lundi 30 mars 2020

S'adapter pour survivre.




La crise sanitaire vécue actuellement au niveau planétaire nous le démontre très bien: pour survivre, un être vivant doit s'adapter à toute nouvelle situation qui peut affecter son milieu de vie. Les êtres vivants ont ceci de particulier qu'ils sont continuellement en changement. Mon corps est différent présentement de ce qu'il était quand j'ai commencé à écrire ce billet, tout comme le vôtre et celui de tous les autres être vivants sur la planète. Et ce corps en perpétuelle évolution a su, au fil de ses années de vie, se protéger des dangers extérieurs que sont les virus, les bactéries ou les parasites en fortifiant son système immunitaire. Mais lorsqu'un virus mal connu de la science apparaît, comme la  Covid-19, il arrive qu'aucun remède ne soit disponible dans l'immédiat. Vue la dangerosité de ce virus et la vitesse fulgurante de sa propagation, il devient évident que des mesures exceptionnelles doivent être prises et le gouvernement du Québec le fait de façon magistrale. Sans tomber dans la démesure, des règles strictes de comportement social sont édictées et elles sont heureusement suivies par la grande majorité des citoyens. C'est bien clair, il faut éviter tout rassemblement social où la promiscuité procure inévitablement des contacts pouvant mener à la dispersion du virus. On demande de rester chez soi, de faire une "quatorzaine" obligatoire si on est de retour de voyage depuis peu. Notre préoccupation doit porter continuellement sur notre sécurité sanitaire et celle des autres personnes avec qui nous pourrions établir des contacts. Pour Anne et moi, dont la "quatorzaine" est terminée sans aucun signe de contamination à la Covid-19, il n'est pas question de rapprochement "social" avec la famille et les amis tant que l'avis de confinement ne sera pas levé. Par contre, nous nous réservons le droit de sortir de la maison pour profiter de la nature, en évitant bien entendu tout contact avec quiconque nous pourrions rencontrer ce faisant. C'est très clair et sans compromis.

Dernièrement, j'ai publié sur mon compte facebook la photographie d'une Bécasse d'Amérique que j'avais prise le 10 avril 2017 dans la région de Saint-Nicolas, près de la ville de Québec. Suite à cette parution, mon ami Daniel Gagné de Victoriaville m'a écrit pour mentionner qu'il avait entendu la veille au soir au moins quatre bécasses près de chez lui. Le 28 mars 2020 correspondant à la fin de notre confinement volontaire (devenu obligatoire par la suite par le gouvernement) de quatorze jours, nous avons décidé d'aller vérifier si la bécasse était arrivée dans notre région. Anne en a repéré à deux endroits différents et c'est au deuxième endroit que nous avons été en mesure de prendre les photos qui vont suivre. En examinant les photos, ça m'a rappelé comment, à l'instar de tous les autres êtres vivants, la bécasse est si bien adaptée à son style de vie.

Habitat et adaptation du plumage

Si vous désirez trouver une espèce spécifique dans la nature, rendez-vous dans son habitat de prédilection et ouvrez l'oeil. Une consigne simple me direz-vous, mais dans le cas de la bécasse, la recherche la plus exhaustive n'équivaut pas toujours à la détection de l'oiseau. Elle établit sa niche écologique dans les forêts humides mixtes ou à feuilles caduques avec des ouvertures éparses (40% de la surface de survie semble être minimale). De préférence dans les jeunes forêts et les terres agricoles abandonnées liées à la forêt; souvent des zones à couverture végétale herbacée. Tôt au printemps, au retour de sa migration, elle est principalement crépusculaire et nocturne, mais elle doit se nourrir de jour pour refaire le plein d'énergie. C'est un oiseau qui se déplace peu et très lentement. Il recherche les zones dégagées de neige. Son plumage est cryptique i.e. qu'il se marie très bien aux feuilles mortes et aux végétaux qui tapissent le sol des sous-bois.

