dimanche 31 janvier 2021

Des oiseaux en pandémie (novembre 2020 - 1 de 2 -)

 

 

Novembre! Notre mois d'évasion, celui où nous nous arrangeons normalement pour être à quelque part où le soleil luit, réchauffe et permet une nature encore active et diversifiée. Et ceci ne se passe naturellement pas au Québec où l'automne vient sérieusement d'entrouvrir la porte à l'hiver. La nature est clairement à l'aube d'un creux de vague où la variété fera défaut. Les grosses vagues migratoires sont passées, la trop grosse majorité de < nos > oiseaux sont partis. Tout ça est bien normal, ça fait partie du cycle des saisons. Mais en ce temps de pandémie, nous ne pouvons pas nous échapper. Autant en prendre pour notre rhume et essayer de tirer le meilleur parti de nos sorties. Nous découvrons quand même de beaux oiseaux avec les retardataires, les égarés et d'autres espèces qui envahissent nos régions en saison hivernale et qui vont la passer avec nous. 

 

  

Cet oiseau au plumage bicolore passe rarement inaperçu. Lorsqu'il s'envole, les rectrices externes blanches de sa queue attirent l'oeil instantanément. Il s'agit du Junco ardoisé / Junco hyemalis hyemalis / Dark-eyed Junco. On l'aperçoit, printemps et automne, dans notre cour, mais ça ne dure jamais longtemps. Quelques rares individus restent avec nous l'hiver alors que les autres descendent jusqu'au nord du Mexique. 1er novembre 2020 au Domaine de Maizerets.

  

 

Et voici une retardataire qu'il fait bon voir un 1er novembre. La Paruline noir et blanc / Mniotilta varia  / Black-and-white Warbler fait penser à une sittelle par son comportement. Elle adopte des poses acrobatiques pour débusquer sa nourriture dans les anfractuosités de l'écorce des arbres. Elle n'a été vue que quelques heures cette journée-là au Domaine de Maizerets, sans doute en route vers la Floride où elle accompagnera nos < snowbirds >.    

 

 

 

Le  Durbec des sapins / Pinicola enucleator leucura / Pine Grosbeak est le plus gros des fringillidés présents au Québec. En vol, il émet un sifflement de quelques notes qui m'ont fait penser au Grand Chevalier quand je l'ai entendu la toute première fois. Sa présence n'est jamais garantie d'une année à l'autre. Si la tendance se maintient, nous devrions connaître un hiver 2020-2021 en sa compagnie. Image captée le 05 novembre au Domaine de Maizerets, ville de Québec.

 

 

 

En hiver, le régime alimentaire des passereaux se réduit aux fruits et aux graines. Oublions les arthropodes, les reptiles et les batraciens. Ce durbec se gave de fruits dont la gelée aura attendri la chair. On le voit ensuite frotter son bec contre les branches afin de déloger toutes les particules qui pourraient obstruer ses narines ou salir son plumage lorsqu'il lisse ses plumes.

 

 

 

Une belle découverte en cette journée plutôt frisquette. Un Mulot sylvestre / Apodemus sylvaticus / Wood mouse surgit sur l'eau gelée à la base des quenouilles dans le petit marécage au sud du bâtiment principal du domaine. Grâce à ses incisives affûtées, il vient couper une longue tige verte et il l'apporte avec lui dans la pénombre du marécage pour la déguster à l'abri des intempéries. Cette rencontre me fait penser à ce que ça ne doit pas être facile pour les animaux de survivre à l'hiver.

 

 

 

Nous nous retrouvons le 06 novembre au Bois de Coulonges, un autre parc de la ville de Québec. Une belle promenade durant laquelle un beau mâle de Grand Pic / Dryocopus pileatus abieticola / Pileated Woodpecker vient se coller sur un grand arbre. Ce pic est plutôt commun, mais, malgré sa taille comparable à celle d'une corneille, on ne le voit pas aussi souvent qu'on le pourrait. Il est très discret lorsqu'il fore les arbres à la recherche de fourmis charpentières et autres arthropodes.

