lundi 26 août 2013

Les parulines boréales (partie 2)

La Paruline à couronne rousse / Setophaga palmarum / Palm Warbler est un oiseau des tourbières sous nos latitudes, mais elle se rencontre dans différents types de milieux ouverts en forêts boréales. Tout terrain en régénérescence devient un milieu propice pour elle. Le trille faible qu'elle émet se mêle facilement à celui du Junco ardoisé, mais dès que nous distinguons les deux, nous sommes plus en mesure de constater sa  grande distribution dans l'ensemble du territoire visé par nos recherches. Un mâle occupe jusqu'à 40% de son temps à chanter pour maintenir son territoire alors que la femelle incube les oeufs. Cette paruline est l'une de celles qui protège une zone de nourriture lorsqu'elle est sur son aire d'hivernage. Lors d'une étude faite aux Bahamas, des Parulines à couronne rousse défendaient des bourgeons de plantes riches en nectar (Agave braceana) en chassant les autres espèces de parulines ou les colibris. Dans la plupart des cas, le coût en énergie dépassait largement les bénéfices. Tout près du site, une Paruline tigrée passait même jusqu'à 90% de son temps soit à surveiller les intrus soit à les poursuivre.


Paruline à couronne rousse / Setophaga palmarum / Palm Warbler

Chaque mâle de la Paruline masquée / Geothlypis trichas / Common Yellowthroat  possède sa propre version immuable du "witchity-witchity-witchity-witch", habituellement différente de celle de ses voisins immédiats. À l'intérieur de la végétation dense et typique de son habitat, il est plus facile d'entendre que de voir. Le mâle défendant son territoire aurait de la difficulté à voir un intrus et il passe également beaucoup de temps hors de la vue de sa partenaire. Posséder un chant personnalisé permet à chaque individu de se reconnaître mutuellement. Des études ont démontré qu'un mâle donné répond beaucoup plus agressivement à un chant différent de ceux émis par ses voisins. En ne réagissant qu'à un chant différent de ceux entendus habituellement, il sauve du temps et de l'énergie. Par contre si on fait jouer le chant connu d'un voisin immédiat non à partir des limites communes du territoire, mais au milieu du territoire, le propriétaire réagit fortement à cette intrusion dans son fief. Il appert que la femelle reconnait le chant de son mâle. La Paruline masquée chante également en vol et son chant est alors plus varié plus mélodieux, mais il se termine de la même façon que le chant émis à partir de sa perche. Le mâle continue à exécuter ce chant en vol même après que la pariade soit terminée. Des chercheurs suggèrent, parmi d'autres fonctions, que ce comportement pourrait servir à avertir sa compagne de la présence d'un prédateur et à attirer l'attention de l'indésirable vers le mâle, protégeant ainsi la femelle et la nichée.


Paruline masquée / Geothlypis trichas / Common Yellowthroat

Les parulidés de la zone tempérée adoptent presque toutes le même patron d'activité tout au long de la journée. Elles commencent à chanter un peu avant l'aube alors que la lumière n'est pas encore suffisante pour la recherche efficace de nourriture. Au début de la saison de reproduction, elles vocalisent jusque vers les 9h00. Elles demeurent ensuite plus discrètes jusqu'à la fin de la journée où un regain est noté avant le crépuscule. Plus la saison avance et plus la période de chant du matin raccourcit. Une étude détaillée sur la Paruline à gorge noire / Setophaga virens / Black-throated Green Warbler sur son aire de nidification a démontré un pareil scénario. Les mâles de cette espèce passent les périodes de l'aube et du crépuscule à chanter à partir d'un perchoir. Après l'aube, ils continuent à chanter pendant quelques heures, mais la recherche de nourriture devient prédominante à mesure que l'avant-midi se passe. En mi-journée, suivent des périodes d'inactivité où les oiseaux en profitent pour entretenir leur plumage. Dès l'éclosion des oeufs, la recherche de nourriture prend toute la place. Lors de l'incubation, la femelle passe jusqu'à 80% de son temps assise sur les oeufs. Elle se nourrit tôt en journée et aux deux à trois heures par la suite.


Paruline à gorge noire / Setophaga virens / Black-throated Green Warbler


Une étude similaire faite sur la Paruline à gorge orangée / Setophaga fusca / Blackburnian Warbler, aussi en période de nidification, révèle que les deux sexes occupent leur temps de la même façon que la Paruline à gorge noire. La femelle incube 77% de son temps et, dès que les oeufs éclosent, elle s'occupe du nourrissage des oisillons à temps plein.


