lundi 22 février 2021

S'adapter pour survivre

 

S'adapter pour survivre! Un sujet tellement d'actualité avec cette pandémie de la COVID-19 qui n'en finit plus de finir après déjà une année de dictature à l'échelle mondiale. Imaginez où nous en serions aujourd'hui si aucun changement de comportement n'avait été dicté et imposé par les instances gouvernementales de tous les pays. Ce serait l'hécatombe à l'échelle planétaire. Mais le concept d'adaptation est là depuis que la vie est apparue sur la Terre et c'est la nécessité de survivre qui est à l'origine de l'évolution. Des exemples d'adaptation dans la nature, il y en a partout, mais j'ai pensé vous entretenir aujourd'hui d'une espèce migratrice qui nous revient en avril.

Si vous désirez trouver une espèce spécifique dans la nature, rendez vous dans son habitat de prédilection et gardez l'oeil bien ouvert. Une consigne simple me direz-vous, mais dans le cas de la Bécasse d'Amérique, la recherche la plus exhaustive n'équivaut pas toujours à la détection de l'oiseau. Elle établit sa niche écologique dans les forêts humides mixtes ou à feuilles caduques avec des ouvertures éparses (40% de la surface de survie semble être minimale). De préférence dans les jeunes forêts et les terres agricoles abandonnées liées à la forêt; souvent des zones à couverture végétale herbacée. Tôt au printemps, au retour de sa migration, elle est principalement crépusculaire et nocturne, mais elle doit se nourrir de jour pour refaire le plein d'énergie. C'est un oiseau qui se déplace peu et très lentement. Il recherche les zones dégagées de neige. Son plumage est cryptique et il se marie très bien aux feuilles mortes et aux végétaux qui tapissent le sol des sous-bois.

 


Quand ils sont disponibles, les lombrics (vers de terre) forment de 68 à 86% de sa diète. La bécasse peut ingurgiter deux fois son poids en vers de terre sur une période de 24 heures. Elle complète avec des diptères, des coléoptères, des hyménoptères, des lépidoptères, des limaces, des araignées et d'autres arthropodes. Elle va plus rarement ingurgiter des matières végétales. Elle diversifie sa diète lorsque la terre est trop gelée au printemps ou lorsqu'elle est trop sèche et compactée au cours de ou à la fin de l'été. Elle utilise trois façons de se nourrir. Elle peut enfouir son long bec à l'aveugle dans la terre meuble, elle peut voir, chasser et capturer des proies qui se déplacent à l'air libre ou elle peut soulever la végétation morte au sol afin de s'y nourrir des matières vivantes qui y ont trouvé abri. La photo qui suit nous montre une bécasse qui vient de pincer un lombric grâce au bout de son bec adapté pour cette tâche.

 

Son long bec est un outil de haute technologie, car il allie à la fois la rigidité, la flexibilité et la sensibilité. Rigide, il peut pénétrer la terre afin d'y déloger des proies qui ne pourraient être atteintes d'autres façons.  Flexible est le culmen < i.e la mandibule supérieure > qui peut s'écarter pour pincer les proies sans devoir ouvrir tout le bec, autant au-dessus qu'en dessous du sol. Et le nec plus ultra de cet appendice est la présence de récepteurs nerveux à sa terminaison qui peuvent détecter la présence d'une proie sans même la voir. Et voilà pour la sensibilité. Une autre adaptation du bec pour permettre la recherche de proies bien enfouies se remarque au niveau des narines. Ces dernières sont situées très haut sur le culmen, à égalité avec la commissure du bec. Le positionnement des narines permet à l'oiseau de bien respirer alors que son bec est enfoui dans le sol.

