jeudi 31 décembre 2020

Des oiseaux en pandémie (Juillet 2020).

 

 

 

L'immature du Mésangeai du Canada  / Perisoreus canadensis nigricapillus / Gray Jay est bien différent de l'adulte. Chez cette espèce, la nidification peut commencer aussi tôt qu'à la fin février, alors que le couvert de neige au sol est assez substantiel. Au début de l'été, il est fréquent de rencontrer un trio formé par les deux parents et un immature de l'année. Celui photographié ici, le 01 juillet au Parc National des Grands Jardins, dans le secteur du Camping La Roche, était accompagné d'un seul parent. Le mésangeai ne montre aucune crainte envers l'homme, d'où la facilité de prendre un plan rapproché de cette espèce.

 

 

La Paruline des ruisseaux / Parkesia noveboracensis / Northern Waterthrush est difficile à apercevoir dans les lieux qu'elle privilégie. Elle préfère les lieux humides comme les abords de ruisseaux au débit calme, les bords d'un lac ou d'un barrage de castor, ainsi que les tourbières. Sa robe foncée lui permet de se dissimuler dans les endroits sombres où elle se tient habituellement. La façon qu'elle a de branler verticalement la queue la trahit souvent. Mais c'est son chant qui dévoile le plus souvent sa présence. Lac Noir, Parc National des Grands Jardins, le 01 juillet 2020.

 

 

Le Tétras du Canada / Falcipennis canadensis canadensis / Spruce Grouse est la principale raison de notre visite annuelle en début juillet dans la forêt boréale du Parc National des Grands Jardins. Ce n'est jamais semblable d'une année à l'autre, mais à défaut de rencontrer des adultes et des oisillons, nous espérons au moins voir un adulte. C'est ce qui se passe aujourd'hui avec cette belle femelle bien assise parmi les pierres bordant le chemin principale près du Lac Noir. Au début, je croyais bien qu'elle dissimulait des oisillons sous elle, une situation que j'avais observée à quelque part en Abitibi, mais ce n'était pas le cas. Elle est restée bien tranquille et elle adoptait encore cette posture lorsque nous avons quitté les lieux.

 

 

Le 04 juillet 2020, nous nous retrouvons à Saint-Fortunat, au sud-est de Victoriaville, où nous avons loué un petit chalet pour une durée de trois jours. Une balade dans les environs nous permet une rencontre toujours inattendue avec une petite famille de Dindon sauvage / Meleagris gallopavo silvestris / Wild Turkey. Ces gros oiseaux sont très nerveux et il faut vite peser sur le déclencheur de notre caméra si on veut espérer avoir un souvenir de cet instant fortuit.

 

 

J'adore capter des images d'oiseaux qui sont occupés à leur petite besogne quotidienne. Ils font peu de cas de nous et c'est merveilleux. Ce Jaseur d'Amérique / Bombycilla cedrorum cedrorum / Cedar Waxwing se nourrit des fruits d'un Sureau des montagnes, à quelques mètres seulement de notre chalet.

 

 

Un peu après la rencontre avec les dindons, un chant connu fait vibrer mes tympans. Je reconnais immédiatement les doux gargouillis d'un Merlebleu de l'Est / Sialia sialis sialis / Eastern Bluebird. Il est en bordure de chemin et il me permet une approche lente et respectueuse. Peut-être incite-t-il une femelle à commencer une autre nichée? Nous sommes à Sainte-Hélène-de-Chester.

 

 

Et voilà qu'un Tyran tritri / Tyrannus tyrannus / Eastern Kingbird arrive en vol et il se perche pas très loin du merlebleu. On connait le caractère querelleur des oiseaux de la famille des tyrannidés. En véritables tyrans, ils n'endurent aucun oiseau sur leurs territoires de nidification. En fait, nous verrons trois autres individus, probablement tous de la même famille, car ils n'interagissent pas entre eux.

 

 

Le Bruant à gorge blanche / Zonotrichia albicollis / White-throated Sparrow s'observe en deux formes: celle à sourcil blanc et celle à sourcil beige. Au début de mon apprentissage en ornithologie, on m’avait enseigné à tort que les mâles avaient le sourcil blanc et les femelles le sourcil beige. Je sais maintenant qu’il est très difficile de sexer un individu, juste à l'observer. Les femelles ont un peu moins de jaune sur les lores en moyenne, des stries / marbrures plus prononcées sur la poitrine, et le motif de la tête peut être légèrement plus terne, mais il y a beaucoup de chevauchement et ce ne sont pas des caractères de sexage sûr, en particulier compte tenu de la nature polymorphe de l'espèce. Le meilleur moyen étant de l'avoir en mains et de prendre la mesure des ailes: > 74 = mâle ; < 67 = femelle. Le 05 juillet à Saint-Fortunat.