Paruline à gorge orangée / Setophaga fusca / Blackburnian Warbler


Il découle d'une étude faite sur la Paruline bleue / Setophaga caerulescens / Black-throated Blue Warbler , toujours sur leur terrain de reproduction et avant l'éclosion des oeufs, que le mâle investit de 17% à 40% de la journée à chanter sur un perchoir, de 30% à 32% à se nourrir, de 19% à 22% à combiner le chant et la recherche de nourriture, de 3% à 7% à entretenir son plumage (preening), de 0.4% à 0.9% à interagir avec des intrus et 1.9% à l'inactivité. Pendant ce temps, la femelle passe 75.1% de son temps à incuber et 21.5% à se nourrir. Sur leur territoire d'hivernage, les deux sexes passent tout leur temps à se nourrir. La Paruline bleue est reconnue pour faire deux nichées par année, particulièrement quand le mâle est âgé et plus expérimenté. Lors d'une étude de quatre ans sur une population vivant dans un habitat non fragmenté dans les White Mountains au centre du New Hampshire (USA), des femelles ont été rapportées pondre une moyenne de 6.6 oeufs par saison, desquels 5.2 parvenaient à l'éclosion et 4.3 produisaient des oisillons qui quittaient le nid. Ce haut succès était partiellement dû au fait de l'absence de parasitisme par le Vacher à tête brune / Molothrus ater / Brown-headed Cowbird qui est absent des forêts étendues. 35% des femelles marquées ont mené à terme avec succès deux nichées dans une saison et une femelle en a même fait trois. Ces parulines sont rencontrées en plus grande abondance dans des forêts avec un sous-bois dense et les oiseaux dans ce genre d'habitat quittent le nid plus tôt que ceux qui se retrouvent dans une végétation plus clairsemée. Une autre étude de six années impliquant 239 nids démontrèrent que la femelle de ce parulidé a moins contribué au nourrissage de la première portée que de la seconde. Le mâle portait la même attention aux deux portées. Les chercheurs en ont conclu que la contribution du mâle soulageait la femelle du travail énergiquement très demandant de s'occuper de la première portée, ce qui rendait possible pour elle d'entreprendre une deuxième portée.


Paruline bleue / Setophaga caerulescens / Black-throated Blue Warbler

La Paruline verdâtre / Oreothlypis celata / Orange-crowned Warbler est presque exclusivement insectivore durant la saison de reproduction, mais elle va se sustenter régulièrement de baies et de fruits durant les mois d'hiver, alors qu'elle peut être attirée aux mangeoires contenant du suif, du beurre d'arachide et même des beignets. À l'instar d'autre membre de la famille, ce parulidé visitera à l'occasion les multiples puits de sève creusés par le Pic maculé afin de boire le précieux nectar qui s'y est accumulé. Dans l'ouest de l'Amérique, c'est le Pic à nuque rouge qui remplace l'espèce de l'est et la sous-espèce de l'ouest de la Paruline verdâtre se comporte de la même façon que sa cousine de l'est.


Paruline verdâtre / Oreothlypis celata / Orange-crowned Warbler

La Paruline couronnée / Seiurus aurocapilla / Ovenbird  effectue majoritairement sa recherche de nourriture au sol. Sa méthode préférée consiste à scruter le dessous de chaque feuille morte tombée sur le sol, ou le sol même, afin d'y recueillir les insectes, les arthropodes et les invertébrés qu'y peuvent y vivre. Son chant est émis avec une force surprenante pour sa grosseur. Elle est très agressive lorsque vient le temps de protéger son territoire. Sa période de nidification est remarquablement courte pour un passériforme. Le jeune peut quitter le nid avant la septième journée, spécialement s'il est dérangé. Une étude a permis de voir les jeunes quitter après 6 jours dans 9 des 17 nids inventoriés. L'abondance de nourriture peut être un facteur qui les amène à quitter hâtivement le nid. De plus, dans certaines régions, les nids connaissent un haut degré de prédation et c'est donc une bonne chose que les jeunes puissent quitter tôt.


