lundi 29 février 2016

Des oiseaux en février 2016



Si le mois de février 2015 a battu tous les records de froid au Québec, il en fut autrement en février 2016. Durant ce mois qui se termine aujourd'hui, les Québécois ont vécu toutes les conditions climatiques possibles sous des températures oscillant entre - 27 °C et + 14 °C. Pluie, grésil, verglas, neige, froid, soleil, chaleur: un véritable potpourri où chacun a pu y trouver son compte. Une journée, le soleil prodiguait tellement une chaleur enveloppante que nous nous serions crus en avril. Le lendemain, l'hiver reprenait ses droits. S'il y a peu de neige dans la première moitié du mois, elle s'est mise à tomber à faible débit dans la troisième semaine et quelques tempêtes d'importance marquent les derniers jours. Bon an mal an, le tapis de neige finit toujours par atteindre la même épaisseur.


Voici en photos ce qui a marqué nos sorties à Anne et à moi.


02 février 2016


Je débute le mois par une visite chez mon ami et mentor, Gabriel Allaire, à Cap Rouge. Sa cour arrière donne sur une petite rivière et il a installé un poste d'alimentation très complet pour nourrir les oiseaux. De plus, un sorbier offre de beaux fruits bien juteux et il est situé à quelques mètres seulement des grandes baies vitrées de son salon.



Le coloré Jaseur boréal / Bombycilla garrulus pallidiceps / Bohemian Waxwing est un frugivore vorace dont le transit intestinal est très rapide. Les fruits se digèrent très vite et des études démontrent que la diète annuelle du jaseur est constituée de fruits à 84%.  D'octobre à avril, le taux atteint 100%. Le mois de mai est le seul mois de l'année où les fruits tombent en second plan. À cette date, les fruits disponibles sont à leur plus bas niveau et les jaseurs se tournent alors vers les fleurs dans une proportion de 44%. Les pétales et les étamines sont consommés. Les insectes et autres invertébrés comptent pour 40% de la diète en mai.


De mémoire, c'est la première fois que j'observe une Mésange à tête noire / Poecile atricapillus atricapillus / Black-capped Chickadee se nourrir accrochée à une grappe de fruits rouges de sorbier. Généraliste et opportuniste, la mésange sait tirer profit de toutes les sources de nourriture disponibles.




06 février 2016


Un couple d'amis nous invitent à aller observer une espèce pas souvent rapportée au Québec. Nous nous rendons sur la rive sud du Saint-Laurent, le long de la rivière Chaudière. Dans une minuscule baie, lieu très paisible en comparaison avec les flots tumultueux des rapides tout près, un mâle de Fuligule à dos blanc / Aythya valisineria / Canvasback patauge nonchalamment en compagnie de Canard colvert / Anas platyrhynchos platyrhynchos / Mallard. Une vision incroyable en hiver au Québec.




Nous nous dirigeons ensuite à la Base de Plein Air de Sainte-Foy portés par l'espoir de repérer la Chouette rayée / Strix varia varia / Barred Owl rapportée la veille à cet endroit. Nous la trouvons assez rapidement le long du sentier de raquettes no A.













07 février 2016


Retour à la Base de Plein Air de Sainte-Foy dans l'espoir d'ajouter le Grand Pic et le Grimpereau brun. Nous ne faisons qu'entendre le premier et nous apercevons le dernier de très loin. Pas de photo de ces espèces, mais une volée d'une quinzaine de Sizerins flammés contient quelques Sizerins blanchâtres / Acanthis hornemanni / Hoary Redpolls.



Au moins 3 Sizerins blanchâtres faisaient partie de ce petit groupe de fringillidés.



Un couple de Cardinal rouge / Cardinalis cardinalis cardinalis / Northern Cardinal nous accueille tout près du stationnement.



Il n'y a pas de meilleur endroit à Québec pour réussir des photos de près de l'Écureuil roux nord-américain / Tamiasciurus hudsonicus / North American Red Squirrel.



12 février 2016


En ce vendredi matin, une espèce exceptionnelle est rapportée sur Ebird. Nous profitons de l'heure du midi pour nous rendre à Val Bélair dans l'espoir de la repérer et, si possible, de la photographier. Heureusement pour nous, l'oiseau se présente sur les lieux de la découverte après seulement une couple de minutes d'attente.