Lorsque Anne repère le premier individu, nous sommes en train de déambuler très lentement en auto sur une route secondaire. Je recule lentement l'auto et je vois à mon tour l'oiseau sur ma droite lorsque nous arrivons à sa hauteur. Je recule un peu plus et nous observons l'oiseau avant de sortir lentement de l'auto. Une fois rendu au niveau de l'oiseau, nous le cherchons à l'oeil nu, mais impossible de le retrouver. Nous scrutons les environs à la jumelle, sans plus de succès. Nous ne bougeons pas. Nous nous trouvons à environ cinq mètres de l'endroit où nous avons d'abord localisé l'oiseau. Nous nous disons qu'elle a dû se déplacer au sol ou s'envoler pendant que nous sortions du véhicule. Nous avons tellement fait attention pour ne pas effrayer la bécasse que nous l'avons quittée des yeux pendant une bonne dizaine de secondes. Et alors que nous cogitons sur les possibilités, voilà qu'elle s'envole devant nous et qu'elle s'éloigne en forêt accompagné d'un sifflement produit par ses ailes courtes et rigides. En fait, ce sont les 3 primaires externes qui produisent ce sifflement lorsque l'oiseau décolle brusquement de terre ou lorsqu'il exécute ses envolées lors de la parade nuptiale. Nous sommes pour le moins confondus et grandement déçus de notre incapacité à la repérer.  

Il faut vraiment être attentif pour trouver une Bécasse d'Amérique immobile sur un lit de feuilles mortes. Photo prise le 28 mars 2020 à Leclercville, comté de Lotbinière, Québec.


Alimentation et adaptation du bec


Quand ils sont disponibles, les lombrics (vers de terre) forment de 68 à 86% de sa diète. La bécasse peut ingurgiter deux fois son poids en vers de terre sur une période de 24 heures. Elle complète avec des diptères, des coléoptères, des hyménoptères, des lépidoptères, des limaces, des araignées et d'autres arthropodes. Elle va plus rarement ingurgiter des matières végétales. Elle diversifie sa diète lorsque la terre est trop gelée au printemps ou lorsqu'elle est trop sèche et compactée au cours de ou à la fin de l'été. Elle utilise trois façons de se nourrir. Elle peut enfouir son long bec à l'aveugle dans la terre meuble, elle peut voir, chasser et capturer des proies qui se déplacent à l'air libre ou elle peut soulever la végétation morte au sol afin de s'y nourrir des matières vivantes qui y ont trouvé abri.

Son long bec est un outil de haute technologie, car il allie à la fois la rigidité, la flexibilité et la sensibilité. Rigide, il peut pénétrer la terre afin d'y déloger des proies qui ne pourraient être atteints d'autres façons.  Flexible est la mandibule supérieure qui peut s'écarter pour pincer les proies sans devoir ouvrir tout le bec, autant au-dessus qu'en dessous du sol. Et le nec plus ultra de cet appendice est la présence de récepteurs nerveux à sa terminaison qui peuvent détecter la présence d'une proie sans même la voir. Et voilà pour la sensibilité.



La rigidité et la forme de son bec lui permet de s'enfoncer facilement dans le sol meuble.
     
  
La flexibilité de sa mandibule supérieur lui permet de pincer une proie sans devoir ouvrir complètement le bec. Ce caractère est de première importance quand le bec est enfoui complètement sous la terre.
 

Les vers de terre constituent de 68 à 86% de sa diète. Grâce à des récepteurs nerveux présents au bout du bec, la bécasse peut détecter les proies sous terre sans les voir.


Une autre adaptation du bec pour permettre la recherche de proies bien enfouies se remarque au niveau des narines. Ces dernières sont situées très haut sur la mandibule supérieure, à égalité avec la commissure du bec. L'image suivante montre ce trait.




Le positionnement des narines permet à l'oiseau de bien respirer après qu'il ait enfoui son bec dans le sol.