La dernière photo montre également un autre trait morphologique très important. Les yeux sont placés hauts et vers l'arrière du crâne, près de la nuque. C'est certain que la vision binoculaire frontale, telle que les humains la connaissent, est impossible pour la bécasse, mais est-elle forcément handicapée pour autant? Elle n'a pas besoin de voir très près en avant d'elle car son bec sensible lui permet de trouver de quoi se nourrir. Par contre, lorsqu'elle est occupée à se nourrir avec le bec bien planté dans le sol, il est important pour elle de bien voir tout ce qui l'entoure y compris les dangers qui pourraient provenir de l'arrière, du dessus et de chaque côté. Le hibou, dont les yeux sont situés vers l'avant de sa tête, a un champ frontal total d'environ 60-70 °; cependant, les hiboux peuvent faire tourner leur tête très rapidement d'environ 270 °. La bécasse, grâce à ses yeux situés près du sommet de la tête, peut voir  vers l'arrière et vers le haut ainsi que vers l'avant et vers le haut. Son champ de vision est de près de 180° de chaque côté. Oui, la bécasse voit très bien et ça ajoute à la difficulté de la surprendre.

 

 

J'ai essayé de trouver dans la littérature une explication au balancement de tout le corps qui accompagne ses déplacements lorsqu'elle est en recherche de nourriture. Personnellement, j'ai tendance à voir un rapport entre ces mouvements, autant latéralement que verticalement, avec le besoin de focaliser sur son environnement. La vision binoculaire est très utile dans l'estimation précise des distances. Pour vous le prouver, regardez un objet près de vous. C'est facile d'estimer la distance qui nous sépare de lui parce que nous avons deux angles différents de vision qui permettent au cerveau de la calculer instantanément. Ça se fait naturellement. Par contre, regarder maintenant le même objet, mais en fermant un oeil. Oups! Petit problème. Beaucoup plus difficile maintenant. On peut comparer ce comportement avec celui des petits rapaces comme le Faucon émerillon ou la Crécerelle d'Amérique, avec celui de certains strigidés qui contorsionnent leur tête de multiples façons ou avec des limicoles comme les chevaliers. En bougeant rapidement leur tête de bas en haut ou de chaque côté, ils peuvent observer la même image sous différents angles et leur cerveau enregistre les données et effectue les bons calculs.

 

@ bientôt.

 

 

lundi 15 février 2021

L'entretien des plumes.

 

 

Garder les plumes en parfait état est crucial pour la survie des oiseaux. Ceci explique pourquoi on les voit si souvent les lisser, les imperméabiliser et veiller à ce que chacune se retrouve à l'endroit où elle sera le plus efficace. Pour replacer les plumes servant au vol, les oiseaux battent des ailes ou les étirent au maximum et ils étendent les plumes de leur queue. S’ils ne peuvent rien faire contre l’usure, la mue s’en occupera bien en temps voulu, ils utilisent par contre différents moyens pour se débarrasser des saletés, des corps morts et des parasites qui envahissent leur plumage. Il y a les bains secs et les bains humides. Facile de s’imaginer un oiseau s’ébouriffant dans une flaque d’eau, mais là où l’eau est absente, le sable peut aussi bien faire. D’autres vont se placer de dos au soleil et vont exposer la plus grande superficie possible de leur plumage à sa chaleur. D’autres vont s’installer par terre près d’une fourmilière et laisser les fourmis parcourir leur plumage à la recherche de quoi se sustenter. Aucun danger pour l’oiseau, mais gare à la bestiole qui se retrouve sur leur chemin. De plus, l’acide formique laissé par les fourmis agit comme un puissant répulsif pour les ectoparasites.
 
 
 
Cette femelle de Dindon sauvage / Meleagris gallopavo silvestris / Wild Turkey / Guajolote Gallipavo prend un bain de sable. Elle ébouriffe ses plumes afin de laisser pénétrer le sable entre ses plumes et jusqu'à son derme. Une façon de se débarrasser des peaux mortes et des démangeaisons qu'elles peuvent occasionner à l'oiseau. Pointe Pelée, Ontario, le 12 mai 2017.

 
 
 
Dans le cas présent, je suis très chanceux de tomber sur cette femelle de Tétras du Canada / Falcipennis canadensis canadensis / Spruce Grouse / Gallo Canadiense qui s'ébroue pour évacuer le plus possible de sable de son plumage. C'est le même procédé que celui utilisé pour se débarrasser de l'eau lors d'un traditionnel bain humide. Obedjiwan, Québec, le 04 août 2013.


