Les moucherolles sont de petits passereaux, en général plus petits que le Moineau domestique. Ce sont des insectivores qui se nourrissent essentiellement d'insectes volants, mais aussi d'insectes rampants ainsi que d'autres arthropodes comme les araignées. Au Québec, les neuf différentes espèces habituellement rencontrées appartiennent toutes à la famille des tyranidés. Elles partagent le même mode de chasse. Bien installées sur une perche, elles peuvent demeurer de longs moments immobiles, ne bougeant que la tête pour détecter des insectes volants qui passeraient à portée d'un vol court et rapide. Une fois la proie repérée, l'oiseau s'envole, attrape l'insecte et revient se percher sur la même branche ou tout près. Cette méthode de chasse très caractéristique peut expliquer la robe très sobre que portent ces oiseaux insectivores. Des couleurs trop éclatantes seraient néfastes pour ces oiseaux qui pourraient alors se faire trop facilement repérer autant par leurs proies que par leurs prédateurs.
À la fin-mars ou au début-avril, la première espèce à se présenter au DJL est le Moucherolle phébi / Sayornis phoebe / Eastern Phoebe. Si sa livrée brunâtre lui permet de passer inaperçu, il en est autrement lorsqu'il émet le cri qui lui a valu son nom: un "phé..bi" dont le "bi" est légèrement tremblotant. Il affectionne la proximité de l'eau et il construit son nid en dessous de la structure des ponts qui enjambent les rivières. Il l'installe aussi sur les cadres de portes ou les pièces de bois horizontales des différentes bâtisses environnantes. Ceci leur permet de se tenir à l'abri des intempéries (grand vent et pluie). Voilà qui explique pourquoi on observe cette espèce tout autour de la bâtisse principale du domaine. À ma connaissance, l'espèce est présente depuis plusieurs décennies à cet endroit. Une autre caractéristique aidant à son identification est le mouvement nerveux de la queue qu'il exécute lorsqu'il est perché.
Moucherolle phébi / Sayornis phoebe / Eastern Phoebe |
Moucherolle phébi / Sayornis phoebe / Eastern Phoebe |
En 1804, un Moucherolle phébi devint le premier oiseau à porter une bague en Amérique du Nord. John James Audubon attacha des fils argentés à la patte de cet individu de façon à suivre son retour dans les années subséquentes.
La mi-mai souligne l'arrivée d'un autre moucherolle de petite taille au DJL, le Moucherolle tchébec / Empidonax minimus / Least Flycatcher. Il se différencie du Moucherolle phébi par sa couleur plus grisâtre, ses deux bandes alaires plus évidentes et le cercle oculaire bien apparent. Comme pour bien des moucherolles, c'est son cri qui le trahit immédiatement. Il émet un "tché-bec" bref, sonore et répétitif. Il accompagne chaque cri par un mouvement nerveux de la queue. Il s'observe principalement sur le plateau no 2 au DJL, ainsi que dans l'érablière située au plateau no 3. Les différentes espèces de moucherolles sont très territoriales autant sur leur territoire de reproduction qu'en dehors. Chaque espèce est très agressive et envers toutes les autres espèces de moucherolle, c'est tolérance zéro. Pourtant le Moucherolle tchébec peut à l'occasion tolérer la présence d'un autre congénère.
Moucherolle tchébec au nid en juin 2012 |
Les deux dernières espèces de moucherolles nichant sur le site du DJL arrivent aussi en mai, environ une semaine plus tard que le Moucherolle tchébec. Il s'agit du Pioui de l'Est / Contopus virens / Eastern Wood-Pewee et du Tyran huppé / Myiarchus crinitus / Great Crested Flycatcher. Les deux espèces sont forestières et fréquentent souvent les érablières d'où leurs présences plus fréquentes au plateau no 3 du site du domaine. Il est cependant possible de voir et d'entendre les deux espèces peu importe où on se situe sur le site. Il s'agit de tendre l'oreille car, comme tout bon moucherolle, les deux sont vocaux et leurs cris sont caractéristiques et ils portent loin.
Si ce n'était de son sifflement fluctuant et aigu (d'où il tire son nom) "pi-ou-IIIII", le pioui passerait la plupart du temps inaperçu. Il se nourrit d'insectes dans la strate supérieure des arbres et sa petitesse, ainsi que sa couleur terne, font qu'il est difficile à repérer. N'oublions pas son mode de chasse particulier qui comporte peu de déplacement. Bien perché sur une branche pendant de longs moments, il poursuit une proie volante qui passe trop près et il revient se percher au même endroit. Il faut donc être très attentif si on veut l'observer. Une étude a démontré qu'il peut accomplir une moyenne de 68 envolées par heure lorsqu'il nourrit ses jeunes. Il se différencie du Moucherolle phébi par son cercle oculaire et ses bandes alaires très faibles ainsi que par sa tête nettement plus pointue. Les deux ont environ la même taille.
Pioui de l'Est / Contopus virens / Eastern Wood-Pewee. |
Le plus grand des moucherolles présents au DJL est le Tyran huppé / Myiarchus crinitus / Great Crested Flycatcher. Plus gros que ses cousins, il n'en demeure pas moins difficile à observer car il vit dans la canopée des arbres. Lui aussi y va d'acrobaties aériennes pour attraper ses proies. Son cri distinctif ressemble à un sifflet d'arbitre: un "prrrit" roulé, fort et sec qu'il peut répéter en cascades s'il est vraiment excité. À l'instar des autres tyranidés, il est agressif et un rien l'énerve. D'où ses cris souvent entendus qui comprennent également un "ouip". À noter la huppe ébouriffée, la tête foncée ainsi que le haut de la poitrine grisâtre qui tranche nettement avec le jaune du ventre. En vol, le roux des ailes et de la queue est très apparent. Le Tyran huppé est le seul de nos tyrans au Québec qui nichent dans des cavités naturelles ou dans des nichoirs et il a la particularité d'apporter une ou des mues de couleuvre à son nid.
Tyran huppé / Myiarchus crinitus / Great Crested Flycatcher |
@ bientôt.