dimanche 4 juillet 2021

La belle rustique.

 

 

L'Hirondelle rustique / Hirundo rustica erythrogaster / Barn Swallow est la plus belle et la plus gracieuse de nos hirondelles. Par ses couleurs, par son corps long et effilé, par sa queue fourchue montrant de belles plaques blanches lorsqu'elle est déployée suite à une manoeuvre acrobatique de l'oiseau en chasse. Le Club des Ornithologues de Québec (C.O.Q.) lui rend toujours un hommage bien mérité en la maintenant sur son logo. Cependant, tout n'est pas rose sous le ciel québécois pour notre hirondelle. Selon le 2ième Atlas des oiseaux nicheurs du Québec méridional, ses effectifs ont baissé de 73% de 1990 à 2014. Dans Chaudière-Appalaches, elle reste quand même observée régulièrement. Lors de notre dernière sortie dans cette région, Anne m'a fait remarqué qu'on la voyait en plus grand nombre que l'Hirondelle bicolore dans les milieux agricoles. 

Juillet est le meilleur mois de l'année pour observer les jeunes hyperactifs quémander frénétiquement la nourriture à leurs parents nourriciers. Voici quelques images prises le 1er juillet 2021 de deux parents bien dédiés à cette tâche. Cela se passe à Baie-du-Febvre, le long de la route Janelle, au niveau du grand marais.

 

Deux oiseaux immatures, déjà capables de voler, sont perchés sur chacun leur fil barbelé et les parents alternent les becquées afin d'assurer un apport égal à chaque petit. Voici le jeune oiseau perché le plus haut sur la clôture.

 

 

L'immature perché plus bas est celui qui quémande sa ration avec le plus de véhémence. Juste à regarder l'oiseau s'exciter à l'approche du parent et il est facile de calculer quand l'oiseau nourricier sera dans l'image.

 

 

Le tout se fait à vitesse grand V, à peine quelques secondes et l'adulte est vite reparti.

 

 

Il arrive quelques fois que l'adulte se perche à côté du jeune, mais ce n'est pas la norme. À noter que les jeunes sont aussi gros que les parents. Même s'ils sont déjà capables de voler, ils n'ont pas encore la dextérité nécessaire pour attraper les insectes en vol.

 

 

Quelques secondes après cette dernière photo, les deux immatures se sont envolés et, croyez-moi, il n'aurait pas fallu cligner de l'oeil trop longtemps car nous les aurions manqué à coup sûr.

 

 Voici maintenant quelques lignes écrites par Gilles Falardeau dans le dernier Atlas à la page 394.

Cette hirondelle est celle la plus commune et la plus répartie sur Terre. Elle est associée à l'homme depuis longtemps et elle figure dans de nombreux contes et légendes. Dans la mythologie grecque, on raconte qu'elle aurait volé le feu aux dieux pour l'apporter aux humains et se serait fait brûler les rectrices centrales quand un dieu courroucé lui aurait lancé un tison - d'où sa queue fourchue.

J'ai eu la chance de le connaître par le biais de l'Atlas et de le rencontrer sur le terrain dans la région d'Oujé-Bougoumou, au nord de Chapais. Il effectuait des écoutes BBS en régions éloignées avec Céline Maurice pour le compte du SCF. Tant qu'à moi, j'étais accompagné du biologiste Xavier Francoeur et nous étions engagés par le SCF dans le cadre des travaux de l'Atlas en régions éloignées. Par pur hasard, nous étions logés au même hôtel ce soir-là et nous avons partagé un repas en soirée. J'en garde de bons souvenirs et j'ai pensé parler de Gilles dans ce billet. Un homme fantastique qui manque à beaucoup de collègues, parents et amis à la suite de sa mort inattendue causée par une crise cardiaque.