Cet immature de Pic à tête rouge / Melanerpes erythrocephalus / Red-headed Woodpecker visite un poste d'alimentation dans un secteur boisé et peu achalandé.


14 février 2016


Quoi de mieux que de profiter de cette journée de la Saint-Valentin pour ajouter une autre espèce sur notre liste annuelle 2016. C'est en nous promenant très lentement sur la route Petrée, près de Saint-Étienne (Lévis), que nous rencontrons deux Gélinottes huppées / Bonasa umbellus togata / Ruffed Grouses occupées à se nourrir de bourgeons dans un arbre en bordure de forêt.















21 février 2016



Une petite escapade à Montmagny va nous permettre de trouver la prochaine espèce. Depuis le début de l'année, nous avons visité différents sites où elle avait été rapportée, mais sans succès. Cette fois-ci, c'est la bonne. Ebird est encore notre source d'information. En fait, ce sont les gens qui prennent le temps de diffuser l'information sur Ebird qui devraient être remerciés pour leur générosité. C'est sur le chemin des Cascades, d'une longueur de cinq kilomètres, que le tout se passe. Quelques Plectrophanes lapons / Calcarius lapponicus lapponicus / Lapland Longspurs se retrouvent parmi des petites bandes d'Alouettes hausse-col / Eremophila alpestris alpestris / Horned Larks et de Plectrophanes des neiges / Plectrophenax nivalis nivalis / Snow Buntings.



Un Plectrophane lapon est ici en compagnie d'un Plectrophane des neiges et de plusieurs Alouettes hausse-col. Sauriez-vous le trouver ?



Et voici un plan rapproché qui facilite la reconnaissance des trois différentes espèces.



@ bientôt.





jeudi 11 février 2016

L'observateur observé



Serions-nous des voyeurs, nous, les passionnés de la nature ?

Dans les passionnés de la nature, j'englobe beaucoup de gens. Les artistes peintres, les photographes, les ornithologues et, de façon plus large, tous ceux qui éprouvent un intérêt particulier à observer  tout ce qui touche à la nature. Nous partageons tous cette même quête qui nous amène invariablement à essayer de surprendre un animal dans sa routine quotidienne... sans être soi-même repérés. À bien y penser, cette définition me permettrait même d'inclure les passionnés de la chasse. En effet, nos sorties en nature peuvent avoir comme but de rechercher une cible spécifique jusqu'à la trouver et l'observer. Oui, je sais, la finalité des différents groupes n'est pas la même: une collecte d'esquisses qui serviront à la réalisation d'un tableau pour l'artiste, un ajout de l'espèce sur une liste personnelle pour l'ornithologue ou l'amoureux de la nature, une captation la plus belle ou la plus originale pour le photographe ou un trophée pour le chasseur.

Les uns comme les autres, si nous désirons obtenir de bons résultats, nous avons des leçons à apprendre et des devoirs à faire. La connaissance de l'espèce et de l'habitat dans lequel elle gravite ainsi que de ses comportements normaux sont tous des éléments à apprivoiser si nous désirons obtenir des résultats optimaux. Difficile d'échapper à cette réalité.


Malgré tous nos efforts, il arrive que les espèces visées ne coopèrent pas de la façon envisagée. L'observateur est alors observé bien avant qu'il n'observe et il doit alors réagir rapidement, car tout n'est qu'une question de fraction de seconde avant que le contact visuel ne soit interrompu de façon abrupte par le départ de l'espèce désirée.


Malgré le départ précipité de cet Écureuil gris, ce cliché reste quand même intéressant. Je l'ai intitulé "la fuite vers l'ombre". Et, dans le fond, il faut admettre que la survie d'un animal tient beaucoup au fait qu'il passe inaperçu et que l'ombre le protège des prédateurs. Prise réalisée le 20 avril 2015 au Domaine de Maizerets, ville de Québec, Québec.