Adaptation au niveau du positionnement des yeux


La dernière photo montre également un autre trait morphologique très important. Les yeux sont placés hauts et vers l'arrière du crâne, près de la nuque. C'est certain que la vision binoculaire frontale, telle que les humains la connaissent, est impossible pour la bécasse, mais est-elle forcément handicapée pour autant ? Elle n'a pas besoin de voir très près en avant d'elle car son bec sensible lui permet de trouver de quoi se nourrir. Par contre, lorsqu'elle est occupée à se nourrir avec le bec bien planté dans le sol, il est important pour elle de bien voir tout ce qui l'entoure y compris les dangers qui pourraient provenir de l'arrière, au-dessus et de chaque côté. Le hibou, dont les yeux sont situés vers l'avant de sa tête, a un champ frontal total d'environ 60-70 °; cependant, les hiboux peuvent faire tourner leur tête très rapidement d'environ 270 °, ce qui compense leur vision monoculaire insuffisante. La bécasse, grâce à ses yeux situés près du sommet de la tête, peut voir de façon binoculaire vers l'arrière et vers le haut ainsi que vers l'avant et vers le haut. Son champ monoculaire est de près de 180° de chaque côté. Oui, la bécasse voit très bien et ça ajoute à la difficulté de la surprendre.

J'ai essayé de trouver dans la littérature une explication au balancement de tout le corps qui accompagne ses déplacements lorsqu'elle est en recherche de nourriture. Personnellement, j'ai tendance à voir un rapport entre ces mouvements, autant latéralement que verticalement, avec le besoin de focaliser sur son environnement. La vision binoculaire est très utile dans l'estimation précise des distances. Pour vous le prouver, regardez un objet près de vous. C'est facile d'estimer la distance qui nous sépare de lui parce que nous avons deux angles différents de vision qui permettent au cerveau de la calculer instantanément. Ça se fait naturellement. Par contre, regarder maintenant le même objet, mais en fermant un oeil. Oups ! Petit problème. Beaucoup plus difficile maintenant. On peut comparer ce comportement avec celui des petits rapaces comme le Faucon émerillon ou la Crécerelle d'Amérique, avec celui de certains strigidés qui contorsionnent leur tête de multiples façons ou avec d'autres limicoles comme les chevaliers. En bougeant rapidement leur tête de bas en haut ou de chaque côté, ils peuvent observer la même image sous différents angles et leur cerveau enregistre les données et effectue les bons calculs.

J'espère que ce billet aura su vous plaire. Je vous invite à suivre toutes les règles de sécurité qui s'imposent vu la situation exceptionnelle que nous vivons présentement. Éviter tout contact rapproché avec les autres humains et restez chez vous au maximum. Cependant, si vous décidez de sortir, faites le de façon responsable. Demeurez dans votre véhicule le plus possible et lorsque vous sortez à l'extérieur pour une petite randonnée, assurez-vous de ne pas être un vecteur de contamination. Pas de repas au restaurant, pas d'arrêt dans les dépanneurs. Apportez avec vous ce qu'il faut et tout ira bien.

@ bientôt.


      

lundi 23 mars 2020

Le Vietnam à l'heure du Covid-19



Non, je ne vous parlerai pas de statistiques. Tous les médias d'information le font mur à mur présentement et c'est bien comme ça. Juste partager avec vous notre expérience personnelle, à Anne et à moi, lors de notre voyage récent au Vietnam. D'abord, quelle idée bizarre, me direz-vous, que celle de nous déplacer vers l'Asie en pleine pandémie de coronavirus !  Pour comprendre cette décision, il faut nous reporter au moment de la prise de décision. D'abord, un voyage comme celui-ci demande une certaine planification et c'est ainsi que le tout a débuté alors que rien ne laissait présager quelque problème que ce soit au niveau de la santé planétaire. C'est ainsi que nous réservons le 14 août 2019 nos places pour faire partie d'un groupe de 6 personnes qui passera 22 jours au Vietnam du 6 mars au 27 mars 2020. Le reste du petit groupe est constitué d'un couple d'Américains et d'un autre de Suisses. Nous serons accompagnés d'un guide ornitho professionnel et d'un chauffeur durant toute la durée du séjour. Le tout sous la supervision de la compagnie Wildtour Co, Ltd, basée au Vietnam et opérée par des Vietnamiens. Je n'ai aucun doute sur la qualité des services qui seront offerts et l'avenir me donnera raison.

