vendredi 25 juillet 2014

Beautés d'ailleurs... en 2013 (partie 2)



Et nous sommes toujours dans le parc national Kaeng Krachan, situé à l'ouest de Bangkok, en Thaïlande. Nous sommes en pleine forêt et une cache a été installée par un ancien chasseur à qui les naturalistes biologistes du coin ont fait comprendre qu'il serait plus bénéfique pécuniairement pour lui que les oiseaux et les animaux restent en santé plutôt que de les tuer. C'est une approche que nous avions observée au Brésil alors que notre guide local était un ancien chasseur de Cougar / Puma concolor, aussi connu sous les appellations de Lion de montagne ou de Puma. Il en avait personnellement tué plus de cinq (je ne me souviens plus du nombre exact), mais il avait arrêté cette activité quand il a compris toute l'importance de conserver ces véritables richesses naturelles. Aujourd'hui, il est un guide exceptionnel qui connaît la forêt de fond en comble. Je n'ai jamais rencontré un homme capable d'imiter les sons émis par les oiseaux ou les animaux d'une façon aussi parfaite. C'était du pur délire.

Bon, revenons en Thaïlande alors que se succèdent des espèces différentes qui viennent au bain.


Un écureuil ressemblant beaucoup à notre Écureuil gris (par la taille et la coloration) se tient dans ces lieux et il est très actif. Il s'agit de l'Écureuil à ventre roux ou Écureuil de Pallas / Callosciurus erythraeus / Pallas's Squirrel or Red-bellied Tree Squirrel.


Et tant qu'à être dans les ressemblances, pourquoi ne pas vous présenter cette presque copie conforme de notre Tamia rayé / Tamias striatus / Eastern Chipmunk, mais qui est en fait l'Écureuil rayé de l'Himalaya / Tamiops macclellandii / Himalayan Striped Squirrel. Il est à peine un peu plus gros (à l'oeil) et la partie blanche à l'arrière de ses oreilles est la différence bien notable. C'était d'ailleurs facile de le repérer à cause de cette caractéristique.


Et voilà qu'arrive un drôle de rongeur. On dirait un corps d'écureuil affublé d'une tête de rat. Notre guide ornitho de l'agence Tropical Birding est lui-même surpris d'en observer un. C'est un mammifère plutôt furtif et rarement observé. Sa furtivité est très facile à constater, car il se tient très loin (comparé aux autres sciuridés présents) et il passe et repasse toujours en flèche. Vu le peu de lumière disponible, je me demande comment j'ai pu réussir un tel cliché. Mais bon, il s'agit d'un Tupaia belangeri / Northern Treeshrew. Je n'ai pas trouvé de nom français correspondant à cette espèce qui ne se retrouve qu'en Asie-du-sud-est.


Le Timali à gorge striée / Macronous gularis inveteratus / Pin-striped Tit Babbler appartient à la famille des Timaliidés. Nous avons observé 10 des 13 espèces possibles de cette famille lors de notre parcours.


L'Akalat à poitrine tachetée / Pellorneum ruficeps acrum / Puff-throated Babbler fait partie dune autre famille de "babbler" soit celle des Pellornéidés dont nous avons observé 14 espèces sur une possibilité de 20 espèces.


Et voici qu'apparaît, arrivant de nulle part, ce magnifique Pomatorhin à long bec / Pomatorhinus hypoleucos tickelli / Large Scimitar-Babbler qui appartient à la même famille que le timali, mais qui est énorme comparé à ce dernier. Il est suivi d'un non moins surprenant...


Râle de forêt / Rallina eurizonoides telmatophila / Slaty-legged Crake qui profite de la lumière blafarde du crépuscule pour venir se toiletter avant la nuit. C'est la lumière minimale que peut encore accepter ma caméra. Heureusement que l'oiseau tient la tête et la poitrine immobile alors que seuls ses ailes et le bas de son corps sont dotés de mouvements très rapides et secs. Ce sera la dernière espèce qui viendra nous émerveiller,  le manque de lumière empêchant toute observation positive.


Voici une espèce qui est complètement absente d'Europe et des Amériques et qui me fait penser aux bergeronnettes. Il s'agit du très furtif Énicure ardoisé / Enicurus schistaceus / Slaty-backed Forktail. Nous l'avons cherché à différents endroits, toujours en bordure de rivière où il se tient sur les roches ou dans la végétation riveraine. C'est un bel oiseau, nerveux et au vol rapide. Il fait partie de la grande famille des muscicapidés, regroupant des moucherolles de l'Ancien Monde. Le parc national Khao Yai, facilement accessible à partir de Bangkok, nous a procuré cette chance de le voir enfin.