 
 
Comme le démontre ce Quiscale bronzé / Quiscalus quiscula versicolor / Common Grackle / Zanate Común,, à force de s'agiter en tous sens pour permettre à l'eau de s'infiltrer à travers toutes les plumes,  un oiseau peut vider un bain d'oiseau dans le temps de le dire. Remarquer le statisme de la tête par rapport au reste du corps. L'oiseau doit garder l'oeil sur son environnement en exécutant cette tâche importante surtout en période de migration. En mouillant son plumage, il ne peut s'enfuir aussi rapidement à l'arrivée d'un prédateur potentiel. Le 23 août 2020 à Sillery, Québec.

 
 
 
 
Tout comme nous, les oiseaux ressentent le besoin, lors d'une période de grande chaleur, de baisser leur température corporelle en se plongeant dans l'eau. De là, l'importance de prévoir à installer dans sa cour un bain d'oiseau ou à aménager un endroit où l'eau s'accumulera assez pour faire office de baignoire. Vous ne risquez pas d'observer cet oiseau au Québec puisque c'est à Di Linh, au Vietnam, que je l'ai photographiée à partir d'une cache. Il s'agit du Gobemouche à menton bleu / Cyornis rubeculoides klossi / Blue-throated Flycatcher / Papamoscas Gorgiazul.

 
 
 
Cet oiseau magnifique, à l'oeil cerclé de bleu, ne se retrouve que sur l'île magique de Madagascar et c'est à Ifaty, un endroit très sec situé au sud-ouest de l'île, que je surprends ce Coua de Verreaux / Coua verreauxi / Verreaux's Coua / Cúa de Verreaux alors qu'il expose son plumage aux rayons du soleil matinal. Un bon procédé pour se débarrasser de l'humidité accumulée durant la fraîcheur de la nuit et une autre façon de maintenir son plumage au niveau maximal.

 
 

@ bientôt.

samedi 6 février 2021

Des oiseaux en pandémie (décembre 2020)

 

Très peu de photos en ce mois de décembre nuageux et sombre. Peu de neige, certes, mais aussi peu de période ensoleillée. À peine quelques apparitions ici et là. Pas de gros froid non plus. Pour plusieurs ornithologues, le mois de décembre est synonyme d'avicourse. L'avicourse se tient annuellement du 1er décembre à la fin février. Observer le plus d'espèces possibles dans ce laps de temps est une façon de motiver les participants à sortir régulièrement durant ces mois qui risquent de sembler longs et tristounets. Le mois de décembre s'avère habituellement productif avec les eaux libres qui peuvent accueillir encore des canards. Les retardataires et les égarés sont encore possibles et leurs présences déclenchent une montée d'adrénaline auprès de nos vaillants avicourseurs. 

 

 

Il se dissimule quelques fois une espèce insolite parmi la centaine d'anatidés qui fréquentent le ruisseau du Moulin, au Domaine de Maizerets. Ce ruisseau est le seul cours d'eau sur le domaine. Il est connecté avec les eaux du fleuve et il est donc tributaire des marées pour voir grossir ou diminuer le volume d'eau présent à un moment donné au cours d'une même journée. La marée haute contribue à renouveler les organismes qui constituent un bon apport nutritif. À preuve, cet élégant mâle de Canard chipeau / Mareca strepera strepera / Gadwall qui se mêle aux habituels Canards colverts et Canards noirs. Il sera présent quelques jours au grand plaisir des photographes et des ornithologues.

   

 

Et quelques minutes plus tard, voilà que le soleil retourne se cacher derrière un mur nuageux pour le reste de la journée. Pas facile de faire de la bonne photo dans ces conditions. Je ne peux résister à l'envie de prendre ce Jaseur boréal / Bombycilla garrulus pallidiceps / Bohemian Waxwing même s'il est à contre jour. Domaine de Maizerets, le 14 décembre 2020.