La même journée, à l'heure où la nuit prend sérieusement le relais du jour, arrivent trois Jaseurs d'Amérique et ils se perchent ostensiblement dans le haut d'une épinette. Quelle merveilleuse façon de terminer une belle journée!



Une de mes photos préférées de l'été, prise le 09 juillet dans la région de Sainte-Croix-de-Lotbinière. À mon adolescence, je vivais dans ce village où se trouvaient à ce moment-là des fermes actives. Les hirondelles de toutes espèces faisaient partie de nos vies sur une base quotidienne. Je me souviens d'une nichée d'Hirondelle rustique / Hirundo rustica erythrogaster / Barn Swallow chez le deuxième voisin, à l'intérieur d'une petite remise où il manquait une vitre dans une fenêtre. Depuis lors, la population de cette hirondelle a presque fondue comme neige au soleil. N'essayez plus d'observer une Hirondelle rustique en plein village. Aussi, quand j'ai aperçu ces deux jeunes hirondelles attendant la venue d'un parent nourricier, je me suis attardé. L'éclairage n'était pas optimal, les oiseaux n'étaient pas dans le bon angle, mais j'ai pris la chance de réaliser quelques clichés.



Juillet est le mois où nous commençons à voir certains limicoles migrateurs qui nous reviennent après leur nidification plus au nord. J'ai quand même été surpris, ce 16 juillet, de trouver cette espèce en compagnie d'un Grand Chevalier. Il s'agit d'un Bécassin roux / Limnodromus griseus griseus / Short-billed Dowitcher en mue. Son plumage est différent de celui que l'on voit normalement plus tard à l'automne. Ceci se passe à  Leclercville, le long de la rivière Du Chêne.



Le Colibri à gorge rubis / Archilochus colubris / Ruby-throated Hummingbird est le fameux < oiseau- mouche > qui fait l'admiration de tous ceux qui ont la chance de l'apercevoir. Même s'il y a plus de 350 espèces de colibris dans les trois Amériques, c'est le seul colibri commun au Québec. Image captée le 21 juillet 2020, à Batiscan.



La réserve naturelle du Marais-Léon-Provancher à Neuville est un endroit riche à souhait en espèces végétales et animales. Elle offre l'occasion de faire de belles rencontres et découvertes. En ce 22 juillet, un Grand Héron / Ardea herodias herodias / Great Blue Heron passe en vol à proximité et je ne peux faire autrement que de risquer quelques clics dans sa direction. Ce gros échassier vole lentement et avec grâce. Il est fréquent d'en observer une couple en même temps en train de se nourrir en eau peu profonde le long des grandes concentrations de massettes.



Le Petit Blongios / Ixobrychus exilis exilis / Least Bittern est une espèce d'oiseaux aquatiques appartenant à la famille des ardéidés. C'est le plus petit héron présent en Amérique du Nord et du Sud. Cet oiseau niche dans les marais très touffus et denses en végétation du Sud du Canada jusqu'au Nord de l'Argentine. Il se nourrit essentiellement de poissons et d'insectes qu'il capture par un mouvement rapide de son bec alors qu'il est accroché fermement le long des tiges des quenouilles. Voici une femelle concentrée sur une pêche qui s'est avérée remplie de succès. Photo prise le 24 juillet 2020 à la réserve naturelle du Marais-Léon-Provancher, à Neuville.



Cet immature de Paruline jaune / Setophaga petechia amnicola / Yellow Warbler montre bien les difficultés à reconnaître, à cette époque de l'année, les différentes espèces de parulines observées au printemps alors que leurs plumages étaient éclatants. Avant d'acquérir son beau plumage d'adulte, la robe de cet oiseau évoluera jour après jour et les zones grises seront remplacées par un jaune pétant. Comparez cette photo avec celle illustrant l'espèce à la fin du billet précédent. Rencontrée le 25 juillet 2020 à la Base-de-Plein-Air-de-Sainte-Foy, ville de Québec.