 

 

 

Il est fréquent de rencontrer la Bernache du Canada / Branta canadensis interior / Canada Goose en novembre et près du fleuve, comme ici à Saint-Romuald. Il en reste toujours des petits groupes qui attendent que la batture gèle avant de nous quitter pour se rendre plus au sud. Elles ne se rendront peut-être pas aussi loin au sud que les grandes bandes migratrices qui ont quitté plus tôt et elles ont de bonne chance d'être les premières à nous revenir au printemps.

 

 

 

Et voici une espèce égarée qui provient probablement du Sud de la Floride ou des Antilles où elle se retrouve à longueur d'année. Souvent les ouragans en provenance de l'Atlantique, et qui s'abattent sur les Antilles et la côte Est des États-Unis au cours du mois d'octobre, poussent des individus à monter vers le nord et ils aboutissent alors dans des lieux inusités pour eux. C'est ainsi que cette espèce apparaît sous nos cieux avec une certaine régularité. Et c'est le 07 novembre que je photographie cette Paruline à gorge jaune / Setophaga dominica albilora / Yellow-throated Warbler au Bois de Coulonges.
  

 

 

 

Cette même journée, nous observons une espèce présente dans les mangeoires installées dans les cours arrière des résidences en ville ou en banlieue. Le Roselin familier / Carpodacus mexicanus frontalis / House Finch  a commencé au début des années 1990 à envahir peu à peu la ville de Québec. Je me souviens très bien qu'Yves Aubry, biologiste expert en ornithologie au Service Canadien de la Faune, m'avait appris la découverte d'un premier nid de ce fringillidé à Sainte-Foy. Il était bien camouflé dans un enchevêtrement de tiges d'une grosse vigne accrochée à un mur en briques d'une résidence privée. 

 

 

Le 09 novembre nous nous rendons à Pointe-au-Père, à l'est de Rimouski avec l'espoir de repérer quelques espèces non observées encore en 2020. Et c'est près du quai que nous trouvons cet unique exemplaire de Goéland arctique / Larus glaucoides / Iceland Gull. La blancheur de ce laridé se détache bien de cet arrière-plan bleu foncé que nous le voyons facilement. Je me compte chanceux qu'il se soit approché près du rivage.

 

 

 

Tout près du quai de Pointe-au-Père, un Harelde Kakawi / Clangula hyemalis / Long-tailed Duck plonge activement à la recherche de crustacés, de mollusques ou de poissons. Au cours de l'année, on peut le trouver soit en eau douce ou soit en eau salé et son plumage, peu importe son âge ou la saison, est toujours assez spectaculaire. Cet oiseau solitaire s'observera encore à cet endroit en janvier 2021 dans un magnifique plumage de mâle adulte.

 

 

 

Tout le monde connaît le Pigeon biset / Columba livia livia / Rock Pigeon. On peut le voir aussi bien en ville qu'en campagne. Originaire de l'Ancien Monde, il aurait été le premier oiseau domestique. Il a été introduit partout sur le globe, sauf sur le continent antarctique. Des études ont démontré que le pigeon vivant en campagne s'alimente exclusivement de matière végétale < céréales et graines de mauvaises herbes >.  En milieu urbain, les pain et d'autres aliments moins typiques, offerts ou abandonnés < pain, maïs soufflé, frites... > constituent souvent une part importante de son alimentation. Il ne migre pas et il passe la saison froide avec nous. Rimouski, le 09 novembre 2020.

 

 

 

Légèrement plus gros que le chardonneret, le Sizerin flammé / Acanthis flammea flammea / Common Redpoll se déplace en hiver en bandes pouvant atteindre une centaine d'individus. L'hiver 2020-2021 s'annonce très bien pour que nous en accueillons un peu partout au Québec, au sud du 49ième parallèle. Les postes d'alimentations constituent les lieux où on peut l'observer à notre aise. En nature, ces oiseaux ne restent généralement que quelques secondes au même endroit, se déplaçant continuellement d'une plante, d'un arbuste ou d'un arbre à l'autre, de telle sorte que la volée semble toujours en mouvement. Un trait que le sizerin partage également avec le Plectrophane des neiges avec lequel nous l'avons observé à quelques reprises un peu plus tard en saison. Photo prise à Rimouski.

 

 

@ bientôt pour la suite de novembre 2020.