Paruline couronnée / Seiurus aurocapilla / Ovenbird


La capture d'insectes en vol (flycatching) est sans aucun doute la méthode la plus facile à observer pour l'ornithologue. Bien installé sur son perchoir, l'oiseau surveille les alentours et dès qu'un insecte passe à portée de bec, il le pourchasse et il le capte dans les airs. La Paruline flamboyante / Setophaga ruticilla  / American Redstart l'utilise à profusion et ses pattes faibles, la base de son bec large et la présence de rictales reflètent bien cette spécialisation. Cependant, il faut préciser qu'elle a apporté quelques modifications. Au lieu d'utiliser un perchoir et d'attendre patiemment qu'un insecte se présente, elle utilise les marques jaunes et oranges ornant ses ailes et sa queue afin d'effrayer les insectes présents dans le feuillage ou sur les branches. Tout en se déplaçant, elle ouvre nerveusement les ailes et elle écarte les plumes de sa queue. Cette action fait décoller les insectes et la paruline les capture aussitôt en plein vol. 


Paruline flamboyante / Setophaga ruticilla  / American Redstart
Si on désire observer la Paruline à collier / Setophaga americana / Northern Parula, il faut la chercher dans les grands feuillus et dans la partie la plus haute de la canopée. C'est plus souvent qu'autrement par son chant qu'on la repère. Un trille ascendant plutôt faible, mais bien audible. Elle niche dans une variété de boisés et de forêts, presque toujours associés à l'Usnée (Usnea) dans le nord de son aire distribution et à la Mousse espagnole (Tillandsia) dans le sud. Elle se nourrit principalement d'insectes et d'autres invertébrés comme les araignées. En hiver, elle ingurgite des baies, des graines et du nectar. Elle se nourrit haut dans la canopée en scrutant les feuilles et les brindilles, souvent la tête en bas pour investiguer chaque recoin du feuillage. Il lui arrive aussi d'attraper des insectes en vol ou de voleter sur place pour saisir les insectes accrochés sur les feuilles. À l'automne, elle se tient davantage tout près du niveau du sol, dans la végétation basse.


Paruline à collier / Setophaga americana / Northern Parula

La Paruline à flancs marron / Setophaga pensylvanica / Chestnut-sided Warbler peut jouer bien des tours à l'ornithologue qui compte sur les chants pour la reconnaître. À l'instar d'autres parulidés comme la Paruline jaune, la Paruline flamboyante ou la Paruline à tête cendrée, la Paruline à flancs marron possède un répertoire de chants qui peut devenir mélangeant. Son chant distinctif, qu'on pourrait classer comme de type 1, peut se traduire par un " pleased pleased pleased to meecha", mais la Paruline jaune est bien capable de l'imiter aussi . Son chant de type 2 est plus varié et ne se termine pas nécessairement par le "meecha", mais il peut alors être similaire à un autre chant de la Paruline jaune et de la Paruline flamboyante. Pas facile le métier d'atlasseur qui doit se fier énormément sur les chants pour identifier les oiseaux présents. Cette paruline migre sur de longues distances et elle est très abondante en hiver au Costa Rica où son plumage internuptial trompe bien des nord-américains qui ne sont pas habitués à l'observer dans ce type de plumage.

Paruline à flancs marron / Setophaga pensylvanica / Chestnut-sided Warbler
Je termine avec l'espèce qui est peut-être la plus connue, car elle est très commune partout lors des migrations printanière et automnale. À ces moments-là, on l'observe aussi bien en ville qu'en campagne, dans divers habitats et elle s'approche des habitations plus que les autres parulidés. Elle est l'une des premières parulines à atteindre notre altitude au printemps et elle est l'une des dernières à nous quitter à l'automne. La Paruline à croupion jaune / Setophaga coronata coronata / Yellow-rumped Warbler (Myrtle) a quelquefois deux portées dans la même année. Ceci est plus commun pour la race de l'ouest de l'Amérique du Nord que pour celle de l'est. Cette paruline niche dans les conifères, les forêts mixtes et les boisés dans la zone boréale. À l'instar de plusieurs de ses congénères, elle se nourrit principalement d'insectes et d'arthropodes en été et de baies et de fruits en hiver. 

Paruline à croupion jaune / Setophaga coronata coronata / Yellow-rumped Warbler (Myrtle)

Voici donc les parulidés qui m'ont accompagné lors de mes recherches dans la zone boréale du Québec. J'espère bien y retourner pour la cinquième et dernière année de l'Atlas des Oiseaux Nicheurs du Québec en 2014.

À bientôt !