@ bientôt pour la suite de l'année 2020.

 

 

dimanche 27 décembre 2020

Des oiseaux en pandémie (Juin 2020).


 

Trois mois maintenant que nos activités sont dictées par le souci et la volonté de ne pas être un vecteur de transmission de la pandémie. La région de Québec a été jusqu'ici bien épargnée en comparaison avec celle de Montréal. Ce qui nous fait faussement espérer qu'une deuxième vague ne sera pas si importante que celle annoncée par les autorités. Nos doutes et nos craintes ne sont heureusement pas partagés par la belle nature qui nous entoure. Pour plusieurs espèces d'oiseaux, juin est le mois des oisillons qui quittent le nid et qui nécessitent beaucoup d'attention des parents. 

Chez les nidicoles, i.e les oiseaux dont les jeunes naissent sans duvet et qui doivent passer plusieurs jours au nid, c'est une bonne période pour observer les incessants transports de nourriture faits par les parents. Chez les nidifuges, i.e. ceux dont les jeunes naissent avec du duvet et qui peuvent se nourrir par eux-mêmes quelques heures seulement après leur éclosion, c'est l'occasion de les voir accompagnés de leurs parents qui leur enseignent l'art de la survie en les protégeant d'abord de potentiels prédateurs. 

 

C'est le 5 juin 2020 que nous rencontrons cette petite famille de Bernache du Canada / Branta canadensis interior / Canada Goose à la Base de Plein Air de Sainte-Foy, ville de Québec. La nidification a débuté il y a une quarantaine de jours et les jeunes doivent être âgés d'environ une semaine. Une nichée peut contenir jusqu'à douze oeufs, mais le nombre moyen est de cinq ou six. Il se passe en moyenne 70 jours entre l'éclosion et le premier envol. Les deux parents peuvent être très protecteurs et agressifs, mais ils n'attaqueront habituellement pas quelqu'un qui s'approcherait lentement et respectueusement.

 

Cette femelle de Canard branchu / Aix sponsa / Wood Duck est accompagnée de 11 canetons et elle a niché sur le même site que les bernaches. Si la bernache niche au sol, il en est autrement du branchu qui niche dans des cavités d'arbres, principalement des anciens trous faits par le Grand Pic, ou dans des nichoirs mis à leur disposition. On peut d'ailleurs en trouver quelques uns à la BPASF. Son lieu de nidification peut se situer jusqu'à deux kilomètres de l'eau. Ce canard est particulièrement friand des différentes noix disponibles en forêt ; on a découvert jusqu'à 56 glands dans la gorge et le jabot d'un individu. La femelle peut pondre entre neuf et douze oeufs sur un lit de duvet. Les oisillons se servent de leurs griffes pour grimper le long du tronc intérieur et se hisser jusqu'à la sortie du nid. Même si cette ouverture peut être jusqu'à 15 mètres au-dessus du sol, les jeunes n'hésitent pas longtemps à sauter dans le vide, encouragés par les cris de leur mère qui les attend au sol.

 

Le Busard des marais / Circus cyaneus hudsonius / Northern Harrier est le plus souvent observé alors qu'il chasse en maraude au-dessus des grandes zones herbacées, communes dans les milieux ouverts de nos campagnes. Il vole habituellement bas (< 3 mètres du sol) et de façon erratique, pouvant changer de direction à tous moments. À l'instar des hiboux, ils possèdent des disques faciaux paraboliques qui permettent la localisation des proies par les sons qu'elles émettent. Rencontre faite le 7 juin dans le comté de Lotbinière.

 

Le Coulicou à bec noir / Coccyzus erythropthalmus / Black-billed Cuckoo est parmi les derniers migrateurs à nous revenir au printemps. Il ne perd pas de temps pour chercher un territoire et un partenaire. Il est très discret et son plumage se marie très bien au feuillage déjà bien présent dans les arbres au début de juin. En fait, s'il n'était pas si bavard de temps à autres, il passerait facilement incognito. Il peut répéter pendant de longues minutes un "cou-cou-cou" caractéristique. Il émet ce cri lorsqu'il est assis sur son nid, en vol ou tout simplement perché bien droit et camouflé parmi les feuilles. Contrairement aux cuculidés de l'Ancien Monde qui pondent toujours leurs oeufs dans le nid d'autres espèces, notre coulicou s'occupe normalement de toutes les facettes de la nidification.  Je mentionne < normalement > parce que lorsque la nourriture est moins disponible sur son site de nidification, il lui arrive de pondre dans le nid d'autres espèces parmi lesquelles se retrouvent le Coulicou à bec jaune, le Moqueur chat, le Pioui de l'Est, le Jaseur d'Amérique, la Grive des bois ou la Paruline jaune. Rencontré le 7 juin 2020 dans le comté de Lotbinière.