Environ un mois avant le départ, je contacte par courriel Bao Hoai Nguyen, notre guide attitré, et je lui demande si le Coronavirus pourrait causer un problème menant même à l'annulation de notre voyage au Vietnam. Après vérification, ce dernier me confirme que rien n'est changé. À ce moment-là, rien ne laisse présager la propagation exponentielle du virus qui suivra. Deux semaines avant le départ, après le désistement du couple d'Américains, Bao nous écrit pour nous offrir la possibilité de  canceller ou de remettre le voyage à une date ultérieure. Lui croit encore qu'il n'y aura aucun problème, mais l'offre nous est quand même offerte. À ce moment-là, 16 cas avaient été découverts dans le nord du Vietnam, dans la région d'Hanoi, mais tous avaient été soignés et annihilés. Notre périple débute dans le sud du pays, à Hô-Chi-Minh-Ville (anciennement Saigon), et il se termine à Hanoi, mais nous n'y serons que pour prendre le vol de départ vers le Québec le 27 mars. Donc, comme Bao ne voit pas de problème, nous nous disons que nous pouvons continuer et le couple Suisse fait de même. Et nous nous disons également que si jamais nous devions prolonger notre séjour là-bas, nous en profiterions pour explorer plus longuement le Vietnam. Le coût de la vie n'est pas élevé et les gens sont très amicaux. Nous étions prêts mentalement à l'éventualité de ne pouvoir quitter le pays tout-de-suite après la terminaison de notre périple, mais la réalité remettra les pendules à l'heure.



Pomatorhin à tête ardoise / Pomatorhinus schisticeps annamensis / White-browed Scimitar-Babbler. Réalisé le 12 mars 2020 à Di Linh, Vietnam.


Plus l'heure du départ approche et plus notre niveau d'anxiété monte. Le coronavirus se répand à la vitesse grand V, mais ce qui nous réconforte est le fait que le Vietnam a peu de cas, ils sont concentrés à Hanoi et ils sont tous sous contrôle. Mais ce sont les aéroports de transfert de vol que nous redoutons le plus. Nous nous procurons des masques N-95 et nous les mettrons lors de nos transferts. Notre cédule de vols pour le départ le 4 mars 2020 est la suivante: Dorval à Washington (USA), Washington à Doha (Qatar) et Doha à Hô-Chi-Minh-Ville (Vietnam).  Le premier segment est assuré par Air Canada, les deuxième et troisième par Qatar Airways. HEUREUSEMENT, nous avons fait affaires avec une agence de voyage, les Voyages Interconseil Inc, pour la réservation de nos billets. Pourquoi HEUREUSEMENT ?  Vous allez comprendre.

À cause de la disponibilité des vols internationaux, nous quittons de Dorval le 4 mars et nous revenons à Québec le 27 mars. Donc, nous décidons de prendre le premier autobus d'Orléans Express à 07h00, le 4 mars au matin. Au réveil, à 5h30, Anne prend ses courriels et nous apprenons que Air Canada a annulé le vol Dorval/Washington et, naturellement, aucune raison mentionnée et aucune alternative proposée. Mais qu'allons-nous faire ?  Nous vérifions si un autre vol au départ de Dorval pourrait nous amener à Doha (Qatar) pour rejoindre notre connexion sur le Vietnam. Il y a en effet un vol direct Dorval-Doha le jour même à 20h00. Si nous réussissons à le prendre, nous serons à temps pour le transfert prévu. Nous décidons donc de prendre l'autobus à l'intérieur duquel nous contacterons l'agence Interconseil Inc à son heure d'ouverture. Imaginez l'anxiété grandissante ! Nous envisageons la possibilité de revenir le jour même à Québec avec notre petit bonheur. Une petite balade en autobus Québec-Montréal en une journée grise et tristounette, rien de bien motivant.