Bibliographie consultée

del Hoyo, J., Elliott, A.& Christie, D.A. eds. (2010). Handbook of the Birds of the World. Vol. 15. Weavers to New World Warblers. Lynx Edicions, Barcelona.



jeudi 22 août 2013

Les parulines boréales (partie 1)

Oui, je sais, j'écris plus de billets sur la forêt boréale que sur d'autres sujets. Au cours des quatre dernières années, j'ai passé une moyenne de six semaines par année dans cette belle forêt. Ceci représente tout de même six mois de ma vie d'ornithologue amateur. Je suis tombé en amour avec cette belle nature et, même si elle est moins riche en diversité animale ou végétale que bien d'autres forêts, c'est toujours avec beaucoup de bonheur que je la retrouve. Aujourd'hui, j'aurais le goût de vous présenter la première partie de mes belles rencontres de parulines faites durant l'Atlas des Oiseaux Nicheurs du Québec.

Les parulines du Nouveau Monde appartiennent à la famille des parulidés qui comptent 116 espèces et 323 taxons (incluant espèces et sous-espèces). La Paruline jaune / Setophaga petechia / Yellow Warbler a vraisemblablement la plus grande distribution avec 43 sous-espèces.

La Paruline jaune / Setophaga petechia / Yellow Warbler

À 15 cm, la Paruline à gorge grise / Oporornis agilis / Connecticut Warbler était, selon l'ancienne taxinomie, la plus grande des quatre espèces du genre Oporornis. Elle est maintenant considérée comme la seule représentante de ce genre, les trois autres espèces ayant été placées dans le genre Geothlypis. Un individu capturé juste avant son départ migratoire, et qui avait donc accumulé des réserves de graisse en vue du long et exigeant périple, pesait 26.8 grammes. Ce qui en faisait l'un des plus pesants représentants de la famille jamais enregistrés, second seulement derrière la plus grosse Paruline polyglotte / Icteria virens / Yellow-breasted Chat. La Paruline à gorge grise diffère aussi de ses congénères par son mode de locomotion au sol: elle marche plutôt qu'elle ne saute et ses pattes sont longues et fortes. Elle est extrêmement furtive et difficile à suivre dans ses déplacements, car elle ne reste que quelques secondes au même endroit. Ça prend une patience d'ange pour la repérer à travers l'épaisse végétation où elle se cache et ça prend autant de chance si on veut la pixelliser. Et le manque de lumière dans le sous-bois ajoute au défi d'obtenir une photo précise. Son habitat préféré est la pinière de Pin gris, mais elle ne dédaigne pas la pessière d'Épinettes noires.


Paruline à gorge grise / Oporornis agilis / Connecticut Warbler

Il en est autrement de la très belle Paruline triste / Geothlypis philadelphia / Mourning Warbler qui se laisse plus facilement observer. Son chant émit avec force trahit sa présence à coup sûr. 

Paruline triste / Geothlypis philadelphia / Mourning Warbler

En plus de lancer son chant singulier lorsque perchée,  la Paruline du Canada / Cardellina canadensis / Canada Warbler émet un chant similaire en vol, quoique légèrement plus long. Un rapport récent d'une Paruline du Canada au plumage de type femelle en train de chanter vient étayer d'autres observations antérieures concernant le même comportement chez deux autres espèces classifiées à un moment donné sous le même genre Wilsonia soient la Paruline à calotte noire / Cardellina pusilla / Wilson's Warbler et la Paruline à capuchon / Setophaga citrina / Hooded Warbler. Les trois espèces nichent dans des habitats où l'on retrouve une végétation près du sol dense et intacte et où elles sont difficiles à repérer. Alors qu'il y a peu d'exemples documentés de femelles vocalisant en zone tempérée, les femelles de plusieurs espèces vivant en zone tropicale chantent fréquemment et vont même jusqu'à former des duos avec leurs partenaires.

Paruline du Canada / Cardellina canadensis / Canada Warbler

Paruline à calotte noire / Cardellina pusilla / Wilson's Warbler
Des espèces étroitement apparentées peuvent avoir des diètes bien différentes. Alors que la Paruline à joues grises / Oreothlypis ruficapilla / Nashville Warbler est presque exclusivement insectivore, la Paruline obscure / Oreothlypis peregrina / Tennessee Warbler exploite la nourriture qui abonde selon la saison. Ce sont principalement des insectes en été, sur son terrain de nidification, et une grande proportion de fruits et de nectar sur son terrain d'hivernage. La répartition nordique de la Tordeuse du bourgeon de l'épinette / Choristoneura fumiferana / Spruce Budworm va probablement s'étendre encore plus au nord à cause du réchauffement planétaire et les distributions des parulines qui s'en nourrissent devraient suivre cette tendance. On a déjà noté que la latitude moyenne de la présence de la Paruline tigrée / Setophaga citrina / Cape May Warbler et de la Paruline à poitrine baie / Setophaga castanea / Bay-breasted Warbler est plus au nord et quelques hypothèses indiquent que ces deux espèces, et la Paruline obscure, pourraient disparaître au sud du 50ième parallèle.