Heureusement pour moi, j'étais déjà affairé à photographier cette Grive solitaire  alors qu'elle se tenait bien perchée tout près. Comme je n'utilise jamais l'option de photographies en rafale, j'ai dû presser à nouveau sur le déclencheur et c'est ce que j'ai obtenu. L'oiseau a quitté sa perche pour capter un fruit en plein vol. Fruit qu'elle tient encore fermement dans son bec. Photo réalisée le 20 décembre 2014 à Saint-Édouard, comté de Lotbinière, Québec.


Ces situations non désirées peuvent quand même nous permettre d'emmagasiner de très beaux moments dans notre banque de souvenirs impérissables. Alors qu'un photographe chanceux aura le temps de prendre un cliché mémorable, il n'a aucun pouvoir sur la brièveté de la rencontre. Plus souvent qu'autrement, l'animal ne permet qu'un coup d'oeil furtif, mais il arrive aussi qu'il reste de longs moments à nous reluquer, tellement que ça peut en devenir presque gênant. J'aimerais vous présenter quelques photos alors que je me sentais beaucoup plus l'observé que l'observateur.  



Le 14 juillet 2012, je suis quelque part en Abitibi dans le cadre de l'Atas des Oiseaux Nicheurs du Québec. Alors que je suis à observer un Viréo à tête bleue, j'aperçois un Lynx du Canada / Lynx canadensis / Canada Lynx bien assis dans le milieu du chemin à environ 75 mètres de moi. Il a l'air bien intrigué par ma présence et je m'attends à ce qu'il déguerpisse dans la nature dans les secondes qui suivent. Et non, il se remet sur ses 4 pattes et il marche lentement vers moi en longeant la végétation sur le bord du chemin. Je saisis mon appareil photo qui n'est pas très loin et je prends des clichés à mesure qu'il s'approche.



Rendu à ma hauteur, il s'arrête pendant de longues secondes et il m'étudie d'un regard prolongé, mais, de façon bien évidente, dépourvu de toute agressivité. On dirait presque un chat domestique. Comme je le suis depuis longtemps à travers ma caméra, je lève les yeux pour réaliser qu'il ne se trouve alors qu'à environ quatre mètres de moi. Je n'ose bouger, savourant toute l'intensité et toute la beauté du moment. Il continue ensuite son chemin sans jamais démontrer la moindre crainte à mon égard. De mon côté, je n'ai jamais ressenti de peur. Cette situation me transcende littéralement. Tellement que je n'ai jamais pensé à vérifier les réglages de ma caméra. Cette photo est surexposée, mais l'image parfaite restera à jamais gravée dans ma mémoire. Après tout, combien de fois, dans votre vie, aurez-vous été dévisagé de la sorte par un lynx ?


Croyez-vous vraiment qu'il m'a vu ?  You bet !  Cet oiseau "genre toutou" est un Podarge de Ceylan / Batrachostomus moniliger / Sri Lanka Frogmouth photographié le 04 novembre 2014 près de Thattekkad, dans les Western Ghats, situées dans la partie sud ouest de l'Inde. Une espèce nocturne qui passe sa journée à somnoler en attente de la reprise d'activité dès la nuit tombée. Et non, je ne l'ai pas forcé à ouvrir les yeux comme trop de photographes font pour obtenir une photo optimale. Quand nous l'avons repéré, il était ainsi, occupé à observer l'observateur. Voici une vision devant laquelle nous ne pouvons nous empêcher de sourire. Tellement inusitée et attendrissante tout à la fois.


Et comment décrire cette autre rencontre faite cette fois-ci sur l'île mythique de Madagascar. Qui dit Madagascar dit lémuriens, des primates endémiques à cet endroit du monde i.e. trouvés UNIQUEMENT dans cette endroit tout autour de la planète bleue. Les yeux énormes de ce Lépilémur de Milne-Edwards / Lepilemur edwardsi / Milne-Edwards Sportive Lemur indiquent qu'il s'agit d'une espèce nocturne. Cette mère était bien installée dans la fourche basse d'un arbre, tenant un bébé dans ses bras. Une rencontre difficile à oublier. Photographié le 26 octobre 2012 dans le parc national d'Ankarafantsika.