Grive à tête orange / Geokichla citrina innotata / Orange-headed Thrush. Réalisé le 11 mars 2020 à Di Linh, Vietnam.

Agathe Dessemond, de Voyages Interconseil Inc, s'occupe de nous en championne et elle nous réserve deux beaux billets sur le vol du soir même vers Doha (Qatar), sans aucun frais additionnel. Wow ! L'inquiétude baisse de plusieurs crans. Le reste du périple se passe sans anicroche. À notre arrivée à Hô-Chi-Minh-Ville à 6h00 AM le 6 mars, un chauffeur nous attend à l'aéroport pour nous conduire à l'hôtel Victory où nous nous reposons en attendant la rencontre avec le reste du groupe prévue à 18h00 dans le lobby de l'hôtel.

Ah oui, en passant, Air Canada nous a fourni la raison de l'annulation du vol Dorval-Washington: "maintenance de l'appareil". Toute une raison pour s'en laver les mains sans avoir à faire face à des possibles réclamations. Qui est contre la vertu ? Nous ne pouvons, chers clients, mettre votre vie en danger. Nous pensons d'abord à vous, à votre sécurité. Ah OK, pour la suite de vos vols ? (Tu parles d'une question pas rapport !)   Ben....heu...

Anne l'a appris lorsqu'elle a contacté Air Canada afin de savoir s'il pouvait nous offrir une autre façon de nous rendre à Washington. La charmante dame à l'autre bout de la ligne a aussi expliqué que ce n'était pas à eux à trouver une alternative puisque c'est Qatar Airways qui les engageait pour rejoindre Washington. Il nous fallait donc contacter Qatar Airways. Tout un service à la clientèle, toute une préoccupation pour la clientèle !  Bravo Air Canada. Bravo. Et la dame, toujours aussi affable, a demandé à Anne à la fin de la conversation "Puis-je faire autre chose pour vous aider ?".



Le Vietnam à l'heure du Covid-19


6 mars 2020



À l'hôtel Victory, tous les préposés qui ont des contacts plus rapprochés avec la clientèle portent des masques. Cependant, les autres circulent sans masque. Sur la rue et dans les parcs, il est difficile de mettre une estimation en pourcentage, mais ce ne sont vraiment pas tous les gens qui portent des masques. Vu l'heure matinale de notre arrivée à l'hôtel, nous devons attendre qu'une chambre se libère. En attendant, nous nous rendons dans un grand parc municipal situé à seulement quelques minutes à pied. Nous y déambulerons une couple d'heures. Il y a des centaines de gens qui marchent, courent, jouent au badminton ou tout simplement socialisent comme si de rien n'était. D'autres suivent des cours de danse en plein air alors que des systèmes de sons portatifs assurent le tempo. C'est la vie "as usual". Nous ne sentons vraiment aucune inquiétude.


Moineau friquet / Passer montanus malaccensis / Eurasian Tree Sparrow. Réalisé au parc Tao Dan de Ho-Chi-Minh-Ville.

Nous rencontrons Bao et le couple Suisse à 18h00 au lobby de l'hôtel et nous nous rendons à pied dans un restaurant situé à deux minutes de l'hôtel. Ce restaurant est très populaire et il y a beaucoup de gens à l'intérieur. Un faible pourcentage portent des masques. Même l'homme qui vient prendre notre commande et la femme qui nous sert n'en portent pas. Agréable rencontre avec ceux qui nous accompagneront pour les prochaines journées. Bao est d'une grande gentillesse et les deux Suisses sont très sympathiques. Eux aussi à la retraite et heureux grand-parents de 6 petits-enfants. Ça nous ressemble pas mal. Ça promet.