 

dimanche 24 janvier 2021

Des oiseaux en pandémie (octobre 2020) < 2 de 2 >

 

 

Octobre, c'est le mois où les arbres fruitiers offrent aux oiseaux une source appréciable de nourriture. Un apport calorique indispensable pour la suite de la migration qui les mènera sous des cieux plus cléments. Alors que certaines espèces se gavent de fruits, d'autres attrapent les arthropodes attirés par ces mêmes fruits. Les feuilles garnissent encore plusieurs essences d'arbres et d'arbustes et les passereaux les inspectent méticuleusement afin d'y trouver des larves, des cocons, des araignées ou des chenilles.    

 

C'est le 11 octobre et au Domaine de Maizerets que je croise une autre Petite Nyctale / Aegolius acadicus acadicus / Northern Saw-whet Owl. Le fait que j'en aie rencontré une autre l'avant veille au Cap Tourmente pourrait faire croire que ce petit strigidé est commun, mais il n'en est rien. C'est juste que l'espèce est en pleine migration automnale et que les relais le long du corridor migratoire sont souvent les mêmes d'une année à l'autre. Le site du domaine est reconnu pour accueillir cette chouette. Plusieurs individus s'y arrêtent successivement de sorte qu'elle est reportée avec une certaine régularité tout au long de l'automne. 

 

 

Le Roitelet à couronne rubis / Regulus calendula calendula / Ruby-crowned Kinglet se voit encore tard à l'automne. Lui aussi passe en vagues migratoires en provenance de la forêt boréale où il niche. Peut-être, comme la légende le dit, va-t-il entreprendre sa migration bien installé sur le dos d'un aigle? Le roitelet sur le dos du roi des oiseaux!

 

 

La Paruline des ruisseaux / Parkesia noveboracensis / Northern Waterthrush ne niche pas sur le site, à ma connaissance, mais elle s'y rencontre au printemps et à l'automne. Elle est cependant très discrète et sa robe sombre ainsi que son habitude de se nourrir au sol font qu'elle passe facilement inaperçue.


 

Il y a des années où on ne voit pas du tout le Jaseur boréal / Bombycilla garrulus pallidiceps / Bohemian Waxwing. C'est une espèce sujette à envahir des territoires certaines années alors qu'elle peut en être absente pendant de longues périodes. En temps ordinaire, ce jaseur se nourrit essentiellement de baies ou de fruits d'hiver. En période de reproduction, il devient insectivore. Son espérance de vie est d'environ 13 ans. Il est plus gros que son cousin le Jaseur d'Amérique et il s'en distingue principalement par ses sous-caudales rouges et les marques blanches et jaunes qui ornent ses ailes. Son trille plus vacillant est aussi un bon indice.  

 

 

En automne, quatre des six espèces de grives du Québec peuvent être présentes successivement sur le site du Domaine de Maizerets. Elles s'arrêtent pendant quelques jours dans les arbres fruitiers. Voici une Grive à dos olive / Catharus ustulatus swainsoni / Swainson's Thrush qui, en période migratoire, est la deuxième plus abondante espèce de grive sur le domaine après la Grive solitaire.

 

   

Octobre est le mois où on assiste aux dernières vagues migratoires du Merle d'Amérique / Turdus migratorius migratorius / American Robin. Le 12 octobre, nous en observons 36 au Domaine de Maizerets. Comme les autres frugivores, ils se gavent de fruits rouges. Le lendemain, nous n'en observons que deux.

 

 

Le 15 octobre, nous nous rendons à Sainte-Marie-de-Beauce pour visiter le Domaine Taschereau Parc Nature. Nous sommes vraiment ravis de découvrir un parc très bien aménagé et abritant une bonne variété d'habitats. Merci à Christian Chevalier pour l'information. Nous y observons notre premier Durbec des sapins / Pinicola enucleator leucura / Pine Grosbeak de l'automne. C'est de bonne augure pour la saison froide qui s'en vient. Lui aussi peut-être commun une année et rare la suivante.

 

 

Et voilà qu'un mâle de Gros-bec errant / Coccothraustes vespertinus vespertinus / Evening Grosbeak vient se percher dans le même arbre que le durbec. Décidément, ça sent l'hiver au Domaine Taschereau.

 

 

Un peu plus loin en forêt, c'est une femelle de Gros-bec errant qui fait partie d'une bande d'environ 10 individus.

