Affichage des articles dont le libellé est Montérégie. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Montérégie. Afficher tous les articles

vendredi 11 juillet 2014

Juin 2014



C'est la première fois, depuis 2010, que je passe le mois de juin à la maison. J'ai bien l'intention d'en profiter pour faire quelques sorties dans les environs afin d'observer les oiseaux nicheurs. En ce mois de juin 2014, la température est plutôt fraîche, quelques degrés en bas de la normale. La pluie et les vents semblent plus présents que d'habitude et je ne peux m'empêcher, à tous les matins, d'avoir une pensée pour mes confrères de l'Atlas des Oiseaux Nicheurs du Québec qui s'activent dans les régions nordiques de la province.


Je vous invite à m'accompagner dans certaines des sorties effectuées à partir de la mi-juin.



Le 16 juin, je me rends dans le comté de Lotbinière afin de compiler des informations pour l'Atlas.




Dans un chemin forestier en bordure de rivière, cette Paruline à flancs marron / Setophaga pensylvanica / Chestnut-sided Warbler me gratifie de son beau chant. Comme elle niche dans le coin, elle est très territoriale et mon seul passage suffit à l'agiter.


Je marche lentement et j'entends le sifflement caractéristique du Tyran huppé / Myiarchus crinitus / Great Crested Flycatcher. J'émets un sifflement similaire et il répond aussitôt. Quelques minutes plus tard, il passe en vol et je réalise ce cliché. L'oiseau se perche trop loin pour une autre photo. Mais son attitude agressive démontre bien que je suis sur son territoire de nidification. Les tyrannidés sont très agressifs lorsqu'ils nichent. À travers mes années d'observation, j'ai été attaqué par plusieurs espèces appartenant à cette famille. Saviez-vous que le Tyran huppé aime apporter une mue de serpent dans son nid ? Il niche dans les anciens nids de pics ou dans des cavités naturelles présentes dans les arbres. Il adopte volontiers un nichoir mis à sa disposition.


Nous sommes peu enclins à chercher l'Alouette hausse-col / Eremophila alpestris alpestris / Horned Lark au début de l'été alors que les champs cultivés commencent à voir sortir la végétation provenant des semis. Et pourtant, l'alouette est toujours là. Elle niche très tôt au printemps, même lorsque la neige est encore présente au sol. Pendant cette période, elle pointe les deux cornes qui lui ont valu son ancien nom d'Alouette cornue. En ce matin de mon passage, elles étaient trois, bien excitées, toutes en voix et les cornes déployées. Elles se pourchassaient. Drôle de comportements pour une espèce qui aurait finit de nicher. Une deuxième nichée en vue ???




Le 23 juin, ma généreuse cour me réserve encore de beaux moments.




L'Étourneau sansonnet / Sturnus vulgaris vulgaris / European Starling a été importé d'Europe et 60 individus ont été introduits en 1890 à Central Park, ville de New York. 40 autres ont suivi en 1891. Ils se sont mis à nicher immédiatement puisque le premier nid fut trouvé à l'été 1890 sous les corniches du Musée d'Histoire Naturelle d'Amérique, tout près du célèbre parc. 50 ans plus tard, ils nichaient en Californie. L'adulte au bec jaune amène un juvénile pour se désaltérer et se baigner dans un bassin mis à leur disposition.


Dès qu'ils apparaissent durant l'été, les juvéniles de plusieurs espèces communes deviennent de réels casse-têtes pour les ornithologues débutants. Les couleurs sont fades et le manteau général est souvent fortement strié ou tacheté alors que le plumage de l'adulte ne possède pas ces critères. De là l'importance de continuer l'observation assidue des oiseaux même en été.



Et voici une espèce qui me réconcilie avec la grisaille du plumage d'autres espèces. Ce magnifique mâle de Cardinal rouge / Cardinalis cardinalis cardinalis / Northern Cardinal est un visiteur régulier à nos mangeoires. Il nous avise de son arrivée par des "tick, tick" très sonores. Bientôt il reviendra avec ses jeunes pour nous les présenter.




Le 24 juin, Anne et moi nous nous dirigeons vers Baie-du-Febvre.