7 mars 2020

 
Ce matin, nous partons vers 7h30 en direction du parc national de Nam Cat Tien. Nous l'atteignons après environ deux heures de route. Pour entrer dans ce parc, nous devons franchir un petit fleuve. Nous quittons donc notre véhicule avec nos bagages en mains pour prendre la traverse qui nous mènera de l'autre côté. Bao nous indique que nous reprendrons le véhicule dans trois jours seulement. Notre auberge se trouve directement dans le parc. Ceci nous plaît énormément. Le soir venu, nous réalisons que nous sommes le samedi soir. La fin de semaine attire naturellement sa horde de locaux qui viennent eux aussi profiter des installations du parc. Les asiatiques sont des personnes respectueuses des autres et le nombre plus grand de personnes ne nous dérange vraiment pas. Encore ici, nous ne sentons aucune pression concernant la Covid-19. Je vous rappelle que les seuls cas détectés au Vietnam jusqu'ici ne se retrouvent que dans le nord du pays.

Nos sorties ornitho se font après le déjeuner qui se situe aux environs de 5h30. Elles se continuent jusque vers 10h30. Nous faisons une pause à cause de la grande chaleur (près de 40°C avec un taux d'humidité élevé) et nous reprenons les activités vers les 15h00. Nous arrêtons vers les 17h00 et quelques fois nous faisons du "owling" avant le souper. Nous n'avons pas à aller bien loin puisque nous logeons directement dans le parc. Fantastique. Lorsque nous nous éloignons de quelques kilomètres de notre habitation, le parc fournit un véhicule ouvert avec chauffeur ce qui permet l'observation sans devoir quitter le véhicule si nous le désirons. Wildtour, la compagnie de Bao, entretient des caches le long du parcours proposé aux passionnés des oiseaux. C'est ainsi que nous profiterons de trois de ces caches dans le parc.



Bulbul de Finlayson / Pycnonotus finlaysoni eous / Stripe-throated Bulbul. Réalisé le 7 mars 2020 dans le parc national Nam Cat Tien.


Faisan prélat / Lophura diardi / Siamese Fireback. Réalisé le 08 mars 2020 dans le parc national Nam Cat Tien.



Shama à croupion blanc / Copsychus malabaricus macrourus / White-rumped Shama. Réalisé le 08 mars 2020 dans le parc national Nam Cat Tien.


Voici l'ancêtre de toutes les poules domestiques, Coq bankiva / Gallus gallus gallus / Red Junglefowl. Réalisé le 09 mars 2020 dans le parc national Nam Cat Tien.


Gobemouche d'Indochine /  Cyornis sumatrensis indochina /  Indochinese Blue-Flycatcher. Réalisé le 10 mars 2020 dans le parc national Nam Cat Tien.


C'est ainsi que nous passons les journées dans le parc Nam Cat Tien du 7 au 10 mars. Après le départ des touristes locaux le dimanche matin, le niveau de la circulation humaine baisse de façon drastique. Plutôt isolés dans ce beau parc, le temps passe très bien entre les expéditions, les moments de détente et les très bons repas servis au restaurant du parc. Encore là, peu de gens portent des masques et nous nous sentons bien loin du Covid-19. Mais nous ne pouvons faire autrement que de nous tenir bien au fait des développements de la propagation du virus. L'accès à internet est facile sur le site et Bao est le premier à s'enquérir de ce qui se trame dans le pays. Alors que nous n'en parlons pas lors des sorties, chaque repas est le moment d'échanges sur ce sujet et notre guide nous fait part d'une certaine inquiétude s'amplifiant peu à peu dans tout le pays. Wildtour a différents petits groupes comme nous qui nous précèdent dans le même itinéraire qui nous attend. Il sait donc en temps réel ce qui nous attend dans les journées qui viennent. Le 9 mars, il nous apprend que le parc national que nous devons visiter dans la région de Da Lat vient de fermer ses portes et que certains hôtels dans la ville où nous devons séjourner refusent de recevoir des touristes. Certains ont même été mis en quarantaine. Impensable pour nous de continuer le voyage plus vers le nord avec ce risque d'être mis en quarantaine à un endroit donné. Cependant, nous décidons de nous rendre jusqu'à Di Linh qui devait constituer notre prochain arrêt. Au lieu d'y demeurer une seule nuit, nous le ferons pour deux. Ceci nous donne le temps de contacter nos agences de voyage respectives afin qu'elles nous trouvent des billets de retour pour le 12 mars au soir à Hô-Chi-Minh-Ville.