 

 

C'est l'automne que l'on voit davantage le Grand Héron / Ardea herodias herodias / Great Blue Heron. Et c'est bien normal après une saison de reproduction. Ce grand échassier niche en colonies près ou dans les points d'eau en forêt ou en milieux ouverts. À moins de vivre près d'une colonie, nous le voyons souvent à l'unité ou en petit nombre au printemps et à l'été. À l'automne, des nombres impressionnants peuvent être observés le long du fleuve et à marée basse. Cet immature se tenait en bordure du principal point d'eau dans le parc.

 

   

Les canards observables au Québec sont d'une grande beauté. Les différentes espèces exhibent des manteaux souvent plus spectaculaires les uns que les autres. Le Harle couronné / Lophodytes cucullatus / Hooded Merganser est l'un de mes préférés. Cette photo est malheureusement prise de trop loin pour permettre d'apprécier toutes les nuances de son plumage, mais je ne pouvais résister à la tentation de pixeliser la scène. Comme on peut le constater, le plumage du mâle est toujours plus spectaculaire que celui de la femelle. Scène captée le 25 octobre à la Base de Plein Air de Sainte-Foy.

 

 

Et oui, le temps des pommes n'est pas seulement pour les humains. Nous sommes toujours le 25 octobre, mais au Domaine de Maizerets. Les oiseaux doivent être opportunistes s'ils veulent survivre. Ils doivent profiter de toutes les situations qui se présentent à eux pour se sustenter. Les pommettes tombées au sol n'auront pas le temps de se décomposer grâce à l'appétit de cet immature de Goéland à bec cerclé / Larus delawarensis /  Ring-billed Gull.

 


@ bientôt pour la suite de l'année 2020.

 

lundi 18 janvier 2021

Des oiseaux en pandémie (octobre 2020) < 1 de 2 >

  

Les parulines d'automne sont souvent très déroutantes pour les observateurs et pas seulement pour ceux qui débutent en ornithologie. Durant leur périple migratoire qui les mènera, du moins pour certaines d'entre elles, aussi loin qu'en Bolivie, elles doivent se nourrir tout au long du parcours et elles sont alors très actives. Avec les feuilles encore présentes dans les arbres, il n'est pas facile d'observer les oiseaux à découvert et dans leur intégralité, mais à force de voir tantôt une tête, tantôt les dessus, tantôt les dessous et tantôt la queue, on finit par rassembler les morceaux du casse-tête et par se faire une idée.

 

 

La Paruline obscure / Oreothlypis peregrina / Tennessee Warbler exhibe un pâle et mince sourcil jaune souligné par une ligne peu prononcée, mais apparente, qui traverse l'oeil et le dépasse légèrement. Les sous-caudales sont BLANCHES et le ventre blanchâtre. Une seule bande alaire peut être évidente chez certains individus. Domaine de Maizerets, 03 octobre 2020.



La Paruline verdâtre / Vermivora celata celata / Orange-crowned Warbler possède un plumage uniforme. Les dessous sont jaunâtres, aucune bande alaire, la tête grisâtre, un cercle oculaire évident mais incomplet, et les sous-caudales JAUNES. Elle est dans la liste des dernières espèces de paruline à nous quitter.



La Paruline jaune / Setophaga petechia amnicola / Yellow Warbler possède un cercle oculaire complet et bien évident. Les dessous jaunes vont du menton jusqu'au bout des sous caudales. Les ailes paraissent plus foncées et les grandes et petites couvertures alaires sont fortement lisérées, ce qui n'est pas le cas chez la Paruline verdâtre.




Au Québec, le Bruant à couronne blanche / Zonotrichia leucophrys leucophrys / White-crowned Sparrow niche dans la toundra, la taïga et la Plaine hudsonienne. Il hiverne du centre des États-Unis jusqu'au centre du Mexique. Il n'est que de passage durant les migrations. À l'automne, il visite souvent nos cours et les parcs municipaux comme ici au Domaine de Maizerets, le 04 octobre 2020.