 

 

J'aime beaucoup le Bruant hudsonien / Passerella arborea arborea / American Tree Sparrow. Jamais abondant en hiver, on le retrouve ici et là, souvent pas très loin d'un poste d'alimentation. Il lui arrive de se percher le corps bien droit, bien en vue au bout d'une branche de conifère. Les deux bandes alaires, le bec bicolore, la couronne rousse et le point bien marqué sur sa poitrine gonflée nous permettent de l'identifier assez facilement. Silencieux en hiver, il émettra son beau sifflement plus tard au printemps. Rencontré dans le comté de Lotbinière, le 23 décembre 2020.

 

 

Lui aussi fait partie de nos visiteurs en hiver. Son manteau bicolore est simple, mais élégant. Le blanc de son bec, de ses dessous et des rectrices externes de sa queue contraste tellement bien avec le gris ardoise du reste de son plumage. C'est un passereau granivore dont la matière végétale représente 76% de sa diète entre novembre et mars.

 

 

 

Les deux photos qui suivent mettent en évidence deux espèces animales que l'on rencontre de plus en plus régulièrement dans la région de Chaudière-Appalaches. Les deux peuvent être vues ensemble lorsque la couche de neige dans les champs est mince. Dans le cas du Dindon sauvage / Meleagris gallopavo silvestris / Wild Turkey, ce sont des introductions contrôlées qui ont permis à l'espèce d'apparaître un peu partout et presque simultanément dans certaines régions du Québec. C'est principalement la chasse sportive qui a motivé les instances gouvernementales à promouvoir ces distributions.
 


Depuis les années 1970 , le cheptel du Cerf de Virginie / Odocoileus virginianus borealis / White-tailed Deer a augmenté considérablement au Québec passant d'une estimation de 3 000 individus en 1975 à 60 000 en 2006 < lire "Le système de suivi de population des cerfs de Virginie au Québec en 2006"  >.  L'établissement d'enclos d'élevage de chevreuils un peu partout dans la province, dont un à Saint-Édouard-de-Lotbinière, a contribué à cet état de fait. Dès que les jeunes cerfs étaient assez âgés, ils étaient relâchés dans la nature. Même si l'enclos de Saint-Édouard a été démantelé dans les années 1990, il a sûrement contribué à l'essor de la population dans le secteur. Les deux dernières photos ont été prises presque au même endroit, le 23 décembre 2020.

 

 

Et je termine ce survol des mois passés en pandémie en 2020 avec la très belle et résiliente Mésange à tête noire / Poecile atricapillus atricapillus / Black-capped Chickadee. Comme elle est fidèle à notre poste d'alimentation dans notre arrière-cour, nous la voyons et l'entendons à tous les jours de l'année. Peu importe les saisons ou les conditions climatiques adverses, elle montre toujours la même énergie et elle nous la transmet instantanément juste à la regarder. Elle est le meilleur antidote à la grisaille accompagnant un confinement trop prolongé.

 


@ bientôt.


mercredi 3 février 2021

Des oiseaux en pandémie (novembre 2020 - 2 de 2 -)

 

 

Et le mois de novembre continue à nous offrir quelques surprises dont quelques espèces égarées et de nouveaux arrivants en provenance des régions plus nordiques. Aussi quelques retardataires qui, pour une raison ou une autre, ont reporté leur migration vers le sud.

 

 

Cet oiseau ressemble beaucoup à un Moineau domestique lorsqu'il exhibe ce manteau d'immature de premier hiver. Lorsqu'il présente son dos à l'observateur, les motifs et les couleurs du plumage sont à s'y méprendre. La grosseur des deux espèces est la même ainsi que le comportement de nourrissage au sol. C'est lorsqu'il tourne sa tête de côté que le sourcil et le tour d'oeil jaunâtres nous font hésiter. Son bec plus gros et le trait malaire finissent par nous convaincre qu'on est bien en présence d'un Dickcissel d'Amérique / Spiza americana / Dickcissel. Comme c'est souvent le cas pour cette espèce, elle est observée à des postes d'alimentation où elle se mêle aux moineaux, bruants et juncos.  Lévis, le 11 movembre 2020.
 