 

La Paruline masquée / Geothlypis trichas trichas / Common Yellowthroat est l'une des parulines les plus communes au Québec. Malgré sa préférence pour les milieux humides, on peut la rencontrer dans une grande variété d'habitats. Son chant énergique et enjoué < ouititi-ouititi-ouititi-ouit > est entendu régulièrement et à toutes heures du jour dès son arrivée à la fin mai. Et pourtant, elle reste méconnue par les gens en général. Le 7 juin 2020 à  Ste-Croix-de-Lotbinière.

 

Voici une scène que l'on observe de temps en temps lorsqu'un corvidé aperçoit un rapace qui passe en vol au-dessus de son territoire. Il s'agit ici d'une Corneille d'Amérique / Corvus brachyrhynchos brachyrhynchos / American Crow qui harcèle une Buse à queue rousse / Buteo jamaicensis borealis / Red-tailed Hawk afin que cette dernière quitte son espace de vie. Dès que la buse sort de son territoire, la corneille abandonne sa chasse... mais elle est souvent relayée par une autre corneille qui voit son propre territoire envahi par l'oiseau de proie. Pas toujours facile la vie de rapace. Observé le 8 juin 2020 à Baie-du-Febvre, comté de Nicolet.

 

En voilà un autre qui est super abondant en campagne, le long des milieux ouverts, ou près des milieux humides. On le retrouve également en forêt boréale, autour des lacs, des marécages naturels ou dans les étangs créés par les barrages de castors. Le Carouge à épaulettes / Agelaius phoeniceus phoeniceus / Red-winged Blackbird est très territorial et il n'hésite pas à chasser toutes créatures qui envahissent sa niche écologique. Il est facilement reconnaissable à ses épaulettes rouges. Photographié le 8 juin, le long de la route Janelle, près du grand marais à Baie-du-Febvre.

 

L'Érismature rousse / Oxyura jamaicensis / Ruddy Duck est rare au Québec. Les endroits où on peut compter la trouver à coup sûr se compte sur les doigts d'une main. Ce petit canard plongeur ne semble pas coller au même endroit pendant bien des années. En fait, le plus sûr endroit se situe le long de la route Janelle à Baie-du-Febvre. C'est ce qui nous amène là année après année en juin.

 

Cette année, c'est la première fois que des nichoirs à Hirondelle noire / Progne subis subis / Purple Martin sont installés près du fleuve à Baie-du-Febvre. Et nous sommes à même de constater le succès de cette entreprise. Déjà quelques couples ont pris possession des logements mis à leur disposition. C'est vraiment une très bonne nouvelle, car cette espèce grégaire est en régression depuis déjà plusieurs années au Québec. Ici, un mâle se tient au sol à la recherche d'insectes ou de matériaux pour tapisser son nid.

 

Même si ce jeune mâle de Passerin indigo / Passerina cyanea / Indigo Bunting ne revêt pas encore sa robe d'adulte qui serait d'un bleu uniforme, il ne manque pas de virtuosité dans son chant. De petite taille et favorisant la végétation dense pour s'abriter, se nourrir et nicher, on ne le voit que rarement. D'autant plus que son plumage d'un bleu éclatant devient très mat lorsque l'oiseau se tient à l'ombre. Capté le 8 juin 2020 à Port-Saint-François, comté de Nicolet.

 

Ce couple de Maubèche des champs / Bartramia longicauda / Upland Sandpiper semble avoir trouvé un bon territoire pour la nidification. La majorité des couples de cette espèce sont déjà formés avant leur arrivée sur les aires de reproduction. Une fois sur place, ils signalent leur présence en émettant un sifflement fort et mélodieux. Le 9 juin 2020 à Notre-Dame-de-Lourdes.