Il est fréquent, lors des migrations d'automne, de voir passer des groupes de Merles d'Amérique / Turdus migratorius migratorius / American Robins . Ils s'arrêtent dans les arbres fruitiers pour engloutir goulûment tous les fruits qui tombent sous leurs becs. Comme le Domaine Maizerets abrite plusieurs de ces arbres, c'est l'endroit idéal pour assister au passage de ces gros passereaux. L'immature se reconnait facilement à ses dessous orangés marqués de marbrures noires et de zones blanchâtres. Rencontre faite le 04 octobre.



C'est à l'automne que cette espèce arbore les couleurs qui lui ont valu son nom. Ce mâle en plumage inter-nuptial est un Quiscale rouilleux / Euphagus carolinus carolinus / Rusty Blackbird et il reste très fidèle à sa niche écologique même en pleine migration. Il niche en forêt boréale et il est inféodé aux milieux humides tels les ruisseaux à faible débit, les tourbières, les marais, les marécages et les étangs de castors. Si vous désirez le trouver en période migratoire, cherchez le dans les milieux inondés, les fossés et les sous-bois. Son chant qui fait penser à une poulie de corde linge... un peu rouillé... reste encore la même façon de connaître sa présence. Domaine de Maizerets, le 04 octobre 2020.



Comme si le Coronavirus n'était pas une plaie suffisante à endurer, voilà que le Circovirus semble affecter un oiseau rencontré ce matin du 06 octobre au Domaine de Maizerets, du côté de l'arboretum. Je remarque un passereau de bonne dimension perché dans un arbuste dégarni de ses feuilles. C'est un Mésangeai du Canada / Perisoreus canadensis nigricapillus / Gray Jay. Il est silencieux et il s'envole pour se percher dans un conifère. Un mésangeai, c'est plutôt loquace habituellement et il n'est pas rare de l'entendre émettre des sifflements ou d'autres sons de contacts courts et variés. Pas celui-ci. Il ne reste pas longtemps en place et il disparaît vite en vol. En regardant mes photos, je constate que le culmen de son bec est allongé et recourbé vers le bas. La mandibule inférieure est courte, comme tronquée. Par manque de soin qui demande un bec normal, son plumage est hirsute et les plumes sont clairement en mauvaise condition. Une recherche sur le net m'amène à la conclusion que cet oiseau doit souffrir de la PBFD (Psittacine Beak and Feather Disease) ou maladie du bec et des plumes. Ses chances de survie sont malheureusement faibles.



Et voici la cerise sur le sundae, comme on le dit si bien. Cet immature d'Aigle royal / Aquila chrysaetos canadensis / Golden Eagle tournoie au-dessus de nos têtes en cette belle journée du 09 octobre alors que nous visitons l'endroit le plus sûr pour en trouver un, soit la Réserve Nationale de Faune du Cap Tourmente. Mais ils ne sont que de passage. Ce sont les migrations qui les amènent à traverser le secteur. Ces gros rapaces reviennent du sud vers la mi-mars et ils repartent vers la fin-septembre. Quelques individus peuvent rester l'hiver.



Le Bruant des marais / Melospiza georgiana ericrypta / Swamp Sparrow est assez facile à trouver au Cap Tourmente. Il faut le chercher dans les milieux humides comme ici au Marais des Graves. Comme la réserve possède plusieurs plans d'eau, ce ne sont pas les occasions qui manquent. À l'instar de bien des passereaux, il est curieux et il résiste mal à l'envie de se montrer à découvert dès qu'il entend un chuintement suspect. Mais il faut être rapide pour le photographier, car ça ne dure vraiment pas longtemps.



Et oui, c'est comme ça à la RNF du Cap Tourmente! On ne jamais ce qu'une sortie nous réserve. Alors que j'observe à la jumelle une grive dans la végétation, un flash gris pâle passe dans ma vision périphérique. Intrigué, je focalise vers l'endroit et j'identifie à l'oeil nu un rare Gobemoucheron gris-bleu / Polioptila caerulea caerulea / Blue-gray Gnatcatcher. Ce petit moucherolle nerveux est observé de temps à autres en période migratoire. En raison de sa petite taille, il peut facilement passer inaperçu. Son cri très faible et très aigu est caractérisque, mais encore faut-il l'entendre. Cet individu n'en a émis aucun.