À la fin août, les hirondelles devraient quitter l'endroit où elles ont niché pour se rassembler près des lieux humides où les insectes sont plus abondants. Nous ne verrons plus ces petits passereaux voler à toute vitesse au-dessus des champs et nous n'entendrons plus leurs gazouillis ou leurs cris de contact. Espérons qu'ils survivront à leur périple migratoire qui pourrait les amener aussi loin qu'en Amérique du Sud.

 

@ bientôt.

 

mercredi 16 juin 2021

Un tyran à la campagne.

 

 

On m'appelle Tyran tritri. "Tritri" sans doute à cause de mon chant qui consiste en une série de "tritris" aigües et un peu irritants à l'oreille humaine. "Tyran" sans doute à cause de mon caractère belliqueux. Je n'accepte aucun oiseau noir ou aucun rapace volant au-dessus de mon territoire de nidification. Peu importe la grosseur, je le prends en chasse et je le reconduis manu militari aux limites de mon terrain. J'aime les grands milieux ouverts, souvent près de l'eau, où je peux avoir une bonne vision sur mon domaine et où je peux chasser les insectes. Le long des routes de campagne, je passe rarement inaperçu. On me voit souvent à découvert, perché droit sur une clôture ou un fil, ou au sommet d'un arbuste. Je porte un manteau bicolore avec un petit secret bien caché sous les plumes au niveau de mon crâne. En les écartant, je peux exhiber un beau bouton orange qui, selon les humains, serait un trompe l'oeil pour attirer des insectes en quête d'une belle fleur colorée. Qu'ils sont drôles ces humains!

 

Tyran tritri / Tyrannus tyrannus / Eastern Kingbird. Marais Léon-Provancher, Neuville, le 19 mai 2021.
 

 

Le vol du Tyran tritri est lent avec des battements d'ailes rapides et peu amples. On dirait presque qu'il flotte dans l'air. Perché sur le bout d'une tige végétale, il part en vol pour aller capturer un insecte en plein vol. 


C'est un oiseau des milieux ouverts et on l'observe souvent le long des routes de campagne. 04 juin 2016, Baie-du-Febvre, Québec.


Le 06 juin 2015, je découvre ce Tyran Tritri bien assis sur ses oeufs dans la région de Baie-du-Febvre, près de Nicolet. Le nid est plutôt volumineux et il est fait de brindilles et d'herbes, tapissé de poils d'animaux, de radicelles et de fibres végétales. La femelle le place habituellement dans un arbre isolé, un orme, un pommier ou un arbuste bas, proche de l'eau.

 

Ce moucherolle est commun dans le centre et l'est de l'Amérique du Nord. Les Rocheuses semblent constituer une barrière naturelle qu'il n'a pas franchi. J'ai rencontré cet individu le 30 juillet 2014 à Plum Island, Massachussets.

 

 

Les interactions entre les partenaires d'un couple présentent aussi des caractéristiques singulières. Ainsi, au printemps, lorsque la femelle fait son apparition dans le territoire, le mâle se montre quelque peu agressif à son égard. Peut-être faut-il imputer ce comportement au plumage similaire des deux sexes? Photo réalisée le 02 juin 2021 au Marais des Graves, Saint-Joachim.

À l'échelle du Québec, le Bird Breeding Survey < BBS > révèle une situation préoccupante pour cet oiseau insectivore, soit une baisse de population de plus de 60% entre 1990 et 2014, i.e. deux fois plus que pour l'ensemble de l'Amérique du Nord. 


@ bientôt.


 

lundi 31 mai 2021

L'Hirondelle noire : la fin d'une ère.

 

 

Ce n'est un secret pour personne, la population de la grande majorité des espèces d'hirondelles a chuté de façon drastique au cours des dernières décennies. Vers les années 70, il était possible d'observer la nidification de cinq des six espèces d'hirondelles dans les limites du village de Sainte-Croix-de-Lotbinière. Les "rustique", "bicolore", "noire" et "à front blanc" nichaient dans des cabanes ou dans des nids faits de boue, accrochés sous les auvents des maisons privées; la "de rivage" nichait en petite colonie près de la chute, au niveau du fleuve, dans des trous creusés dans la partie supérieure de la falaise, juste en dessous de la frise végétale qui coiffait cette falaise. Un Martin-pêcheur d’Amérique y avait également creusé un trou plus volumineux que ceux des hirondelles. En 2021, il ne reste que la "bicolore" et, surprenamment, la "noire".  Oui, c’est surprenant quand on sait que la « noire » est la moins commune des cinq espèces mentionnées jusqu’ici.