 

Le plumage foncé et tacheté de la Bécassine de Wilson / Gallinago delicata / Wilson's Snipe lui permet de se confondre facilement avec les milieux humides qu'il arpente méthodiquement, sondant de son bec le sol mou à la recherche de nourriture. Le 9 juin 2020, à Notre-Dame-de-Lourdes.

 

Le Moucherolle à ventre jaune / Empidonax flaviventris / Yellow-bellied Flycatcher est notre Empidonax le plus inféodé à la forêt boréale. Il n'est que de passage au printemps et à l'automne dans les forêts décidues du sud de la province. Très discret, la meilleure façon de connaître sa présence est par son cri, un < tchou-oui > semblable à celui du Pioui de l'Est / Contopus virens / Eastern Wood-Pewee.  Notre-Dame-de-Lourdes, le 9 juin 2020.

 

Le plumage soyeux du Jaseur d'Amérique / Bombycilla cedrorum cedrorum / Cedar Waxwing, sa huppe, son caractère peu farouche et son cri sifflé sont autant d'éléments qui attirent l'attention. Ce nicheur migrateur abondant, au comportement très sociable, ne possède pas de chant; la communication entre individus se limite à quelques cris. Mâles et femelles possèdent un plumage identique. Le 13 juin 2020 à la réserve naturelle du Marais-Léon-Provancher à Neuville.

 

Dès son arrivée, la Sturnelle des prés / Sturnella magna magna / Eastern Meadowlark fait entendre un long chant sifflé constitué de quatre ou cinq notes mélodieuses, qui ne peut être confondu avec celui d'aucune autre espèce. Le large < V > noir qui contraste avec le jaune voyant de sa poitrine permet de le reconnaître facilement. Dans la région de Québec, sa population ne cesse de péricliter depuis les années 1960. Près de Québec, on compte sur les doigts d'une seule main les endroits où on peut encore l'observer. Capté le 13 juin 2020 dans le comté de Portneuf.

 

Le Bruant des prés / Passerculus sandwichensis mediogriseus / Savannah Sparrow est un petit bruant rayé présent dans les milieux ouverts à vocation agricole, en bordure des cours d'eau, de même que dans les prés et les dunes herbeuses le long de la côte. Il est absent dans les régions où la couverture forestière est dense. Malgré des baisses dans sa population, il reste quand même assez commun. Il se distingue de son cousin, le Bruant chanteur / Melospiza melodia melodia / Song Sparrow, par ses dimensions moindres, son sourcil jaune, sa queue plus courte et son chant distinctif. Le 15 juin 2020 à Gros Cacouna, Bas-Saint-Laurent.

 

Après vous avoir présenté le Moqueur chat / Dumetella carolinensis / Gray Catbird et le Moqueur roux / Toxostoma rufum rufum / Brown Thrasher dans mon billet précédent, voici maintenant le plus gros de la famille des mimidés, le Moqueur polyglotte / Mimus polyglottos polyglottos / Northern Mockingbird. Même s'il s'observe de plus en plus depuis les années 1990, il est encore très peu fréquent au Québec.  Observé le 15 juin 2020 à Rivière-Trois-Pistoles, Bas-Saint-Laurent.

 

Tôt durant la première moitié de juin, à l'aube et au crépuscule, on voit souvent des mâles du Moucherolle des aulnes / Empidonax alnorum / Alder Flycatcher affirmer avec force leur présence en chantant de perchoirs bien en évidence. À l'instar des autres Empidonax, son chant permet de l'identifier à coup sûr. Son < fri-bi-o > nasillard est caractéristique. Le 16 juin 2020 à Métis-sur-mer, Bas-Saint-Laurent.

 

Une belle surprise nous attendait en ce matin du 16 juin 2020, près du quai de Sainte-Luce-sur-Mer, dans le Bas-Saint-Laurent. La Mouette de Franklin / Leucophaeus pipixcan / Franklin's Gull niche à l'ouest des Grands Lacs et elle hiverne le long des côtes de l'Amérique du Sud. C'est par milliers qu'elles se retrouvent le long des côtes du Pérou où j'ai eu la chance d'en rencontrer en novembre 2010. Étant une migratrice de longue distance, elle peut facilement dévier de son corridor migratoire pour venir faire son apparition au Québec lors des migrations printanières ou automnales.