J'adore cette espèce qui joue volontiers à cache-cache. Avec son imitation de miaulement de chat, elle nous fait connaître sa présence, mais on dirait qu'elle le fait pour nous narguer. Son manteau gris uniforme le rend difficile à déceler à travers un feuillage épais ou dans la pénombre des sous-bois. La seule couleur voyante se retrouve au niveau des plumes sous-caudales qui sont rousses.



Avec les dessous d'un jaune aussi éclatant, il est difficile de passer inaperçue pour cette belle Paruline à joues grises / Vermivora ruficapilla ruficapilla / Nashville Warbler. Même dans son plumage plus terne d'immature, son jaune reste évident. Ici, il s'agit probablement d'un adulte à cause du contraste  entre le jaune des parties inférieures et le gris de la tête.



Wow! Une autre belle prime en cette journée. Pierre Otis repère le plus petit des strigidés du Québec alors qu'il est bien caché dans un buisson. La Petite Nyctale / Aegolius acadicus acadicus / Northern Saw-whet Owl est un vrai petit bijou ailé. Malgré son allure inoffensive de toutou, sa petite taille et son faible poids, 20 cm et 80 g, elle demeure un prédateur très hargneux qui peut capturer des prises assez impressionantes en regard de sa propre grosseur. J'ai déjà observé une Petite Nyctale perchée à environ cinq mètres du sol, sur une branche d'un conifère... et assise sur un rat mort. J'étais ébahi de voir un si petit prédateur et une si grosse proie en comparaison. Et ensuite m'est venue la question qui tue "Mais comment a-t-elle fait pour transporter le rat sur cette branche?". La nature ne finira jamais de nous étonner.


@ bientôt pour la suite du mois d'octobre 2020.

 

mercredi 13 janvier 2021

Des oiseaux en pandémie (septembre 2020).

 

Voilà maintenant six mois que nous sommes confinés. Rien n'a vraiment changé concernant les mesures de santé à prendre pour nous protéger et pour protéger les autres. Cependant, il est possible de se déplacer partout à condition de ne pas rentrer en contact rapproché avec d'autres personnes. À la mi-septembre, nous nous permettons même une nuitée aux Escoumins. Tout se passe très bien avec toutes les mesures sanitaires mises en place à l'hôtel et au restaurant situé juste en face de l'hébergement. Voici donc un aperçu de nos sorties.

 

Une espèce que nous recherchons en septembre est la Grue du Canada / Grus canadensis canadensis / Sandhill Crane. Même si le plus grand de nos échassiers du Québec se retrouvent en plus grand nombre en Abitibi et au Saguenay-Lac-Saint-Jean,  il est possible de l'observer près de la Grande tourbière de Villeroy située dans la région administrative Centre-du-Québec. Et c'est dans le secteur de Notre-Dame-de-Lourdes que nous l'observons chaque année depuis une couple de décennies. Voici une photo très lointaine que j'ai pu prendre de deux d'entre elles, le 06 septembre 2020. Comme ce sont des terres agricoles privées, il est interdit de s'aventurer de plus près.

 


Voici une photo prise le 08 mai 2015 au Three Lakes Wildlife Management Area, en Floride. Il s'agit de la sous-espèce pratensis qui passe l'année en Floride. Elle est habituée à la coexistence humaine et elle continue sa besogne malgré ma présence.



Après Notre-Dame-de-Lourdes, nous nous rendons dans la région de Saint-Édouard-de-Lotbinière à la recherche cette fois-ci d'un limicole migrateur assez fidèle à la date de son apparition et à l'habitat où on peut l'observer durant sa migration automnale. Mais il faut être aux aguets, car il se confond tellement bien avec la végétation dans les champs labourés tapissés d'un court tapis vert. Un truc pour le trouver plus facilement? Chercher les champs où le Pluvier kildir se tient en petites bandes. Ce limicole s'appelle le Pluvier bronzé / Pluvialis dominica / American Golden-Plover.

 

 

Vous vous souvenez des Bécasseau à échasses et Bécassin à long bec que je vous ai présentés dans le billet précédent? Et bien les voici côte-à-côte parmi des Petits Chevaliers. La proximité des trois espèces permet de comparer leur taille. Ça se passe toujours au quai Boulanger à Montmagny. Cette fois-ci le 07 septembre 2020.