Baie-du-Febvre constitue notre rendez-vous annuel pour observer l'élégante Guifette noire / Chlidonias niger surinamensis / Black Tern. Même si je l'ai déjà observée en période migratoire aussi à l'est que Saint-Vallier, c'est à partir de Trois-Rivières qu'elle devient de plus en plus abondante vers l'ouest. Elle est super abondante et nicheuse dans le grand marécage au nord des deux bassins d'eau sur la route Janelle.


La très gracieuse Hirondelle bicolore / Tachycineta bicolor / Tree Swallow niche dans les nombreux nichoirs mis à sa disposition autour des plans d'eau de la route Janelle.



Mais nous sommes si habitués à les voir occuper des nichoirs que c'est toujours une surprise de les voir disparaître dans des cavités naturelles. Pour Anne, il s'agissait d'une première. Deux oisillons attendent l'arrivée des parents avant de se présenter dans l'ouverture. Photo prise plus près du fleuve.



À peine 50 mètres de la bicolore, c'est un couple d'Hirondelle rustique / Hirundo rustica erythrogaster / Barn Swallow qui nourrit fébrilement une nichée très exigeante. Le mâle, à droite, est nettement plus coloré que sa femelle.



La femelle vient tout juste de déposer dans le bec grand ouvert d'un oisillon de succulents insectes ailés. Il ne reste maintenant qu'à retourner en chercher d'autres. Le nid, en forme de quart de sphère, est fait de boulettes de boue projetées et collées les unes aux autres. Il est placé de façon à être protégé de la pluie sur des poutres ou des dessus de porte ou de fenêtre.





Les 28 et 29 juin, nous faisons une tournée en Montérégie. Le 28, nous nous rendons directement au croisement des routes 202 et Montée Clinton près de Franklin. Nous couvrirons la distance en deux heures trente minutes.




Voici l'oiseau le plus convoité lors de cette escapade en Montérégie. Le Dickcissel d'Amérique / Spiza americana / Dickcissel est peu commun au Québec. Sa rare présence, en période migratoire, est le plus souvent détectée grâce à son cri de vol entendu lors d'écoutes nocturnes ou  lors de ses déplacements diurnes. Il aime fréquenter les postes d'alimentation et c'est là qu'il est habituellement observé.

Exceptionnellement, cet individu est bien campé au croisement de deux routes passantes depuis déjà quelques semaines et il ne cesse de s'époumoner pour attirer une possible partenaire.



Et voilà que seulement quelques jours avant notre passage, une autre rareté est trouvée exactement au même endroit que le dickcissel. Il s'agit d'un jeune mâle de Guiraca bleu / Passerina caerulea ssp. / Blue Grosbeak. C'est quand même extraordinaire d'avoir deux oiseaux égarés sur le même site et en même temps. À l'instar du dickcissel, le guiraca est très vocal, mais il ne restera finalement que quelques jours. En date du 11 juillet, le dickcissel est toujours là.



Sur le chemin Gowan, un beau bruant au bec rose nous surprend par son chant typique. Non pas qu'ils soit rare, mais il est peu commun à l'est des Bois-Francs. Le Bruant des champs / Spizella pusilla pusilla / Field Sparrow est petit et furtif. Il se cache très bien dans la végétation et il passerait inaperçu si ce n'était de son chant.



Toujours sur ce même chemin, cette femelle de Cardinal à poitrine rose / Pheucticus ludovicianus / Rose-breasted Grosbeak vient tout près de nous, histoire de savoir ce qui peut attirer deux humains dans son boisé.




En fin d'après-midi, nous nous rendons au gîte du passant que nous avons réservé avant de quitter la maison. Le Gîte chez Mimi est judicieusement situé sur le chemin Ridge. Des cabanes d'oiseaux, des mangeoires et des abreuvoirs sont installés pour les oiseaux. Un couple de Moineau domestique / Passer domesticus / House Sparrow niche dans une cabane, mais il a le malheur d'avoir un voisin très agressif, soit le diminutif Troglodyte familier / Troglodytes aedon aedon / House Wren. La femelle nourrit ses petits, mais le petit diable ne cesse de la contrarier en passant très près. Le troglodyte ne niche pas dans la cavité en bas de celle du moineau, mais plutôt dans une autre cabane placée en dessous de celle que l'on voit sur la photo. Disons que ce n'est jamais une bonne idée de placer des cabanes trop près les unes des autres.