La colonie de Sainte-Croix est maintenant reconnue comme étant celle située la plus à l’Est au Québec. Nous devons l’établissement de cette colonie à M. Benoit Garneau qui résidait dans la maison où se trouvent encore les condos offerts aux hirondelles. L’entrepôt situé en arrière de sa maison appartenait à la famille Garneau qui a livré pendant de multiples décennies les produits laitiers dans le comté de Lotbinière. Avec l’arrêt des opérations est venue la vente de la maison et de l’entrepôt. Cependant, un autre membre de la famille Garneau habite dans la cour qui jouxte l’entrepôt et il continue l’œuvre de son frère en maintenant les cabanes à la disposition des hirondelles. Cependant, les nouveaux propriétaires de l’entrepôt ne sont pas chauds à l’idée de voir arriver des véhicules ou des personnes inconnues près de leur commerce. Et c’est bien compréhensible. Il risque d’y avoir de la circulation de leurs propres véhicules ou des véhicules de livraison et c’est par souci de prudence qu’ils préfèrent interdire l’accès aux personnes qui seraient intéressées à observer ou à photographier les oiseaux de plus près. Voici la note qu’ils ont fait parvenir au conseil d’administration du Club des Ornithologues de Québec < C.O.Q. >.

 

La colonie d'Hirondelles noires de Sainte-Croix de Lotbinière, sise au 6572, rue Marie-Victorin, se trouve sur une propriété privée et il importe d'user de discernement et de bonne conduite en allant faire de l'observation.

-- Ne pas stationner dans l'entrée ni ailleurs sur cette propriété privée.

-- Tenir compte du fait que stationner sur la route devant la propriété peut d'avérer dangereux, de même qu'encombrant pour la circulation automobile.

-- Il est idéal de se garer en sécurité à proximité et de marcher un peu avant d'atteindre un bon point d'observation.

-- Dans le respect de la propriété privée, il ne faut pas empiéter sur ce terrain privé.

Merci de bien respecter ces consignes, ce qui permettra au (nouveau) propriétaire de conserver son intérêt à poursuivre le maintien des installations à la disposition de la colonie.

 

Benoit a été mon laitier attitré pendant les 29 années où j’ai habité la maison de Lotbinière. C’était devenu un bon ami et c’était toujours un plaisir mutuel lorsque je me rendais annuellement constater l’état de sa colonie d’Hirondelles noires. Lorsque je me suis rendu sur le site, le 16 mai dernier, j’ai rencontré les deux nouveaux propriétaires. Je ne savais même pas que l’entrepôt avait été vendu et que la famille Garneau n’était plus propriétaire. Nous avons discuté une bonne vingtaine de minutes sur l’historique de cette colonie et mes liens avec la famille Garneau dont je connaissais tous les membres. Eux étaient réticents à l’idée de voir débarquer n’importe qui à n’importe quelle heure. Je leur ai parlé de l’importance de préserver cette colonie pour la biodiversité du coin. Ce que je crois, était le plus important. La présence des condos à Hirondelles noires semble assurée même si l’accès est interdit au public. Il faut respecter cet interdit si nous voulons préserver la colonie.

Voici quelques photos que j’ai pu faire au cours des dernières années de cette belle hirondelle format géant.

 

Hirondelle noire (femelle) / Progne subis subis  / Purple Martin. Le 16 juillet 2013 à Sainte-Croix de Lotbinière,

 

 

Hirondelle noire (transport de matériel pour le nid) et Moineau domestique. Le 13 mai 2017 au parc provincial de Rondeau, Ontario.