 

 

Et tant qu'à nous retrouver dans le secteur, nous nous déplaçons de quelques kilomètres seulement à la recherche d'une autre espèce rarement observée au Québec et qui a été découverte quelques jours plus tôt. À l'instar du Dickcissel d'Amérique, quelques individus seulement sont rapportés chaque année sur le territoire québécois. Il s'agit cette fois d'un oiseau plus coloré, le Piranga vermillon / Piranga rubra rubra / Summer Tanager.

 

 

 

Cette espèce de la famille des thraupidés se spécialise dans la capture de guêpes et d'abeilles et elle est considérée comme une peste par les apiculteurs. Cet individu a capturé devant nous une abeille attirée probablement  par les fruits encore présents en grand nombre dans un pommier tout près.

 

 

Une rencontre avec un strigidé est toujours tellement impressionnante. Encore plus s'il s'agit du maître prédateur de nos forêts. Le Grand-duc d'Amérique / Bubo virginianus virginianus / Great Horned Owl impose le respect par sa taille et par l'allure féroce qu'il projette. Même s'il concède quelques centimètres au Harfang des neiges ou à la Chouette lapone par la taille, son agressivité est incomparable. Domaine de Maizerets, 12 novembre 2020.

 

 

Quand un grand-duc nous fixe de cette façon, on dirait que son regard nous transperce. Comme s'il ne nous voyait pas, qu'il voyait au-delà de nous. Assez bizarre comme impression et je ne voudrais pas être une proie potentielle.

 

 

 

Voici une espèce qui n'est pas rare, mais plutôt un individu qui a retardé sa migration automnale. Il peut rester quelques individus de cette espèce en hiver et ils sont alors assidus à des postes d'alimentation. C'est toujours très difficile de préciser la cause exacte de ce comportement atypique. Comme je l'ai mentionné dans le billet du mois d'août 2020, le Quiscale bronzé / Quiscalus quiscula versicolor / Common Grackle forme des groupes plus ou moins imposants qui se dirigent progressivement vers le sud. En novembre, il ne devrait plus en rester. Les quiscales aperçus durant ce mois sont plutôt des Quiscales rouilleux.  Pointe-au-Platon, comté de Lotbinière, le 14 novembre 2020.

 

 

 

En dessous du plateau où se nourrit le quiscale, voilà qu'une délicate Tourterelle triste / Zenaida macroura carolinensis / Mourning Dove se nourrit des graines qui sont tombées au sol par l'action de l'oiseau noir. Il faudra attendre les années '65 avant de voir cette espèce commencer à envahir progressivement l'ensemble du Québec. La recrudescence des postes d'alimentation a contribué de façon significative à aider les premiers envahisseurs à braver et à surmonter les rigueurs de nos hivers. Il est fréquent d'observer des individus qui ont perdu des phalanges ou des doigts entiers à cause du froid.

 

 

 

Cette Petite Nyctale / Aegolius acadicus acadicus / Northern Saw-whet Owl n'était vraiment pas facile à repérer alors qu'elle se tenait près du faîte de ce pin. Pas toujours facile à distinguer de la Nyctale de Tengmalm. Un bon truc pour les différencier? La petite a le bec noir, la Tengmalm a le bec jaune. Domaine de Maizerets, 15 novembre 2020.

 

 

 

Nous avons été agréablement surpris de trouver cette Grive à dos olive / Catharus ustulatus swainsoni / Swainson's Thrush au Parc des Moulins, l'ancien site du Jardin Zoologique de Québec, en ce 21 novembre 2020. Elle était plutôt active à la recherche d'arthropodes au sol. C'est une Grive solitaire qui a passé hiver dernier sur le site et qui a profité des arbres fruitiers pour survivre aux rigueurs de la saison froide. Revue le lendemain de notre découverte par un photographe ornithologue du coin, elle n'a vraisemblablement pas été retracée ultérieurement.