Paruline à joues grises / Oreothlypis ruficapilla / Nashville Warbler

Paruline obscure / Oreothlypis peregrina / Tennessee Warbler

Paruline à poitrine baie / Setophaga castanea / Bay-breasted Warbler
Paruline tigrée / Setophaga citrina / Cape May Warbler
 La Paruline à tête cendrée / Setophaga magnolia / Magnolia Warbler se nourrit d'un grand nombre de chenilles au printemps et à l'été, principalement en fouillant la végétation, mais aussi en faisant du surplace pour attraper ses proies sur les feuilles. Elle se sustente beaucoup des larves de la Tordeuse du bourgeon de l'épinette durant les invasions de cet insecte. Cependant, contrairement à ses congénères, la Paruline à poitrine baie et la Paruline tigrée, elle semble incapable d'accroître sa portée d'oisillons en vue de profiter de cette abondance de nourriture.

Paruline à tête cendrée / Setophaga magnolia / Magnolia Warbler

Rarement trouvée loin de l'eau, la Paruline des ruisseaux / Parkesia noveboracensis / Northern Waterthrush se déplace sur des morceaux de bois submergés pour l'aider à rejoindre des proies lorsque le niveau d'eau est trop haut. À partir de ce perchoir, elle peut soit s'étirer pour capturer les arthropodes qui flottent sur l'eau, soit plonger son bec pour saisir des mollusques, des petits crustacés, des larves d'insectes (comme celles des éphémères) et d'autres petits invertébrés. Elle fouille minutieusement parmi les feuilles mortes à la recherche de proies potentielles. Comme les autres parulidés, elle scrute les feuilles et les brindilles, quelquefois volant sur place, et elle n'hésite pas à partir en vol à la poursuite de mouches.

Paruline des ruisseaux / Parkesia noveboracensis / Northern Waterthrush



À suivre dans la 2ième partie, les parulines suivantes: couronnée, flamboyante, à flancs marron, verdâtre, à collier, bleue, à gorge noire, à croupion jaune, à gorge orangée, à couronne rousse et masquée.

À bientôt !

Bibliographie consultée

del Hoyo, J., Elliott, A.& Christie, D.A. eds. (2010). Handbook of the Birds of the World. Vol. 15. Weavers to New World Warblers. Lynx Edicions, Barcelona.




dimanche 18 août 2013

Nouvelle espèce de mammifère découverte dans les Andes...



Voici l'Olinguito, la dernière trouvaille dans le Nouveau Monde, et ceci depuis les dernières 35 années, d'une espèce de mammifères non encore décrite par la science.


Des scientifiques américains de la Smithsonian Institute disent qu'il ressemble à un croisement entre un chat et un ourson en peluche, mais qu'il est en fait un membre de la famille des Procyonidés qui comprennent les Raton laveur, Coati, Kinkajou et Olingo.

Ce mammifère carnivore d'un kilo arbore un manteau de fourrure laineuse et orange brunâtre et il vit dans les forêts nuageuses de Colombie et d'Équateur. Il est surnommé "neblina" par les locaux, un mot espagnol désignant la "brume".

Cet animal est plus actif la nuit. Il se nourrit principalement de fruits qu'il cueille dans les arbres, mais il est aussi carnivore quand l'occasion se présente. Il descend rarement au sol et il a une portée de seulement un petit à la fois.

Cette adorable créature a été mal identifiée pendant 100 ans, ceci en dépit du fait  qu'elle a été observée en nature, naturalisée dans des collections de musées et même exhibée dans des jardins zoologiques pendant une couple de décennies. Mais aujourd'hui, elle a été confirmée comme espèce distincte et elle constitue une incroyable et rare découverte dans ce 21ième siècle.

La méprise sur sa réelle identité provient du fait qu'il ressemble beaucoup à son cousin plus gros qu'est l'Olingo


Cependant, un examen du crâne, des dents et de la fourrure fait sur des spécimens de musée ont confirmé qu'il s'agit bel et bien d'une espèce distincte. Le crâne et les dents sont plus petits et ils sont formés différemment. La fourrure est plus dense et les poils sont plus longs chez l'Olinguito.