Femelle, le 08 juin 2020 le long de la route Janelle à Baie-du-Febvre, Québec.


Mâle, le 16 mai 2021 à Sainte-Croix, comté de Lotbinière, Québec.


   

Mâle cueillant du matériel pour la confection du nid. Le 16 mai 2021 à Sainte-Croix, comté de Lotbinière, Québec.

Si vous êtes de passage à Sainte-Croix et que vous désirez observer cette hirondelle, SVP le faire à distance en demeurant sur le bord de la 132.

 

@ bientôt.


lundi 24 mai 2021

Le Viréo mélodieux.

 

 

À l'oreille moins exercée, le chant très mélodieux de ce petit passereau ressemble beaucoup à celui du roselin (pourpré ou familier). Il est très vocal, donc facile à entendre, mais pas aussi facile que ça à apercevoir. Sa niche préférée se retrouve dans la canopée des arbres feuillus où il devient alors trop souvent indétectable. Au contraire des parulines et des roitelets, il se déplace lentement et il peut rester perché au même endroit pendant un bon moment tout en chantant. Dès qu'il revient au printemps, il mêle son babillage à celui des autres dans un concert qui vient caresser nos tympans et notre âme. Comme les autres membres des viréonidés, il est insectivore et il trouve sa subsistance non pas en poursuivant ses proies en vol, mais bien en inspectant minutieusement les branches, brindilles ou feuilles à la recherche d'insectes et autres arthropodes.

Dans les aires de reproduction, le Viréo mélodieux adopte une grande variété de forêts de feuillus, à la fois à l'intérieur et à la lisière de la forêt. Il est souvent trouvé dans des peuplements d'arbres matures bordant les champs agricoles et le long des routes, y compris dans les banlieues à faible densité avec de nombreux grands arbres et de vieux vergers; parfois dans des peuplements mixtes de feuillus et de conifères du niveau de la mer à 3 200 mètres d'altitude, dans l'ouest de l'Amérique du Nord, principalement de 900 à 2 500 mètres au Mexique. Dans les aires de non-reproduction, il fréquente divers habitats boisés, les broussailles et les plantations. .

 

Viréo mélodieux / Vireo gilvus gilvus  / Warbling Vireo

 

Les différentes espèces formant la famille des viréonidés possèdent un chant doté d'une structure similaire, consistant en de courtes phrases composées de plusieurs éléments, d'une durée d'environ une seconde et séparées par des pauses plus longues. Le chant du Viréo mélodieux est très différent; un gazouillis continu, d'une durée de 2,5 à 3 secondes. Les deux sexes chantent et l'espèce vocalise au cours de la migration. Le mâle chante sur le nid, mais lorsqu'il est proche de la femelle, il est normalement silencieux, ne chantant que sporadiquement, sauf lorsqu'il est engagé dans un duel vocal avec un autre mâle.

 

 


L'analyse du contenu de l'estomac (avril-octobre) indique que la très grande majorité (97%) de la nourriture est constituée d'arthropodes, y compris les araignées, les papillons et les mites, en particulier les chenilles lorsqu'elles sont disponibles, les coléoptères, les punaises et autres. La matière végétale demeure un composant mineur, consommée principalement en automne, et elle comprend certains fruits comme ceux du sureau et du sumac. Il y a peu de données sur le régime hivernal, mais par analogie avec les autres membres de la famille, il pourrait inclure plus de matière végétale que durant le reste de l'année. Il se nourrit principalement dans les niveaux supérieurs des arbres, en particulier dans la canopée, mais aussi dans les strates végétatives plus basses. Ses recherches de nourriture se font majoritairement à la surface des feuilles (en particulier) et des brindilles. Il obtient également une certaine proportion de proies en les cueillant alors qu'il volète sur place. Il capture des proies aériennes dans une bien moindre mesure. Sur les aires de reproduction, il se nourrit seul ou par paire; dans les zones d'hivernage, il se joint habituellement à des groupes formés de plusieurs espèces différentes.