Pour établir un contact visuel avec une Chélydre serpentine / Chelydra serpentina serpentina / Common snapping Turtle, il faut être soi-même très près du sol. Mais l'effort en vaut la chandelle. Et dans ce cas particulier, nous n'avons pas à craindre que l'animal va déguerpir en une fraction de seconde. Photo réalisée le 29 juin 2014 dans la Réserve nationale de faune du lac Saint-François, à Dundee, Québec.



Quelle surprise j'ai eue lorsque j'ai levé mes jumelles directement au-dessus de moi pour apercevoir un petit oiseau coloré qui me regardait directement !  À sa gauche, nous distinguons deux pattes bien griffées qui agrippent une branche ainsi qu'un ventre jaunâtre. Il s'agit d'une femelle de Philépitte de Schlegel / Philepitta schlegeli  / Schlegel's Asity qui se tient "normalement" sur une branche. Mais qu'en est-il de son partenaire qui pend littéralement bien accroché à sa branche, un peu comme le ferait une chauve-souris ? Vraisemblablement, il utilise cette position inhabituelle pour atteindre des fruits cachés dans le feuillage. Et notre présence ne semble pas du tout le déranger dans ses activités. Heureusement, il m'a laissé le temps de prendre quelques clichés. Réalisée le 26 octobre 2012 dans le parc national d'Ankarafantsika, à Madagascar.


 C'est en Thaïlande, plus précisément dans le parc national de Kaeng Krachan, que notre guide accompagnateur ornithologue nous amène dans une cache dressée en pleine forêt. Après quelques minutes, apparaît un petit mammifère. Il est minuscule. Un adulte de cette espèce peut atteindre seulement la hauteur de 45 cm (18 pouces) et peser 2 kgs (4.4 lbs). Il s'agit en fait du plus petit mammifère connu affublé de sabots et son nom est Chevrotain indien / Moschiola meminna / Lesser Mouse Deer. Ses prédateurs les plus abondants sont les chiens sauvages abandonnés par les hommes et qui hantent les forêts. L'utilisation d'une cache pour observer la nature sans être soi-même observé est un des meilleurs moyens pour étudier les animaux dans leur quotidien. N'eût été de cette cache, je ne crois pas que nous aurions eu la chance de croiser ce mammifère très furtif.


Ce regard impressionnant est celui d'un Agame des colons / Agama agama / Common Agama photographié le 02 novembre 2015 dans le parc national de Kakum, Ghana, Afrique de l'ouest. Il a l'air vraiment au-dessus de ses affaires et il semble vouloir nous dire: "c'est qui le suivant ? ".  Dans ce cas précis, le reptile n'était aucunement contrarié par ma présence et il n'a pas bougé d'une écaille tout au long de notre rencontre.


Dans le cas de certaines espèces, comme pour cette Gélinotte huppée / Bonasa umbellus togata / Ruffed Grouse, il arrive que l'oiseau nous repère avant que l'on ne le voit, mais qu'il n'hésite aucunement à se montrer très ostensiblement devant vous. Et ce comportement est sans équivoque: il veut attirer votre attention afin que vous le suiviez. Mais pourquoi ? Tout simplement parce qu'il s'agit d'un parent accompagné de jeunes ne volant pas encore. En se pavanant devant nous, il permet aux jeunes de se cacher dans la végétation avant que l'on ne les remarque. Ce comportement suicidaire a sûrement dû finir tragiquement pour certains parents, mais il semblerait que ça fonctionne plus souvent que ça ne rate. Photographie réalisée le 19 juin 2011 au nord du Réservoir Gouin, Haute Mauricie, Québec.


Le 11 juillet 2012, je me retrouve en Abitibi, au nord ouest du Québec. Maintenant bien au fait du comportement protecteur des adultes des galliformes habitant la forêt boréale, je me préoccupe plus de repérer les poussins ou les immatures des perdrix et tétras que de suivre l'adulte qui se trémousse devant moi. Cet oisillon de Tétras du Canada / Falcipennis canadensis canadensis / Spruce Grouse est tout juste assez âgé (environ une semaine) pour s'envoler à  partir du sol et atteindre les branches basses d'un conifère. D'instinct, il sait qu'il doit rester immobile pour échapper à l'attention d'un prédateur potentiel. Quoi demander de mieux pour un photographe ? 