Et voici justement un autre membre des muscicapidés, le Gobemouche de Sibérie / Muscicapa sibirica rothschildi / Dark-sided Flycatcher. Cette espèce est de la taille de notre Moucherolle phébi / Eastern Phoebe et elle adopte le même modus operandi que bien des moucherolles nord-américains. L'oiseau se tient bien droit, perché sur ou au bout d'une branche et il attend patiemment le passage d'un insecte en vol. Il part à sa poursuite et il revient se percher au même endroit. Nous avons observé 29 espèces différentes de cette famille durant notre périple. Si la très grande majorité de ces espèces arborent un manteau plutôt sobre, en voici une autre qui attire plus l'attention...


C'est dans le parc national de Khao Yai, à deux heures de route au nord est de Bangkok, que nous avons trouvé le Monticole à gorge blanche / Monticola gularis / White-throated Rock-Thrush. Les monticoles ressemblent à des merles du genre Turdus ou Zoothera, autant par la taille que par l'apparence, mais on les rencontre habituellement dans les zones rocheuses et arides. Cette espèce se retrouve plus en milieu forestier que certains de ses congénères.


Ce Barbu de Hume / Megalaima incognita elbeli / Moustached Barbet fait partie de la famille des mégalaimidés. Nous avons observé les 12 espèces possibles selon les endroits visités. C'est dire que ces oiseaux sont assez faciles à trouver lorsqu'ils construisent des nids ou sont tout simplement occupés à s'empiffrer de figues. On possède vraiment peu de renseignements sur la nidification. La saison de nidification se déroule du mois de décembre au mois de juin. Ces oiseaux chantent pendant 9 mois de l'année. La cavité est creusée dans une branche ou dans un arbre mort, entre 10 et 15 mètres au-dessus du sol. À l'instar des pics, ils appartiennent à l'ordre des piciformes, mais ils ne se nourrissent pas de la même façon. Les Barbus de Hume ingèrent surtout des fruits qu'ils trouvent dans les figuiers ou dans les arbres du genre Macaranga ou Trema. Pendant la période de reproduction, ils consomment aussi des insectes comme les cérambydés ou les phasmes. Les insectes sont martelés violemment pour être réduits en pièces avant d'être fournis aux jeunes.


La Thaïlande héberge plusieurs espèces de pics et certaines sont très belles. C'est la première fois que je rencontrais ce Pic à tête noire / Picus erythropygius nigrigenis / Black-headed Woodpecker. Ça se passait au parc national de Doi Inthanon, dans le nord ouest de la Thaïlande. Et c'était juste avant de rencontrer...


Un couple de Fauconnets à collier / Microhierax caerulescens burmanicus / Collared Falconets. La Thaïlande est prodigue en rapaces alors que nous avons croisé 18 espèces différentes. Les amoureux des oiseaux de proie y trouvent leur compte.



Les amoureux des primates sont également choyés par la rencontre de beautés comme ce Semnopithèque obscur / Trachypithecus obscurus / Dusky Langur croisé au parc national Kaeng Krachan ou ce ...



Macaque à queue de cochon / Macaca leonina / Northern Pig-tailed Macaque, au parc national de Khao Yai, et ce ...




Gibbon à mains blanches / Hylobates lar / Lar (or White-handed) Gibbon ou ce ...



Macaque crabier / Macaca fascicularis / Crab-eating Macaque occupé ici à manger une banane, près de Bangkok.



Après vous avoir présenté le Chevrotain indien, dans le billet précédent, voici le très beau et coloré mâle du Cerf aboyeur / Muntiacus muntjak /  Red Muntjac. Il est de la taille de notre Cerf de Virginie / White-tailed Deer. Nous ne l'avons rencontré qu'une seule fois et c'était en fin de journée au parc national Khao Yai. Il était accompagné de sa femelle.


De la taille de notre Caribou des bois / Woodland Caribou, voici le Sambar / Cervus unicolor / Sambar Deer. Dans le parc national de Khao Yai, il est tellement habitué aux visiteurs qu'il est possible de l'approcher de très près sans lui infliger le moindre stress. Il a la remarquable particularité d'être le seul cervidé dont les faons ne sont pas tachetés de blanc. À l'instar des autres cervidés, seul le mâle possède un panache.