 


Des 33 espèces différentes comprises mondialement dans le genre Vireo, cinq se reproduisent au Québec. De ces cinq espèces, deux se ressemblent au point qu'on puisse les mélanger. Le Viréo de Philadelphie ressemble au Viréo mélodieux, mais son chant est bien différent. Leur taille est sensiblement la même et le de Philadelphie a les dessous plus jaunâtre comparé à ceux du mélodieux. Au printemps, alors que les deux espèces arborent leur plumage nuptial, il est beaucoup plus facile de les différencier que lorsqu'on a affaire à un immature à la fin de l'été. La présence ou l'absence d'un trait entre l'oeil et la commissure du bec est un autre caractère important à observer. Mais les conditions d'éclairage et l'angle de vue avec l'oiseau ne permettent pas toujours de trancher le dilemme. J'ajoute ici une photo d'un Viréo de Philadelphie afin que vous puissiez constater la difficulté. Le chant est toujours la meilleure clé d'identification lorsque l'on compare ces deux espèces.


Viréo de Philadelphie / Vireo philadelphicus / Philadelphia Vireo


@ bientôt.

 

 

samedi 22 mai 2021

Observer les oiseaux en été

 

 

En me remémorant les débuts de ma passion pour les oiseaux, je dois admettre que je cessais mes activités d'observation en forêt dès que les insectes piqueurs faisaient sensiblement leur apparition, soit vers le début de juin. À cette période, je calculais qu'observer un moucherolle, même sur son nid, ne valait pas toutes les piqûres que je devais endurer pour ce faire. Assez pathétique à bien y penser, car une toute nouvelle réalité se révèle à nos yeux en période de nidification. Avec l'expérience des années m'est venue cette constatation que les mois de juin et de juillet fourmillent d'occasions de découvrir d'autres aspects de la vie des oiseaux.

Le mois de mai est sans doute celui des douze qui procure le plus de montées d'adrénaline chez les ornithologues amateurs. En plus de saluer le retour des nicheurs locaux, ce qui constitue une fête en soi, la vague migratrice apporte son lot d'espèces qui ne sont que de passage, en route vers leurs territoires de nidification situés plus au Nord. Une centaine d'espèces différentes peuvent garnir, en une seule journée donnée, le carnet d'observation des ornithologues plus expérimentés. Ces moments sont tellement stimulants qu'il est courant de ressentir un genre de spleen lorsque la cohorte d'oiseaux de passage nous quitte pour continuer leur périple migratoire. Et leur départ coïncide avec le début de nidification de plusieurs de nos espèces nicheuses. Juin s'avère un mois plus calme où il faut travailler un peu pas mal plus fort pour repérer l'oiseau plus silencieux dans la végétation dense. Les oiseaux ne chantent plus autant, car les couples sont formés, les nids construits et les oeufs bien en sécurité sous le ventre du parent qui couve. Et ajoutons à cela la présence remarquable des fameux insectes piqueurs qui ne cessent d'user d'imagination pour trouver, sur notre peau, le seul petit endroit non protégé par l'insectifuge... qu'on croyait pourtant avoir appliqué avec grand soin.


Ce Moucherolle tchébec / Empidonax minimus / Least Flycatcher est bien installé sur ses oeufs en ce 28 juin 2012, quelque part en Abitibi.