Les membres de la famille des strigidés, comprenant les hiboux et les chouettes, sont sans doute les plus faciles à photographier, car ces oiseaux habituellement nocturnes ne bougent pas de leur perchoir lorsqu'ils sont observés durant le jour. Alors qu'ils sont normalement léthargiques en plein jour, le plumage gonflé pour préserver la chaleur et les yeux fermés parce que somnolant, il peut arriver qu'ils soient actifs et bien éveillés parce que obligés de capturer des proies non obtenues la nuit précédente. Au Québec, on ne divulgue plus les endroits précis où ces oiseaux sont repérés parce que de trop nombreux ornithologues ou photographes à l'éthique plutôt déficiente ne se gênent pas pour déranger l'oiseau en le forçant à ouvrir les yeux pour obtenir une meilleure observation ou une meilleure photographie. Ce faisant, ils l'empêchent de récupérer des forces essentielles à leur survie et ils les obligent même à se déplacer juste pour retrouver de la quiétude et se mettre à l'abri de potentiels prédateurs. Il ne faut pas oublier que ces prédateurs ont aussi des prédateurs. Cette Petite Nyctale / Aegolius acadicus acadicus / Northern Saw-whet Owl a été photographiée le 17 mars 2012 à Leclercville, comté de Lotbinière, Québec.



Au Québec, la diversité d'oiseaux est encore très bonne puisque nous pouvons cumuler une liste de 250 espèces différentes, année après année. Après plus de cinquante années d'observation derrière la cravate, je peux témoigner que si la diversité est encore là, le nombre d'individus par espèce est très déconcertant pour ne pas dire inquiétant. De là, toute l'importance de montrer énormément de respect envers ces oiseaux que nous avons la faveur de rencontrer lors de nos sorties en nature ou, tout simplement, dans notre arrière-cour. Dès mes premières observations, j'ai éprouvé cette nécessité de les partager avec le plus de nombre possible de personnes. Comment ne pas vouloir partager la beauté ? Une de mes plus grandes déceptions à vie a été de me rendre à l'évidence qu'il ne fallait plus faire ça. À cause d'une minorité d'imbéciles narcissiques, nous ne pouvons plus permettre à des gens bien d'embellir leur vie par des observations qui les rendront plus heureux et les feront grandir.



Voici un joyau ailé, un hyper-actif, un acrobate de nos forêts boréales. Le photographier de façon potable implique toujours un défi difficile à relever. Le Roitelet à couronne dorée / Regulus satrapa satrapa / Golden-crowned Kinglet ne prend une pose que durant quelques secondes. C'est sur un lieu que j'affectionne particulièrement, soit l'Île-aux-Basques, au large de Trois-Pistoles, que j'immortalise cet instant magique, le 18 septembre 2015 . Le contact visuel n'a duré qu'une fraction de seconde.



Je vous souhaite ces moments magiques où, lors d'un bref instant, nous sentons la vie couler pleinement dans nos veines.



@ bientôt.






lundi 1 février 2016

Oiseaux d'hiver 2015-2016



Après un Noël 2015 sans abondance de neige, l'hiver s'est finalement implanté de façon très timide. Avec seulement 4 journées affichant une température de - 20°C pour tout le mois de janvier 2016, les Québécois frileux (et oui, ça existe) n'ont pas à se plaindre. Si habituellement une température douce annonce de la neige, ce ne fut même pas le cas. Les déplacements routiers ont donc été facilités par une chaussée sèche et une circulation fluide.

Anne et moi ne participons pas à une activité hivernale populaire au Québec, soit l'Avicourse. Elle consiste à observer le plus d'espèces possible au Québec entre le 1er décembre et la dernière journée de février de l'année suivante. En plus d'inciter les ornithologues à sortir durant la saison froide, elle s'avère une source intéressante d'informations sur la présence des espèces habituelles et sur celle d'espèces dites égarées. En fait, l'égarement peut se traduire à divers niveaux dont celui du point de vue géographique ou celui du point de vue saisonnier. S'il n'est pas "normal" d'observer sous nos cieux un Solitaire de Townsend / Myadestes townsendi townsendi / Townsend's Solitaire, espèce qui vit dans l'ouest de l'Amérique du Nord...


