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mardi 21 juin 2016

Des oiseaux endémiques au Mexique (mai 2016)




Dans mon dernier billet, je soulignais que Anne et moi avions passé les 14 premiers jours de mai 2016 dans le sud ouest du Mexique. Ce pays est immense et il abrite beaucoup d'espèces d'oiseaux endémiques. Une espèce endémique a ceci de particulier qu'elle ne se retrouve que dans un pays donné, dans un habitat donné et même dans une localité donnée. Sa féodalité n'a rien de patriotique, mais elle dépend plutôt de la nécessité d'occuper un certain type d'habitat ou de trouver des sources alimentaires très spécifiques. L'endémicité peut également découler de l'isolement millénaire d'une espèce donnée qui a mené à une différenciation de l'espèce originelle. Cette différence est suffisante pour empêcher l'hybridation de l'espèce originelle avec l'espèce nouvellement créée. Les exemples les plus connus se situent du côté des Îles Galapagos, situées au large de l'Équateur en Amérique du Sud, et où l'on retrouve les bruants et les tortues qui ont été à l'origine de la théorie de l'évolution de Charles Darwin.


Finie maintenant pour la théorie. Du 2 au 14 mai 2016, nous avons réservé les services d'un jeune biologiste, Eric Antonio Martinez, un guide professionnel exceptionnel que nous avions eu la chance de connaître en 2014 lors d'un voyage précédent dans la région de Huatulco, au Mexique. Ce sont nos amis grands voyageurs, Marcelle Lagacé et Camille Tremblay, qui nous avaient dirigé vers lui. Il nous avait accompagné pendant seulement trois jours, mais ses compétences m'avaient grandement impressionné. Si vous désirez vivre l'expérience, vous n'avez qu'à inscrire son nom sur Google et vous aurez le moyen de le contacter. Il n'est pas intéressé par de gros groupes et il préfère accompagner de 1 à 4 participants. Avec lui, le stress est exclu. Il connaît les oiseaux et où nous pouvons les trouver. Sa patience et sa passion n'ont d'égale que son habilité à repérer les oiseaux dans une végétation touffue. Il est également photographe, mais il s'occupe davantage des désirs du client que des siens. Il s'adapte très bien à nos attentes.


Eric Antonio Martinez parle un anglais parfait, facilement compréhensible pour des personnes moins habituées à cette langue.


Malgré que nous soyons des observateurs avertis, nous privilégions tous deux la nécessité d'être accompagnés par un ornithologue local lors de nos voyages à l'étranger. Nous sommes restreints dans le temps et nous aimons couvrir du terrain afin de multiplier les habitats différents et ainsi accroître la liste des espèces potentielles. Durant nos 13 journées complètes d'observation, nous avons pu rencontrer 380 espèces différentes. D'après Eric, nous avons parcouru environ 3 000 kilomètres. C'est bien différent d'un voyage tout inclus dans un hôtel donné  ;-) . Mais je tiens à le préciser, je ne dénigre pas les personnes qui favorisent ces voyages. J'en ai déjà fait et je les ai aimés. Voici donc des photos d'espèces spéciales, rencontrées seulement ou presque dans ces coins de pays mexicains. Comme un blog se doit avant tout d'être bref, je ne vous présenterai que les espèces les plus colorées ou les plus spectaculaires.



Voici le plus beau représentant de la famille des viréonidés que j'ai eu le bonheur d'observer jusqu'ici. Espèce endémique au Mexique, le Viréo ardoisé / Vireo brevipennis brevipennis / Slaty Vireo s'entend plus facilement qu'il ne se voit. Avec de la patience, un individu s'est finalement présenté à faible distance. Son oeil clair est quelque chose à voir.



Un autre viréonidé au plumage plutôt modeste celui-là, le Viréo nain / Vireo nelsoni / Dwarf Vireo est une autre espèce endémique observable seulement au Mexique. Par cette photo, je veux juste démontrer que la recherche à l'endémique n'a rien à voir avec la beauté ou non de l'espèce. Souvent, si ce n'est pour la majorité du temps, les différences entre les espèces originelles et les nouvelles espèces sont vraiment minimes. Il peut même s'agir d'un chant différent qui fait que l'espèce d'origine ne reconnaîtra pas un possible partenaire et ne s'accouplera jamais avec le nouveau taxon.  