Je tiens tout-de-suite à préciser que l'idée de ce billet n'est pas de vous inciter à trouver des nids par tous les moyens. J'en ai souvent trouvé des nids, mais c'était toujours par pur hasard. Lorsque je l'ai fait pour celui du Moucherolle tchébec, je me tenais sur le bord d'une route forestière en surplomb d'un petit ravin quand j'ai vu un petit oiseau arrivé en vol. En le cherchant à la jumelle, je l'ai trouvé assis sur un nid. J'étais à environ cinq mètres du nid et j'ai pris la photo sans m'en approcher davantage. Si ça vous arrive, souvenez-vous qu'il faut toujours respecter la bulle de l'oiseau, ne pas détruire la végétation pour avoir une meilleure vue sur le nid et ne pas manipuler les oeufs ou le nid lui-même si l'oiseau s'envole. Les prédateurs de nids que sont plusieurs mammifères forestiers (écureuils, ratons, mustélidés...) comptent beaucoup sur leur odorat pour trouver des sources de nourriture. Donc, si vous laissez une trace odorante en vous rendant vers un nid pourtant bien protégé par la végétation avant votre intervention, il y a de fortes chances qu'elle constituera une véritable autoroute pour un prédateur au nez fin. C'est un pensez-y bien.

Le mois de juillet voit éclore des millions d'oeufs partout au Québec. La forêt, plus silencieuse depuis quelques semaines, laisse entendre les piaillements émis par les oisillons quand les parents approchent du nid avec une becquée constituée de succulents insectes. Les parents eux-mêmes sont plus facilement repérables avec leurs déplacements incessants pour nourrir leur progéniture ultra-affamée. Il y a beaucoup à apprendre sur les comportements des oiseaux au cours de ce mois. Nous entendons des sons nouveaux, surtout de la part des jeunes oiseaux, mais aussi des adultes qui doivent garder un contact constant avec leurs jeunes. Et cette activité débordante se constate dans tous les habitats, pas seulement en forêt.

 

Hirondelle rustique / Hirundo rustica erythrogaster / Barn Swallow. Saint-Antoine-de-Tilly, 09 juillet 2020.

 

Le mois d'août me laisse un goût doux-amer dans la bouche. Après l'effervescence et la fébrilité des mois de nidification, voilà que plusieurs espèces commencent déjà à déserter leur territoire ou à former des bandes qui se déplacent constamment à la recherche de sites riches en nourriture. On n'a qu'à penser aux groupes d'hirondelles qui se regroupent autour des milieux humides comme les marécages. On n'en voit plus aux abords de nos habitations. De même pour les carouges qui délaissent les champs et disparaissent de nos listes quotidiennes d'observation. Quelques espèces s'évanouissent totalement du paysage, déjà en route vers leur quartier d'hivernage. Oui, il reste encore des oiseaux nicheurs. Le Chardonneret jaune est reconnu pour nicher tard. En fait, il synchronise le nourrissage des jeunes avec la maturation des graines de graminées et autres plantes sauvages. Il y a également ces espèces qui répètent les nichées tant que la température est clémente et la ressource nourricière disponible. Le Merle d'Amérique est l'une de ces espèces prolifiques. Avez-vous déjà remarqué que le merle connait un regain vocal au courant de l'été? Au printemps, il chante pour établir un territoire et trouver une compagne. On l'entend à toute heure du jour. Lorsque la femelle couve, il cesse presque totalement de chanter. Ensuite, il aide au nourrissage. Quand les immatures quittent, le couple peut s'activer à une nouvelle nichée. Le mâle reprend alors un concert matinal, non pas pour trouver une autre compagne ou pour réclamer un territoire. Mais ce chant servirait à renforcer le lien entre les deux adultes. S'ils nichent une troisième fois, le mâle répètera le même comportement. Donc, si vous entendez en plein été un mâle recommencer à chanter avec ferveur alors que vous ne l'aviez pas entendu depuis quelques temps, c'est qu'une nouvelle nichée s'en vient. Ceci peut s'appliquer également à d'autres espèces, comme le Bruant chanteur.

Heureusement, vers la mi-août, les limicoles réapparaissent en provenance de leur aire de reproduction et en direction de leur aire d'hivernage situé plus au sud, parfois même jusqu'en Patagonie. Ils s'arrêtent de quelques jours à quelques semaines pour refaire leurs forces pour la suite du grand périple automnale.

 Je vous souhaite un bel été rempli de belles découvertes tout en respectant scrupuleusement nos oiseaux!

 

@ bientôt.