 

La Paruline jaune / Setophaga petechia amnicola / Yellow Warbler est comme un véritable rayon de soleil qui s'infiltrerait dans les sous-bois ou les zones inaccessibles à l'astre lumineux . Active, énergique et très territoriale, le moindre chuintement émis la fait sortir de la végétation pour voir ce qui se passe sur < son > territoire. C'est exactement ce qui s'est produit le 16 juin 2020 à Métis-sur-Mer. 


 

@ bientôt pour la suite de l'année 2020.

 

mercredi 9 décembre 2020

Des oiseaux en pandémie (Mai 2020).

 

Voilà un mois et demi que la pandémie sévit sur l'ensemble de la planète. De plus en plus de cas, de plus en plus de décès et la conviction de plus en plus forte que nous sommes au début d'une grande noirceur. Tellement de questions sans réponse devant un ennemi inconnu jusqu'alors. Les spécialistes de la santé à l'échelle mondiale se liguent pour trouver des solutions, pour établir des marches à suivre afin de limiter la propagation de la maladie. Les frontières se ferment entre les pays et des zones sont établies puis fermées par les services publiques. Nous sommes confinés à des régions spécifiques et des barrages policiers empêchent les récalcitrants de se promener dans certaines d'entre elles. C'est ainsi par exemple, qu'au Québec, il faudra attendre au 18 mai avant que nous puissions nous rendre dans le Bas-Saint-Laurent.

Nos incursions dans les régions permises se continuent, mais nous dépassons rarement un rayon d'une quarantaine de kilomètres de la maison. Voici un échantillonnage de nos découvertes.

 

Une autre visite à la Base de Plein Air de Sainte-Foy me fait découvrir un mâle de Fuligule à collier / Aythya collaris / Ring-necked Duck qui a été rejoint par sa femelle. Même si le couple se forme rapidement, il ne nichera pas ici, mais il choisira plutôt un plan d'eau, lac ou étang, plus au nord. Réalisé le 5 mai.

  

Le Pic flamboyant / Colaptes auratus luteus / Northern Flicker est l'un de mes pics préférés. Son nom ancien de Pic doré faisait référence au jaune éclatant qui orne le dessous de ses ailes et de sa queue. Cette couleur ne s'observe bien que lorsqu'il s'envole. Sa grosseur, son vol ondulant et son croupion blanc nous aide aussi à l'identifier au premier coup d'oeil. Il se nourrit principalement de fourmis, ce qui explique le fait qu'on le voit très souvent au sol. Très vocal et territorial dès son arrivée, il visite d'abord les anciens sites de nidification. Réalisé le 6 mai à Québec.


La Petite Buse / Buteo platypterus platypterus / Broad-winged Hawk porte bien son nom et par ses dimensions et par son cri aigu de "p'tite buuuuse" qu'elle émet aussi bien en vol que perchée. Elle niche dans les forêts mixtes et elle est commune dans la vallée du Saint-Laurent. Sa diète comprend des couleuvres. Réalisé le 7 mai dans le comté de Lotbinière.


Le Roitelet à couronne rubis / Regulus calendula calendula / Ruby-crowned Kinglet se déplace fébrilement entre les chatons en floraison à la recherche de nourriture. À l'instar de son cousin, le Roitelet à couronne dorée / Regulus satrapa satrapa / Golden-crowned Kinglet, il reste très peu longtemps au même endroit. Lui aussi n'est que de passage et la grande majorité des effectifs se rend jusqu'en forêt boréale pour y nicher. Réalisé le 8 mai à Québec. 

 

La Paruline à couronne rousse / Setophaga palmarum palmarum / Palm Warbler fait partie des premières parulines qui nous reviennent en mai. Cette paruline se décline en deux sous-espèces différenciables sur le terrain. Au Canada, la sous-espèce palmarum, illustrée ci-haut, niche à partir des grands lacs vers l'ouest. Elle hiverne de la Virginie jusqu'au Texas ainsi que dans les îles caraïbes et le Mexique. J'en ai observé jusqu'au Costa Rica et même au Panama. Rencontrée le 10 mai 2020 à la Base de Plein Air de Sainte-Foy, ville de Québec.


Et voilà que le 16 mai, je rencontre la sous-espèce hypochrysea de la Paruline à couronne rousse sur son site de nidification à la tourbière de Villeroy. En fait, elle est très facile à trouver lorsque l'on visite les tourbières dans la région où nous vivons.  À mes débuts en ornitho, on mentionnait "race de l'est" et "race de l'ouest" pour distinguer les deux versions. Hypochrysea a les dessous très jaunes, marqués de rayures rousses sur la poitrine et les flancs. Elle niche à partir de l'Ontario vers l'est, hivernant principalement de la Géorgie jusqu'à la Louisiane.