C'est donc à partir de spécimens naturalisés que les chercheurs ont entrepris des expéditions dans la partie nord des Andes afin de constater si l'espèce subsistait encore dans ces régions. Les rapports ont vite confirmé que la créature vivait en haute altitude dans les montagnes, entre 1 500 et 2 750 mètres au dessus du niveau de la mer. Une première vidéo de qualité médiocre a quand même été produite et elle montrait l'animal en pleine activité.

Son nom scientifique est Bassaricyon neblina.

Bassaricyon désigne un genre dévolu à des carnivores arboricoles et il inclue plusieurs autres espèces. Neblina, tel que mentionné antérieurement, veut dire "brume" en espagnol et il dépeint bien l'habitat où cet animal vit, soit la forêt nuageuse.

"La découverte de l'Oliguinto démontre une fois de plus que le monde n'a pas encore fini d'être complètement exploré et que ses secrets ne sont pas encore tous dévoilés " nous dit le Dr Kristofer Helgen, curateur et spécialiste des mammifères au Musée National d'Histoire Naturelle de la Smithsonian, " Si des nouveaux carnivores peuvent encore être découverts, quelle autre surprise nous attend ? Il y a sûrement d'autres espèces à l'échelle planétaire qui ne sont pas encore connues de la science moderne. Documenter leur existence s'avère le premier pas menant à la compréhension de la richesse et de la diversité de la vie sur notre Terre."



Des scientifiques ont mentionné dans la revue ZooKeys que l'habitat de l'Olinguito est menacé par l'activité humaine. Ils estiment qu'environ 42% du territoire sont déjà soit urbanisés, soit dévolus à l'agriculture. Les chercheurs ont découvert aussi qu'un Olinguito en provenance de Colombie a été exhibé dans des zoos américains dans les années 1960 et 1970. Cette espèce est donc venue bien près d'être démasquée au cours du siècle dernier.

En 1920, un zoologiste de New-York a même suggéré que le spécimen de musée qu'il avait entre les mains était assez inhabituel pour être considéré comme une espèce distincte. Mais il n'a jamais poussé l'idée plus loin.

Et le Dr Helgen d'ajouter " Les forêts nuageuses des Andes forment un monde en elles-mêmes, remplies d'espèces trouvées nulle part ailleurs dans le monde, la plupart étant menacées ou en danger d'extinction. Nous espérons que l'Olinguito pourra servir d'espèce phare afin d'attirer l'attention du monde sur ces habitats au statut précaire. C'est un animal magnifique, mais dont nous ne connaissons que peu de choses. Dans combien d'autres pays se rencontre-t-il ? Que pouvons nous apprendre de plus sur son comportement ? Que pouvons nous faire pour assurer sa conservation."

Et, pour finir, voici une photo d'un bébé Olinguito prise par Luis Mazariegos à la réserve La Mesenia en Colombie.



Encore un autre exemple prouvant que notre planète bleue regorge de richesses encore insoupçonnées.

À bientôt !

NB  L'information et les photos ont été glanées sur le web.




lundi 12 août 2013

Des Hirondelles noires dans Lotbinière.

La colonie d'Hirondelles noires / Progne subis / Purple Martins présente à Sainte-Croix-de-Lotbinière depuis plusieurs décennies tient encore bon malgré la disparition de deux autres colonies sur la rive sud du grand fleuve. À mes débuts en ornithologie, il y a 50 ans cette année, il existait une autre colonie dans la région de Lévis. Celle de Sainte-Croix est venue plus tard et je sais que, à la fin des années 1990, il y en avait une autre à Leclercville. Il était alors possible de les observer à l'embouchure de la rivière Duchêne qui vient se jeter dans le fleuve Saint-Laurent à la hauteur de ce village. Un ami biologiste qui vit à Saint-Antoine-de-Tilly a essayé sans succès d'attirer l'espèce en lui présentant les nichoirs qu'elle préfère i.e.ces grosses cabanes style condos qui peuvent abriter une vingtaine de couples. Malheureusement, ça n'a pas fonctionné.

Le 16 juillet dernier, je me suis rendu à Sainte-Croix avec Pierre Fradette et son coéquipier de l'Atlas, Jesse, car ils désiraient observer cette espèce sur le site de nidification reconnu comme étant celui le plus à l'est au Québec. Pour Jesse, il s'agissait même d'une première observation à vie de cette espèce. Les oiseaux étaient au rendez-vous et les grosses hirondelles étaient en plein activité de nourrissage. Voici quelques photos que j'ai prises à cette occasion.