Qu'elle est belle cette Paruline à croissant / Oreothlypis superciliosa superciliosa / Crescent-chested Warbler ! Autre espèce endémique, son trille facilement reconnaissable trahit sa présence et elle est abondante dès que l'on traverse son habitat.



Wow !  La Paruline à sourcils dorés / Basileuterus belli scitulus / Golden-browed Warbler est d'une grande beauté. Comme les autres espèces du genre Basileuterus, elle évolue très près du sol. Elle cherche sa nourriture au sol et elle farfouille dans la végétation jusqu'à un mètre du sol.


Très localisé et logeant à haute altitude, l'endémique Moqueur ocellé / Toxostoma ocellatum villai / Ocellated Thrasher est loin d'être facile à repérer. Mais quand nous avons cette chance, il constitue un candidat idéal pour une observation prolongée ou une occasion de photographie.


Oh ! que nous l'avons cherché ce Moucherolle ceinturé / Xenotriccus callizonus / Belted Flycatcher !  Il s'est finalement présenté in extremis en présence d'une colonie de fourmis légionnaires. Autre endémique.


Granatelle multicolore / Granatellus venustus venustus / Red-breasted Chat. Espèce endémique.



Ptilogon cendré / Ptilogonys cinereus molybdophanes / Gray Silky-flycatcher. Espèce endémique.



Paruline à tête rose / Cardellina versicolor / Pink-headed Warbler. Espèce endémique.



Junco aux yeux jaunes / Junco phaeonotus phaeonotus / Yellow-eyed Junco. Espèce endémique.


Paruline rouge / Cardellina rubra rowleyi / Red Warbler. Espèce endémique.



Géocoucou véloce / Geococcyx velox melanchima / Lesser Roadrunner. Espèce endémique.



Passerin à ventre rose / Passerina rositae / Rose-bellied Bunting. Espèce endémique.



Voici maintenant une espèce que l'on retrouve également au Québec, soit la Buse à queue rousse, mais dont la sous espèce kemsiesi ne s'observe que dans les hautes montagnes de la province du Chiapas, au Mexique. Son plumage est très foncé et la queue rousse est très apparente. Pour un ornithologue international, il est important de noter les sous-espèces observées aux différents coins de la planète, car l'isolement peut mener un jour à ce qu'un taxon devienne une espèce à part entière.



Ce Percefleur cannelle / Diglossa baritula montana / Cinnamon-bellied Flowerpiercer porte le statut de quasi endémique au Mexique, car il s'observe également en haute altitude au Guatemala et au El Salvador. Les oiseaux ne connaissent pas les limites géographiques établies par l'homme. De sorte qu'une chaîne de montagnes s'étirant sur quelques pays peut abriter une même espèce. Souvent les taxonomistes vont attribuer des sous-espèces différentes selon les pays hôtes. Reste à voir si les décennies ou les siècles à venir vont suffire à en faire des espèces à part entière. 


Et maintenant, pour terminer ce billet. Une espèce d'une grande beauté. Pas une espèce endémique au Mexique puisque je l'ai découverte pour la première fois à Monteverde au Costa Rica, un 3 juillet 1991, en compagnie de mon ami Mario Grégoire. Et oui, il y a de cela 25 ans, un quart de siècle. La vie passe vite, il ne faut pas reporter les rêves qui nous tentent.


Manakin fastueux / Chiroxiphia linearis linearis / Long-tailed Manakin




@ bientôt.




lundi 31 mars 2014

Escapade ornitho sous le soleil du Mexique.





 "Ah! comme la neige a neigé!
Ma vitre est un jardin de givre.
Ah! comme la neige a neigé!
Qu'est-ce que le spasme de vivre
A tout l'ennui que j'ai, que j'ai!..."



Et oui, comme il devait s'ennuyer notre Émile Nelligan national pour écrire ces vers qui ont trouvé écho à travers les âges. Mais peut-être se serait-il moins ennuyé s'il avait été ornithologue et s'il avait passé la saison hivernale à observer les oiseaux venir aux mangeoires qu'il aurait eu la bonne idée d'installer dans son jardin de givre ??? Mais il faut dire que "la neige a neigé" passablement au Québec en cet hiver 2013-2014 et que le tout ne semble pas vouloir s'atténuer en ce 28 mars 2014 alors qu'il neige encore à plein ciel et que les prévisions météorologiques nous en promettent encore dans quelques jours.