Même si cette photo s'apparente plus à des ombres chinoises, vous n'aurez sûrement pas trop de difficulté à identifier l'oiseau. Il s'agit d'un Étourneau sansonnet qui est contrarié par notre présence sur la galerie au deuxième étage. Il niche en effet en dessous de la corniche, à environ deux mètres où nous nous tenons, et sa marmaille ne cesse de réclamer son retour.



Le 29 juin, nous retournons sur la montée Biggar afin de trouver la Paruline à ailes dorées / Golden-winged Warbler entendue la veille par Alain Daigle de Victoriaville. Nous finissons par en entendre une, mais l'auteur du chant est en fait une Paruline de Brewster / Brewster's Warbler, une espèce hybride provenant de l'accouplement entre une Paruline à ailes dorées et une Paruline à ailes bleues. L'individu hybride découlant de cette union peut alors chanter comme l'un ou l'autre des parents, ce qui nous oblige à voir l'oiseau pour nous assurer de faire une bonne identification. Un peu plus loin sur le même chemin nous rencontrons un petit groupe familial de Paruline à ailes dorées alors qu'une femelle adulte nourrit au moins deux oiseaux qui se déplacent continuellement. Un quatrième individu, que nous soupçonnons être le mâle selon ce qu'un rapide coup d'oeil nous a permis de décortiquer, s'envole et s'éloigne trop rapidement pour une confirmation absolue. 

Ces deux parulines sont très rapides et elles se tiennent dans un feuillage épais ce qui a rendu la prise de photo impossible.

Nous nous dirigeons ensuite vers Dundee et la Réserve nationale de faune du Lac Saint-François. Il s'agit pour Anne et moi d'une première visite à vie. Nous sommes subjugués par la belle nature omniprésente et les beaux paysages. Enfin, nous arpentons la fameuse "digue aux aigrettes" dont nous entendons de plus en plus parler. C'est un endroit magnifique.



Nous sommes accueillis dès nos premiers pas dans le sentier par une grosse Chélydre serpentine / Chelydra serpentina serpentina /  Common snapping Turtle. Nous la connaissons aussi sous le nom de Tortue serpentine. Elle est reconnue pour son agressivité et la pointe de sa mandibule supérieure nous aide à comprendre toute la douleur que l'on doit ressentir à la suite d'une morsure. C'est la première que je rencontre à l'état sauvage et c'est très impressionnant.




Et voici une autre espèce plutôt rare à l'est du centre du Québec, mais plus commune vers l'ouest: le Moucherolle des saules / Empidonax traillii traillii / Willow Flycatcher.  Il fait partie du complexe bien connu par les Nord-Américains soit celui du genre "Empidonax" où peuvent se retrouver au Québec 5 espèces bien distinctes. Ces moucherolles sont tous très similaires en apparence: petits oiseaux gris (teintés d'olive, de brun ou de jaune) avec deux barres alaires et un cercle oculaire. Leurs caractères spécifiques sont si subtils qu'il y a quelquefois autant de variation entre deux individus d'une même espèce qu'entre deux individus d'espèces différentes. Même des spécimens de musée sont difficiles à confirmer. La meilleure façon de les identifier avec certitude est de les entendre chanter ou émettre leur cri de contact. Celui sur la photo nous a gratifié de son "Fitz-biou" ou l'emphase est mise sur la première syllabe. Nous en avons entendu au moins trois sur le site.



Notre coup de coeur en ce mois de Juin 2014 a sans aucun doute été notre visite de deux jours en Montérégie. Quel merveilleux territoire à parcourir ! C'est tellement différent des autres endroits visités au Québec et la nature y est particulièrement généreuse. Ce périple s'inscrira maintenant dans nos randonnées annuelles récurrentes.


@ bientôt.