 

 

Encore une comparaison entre un Petit Chevalier et un Bécasseau à échasses. On voit bien les différences au niveau du bec, de l'arcade sourcilière, de la couleur des pattes et des motifs bien différents sur les parties supérieures. 

 

 


Le Garrot à oeil d'or / Bucephala clangula americana / Common Goldeneye niche sur les lacs ou les plans d'eau de moindre importance comme ceux créés par les barrages de castor. J'ai d'ailleurs eu la chance d'en trouver quelques uns en forêt boréale. Ce n'est pas un canard plongeur facile à approcher, mais il arrive qu'un individu s'approche des quais comme c'est le cas ici à Montmagny. La photo montre bien la couleur de cet oeil qui lui a valu son nom. À noter également les canelures de son bec qui agissent comme filtre en laissant échapper l'eau excédentaire lorsqu'il sort de l'eau avec une proie dans le bec.

 

 

Quand on pense à élégance et à finesse des traits, il est difficile de ne pas penser au Phalarope de Wilson / Phalaropus tricolor / Wilson's Phalarope. Remarquez les semi-palmures entre les doigts qui l'aident à se propulser dans l'eau alors qu'elle effectue ses célèbres vrilles à la surface en quête de nourriture. Une autre belle espèce qui visite le quai à toutes les années et toujours lors de la migration d'automne.

 

 

Et nous passons d'un quai à l'autre. Nous voici maintenant le 12 septembre au quai d'Essipit < Les Escoumins > dans la région administrative de la Haute-Côte-Nord. Un automne ne serait jamais le même sans ce rendez-vous annuel alors que la découverte de laridés plus rares est fortement appréhendée dans cette région. C'est le meilleur endroit pour l'observation de la Mouette pygmée. Ici, je vous présente un canard marin qui se rencontre habituellement en eau salée. Il est commun et même abondant. Cette femelle d'Eider à duvet / Somateria mollissima dresseri / Common Eider s'approche du quai alors qu'elle se livre à sa pêche aux mollusques et aux crustacés.

 

 

Une autre belle occasion de photo avec l'approche de cet immature de Grèbe jougris / Podiceps grisegena holbollii / Red-necked Grebe. Cette espèce se tient habituellement assez loin du rivage. Ce grèbe se nourrit principalement de poissons, mais aussi d'insectes, de crustacés, d'amphibiens et de vers. Ne pouvant digérer rapidement les arêtes de poisson, il arrache et avale de grandes quantités de ses propres plumes. Les plumes enveloppent et bloquent les arêtes dans l'estomac de l'oiseau. Les arêtes auront ainsi le temps d'être digérées. Le Grèbe jougris fait aussi avaler des plumes à ses petits.



Je vous présente le < canard Nike > qui arbore fièrement la célèbre coche. C'est un canard plongeur, la Macreuse à ailes blanches / Melanitta deglandi deglandi  / White-winged Scoter, qui peut se rencontrer en eau salé ou en eau douce. Elle porte bien son nom, car c'est la seule espèce de macreuse rencontrée au Québec qui se distingue par un miroir blanc.



La migration des passereaux en provenance de la forêt boréale bat son plein et nous pouvons escompter voir n'importe quelle espèce, n'importe où, n'importe quand et dans des plumages très différents de ceux présentés le printemps d'avant. En septembre, les immatures de l'année peuvent causer des maux de tête à l'observateur, mais ce n'est pas le cas ici. Nous reconnaissons facilement une belle Paruline à gorge orangée / Setophaga fusca / Blackburnian Warbler dans un plumage tout frais d'immature. Domaine de Maizerets, le 18 septembre 2020.



La façon de pêcher du Héron vert / Butorides virescens virescens / Green Heron me semble remplie de zénitude avec son apparente passivité, son excessive lenteur et son indéfectible concentration. On dirait qu'il hypnotise ses proies. Peut-être le fait-il après tout! Après souvent d'interminables minutes sans broncher, son cou se détend à la vitesse de l'éclair et son bec attrape sur ou sous l'eau la proie qui n'a rien vu venir. Observé à la Réserve Naturelle du Marais-Léon-Provancher, le 20 septembre 2020.



