ! Ça se passe le 17 mai à la Base de Plein Air de Sainte-Foy. L'Oriole de Baltimore / Icterus galbula / Baltimore Oriole émet des sifflements fluides et puissants qui précèdent son apparition. C'est un ictéridé i.e. qu'il appartient à la même famille que les quiscales, les carouges et les vachers. Il est friand de nectar et il est attiré aux abreuvoirs mis à sa disposition ou aux plateaux où des quartiers d'orange auraient été fixés.


Si vous êtes en nature et que vous entendez un miaulement de chat, sachez qu'il pourrait s'agir du Moqueur chat / Dumetella carolinensis / Gray Catbird. Sa robe est beaucoup plus sobre que celle de son cousin roux. D'un gris uniforme, elle ne souffre aucune ride. En fait, la seule partie colorée se trouve sous sa queue. Lors qu'il la relève, nous découvrons des plumes sous-caudales rousses. On l'entend fréquemment aussi bien en bordure de forêt que dans des lieux près de nos maisons et dans les parcs municipaux. Capté le 20 mai au Marais-Provancher à Neuville.


On les remarque moins ces oiseaux à cause de leur plumage terne et cryptique, qui se marie si bien à l'environnement boueux où ils trouvent leur nourriture. On les appelle "limicoles" et il y en a de toutes les grosseurs et de toutes les formes. Limicole vient du latin limus qui signifie limon ou boue. En effet, la majorité des espèces consomment des petits invertébrés vivant dans la vase ou l'humus. Ici, j'ai surpris le 21 mai ce Bécasseau minuscule / Calidris minutilla / Least Sandpiper près d'un étang à Québec. Il continuera sa route vers son lieu de nidification situé encore plus au nord que la forêt boréale.


Ce limicole, par contre, niche le long de nos cours d'eau (ruisseau, rivière ou fleuve) ou des plans d'eau (lac, étang de rétention des eaux usées ou marécage). Le Chevalier grivelé / Actitis macularius / Spotted Sandpiper, autrefois appelé Maubèche branlequeue, balance continuellement sa queue de bas en haut lorsqu'il se déplace. Photographié le 21 mai au même endroit que le bécasseau.


Le Râle de Virginie / Rallus limicola limicola / Virginia Rail est un oiseau qui hante la végétation des marais où sa robe foncée le rend très difficile à repérer dans ces lieux où le manque de lumière est la norme. Oiseau rond et bedonnant, il peut étirer son corps verticalement pour circuler plus facilement et  plus rapidement entre les longues tiges des joncs qui forment l'essentiel de l'habitat où il vit. Il arrive qu'il s'aventure en terrain ouvert, surtout le printemps alors que la végétation écrasée par la neige ne lui permet pas encore d'échapper à notre regard. Réalisé le 22 mai à Québec.


Le Foulque d'Amérique / Fulica americana / American Coot n'est pas commun dans la région de Québec. Il niche avec régularité dans les marais comme celui du Cap Tourmente ou celui de Neuville. C'est d'ailleurs à ce dernier endroit que je capte cet individu le 22 mai.


Qui ne connaît pas le Chardonneret jaune / Carduelis tristis tristis / American Goldfinch ? Il est abondant et bien présent dans différents habitats. Les postes d'alimentation permettent à quelques individus de rester avec nous l'hiver. Le 23 mai au Domaine de Maizerets.


Le Piranga écarlate / Piranga olivacea / Scarlet Tanager ne laisse personne indifférent. Dommage qu'il affectionne autant la canopée feuillue des érablières où il demeure pendant de longs moments à l'abri des regards. Son rouge lumineux n'a pas son équivalent parmi les autres passereaux nichant au Québec et sous nos latitudes. Même le Cardinal rouge risquerait de finir bon deuxième. Le 23 mai à la Base de Plein Air de Sainte-Foy.


Je me souviendrai toujours de mon premier contact avec cet oiseau. Il passe en vol au-dessus de ma tête tout en émettant une série de notes bizarres, presque discordantes, sans patron bien défini. Son vol est particulier aussi puisque ses courtes ailes rondes battent très vite, mais l'oiseau semble presque faire du surplace tellement il avance lentement. À l'oeil et vu d'en dessous, il paraît tout noir. Alors que je le suis du regard, il perd de l'altitude et il se perche sur un poteau de clôture. Je vois maintenant ses plaques blanches sur le dos (ailes et croupion) ainsi que le beige de la nuque. Le Goglu des prés / Dolichonyx oryzivorus / Bobolink est un oiseau qui niche dans les champs et il a connu une forte diminution de sa population suite aux multiples récoltes de fourrage qui se font à chaque été. Réalisé le 24 mai au Cap Tourmente.


Le Roselin pourpré / Carpodacus purpureus purpureus / Purple Finch est plus forestier que le Roselin familier. Pas surprenant donc qu'il soit moins commun aux postes d'alimentation d'arrière-cour de nos  villes. J'ai rencontré cet individu le 24 mai au Cap Tourmente. Son bec indique qu'il fait partie des granivores, mais il se nourrit également d'insectes et de fruits.


"Tire, tire, tire, la bibitte" semble nous dire la Paruline jaune / Setophaga petechia amnicola / Yellow Warbler. Mais il s'agit juste de son chant le plus typique. On ne lui prête pas seulement cette tirade puisqu'elle peut émettre une bonne dizaine de strophes différentes. À l'exemple de bien d'autres espèces, le mâle arrive sur son site de reproduction avant la femelle. Dès qu'il trouve le site idéal, il chante afin d'aviser les autres mâles que l'espace sera défendu bec et griffes. Cette paruline est commune à l'orée des forêts et près de l'eau. Rencontrée le 27 mai au Marais Léon-Provancher à Neuville.


   @ bientôt... en juin  

  

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