On a beau être "fait fort", comme on dit au Québec, il reste que le moral en prend un coup quand l'hiver s'étire obstinément. Une escapade vers des lieux ensoleillés et chauds est plus que bienvenue, mais la question reste toute entière, où aller ?  Comme nous avons déjà un voyage majeur et coûteux prévu pour le mois de novembre 2014, soient le Sud de l'Inde et le Sri Lanka, nous ne pouvons pas investir trop d'argent dans cet intermède hivernal, mais nous ressentons tout de même le besoin de nous changer les idées. Et nous voulons des oiseaux et du soleil assurés. J'ai bien le goût de retourner sur la côte sud ouest du Mexique, donc du côté de l'océan Pacifique, où le soleil promet de luire de tous ses feux à tous les jours et pendant tout notre séjour. C'est certain que le côté Atlantique, avec sa Riviera Maya et Cancun, est tentant, mais la possibilité de temps nuageux est plus envisageable et ça ne me tente pas du tout de prendre le risque.

L'expérience acquise au fil des années au Costa Rica m'a appris que le versant donnant sur l'océan Atlantique était beaucoup plus humide et pluvieux que celui donnant sur l'océan Pacifique. Les vents dominants soufflent d'est en ouest. Quotidiennement, les nuages poussées viennent s'accrocher aux sommets des crêtes montagneuses s'élevant au milieu du pays et ils s'accumulent à mesure que la journée avance. Arrivés à un certain stade, ils crèvent leurs eaux et voilà que la pluie tombe avec force et pendant une durée de temps variable selon les endroits. Véritable pluie tropicale. Du côté Pacifique, la température est chaude et sèche. La végétation qu'on y retrouve est du type "tropicale sèche" et, en dedans de plusieurs kilomètres le long de la côte, les paysages sont constitués en majorité d'arbres bas, de buissons, de cactus et de terre cuite par le soleil ardent. Ici, en saison sèche (i.e. durant notre hiver à nous, nord-Américains), les arbres se départissent de leurs feuilles afin de conserver toute l'humidité et les nutriments emmagasinés par leurs racines au profit des fleurs, des fruits et des graines qui assureront la pérennité de l'espèce. Cette absence de feuilles est fort salutaire pour les ornithologues qui peuvent alors mieux suivre les déplacements des oiseaux dans la végétation.


Habitat de forêt tropicale sèche à moins de 15 minutes de marche de l'hôtel Barcelo Premium à Huatulco. Photo Anne Déry, 14 février 2014.


C'est ainsi que notre choix se porte sur une destination couverte par la compagnie aérienne Sunwing, l'hôtel Barcelo Premium à Huatulco. C'est une destination touristique populaire chez les Canadiens de l'ouest du pays. C'est un "tout inclus" et cette formule me plaît beaucoup lorsque je suis en voyage familial. Au Québec, le départ se fait seulement en partance de Dorval. Ce sont les rapports de voyage écrits par Pierre Bannon et Régis Fortin qui me font découvrir cet endroit. Après avoir vu les photos et la liste d'oiseaux qu'ils en ont rapportées, je sens que ce serait un endroit idéal pour allier vacances-farniente-ornitho-photos. Et nous ne sommes pas déçus. Avant de vous présenter des photos des endroits visités, je veux insister sur le fait que environ 130 espèces des 185 espèces recensées par Anne et moi durant notre séjour de 14 jours ont été observées à une distance à pied à partir de notre hôtel. Notre horaire quotidien consiste en une excursion ornithologique entre 6h30 et 9h30, retour à l'hôtel pour le déjeuner et nous passons le reste de la journée à jouer au lézard au bord de la piscine ou de la plage. Et comme il fait soleil les 14 jours de suite, nous avons amples occasions d'observer des oiseaux spectaculaires et généreux dans leurs prestations.


Entrée paysagée de l'hôtel Barcelo Premium à Huatulco. En raison de la présence de gros arbres fruitiers, cet endroit grouille d'oiseaux tôt en journée et en fin d'après-midi. Photo Anne Déry, 12 février 2014.
  

Voici le terrain de golf de Huatulco à environ 15 minutes de marche de notre hôtel. Lors de notre séjour, il est fermé pour cause de rénovation, mais nous pouvons le parcourir sans problème. Nous respectons évidemment les chemins empruntés habituellement par les golfeurs. Malgré qu'il était ouvert au public lors de leurs passages respectifs, Pierre et Régis ont pu parcourir les mêmes chemins. Photo Anne Déry, 16 février 2014.