Il n'est pas toujours évident d'identifier avec certitude les grives à l'automne. Il y a tellement de différentes teintes de couleurs dans le plumage selon l'âge des individus rencontrés. Je me suis souvent trompé en identifiant mal certaines grives. Mon daltonisme ne m'aide guère avec toutes ces parties rousses qui m'échappent complètement. Je me considère chanceux d'avoir pu photographier la peu commune Grive à joues grises / Catharus minimus aliciae / Gray-cheeked Thrush le 21 septembre au Domaine de Maizerets. En fait, malgré de multiples visites à cet endroit autour de cette date, c'est la seule fois que nous en avons vu une.



Le petit étang à l'entrée de l'arborétum au Domaine de Maizerets réserve quelques fois des surprises. Aujourd'hui, c'est un immature de Harle couronné / Lophodytes cucullatus / Hooded Merganser qui nage parmi les Canards noirs et les Canards colverts. Contrairement à ces derniers qui sont des canards barboteurs, le harle est un canard plongeur qui se nourrit de petits poissons, de crustacés et d'insectes aquatiques. Il peut également se nourrir de graines et de plantes aquatiques même si ce n'est pas sa spécialité. L'ancien nom du harle était < bec-scie > et il faisait référence aux rebords en pointe de scies de son bec. Bien utile pour retenir les proies autrement insaisissables.



Parmi les passereaux recherchés en automne, on retrouve le Viréo de Philadelphie / Vireo philadelphicus / Philadelphia Vireo. Même si quelques individus peuvent nicher ici et là dans notre région, c'est dans la forêt boréale qu'il se retrouve pour nicher. Les deux migrations sont les meilleures périodes de l'année pour l'observer en plus grand nombre. Il accompagne les groupes de passereaux en migration et il est très actif au niveau de la recherche de nourriture. Il faut être rapide pour le photographier avec une proie dans le bec, car il l'avale très vite.



Nous sommes toujours au Domaine de Maizerets, mais le 27 septembre cette fois-ci. Deux immatures de Bihoreau gris / Nycticorax nycticorax hoactli / Black-crowned Night-Heron sont fidèles au poste près de la rivière qui sépare le site en deux parties. Le 13 mai, j'avais photographié un adulte au même endroit. Difficile de confirmer si ces immatures font partie de la descendance de cet adulte. Ça me surprendrait énormément, car je ne vois où cette espèce pourrait nicher sur le site. Et de la façon que ça évolue, i.e. le trafic humain augmentant de façon exponentielle et le manque de respect pour demeurer dans les sentiers tracés, on risque de trouver de moins en moins d'activité animale variée au domaine dans un avenir malheureusement rapproché. 



Depuis quelques années, l'Épervier de Cooper / Accipiter cooperii / Cooper's Hawk niche sur le site du Domaine de Maizerets. Il niche également dans d'autres parcs municipaux de la ville de Québec. C'est difficile de concevoir qu'un aussi petit site puisse servir de garde-manger à une famille d'éperviers. Je crois que les parents nourriciers font des rondes régulières dans les boisés avoisinants et dans les stations d'alimentation dans les différentes cours des particuliers où leurs  proies potentielles, les rongeurs et les passereaux, vont se nourrir. J'ai la visite d'un épervier au moins deux fois par année dans ma cour de Sillery. Et ça, c'est ce que je peux voir. Il y a sans doute plus de visites que ça.



Le Bruant de Lincoln / Melospiza lincolnii lincolnii / Lincoln's Sparrow fait penser au Bruant chanteur par les motifs de son plumage, mais il est bien différent au point de vue comportemental. Plus petit, il est également plus furtif et il affectionne les tourbières pour nicher. En période migratoire, il peut cependant visiter tous les genres d'habitats, même dans nos cours. Il peut alors être abondant et le meilleur endroit pour le voir en plus grand nombre est dans la réserve nationale de faune du Cap Tourmente. Nous en avons aperçu quatre en quelques heures le 28 septembre 2020.



Ce même avant-midi, nous avons observé 69 individus de cette autre espèce de bruant. La beauté de ce Bruant à couronne blanche / Zonotrichia leucophrys leucophrys / White-crowned Sparrow est rehaussée par ce décors aux couleurs automnales.


@ bientôt pour la suite de l'année 2020.