Le mâle est tout noir avec des reflets surtout bleutés. Notez la largeur du bec à sa base. Les insectivores ont souvent ces becs plats et très larges à la base.


 La femelle a les dessous plus pâles et la nuque grisâtre.


 
Lors de notre visite, ce sont surtout les femelles qui semblaient occupées au nourrissage des jeunes. Comme celle-ci alors qu'elle apporte une libellule bien juteuse à la nichée. Les libellules étaient la cible préférée cette journée là. Je trouvais cela un peu navrant car les libellules étaient nos alliées lorsque les insectes piqueurs venaient nous tourner autour de la tête en forêt boréale. Dès que les libellules apparaissaient, les indésirables disparaissaient.


Une fois que la proie avait disparu dans la gorge d'un oisillon, il arrivait que la femelle prenne quelques secondes de répit en se perchant dans un arbre feuillu tout près du condo.



À cause de sa grosseur et de son poids, il lui arrivait de réaliser quelques acrobaties en arrivant sur la branche. 




Et c'est finalement sous son oeil bienveillant que nous nous sommes éloignés, contents, ravis et enchantés de notre rencontre avec une espèce qui persiste à revenir depuis des décades à cet endroit privilégié.



Le propriétaire des lieux, Benoît Garneau, est le grand responsable de l'attachement des oiseaux à sa cour. Depuis plusieurs décades, il ne cesse de les accueillir à chaque année avec des cabanes propres et surtout disponibles. Il prend bien soin de fermer tous les trous avec du ruban gommé qu'il n'enlève qu'au retour des hirondelles en mai. Les Moineaux domestiques et les Étourneaux sansonnets ne sont pas migrateurs et si les entrées étaient béantes, ils s'empresseraient d'occuper les cavités avant l'arrivée des hirondelles.

Des six espèces d'hirondelles présentes au Québec, l'Hirondelle noire est la plus grosse et la plus rare. Et comme pour tous les insectivores qui côtoient l'homme, elle a connu une baisse significative de sa population. Alors que j'ai observé toutes les autres espèces d'hirondelles jusqu'en Amérique Centrale, l'Hirondelle noire m'a toujours échappé en dehors du Québec. Son chant grave et liquide, ses voltiges aériennes et la beauté de son plumage en font une espèce unique. Je vous souhaite d'en rencontrer bientôt et, qui sait ?, d'en abriter un jour dans votre cour.

À bientôt.



jeudi 1 août 2013

De retour de boréalie...

Me voici de retour d'un quatrième exode spatio-temporel en forêt boréale en quatre ans. Dans le cadre du   projet de l'Atlas des Oiseaux Nicheurs du Québec, j'ai l'immense bonheur d'être embauché pour aller inventorier les espèces qui nichent au nord du 49ième parallèle. Cette année, c'est en compagnie de Xavier Francoeur, un jeune biologiste de 26 ans, que j'ai vécu un super bel été.

Xavier Francoeur vérifie l'attache de sa bicyclette de montagne installée sur le véhicule tout terrain. Photo prise le 3 juin 2013 au camp forestier Wendigo.

À l'instar d'une autre équipe qui se trouvait plus à l'ouest, mais à la même latitude, nous avons pu éviter les pluies présentes plus au sud et les feux de forêt plus au nord. Pour un participant à l'atlas, il est essentiel que les matins soient sans vent et sans pluie s'il veut optimiser les 15 points d'écoute qui doivent être faits dans chacune des parcelles à couvrir. Heureusement pour nous, les matins se succédaient presque tous plus beaux les uns que les  autres. La belle température nous permettait ensuite de noter les indices de nidification dévoilés quelquefois parcimonieusement par les différentes espèces d'oiseaux rencontrées chemin faisant.

C'est ainsi que nous avons pu passer un minimum de 20 heures dans chacune des  24 parcelles de 10km X 10km qui nous avaient été attribuées par l'administration de l'atlas. À part une seule parcelle qui se trouvait près des monts Vallin au nord du Lac-Saint-Jean, notre terrain de jeu avait comme limite septentrionale le nord du Réservoir Gouin (à la latitude d'Obedjiwan) et il s'étendait jusqu'à Chibougamau au nord est et jusqu'à Waswanipi au nord ouest. J'étais heureux de retourner dans cette région, car je l'avais parcourue à une plus petite échelle lors de l'été 2011 avec François Gagnon. Nous y avions fait de très belles observations dont une rencontre mémorable, le 27 juin 2011, avec un groupe de 6 Tétras à queue fine / Sharp-tailed Grouse alors que nous traversions la parcelle 18WV07. Pour François et pour moi-même, c'était une première observation à vie de cette superbe et rare espèce.

