vendredi 9 février 2018

Quel est votre livre d'oiseaux préféré ?





Je vous invite aujourd'hui à visiter une partie de ma bibliothèque personnelle. Une bibliothèque créée au fur des années et selon mes besoins, mes goûts et mes finances. Oui, bien sûr, le coût fait partie de la donne. Lorsque nous nous découvrons une passion, c'est souvent à un âge peu avancé avec tout ce que cela implique. Et ça se confirme aussi dans toutes les facettes de la vie. Un sportif va vouloir se procurer les derniers outils les plus performants techniquement afin de progresser de la meilleure façon.




Quand j'ai débuté à l'âge de 12 ans, je n'avais aucune jumelle ou lunette d'approche et pas plus de livre d'identification. En fait, j'ai commencé à observer les oiseaux à l'aide d'un télescope Tasco de piètre qualité. Vous savez ce tube blanc en métal léger monté sur un trépied d'une vingtaine de centimètres de haut. Ce télescope m'a été offert le 25 décembre 1962 par l'une de mes soeurs et c'était tout un cadeau à l'époque. Je me promenais dans les environs de la maison avec ce bijou dans une main. Inutile de dire que j'éprouvais un peu pas mal de difficultés à repérer l'oiseau à travers cet oeil très branlant de cyclope. J'étais pourtant si heureux d'identifier ma première espèce à vie, un Moineau domestique / Passer domesticus / House Sparrow.




Aujourd'hui, je compare cet outil avec ma jumelle Swarovski ou ma lunette Kowa et je me considère bien heureux de pouvoir compter sur ces instruments à la fine pointe de la technologie pour m'aider dans la quête de ma prochaine espèce d'oiseaux à ajouter à ma liste à vie. Et mon premier livre d'identification, il m'a été offert par un professeur de français qui l'avait dans sa bibliothèque et qui ne s'en servait pas beaucoup. Un livre qui a marqué l'ornithologie nord-américaine puisqu'il s'agit du fameux "A field guide to the birds" de Roger Tory Peterson. Le docteur Peterson a innové sur les livres antérieurs en ajoutant des flèches montrant les caractéristiques à observer sur un oiseau afin d'assurer une bonne identification. Ceci était bien utile pour un débutant qui devait jongler avec un paquet de détails lorsqu'en présence d'un bruant furtif ou d'une paruline déroutante en plumage d'automne.


La méthode novatrice des lignes montrant les caractères à observer pour identifier plus facilement et plus justement les oiseaux est une l'idée la plus originale du docteur Peterson.
 

Ce livre a motivé des millions d'ornithologues amateurs nord-américains pendant les décennies qui suivront sa première parution en 1934. Il a été mon fidèle compagnon pendant mes premières années et je m'en suis procuré d'autres au fur et à mesure de leurs parutions. Petit aparté, voici les illustrations faites en 1903 par un certain Ernest Thompson Seton, dans son livre "Two Little Savages",  sur les canards de rivière et qui ont amené le jeune Peterson à se lancer dans l'illustration des oiseaux.


 

Le talent d'illustrateur de Roger Tory Peterson et sa méthode novatrice de mettre un accent sur les caractères distinctifs de chaque espèce d'oiseau ont fait de lui l'inventeur du guide moderne.

Au fil des ans qui suivent, j'acquiers plus de 200 livres allant de guides d'identification d'oiseaux se rencontrant un peu partout autour de la planète à des monographies sur une espèce ou sur une famille en particulier. Certains livres parlent également de comportement, d'écologie ou portent sur des études faites sur divers aspects de la vie des oiseaux. À ces livres s'ajoutent une centaine de cassettes, de disques en vinyle ou de disques compacts sur lesquels sont enregistrés les chants ou les cris de contact des oiseaux.

J'écris ces choses et je me dis que les ornithologues d'aujourd'hui sont tellement chanceux de pouvoir compter sur une technologie absente antérieurement. Aujourd'hui, des applications téléchargeables sur notre ordinateur, notre Ipod, notre Ipad ou notre téléphone intelligent nous permettent de consulter, au bout du doigt et instantanément, des images et des sons alors que nous sommes en présence de l'oiseau, sur le terrain. Anne et moi avons pu profiter de ces avancées informatiques en Inde, en Colombie et au Panama. Pour ces pays, les guides d'identification sont lourds et volumineux. Au lieu de devoir les apporter sur le terrain, ainsi qu'un système de son encombrant, nous n'avons qu'à avoir un téléphone intelligent ou un Ipod. Oui, ils sont vraiment chanceux...mais, mais, mais...

Rien ne vaut la sensation que donne le fait d'avoir en mains un guide d'identification que l'on a fait sien en l'annotant, en soulignant les passages que l'on juge importants ou en surlignant les espèces que l'on risque de rencontrer lors d'un voyage donné. Le guide qui fait remonter en moi le plus de nostalgie et quelques uns de mes plus beaux souvenirs est  "A guide to the Birds of Costa Rica" de Alexander F. Skutch (1989). Et pourtant, c'est le livre le plus mal en point de toute ma bibliothèque. Je l'ai tellement trimbalé partout dans ce pays lors de mes 18 voyages qu'il porte les marques de mes aventures les plus mémorables.







Le Costa Rica est un petit pays, mais on y trouve une grande variété d'habitats et il est facile de passer de l'un à l'autre en quelques heures seulement. De la forêt tropicale humide du versant caraïbe à la forêt tropicale sèche du versant pacifique, des 3 820 mètres d'altitude du sommet du Cerro Chirripo (dans la cordillère de Talamanca)  jusqu'en bord de mer, il est possible de rencontrer toutes les conditions climatiques inimaginables. Tantôt la boue, tantôt le sable, tantôt le froid, tantôt la chaleur, tantôt les pluies diluviennes, tantôt la sécheresse, il n'en faut pas plus pour faire souffrir n'importe lequel des guides que nous traînons fidèlement sur le terrain.

Et vous, lorsque vous consultez votre bibliothèque, lequel de vos guides vous fait le plus de bien à consulter ?  Si vous n'en avez pas, je vous en souhaite un, car il s'avérera le meilleur compagnon de terrain dont vous pourriez rêver.

@ bientôt.