Photographie réalisée le 29 février 2012 à Charlesbourg, ville de Québec.

... il n'est pas plus "normal" d'observer une Sarcelle d'hiver / Anas crecca carolinensis / Green-winged Teal au début janvier dans la région de la ville de Québec. Cette espèce devrait normalement avoir migré plus au sud pour la saison hivernale et nous revenir en avril.



Un mâle en devenir de Sarcelle d'hiver présent le 5 janvier 2016 au Domaine de Maizerets, ville de Québec, Québec.


Cette femelle de Sarcelle d'hiver accompagne le mâle. Sa petite taille est facile à estimer quand on la compare à celle de la femelle de Canard colvert en arrière-plan. Photo prise le 30 janvier 2016 au Domaine de Maizerets, ville de Québec, Québec.


Même si nous n'hésiterons pas quelques fois à étirer le pas dans l'espoir d'observer une espèce discordante sous nos cieux hivernaux, le but premier de nos sorties est vraiment de profiter de la présence des oiseaux dits nordiques avant qu'ils ne nous quittent pour regagner leur site de reproduction au printemps ou au début de l'été. Voici un aperçu des différentes espèces rencontrées en janvier 2016.


L'année commence en lion, le 1er janvier 2016, avec la rencontre d'un adulte de Pie-grièche boréale / Lanius excubitor borealis / Northern Shrike sur le chemin Aubin, Lévis, Québec.


Au Québec, nous avons deux espèces de pie-grièche: la Pie-grièche migratrice et la Pie-grièche boréale. Si la boréale vient nous visiter de façon régulière entre les mois de novembre et de mars, la migratrice est devenue extrêmement rare. Même si la pie-grièche se nourrit de petits rongeurs, de gros insectes ou d'autres petits oiseaux, elle n'est pas un rapace, mais bien un passereau. Ses pattes étant trop faibles pour tuer un animal, elle peut compter sur un bec muni d'un crochet puissant qui lui permet de déchirer les chairs de ses victimes. Elle se sert des épines naturelles des aubépines et des fils barbelés pour empaler ses victimes. Elle peut ainsi se constituer un garde-manger.


Cette pie-grièche est arrivée de nulle part alors que j'essayais de photographier un Bruant hudsonien / Spizelloides arborea arborea / American Tree Sparrow perché à l'intérieur d'un arbuste très branchu.





Elle s'est posée à environ 3 mètres de moi et elle était absorbée par le bruant en contrebas.






Après plusieurs essais pour atteindre le bruant qui demeurait stratégiquement bien à l'abri à l'intérieur des branchages, elle a dû se résoudre à repartir. Non sans m'avoir permis de réaliser ces clichés.


Quelques heures plus tard en après-midi, une Buse à épaulettes / Buteo lineatus lineatus / Red-shouldered Hawk était bien agrippée à une grosse branche le long de l'autoroute Félix Leclerc, ville de Québec, Québec. Il reste toujours au moins un individu dans les parages en hiver et elle est plus facile à observer durant la saison froide.





La forêt Montmorency est un de nos endroits privilégiés en début d'année. Notre visite du 05 janvier 2016 ne passera jamais à l'histoire. D'abord, il s'agit du premier matin vraiment froid de l'hiver avec une température de -23 °C (sans tenir compte du facteur éolien). Les oiseaux ne sont pas au rendez-vous. En une heure, seulement deux individus observés de deux espèces différentes. Un Geai bleu et un Mésangeai du Canada. Et le mésangeai nous gratifie de sa présence alors que nous embarquons dans l'automobile pour le retour. Je le vois de très loin et j'essaie d'émettre des sons afin d'attirer son attention vers nous. Ma mâchoire est gelée et j'ai toutes les difficultés à siffler quelque chose d'invitant pour l'oiseau. Mais, Dieu merci, le voilà qui s'envole et qui se dirige vers nous.



Ce Mésangeai du Canada / Perisoreus canadensis nigricapillus / Gray Jay a fait une envolée de près d'un kilomètre avant de venir se poser au bout d'une épinette juste au-dessus de nos têtes. Après quelques secondes, il est reparti sans demander son reste.