À environ 20 minutes de marche de l'hôtel se trouve une petite marina qui ajoute un habitat différent qui procure de belles observations. Nous y allons aux deux jours. Photo Anne Déry, 12 février 2014.

Mais, nous connaissant Anne et moi, je sens qu'il serait bon de prévoir quand même quelques jours de sortie avec un guide ornitho local. Il y a des montagnes toute proches et un habitat différent veut dire des espèces différentes. Une couple de mois avant de partir, nous rencontrons au Cap Tourmente nos amis Camille Tremblay et Marcelle Légaré et ils nous disent qu'ils reviennent de la province d'Oaxaca au Mexique où ils ont eu comme guide un certain Eric Antonio Martinez. Camille ne tarit pas d'éloges envers ce jeune homme. Je me dis alors que je tiens le filon et je le contacte par courriel ( mirmidons_1987@yahoo.com ). Nous convenons de louer ses services pour les 17,18,19 et 20 février. Durant ces dates, il guide déjà deux clients en provenance du Chili et ça nous fait plaisir de nous joindre à eux. Eric a grandi à Huatulco où il connaît tous les recoins, mais il vit aujourd'hui dans la ville d'Oaxaca (prononcé OAKA), une ville située à 6 heures de route au nord. Il s'engage à venir nous chercher le matin à notre hôtel vers 5h30, à nous ramener à l'hôtel pour le midi et à revenir nous chercher vers 15h30 pour une autre sortie avant le souper. Il n'y a que la journée où nous nous rendons en montagne à Pluma Hidalgo, à une heure et trente minutes de route, que nous projetons de prendre un goûter sur le terrain à cause de la distance à parcourir pour revenir à l'hôtel. Voici, en images, les lieux visités avec Eric, Magdalena et Willie.


Situé à une vingtaine de minutes de route de l'hôtel, le parc national de Huatulco nous réserve de belles surprises. Nous y passons l'avant-midi du 17 février 2014. L'habitat est la forêt tropicale sèche caractérisée par des arbres aux feuilles petites. Sur cette photo de Anne, nous reconnaissons Eric, Laval et Willie.


La vue près de Pluma Hidalgo est fort panoramique. Cette région est reconnue pour son café. La route de terre sillonne le flanc des montagnes et elle rejoint des petits villages. Un endroit superbe pour faire de belles découvertes. Situé à une heure et trente minutes de route de l'hôtel, nous y passons la majeure partie de la journée du 18 février. Photo Anne Déry.


Le 19 février au matin, nous rejoignons Puerto Angel, à environ une heure trente minutes de route de notre hôtel vers le nord. Vers 7h30, nous empruntons une petite embarcation qui nous amènera au large de la côte. Excursion aux pélagiques de quatre heures où de belles surprises nous attendent. Photo de Anne Déry. Eric, Laval, Willie et notre capitaine.


Au large, nous rencontrons un immense groupe de dauphins, des raies, des tortues, un serpent, des oiseaux pélagiques (puffins, labbes, mouettes, sternes). Nous ne nous ennuyons pas. En revenant, nous nous approchons d'immenses rochers où nichent des fous et des frégates. Photo de Anne Déry.


Le 20 février au matin, nous nous retrouvons à pas plus d'une quinzaine de minutes de route au sud de l'hôtel dans un habitat typique de la région. Encore là, grâce à l'expertise d'Eric, nous ajoutons d'autres espèces intéressantes. Photo de Anne.



Le 20 février, en après-midi, nous nous rendons à l'embouchure de la rivière Copalita. Un endroit fréquenté par les adeptes du surf et les baigneurs, mais également par des oiseaux aquatiques variés. Un site superbe et à explorer absolument dans la région de Huatulco. Photo Anne Déry.



Je sais, je n'ai pas partagé beaucoup de photos d'oiseaux dans ce billet, mais je l'ai écrit à titre d'information pour les lecteurs qui seraient à la recherche d'idée pour une destination alliant vacances familiales, détente et ornithologie.

Voici une dernière photo prise par Anne et donnant un point de vue sur les rochers situés en face de notre hôtel.






 @ bientôt.





  

mercredi 19 mars 2014

Donnant donnant


"Donnez et vous recevrez", voilà un principe bien connu des boxeurs, mais il ne s'applique pas qu'à eux. Heureusement.