Nous n'apercevons cet oiseau noir au Québec qu'en période de migration. En provenance des États-Unis, il se rend en forêt boréale pour se reproduire et il repasse à l'automne pour le retour sur son terrain d'hivernage plus au sud. Le Quiscale rouilleux / Euphagus carolinus carolinus / Rusty Blackbird est le moins observé de tous les oiseaux noirs trouvés dans la vallée du Saint-Laurent. Il se nourrit au sol alors qu'il recherche insectes et graines. Il affectionne en particulier les terrains humides. Réalisé le 10 mai dans la ville de Québec.


Le Grand Corbeau / Corvus corax principalis / Common Raven a déjà été beaucoup moins commun qu'il ne l'est présentement. Je me souviens très bien d'un nid découvert près des ponts de Québec, au début des années 90, qui avait attiré l'attention de bien des ornithologues de la région. J'ai photographié cet adulte près d'un nid contenant trois immatures prêts au premier envol le 11 mai 2020 à Sainte-Croix-de-Lotbinière. Le Grand Corbeau niche tôt au printemps (en mars).


Les moqueurs peuvent émettre un grand répertoire de strophes musicales. Certains imitent les chants ou les cris d'autres oiseaux et même des bruits entendus à répétition dans leur environnement tels que des sirènes de police ou autres. Ce n'est pas le cas du Moqueur roux / Toxostoma rufum rufum / Brown Thrasher dont le chant est reconnaissable au fait qu'il répète souvent trois fois d'affilée la même strophe. Son corps a le volume de celui d'un Merle d'Amérique, mais sa queue est plus longue. Ce grand roux est très vocal en mai, mais ses turluttes sont vite interrompues dès que la femelle est sur le nid. Réalisé le 11 mai 2020 à Saint-Antoine-de-Tilly.


Cet étrange oiseau que l'on ne voit pas souvent est le Bihoreau gris / Nycticorax nycticorax hoactli / Black-crowned Night-Heron. Même s'il lui arrive d'être éveillé le jour, c'est un oiseau qui s'active surtout la nuit. Un petit héron nocturne aux pattes courtes et inféodé aux milieux aquatiques. Celui-ci a été trouvé le 13 mai 2020 au Domaine de Maizerets. Ce site est traversé par une petite rivière qui laisse pénétrer l'eau du fleuve lors des marées hautes. Ce flux et ce reflux constant apporte son lot de nouveaux nutriments dont se délectent les anatidés et les ardéidés. Il est présent à chaque année sur le domaine.  


Ouf ! Difficile à manquer cet oiseau au plumage si attrayant ! Ça se passe le 17 mai à la Base de Plein Air de Sainte-Foy. L'Oriole de Baltimore / Icterus galbula / Baltimore Oriole émet des sifflements fluides et puissants qui précèdent son apparition. C'est un ictéridé i.e. qu'il appartient à la même famille que les quiscales, les carouges et les vachers. Il est friand de nectar et il est attiré aux abreuvoirs mis à sa disposition ou aux plateaux où des quartiers d'orange auraient été fixés.


Si vous êtes en nature et que vous entendez un miaulement de chat, sachez qu'il pourrait s'agir du Moqueur chat / Dumetella carolinensis / Gray Catbird. Sa robe est beaucoup plus sobre que celle de son cousin roux. D'un gris uniforme, elle ne souffre aucune ride. En fait, la seule partie colorée se trouve sous sa queue. Lors qu'il la relève, nous découvrons des plumes sous-caudales rousses. On l'entend fréquemment aussi bien en bordure de forêt que dans des lieux près de nos maisons et dans les parcs municipaux. Capté le 20 mai au Marais-Provancher à Neuville.


On les remarque moins ces oiseaux à cause de leur plumage terne et cryptique, qui se marie si bien à l'environnement boueux où ils trouvent leur nourriture. On les appelle "limicoles" et il y en a de toutes les grosseurs et de toutes les formes. Limicole vient du latin limus qui signifie limon ou boue. En effet, la majorité des espèces consomment des petits invertébrés vivant dans la vase ou l'humus. Ici, j'ai surpris le 21 mai ce Bécasseau minuscule / Calidris minutilla / Least Sandpiper près d'un étang à Québec. Il continuera sa route vers son lieu de nidification situé encore plus au nord que la forêt boréale.