En revenant à la maison, nous arrêtons à notre cher Domaine de Maizerets où une belle surprise nous attend.



Un Grand-duc d'Amérique / Bubo virginianus virginianus / Great Horned Owl est perché à hauteur des yeux, bien accoté au tronc principal d'un grand arbre s'élevant le long de la petite rivière du domaine. Cet oiseau a malheureusement l'oeil droit bien amoché. Pour un strigidé, la perte d'un oeil rend la survie bien incertaine.


Le 11 juillet 2015, la cour arrière de la maison voisine jouxtant notre propre cour arrière accueille une espèce bien spéciale. En fait, une nouvelle espèce à ajouter à notre liste de cour. Un son inconnu m'attire et je vois apparaître un Troglodyte de Caroline sur une pile de bois. Il demeure dans le secteur pendant une couple de jours pour finalement disparaître. De petite taille, il est très furtif et, s'il n'était pas si vocal, il passerait probablement inaperçu. Je n'arrive pas à le photographier durant l'intervalle. Mais, voilà qu'un autre individu de cette espèce est repéré en décembre dans une cour à environ 2 kilomètres de notre demeure. Vu les probabilités qu'un deuxième individu d'une espèce aussi rare se retrouve dans le même secteur sont plutôt faibles, je croirais que nous avons affaire au même oiseau. Le "mien" était également très en voix et il ne se gênait pas pour émettre son chant à intervalles réguliers. Après une couple de visite à cet endroit, c'est le 23 janvier 2016 que je réussis ce cliché.


Troglodyte de Caroline / Thryothorus ludovicianus ludovicianus / Carolina Wren.


Un autre bon secteur pour trouver des oiseaux en hiver est la région de Tewksbury, au nord est de la ville de Québec. Et c'est le 24 janvier que nous nous y rendons.



Une flopée du très coloré Gros-bec errant / Coccothraustes vespertinus vespertinus / Evening Grosbeak



Le Tarin des pins / Spinus pinus pinus / Pine Siskin n'est pas très abondant dans nos régions en cet hiver 2016.


De même que le Sizerin flammé / Acanthis flammea flammea / Common Redpoll...



et le Durbec des sapins / Pinicola enucleator leucura / Pine Grosbeak.


La Sittelle à poitrine rousse / Sitta canadensis / Red-breasted Nuthatch n'est pas rare dans notre région, mais je suis tout à fait incapable de ne pas la photographier quand l'occasion se présente.


De retour vers la maison, je propose à Anne de nous rendre sur la rive sud vers Saint-Gilles où le Dindon sauvage est rapporté régulièrement. Dès notre arrivée dans le secteur, Anne repère un groupe de 25 individus qui se nourrissent au beau milieu d'un vaste champs. Même si c'est trop loin pour une photo potable, je tiens quand même à documenter l'observation.



4 des 25 Dindons sauvages / Meleagris gallopavo silvestris / Wild Turkeys occupés à se nourrir activement dans un champs de culture en dormance.


Avant de terminer ce billet, je voudrais vous entretenir d'une première pour moi en ce mois de janvier 2016. Au cours des années, j'ai lu les mentions de rapports d'observation de très gros groupes de Jaseurs boréaux. Dans mes souvenirs, ces rapports provenaient soit du Bas-Saint-Laurent, soit de la Gaspésie ou soit du Lac-Saint-Jean. Et bien voilà qu'en ce 16 janvier 2016, je vois arriver dans les grands arbres en face de la maison un groupe de jaseurs que j'estime à environ 750 individus. Wow !  Il faut ajouter qu'un tel groupe détone d'autant plus que les oiseaux sont moins abondants en hiver. Je m'empare vite de ma caméra Lumix et je prends ce cliché à partir de la vitrine du salon. Je ne peux prendre qu'une partie du groupe, mais ça donne quand même une idée de la féerie du moment.






Le Jaseur boréal / Bombycilla garrulus pallidiceps / Bohemian Waxwing est, avec le Gros-bec errant, une des 5 espèces que l'on aime retrouver hiver après hiver. Les deux espèces sont peu farouches, gracieuses et colorées. Très réconfortant sous des températures peu clémentes.



@ bientôt.