Cette femelle de Tétras à queue fine / Sharp-tailed Grouse a été rencontrée sur un chemin forestier près de Matagami le 2 juillet 2012.


C'est toujours intéressant de reconnaître des lieux déjà visités même si ce n'est qu'en passant, car nous avons tellement de terrain à couvrir qu'il n'est pas question d'investir du temps dans des parcelles déjà couvertes au cours d'une année antérieure. C'est ainsi que les 6 semaines de l'atlas en régions éloignées, cru 2013, ont passé comme un coup de vent... léger, chaud, agréable et bénéfique.

Ouf !  Ça, c'est dont on se souvient ou plutôt c'est ce dont on veut se souvenir i.e. QUE des bons côtés. Mais il y a aussi quelques côtés moins agréables dont les pannes de batterie du véhicule principal, les enlisements dans la boue, les froids matinaux, les chaleurs excessives d'après-midi et nos amis omniprésents que sont les insectes... piqueurs !!! Ici, en forêt boréale, nous atteignons l'azimut dans cette catégorie: brûlots, mouches noires, moustiques, mouches à chevreuil et frappe-à-bord de tout acabit. Cette présence indésirable est cependant essentielle pour maintenir l'écologie du milieu. Ici, c'est le paradis des moucherolles, des parulines et de tous les autres passereaux insectivores. En fait, ce lieu est idéal pour toutes variétés d'oiseaux. Même les oiseaux essentiellement frugivores, nectarivores ou granivores, nourrissent leurs oisillons d'insectes qui fournissent un apport calorique optimal et assurent un développement rapide. Car, au nord du 49ième parallèle, la présence des oiseaux migrateurs est courte. C'est à partir du début juin que l'arrivée massive a lieu et que les oiseaux revendiquent un territoire de nidification. Huit semaines plus tard, les lieux ont retrouvé leur silence. Quelques espèces s'occupent encore d'une deuxième nichée, mais la majorité d'entre elles a déjà accompli la tâche et leur présence s'avère alors très difficile à déceler. Cette brièveté temporelle a été particulièrement apparente en 2013. Les oiseaux ont mis du temps à arriver en forêt boréale, mais leurs chants se sont faits entendre aussitôt et ils se sont mis au travail de nidification sans délai.

Ce Viréo à tête bleue / Blue-headed Vireo vient d'arracher un morceau d'écorce de Bouleau à papier pour décorer son nid. Photo prise le 8 juin 2013 dans la Zec de la Boiteuse, près des monts Vallin, Lac-Saint-Jean.

J'ai surpris ce Moucherolle tchébec / Least Flycatcher le 28 juin 2012. Lui aussi avait orné son nid d'écorce de bouleau. Des fils d'araignées servaient à lier tous les matériaux.

Petite famille de Garrot à oeil d'or / Common Goldeneye surprise dans la parcelle 18WV27 le 27 juin 2013.

Voici trois autres canetons faisant partie de la même petite famille. Ils s'étaient éloignés de leur mère, mais ils l'ont rejointe quelques minutes plus tard.

Cette Bernache du Canada / Canada Goose est apparue devant moi alors que j'arrivais près d'un étang à castor. Le mâle n'était pas très loin et il a tenté d'attirer mon attention afin de m'éloigner de la famille.

Je termine ce billet en vous présentant trois fleurons de la forêt boréale. Des espèces que j'aime retrouver d'année en année. 

Voici un magnifique mâle de Tétras du Canada / Spruce Grouse en pariade devant une femelle que je ne voyais pas. Prise dans la parcelle 18XU07 le 4 juin 2013.

Le Moucherolle à côtés olive / Olive-sided Flycatcher est abondant en forêt boréale. Il peut occuper différents habitats, mais il est souvent associé aux milieux humides: tourbières, rivières forestières, lacs, étangs de castor... Photo prise le 30 juin 2013 dans la parcelle 18WA81.

Cet Engoulevent d'Amérique / Common Nighthawk est sur le point de regagner le sol afin de couver ou de nourrir un jeune. Malgré que le lieu d'atterrissage a été noté, il a été impossible de retrouver un nid ou un oisillon par terre. Photo prise le 25 juin 2013 dans la parcelle 18VU33.

À bientôt ...