Ce limicole, par contre, niche le long de nos cours d'eau (ruisseau, rivière ou fleuve) ou des plans d'eau (lac, étang de rétention des eaux usées ou marécage). Le Chevalier grivelé / Actitis macularius / Spotted Sandpiper, autrefois appelé Maubèche branlequeue, balance continuellement sa queue de bas en haut lorsqu'il se déplace. Photographié le 21 mai au même endroit que le bécasseau.


Le Râle de Virginie / Rallus limicola limicola / Virginia Rail est un oiseau qui hante la végétation des marais où sa robe foncée le rend très difficile à repérer dans ces lieux où le manque de lumière est la norme. Oiseau rond et bedonnant, il peut étirer son corps verticalement pour circuler plus facilement et  plus rapidement entre les longues tiges des joncs qui forment l'essentiel de l'habitat où il vit. Il arrive qu'il s'aventure en terrain ouvert, surtout le printemps alors que la végétation écrasée par la neige ne lui permet pas encore d'échapper à notre regard. Réalisé le 22 mai à Québec.


Le Foulque d'Amérique / Fulica americana / American Coot n'est pas commun dans la région de Québec. Il niche avec régularité dans les marais comme celui du Cap Tourmente ou celui de Neuville. C'est d'ailleurs à ce dernier endroit que je capte cet individu le 22 mai.


Qui ne connaît pas le Chardonneret jaune / Carduelis tristis tristis / American Goldfinch ? Il est abondant et bien présent dans différents habitats. Les postes d'alimentation permettent à quelques individus de rester avec nous l'hiver. Le 23 mai au Domaine de Maizerets.


Le Piranga écarlate / Piranga olivacea / Scarlet Tanager ne laisse personne indifférent. Dommage qu'il affectionne autant la canopée feuillue des érablières où il demeure pendant de longs moments à l'abri des regards. Son rouge lumineux n'a pas son équivalent parmi les autres passereaux nichant au Québec et sous nos latitudes. Même le Cardinal rouge risquerait de finir bon deuxième. Le 23 mai à la Base de Plein Air de Sainte-Foy.


Je me souviendrai toujours de mon premier contact avec cet oiseau. Il passe en vol au-dessus de ma tête tout en émettant une série de notes bizarres, presque discordantes, sans patron bien défini. Son vol est particulier aussi puisque ses courtes ailes rondes battent très vite, mais l'oiseau semble presque faire du surplace tellement il avance lentement. À l'oeil et vu d'en dessous, il paraît tout noir. Alors que je le suis du regard, il perd de l'altitude et il se perche sur un poteau de clôture. Je vois maintenant ses plaques blanches sur le dos (ailes et croupion) ainsi que le beige de la nuque. Le Goglu des prés / Dolichonyx oryzivorus / Bobolink est un oiseau qui niche dans les champs et il a connu une forte diminution de sa population suite aux multiples récoltes de fourrage qui se font à chaque été. Réalisé le 24 mai au Cap Tourmente.


Le Roselin pourpré / Carpodacus purpureus purpureus / Purple Finch est plus forestier que le Roselin familier. Pas surprenant donc qu'il soit moins commun aux postes d'alimentation d'arrière-cour de nos  villes. J'ai rencontré cet individu le 24 mai au Cap Tourmente. Son bec indique qu'il fait partie des granivores, mais il se nourrit également d'insectes et de fruits.


"Tire, tire, tire, la bibitte" semble nous dire la Paruline jaune / Setophaga petechia amnicola / Yellow Warbler. Mais il s'agit juste de son chant le plus typique. On ne lui prête pas seulement cette tirade puisqu'elle peut émettre une bonne dizaine de strophes différentes. À l'exemple de bien d'autres espèces, le mâle arrive sur son site de reproduction avant la femelle. Dès qu'il trouve le site idéal, il chante afin d'aviser les autres mâles que l'espace sera défendu bec et griffes. Cette paruline est commune à l'orée des forêts et près de l'eau. Rencontrée le 27 mai au Marais Léon-Provancher à Neuville.


   @ bientôt... en juin