 

 

Le maniaque des rapaces que je suis était bien content de contacter à nouveau une Buse pattue / Buteo lagopus sanctijohannis / Rough-legged Hawk avant la fin de cette année 2020. Ça se passe près du Domaine de Maizerets. Perchée sur un lampadaire en bordure d'une autoroute, elle observe tout mouvement suspect dans les fossés environnants. Et ce sera un endroit productif, car elle adoptera ce poste de guet pendant plusieurs jours à venir. Elle niche dans la toundra et elle passe habituellement l'hiver plus au sud. Cette espèce possède une grande variété de plumages qui dépendent de l'âge bien sûr, mais en plus elle arbore deux morphes bien distincts. Un morphe pâle et un morphe foncé. Le morphe foncé constitue 10% de la population dans l'ouest du pays alors que le morphe pâle peut s'appliquer à 40% de la population dans l'est. Photographiée le 22 novembre 2020.

 

 

 

Une belle surprise pour une fin de novembre se matérialise en ce jeune Grand Héron / Ardea herodias herodias / Great Blue Heron qui s'envole d'un fossé à l'approche de notre véhicule. La diète alimentaire du plus grand de nos échassiers québécois est très variée et dépasse de beaucoup ce que l'on pourrait penser. Non, le Grand Héron ne se nourrit pas uniquement de poisson. C'est un opportuniste qui attrapera aussi bien un Rat musqué qu'un autre oiseau. Ceci lui permet de s'attarder un peu à l'automne ou de revenir très tôt au printemps alors que la neige recouvre encore partiellement le sol et que les battures ne sont pas pleinement dégagées des glaces.  Sainte-Croix, comtée de Lotbinière, le 29 novembre 2020.

 

 

 

Et voici un passereau qui apparait sous nos latitudes en novembre. La Pie-grièche boréale / Lanius excubitor borealis / Northern Grey Shrike niche dans le nord du Québec, dans la taiga, où elle nourrit sa nichée de gros insectes, d'oiseaux et de petits rongeurs qui peuvent atteindre la taille d'un leming. De la grosseur du merle, elle peut tuer des proies plus grosses qu'elle comme le Geai bleu et la Tourterelle triste. Elle a l'habitude de se percher à la cime d'un arbre ou d'un arbuste pour contempler les alentours et détecter les mouvements insolites. C'est d'ailleurs la meilleure façon de la repérer sur le terrain. Malgré le fait que son bec soit muni d'un crochet qui lui permet de déchirer les chairs de ses victimes, elle ne possède pas les serres d'un vrai rapace. Elle ne peut donc blesser une proie en faisant pénétrer ses griffes dans son corps et la retenir à la seule force de ses serres. Une fois morte, la victime est empalée sur une épine acérée d'aubépine ou sur le crochet d'un fil barbelé. Si la dépouille est bien camouflée, elle peut attendre des heures, des jours ou même des semaines avant d'être mangée par la pie-grièche. Cette pie-grièche a été photographiée à Bernieres, près de Québec, le 29 novembre 2020. C'était notre première de l'automne 2020 et nous en avons observé deux autres la même journée et à deux autres endroits différents.

 

 

 

La meilleure façon de terminer en beauté ce mois de novembre, c'est bien en observant une rareté et, pourquoi pas, dans sa propre cour. C'est en cherchant à la jumelle un Bruant à gorge blanche qui était au sol en dessous des mangeoires que mon attention est attirée par un flash de couleur. Je reconnais une espèce qui nous avait déjà visités à la fin janvier 2016. Le Troglodyte de Caroline / Thryothorus ludovicianus ludovicianus / Carolina Wren fait partie des espèces qui connaissent une expansion de leur aire de distribution depuis quelques décades. Comme ils l'on fait pour le Cardinal rouge, les postes d'alimentation aident beaucoup à cette expansion en fournissant la source de calories importantes pour la survie en hiver. Après l'adaptation à l'hiver, les oiseaux peuvent résider toute l'année et, ainsi, une nidification depuis possible. Durant les derniers travaux de l'Atlas des Oiseaux Nicheurs du Québec méridional, la nidification a été confirmée dans huit parcelles dont sept situées en Montérégie. Cependant ce n'est pas demain la veille et il se pourrait que des hivers très rigoureux viennent jouer un rôle négatif dans l'explansion de l'espèce. Sillery, le 30 novembre 2020.

 

 

 

@ bientôt pour la fin de l'année 2020.