10 et 11 mars 2020


Notre désir de continuer encore quelques jours est exacerbé par le fait que nous devrions découvrir des nouveaux habitats et une faune différente. Nous quittons la chaleur et l'humidité des basses-terres pour nous rendre en zone montagneuse où une température plus clémente, i.e. moins chaude et moins humide, nous attend. C'est aux environs de 1 000 mètres d'altitude que se feront les prochaines observations. La biodiversité est plus grande et elle garantit de très belles rencontres.



Brève bleue / Pitta cyanea willoughbyi / Blue Pitta. Réalisé le 11 mars 2020 à Di Linh, Vietnam.


Rossignol bleu (mâle) / Larvivora cyane cyane / Siberian Blue Robin. Réalisé le 11 mars 2020 à Di Linh.


Bulbul flavescent / Pycnonotus flavescens sordidus / Flavescent Bulbul. Réalisé le 11 mars 2020 à Di Linh.


Le 11 mars, nous recevons des nouvelles de nos agences de voyage respectives. Le couple Suisse a un vol le jeudi 12 mars en fin d'après-midi. Notre vol est planifié pour le vendredi 13 en milieu d'après-midi. Il est donc résolu de quitter vers les 10h00 le 12 pour nous rendre à l'aéroport pour nos compagnons et à l'hôtel Victory pour nous. À notre retour à l'hôtel, nous notons tout-de-suite que beaucoup plus de gens portent le masque. Il y a une nette différence avec la semaine dernière.



13 mars 2020



Nous appréhendons nos prochains transferts dans les aéroports de Hô-Chi-Minh-Ville, Taipeh (Taiwan), Vancouver et Montréal. Mais tout se passe très bien. Les aéroports sont peu fréquentés et les mesures de sécurité ne sont pas contraignantes, même du côté de l'Asie. Dans les avions, les agents de bord portent des masques en tout temps. Il est quand même intéressant (et inquiétant) de noter le degré de préoccupation qui décroit dans les aéroports à mesure que nous nous approchons du Québec. À Vancouver, quelques voyageurs portent des masques. À Montréal, peu de voyageurs portent des masques. De même dans l'autobus qui nous ramène enfin à Québec après 36 heures de déplacement entre le Vietnam et notre domicile.


En rétrospective, nous sommes contents d'avoir vécu l'expérience malgré les difficultés rencontrées. Dès notre décision de revenir au pays, il était clair que nous nous mettrions en "quatorzaine" volontaire afin de protéger nos proches d'une contamination possible au coronavirus. Nous avons fait ce qu'il fallait pour nous protéger le plus possible, mais rien n'est certain à 100%. Nous en sommes aujourd'hui à notre 9ième journée d'isolement sans aucun problème de santé apparent, mais j'ai bien l'impression que nous allons devoir continuer même après les 14 jours. En fait, nous en avons pour des mois avant de voir la situation se rétablir. Il faut oublier tous nos projets de sorties ou de voyages pour les mois qui viennent. Mais l'observation locale est tout-à-fait possible. Suffit de le faire en solo ou avec la personne avec qui nous partageons notre vie au quotidien. C'est ce que nous nous proposons de faire au cours de la migration printanière qui s'amorcera dans quelques semaines.


Merci de votre visite et @ bientôt.