Les ornithologues qui passent du temps en nature ont quelques fois la chance d'observer des comportements animaux assez intéressants. Comportements dictés par une loi aussi immuable que celle de la gravité sévissant sur notre belle planète bleue, celle qui commande que chaque action provoque une réaction.

C'est ce constat que nous avons vérifié, Anne et à moi, lors de notre dernier voyage près de Huatulco, sur la côte Pacifique du Mexique. Plus précisément à Pluma Hidalgo, à une heure et trente minutes de route au nord de Huatulco. Cet endroit est renommé pour le café et le chocolat qu'on y produit. Ce site est très fréquenté par les touristes qui y débarquent par dizaines. Situé à 1300 mètres d'altitude, il offre l'occasion pour les ornithologues d'ajouter des espèces rencontrées en forêt tropicale humide par opposition à la forêt tropicale sèche qui prévaut dans les basses terres du versant Pacifique. "Pluma" se traduit par "plume" et cette image réfère aux nuages qui s'accumulent au sommet des plus hauts pics et qui ressemblent à des plumes duveteuses. "Hidalgo" et le nom d'un prêtre qui a beaucoup fait pour que les mexicains gardent leur indépendance. Ce nom se retrouve d'ailleurs souvent dans des noms de villages ou de sites.

En ce beau matin du 18 février 2014, nous nous y rendons accompagnés par Eric Antonio Martinez, un guide ornitho local vivant à Oaxaca, et un couple en provenance du Chili, Magdalena et Willie. Avant d'arriver près de Pluma Hidalgo, nous bifurquons à gauche sur une vieille route. Cette ancienne route continue encore à être empruntée aujourd'hui puisqu'elle mène à divers petits villages en montagne. Elle est intrigante en ce sens qu'on a l'impression quelques fois de pénétrer dans une cour privée tellement c'est étroit et que les maisons sont collées sur la route. Quelle bonne idée nous avons eu de louer les services d'Eric pour quelques jours.

Aux environs de 7h45, nous observons un petit rapace perché sur une grosse branche d'un arbre mort. Nous stationnons l'auto à un endroit sécuritaire et nous observons la scène avec beaucoup d'intérêt. D'abord, l'identification est facile, il s'agit d'un Faucon des chauve-souris / Falco rufigularis petoensis / Bat Falcon. Cette espèce est régulièrement rencontrée en zone tropicale et elle est facile à repérer grâce à son habitude de se percher bien en évidence. Les mâle et femelle arborant le même manteau, la taille permet de déterminer le sexe. Comme l'individu est seul pour l'instant, nous ne nous préoccupons pas de cette précision.

Alors que nous nous attardons à cet endroit, voilà qu'un deuxième oiseau arrive en vol transportant dans ses serres un mâle de Paruline à gorge noire / Setophaga virens / Black-throated Green Warbler. C'est un mâle et il remet rapidement sa proie à sa femelle. Je n'ai malheureusement que le temps de prendre cette photo juste après le transfert.




Le couple reste de longues minutes à vocaliser et la femelle s'éloigne à moins d'un mètre pour commencer à déplumer sa proie.



 

Le mâle part en vol, mais il revient se percher un peu plus bas. Les deux partenaires sont toujours dans le même arbre. Ça prend bien une vingtaine de minutes avant que la femelle ne finisse d'ingurgiter la paruline.

Il se passe alors une chose à laquelle personne du groupe ne s'attendait. Voilà que la femelle émet quelques sons et le mâle vient se percher dessus pour copuler.




La différence de taille est alors encore plus apparente. Le mâle bat des ailes afin de garder un équilibre précaire. Les deux cloaques fusionnent quelques fois et pendant quelques secondes. Le mâle quitte et la femelle garde un instant une posture plutôt suggestive... pour un autre faucon.





Les échanges de nourriture entre les partenaires d'un même couple sont souvent observés chez les oiseaux et ils sont presque toujours associés à la reproduction. En apportant une proie à sa promise, ce faucon mâle lui a montré ses habilités de chasseur et lui a indiqué qu'il pourra subvenir aux besoins d'une prochaine nichée. La femelle ne demandait pas mieux.

Comme chaque sortie en nature nous apprend des choses, je suis bien content d'avoir pu assister à une telle scène. J'ai souvent observé ce faucon en chasse alors qu'ils poursuivaient des chauve-souris, mais c'est la première fois que je pouvais voir un passereau dans ses serres.


À bientôt.