La Thaïlande reste pour moi le paradis des papillons. Après avoir mis le pied sur presque tous les continents, je peux dire que c'est l'Asie du sud est qui m'a le plus émerveillé par la quantité des papillons observés. Il y en a partout et en grande quantité. C'est du moins ce que mes souvenirs me font conclure. Comme j'en étais à mon deuxième voyage en Thaïlande, j'avais prévenu Anne qu'on en verrait beaucoup et elle n'a pas été déçue. J'ai cherché des chiffres donnant des nombres d'espèces par pays, mais je n'ai rien trouvé sur internet. Je suis persuadé qu'il doit y avoir beaucoup plus de variétés en Amérique centrale et du Sud qu'en Asie, mais c'est la quantité qui m'impressionne en Thaïlande. Cette abondance était plus notable le long des multiples cours d'eau qui sillonnent généreusement les parcs nationaux.


Voici maintenant un très gros lézard, commun en Thaïlande, et qui me fait penser à l'effroyable Dragon de komodo. Il s'agit plutôt d'un reptile plus petit et surtout moins mortel que le fameux dragon. Je vous présente le Varan malais / Varanus salvator / Molitor Lizard. Mais quand je parle plus petit, c'est quand même le plus gros lézard que j'ai rencontré de toute ma vie. Le Varan malais peut atteindre presque 3 m de long et peser jusqu’à 60 kg. Cependant, la moyenne des individus mâles est inférieure à 2 m. Il vient en troisième position par la taille après le Varan crocodile et le Dragon de komodo. C'est un animal semi aquatique.


C'est en toute connaissance de cause que je me suis approché de ce gros individu à l'allure un peu féroce pour prendre cette photo avant qu'il ne disparaisse dans la végétation dense. Il n'est pas agressif et il n'attaque pas, mais un animal est un animal et on ne sait jamais si on ne traversera pas les limites de sa bulle de tolérance. Avouez que c'est un bel animal. Et non, je n'en garderai jamais un chez moi comme animal de compagnie. Il a la langue un peu trop fourchue à mon goût.


Oui, je sais, j'en aurais encore long à vous raconter et à vous présenter, mais le temps et l'espace manquent.

Je vous laisse donc avec votre curiosité non pleinement assouvie. Un manque que vous devrez combler par vous-mêmes en vous rendant en Thaïlande pour vivre VOS expériences personnelles. Elles ne seront sûrement pas les mêmes que les miennes, mais elles seront de beaucoup supérieures pour vous qui les aurez vécues. 

Nous quittons, Anne et moi, dans quelques heures pour le Maine. Beaucoup de photos et le sujet d'un futur blog ???  À suivre et...


@ bientôt.


dimanche 20 juillet 2014

Beautés d'ailleurs... en 2013 (partie 1)



Et me voici de retour avec mon brin de nostalgie de mes voyages passés. J'espère que vous ne m'en tiendrez pas trop rigueur et que je saurai vous intéresser.


Du 6 au 27 février 2013, notre voyage international annuel nous a mené en Thaïlande. J'ai déjà écrit trois billets concernant ce voyage et je vous invite à les lire si ce n'est déjà fait. Dans le premier article, j'ai tenté de vous démontrer pourquoi Anne et moi avons été subjugués par notre visite du vaste marais de Bueng Boraphet. Dans un second, je vous ai présenté des espèces d'oiseaux d'une grande beauté et qui sont affublées d'un manteau à prédominance bleue. Finalement, je me suis attardé sur un impressionnant échassier au bec qui ne ferme jamais, le Bec-ouvert indien / Asian Openbill .

Aujourd'hui, je veux partager avec vous des rencontres qui ont imprimé des souvenirs indélébiles dans notre esprit, à Anne et à moi. Et il ne s'agit pas seulement que d'oiseaux.



La famille des pycnonotidés englobe des espèces qui ne se retrouvent pas dans le Nouveau Monde. Appartiennent à cette famille 27 genres et 150 espèces de bulbuls et ils sont répartis en Afrique, en Asie et en Australie. Ce sont des oiseaux qui se laissent habituellement observer plutôt facilement. Lors de notre séjour, nous avons rencontré 28 espèces différentes de bulbuls dont ce magnifique et coloré Bulbul à huppe noire / Pycnonotus flaviventris johnsoni / Black-crested Bulbul.



L'un des oiseaux les plus répandus en Asie du Sud est le Drongo royal / Dicrurus macrocercus thai / Black Drongo d'une taille de 33 centimètres, également appelé « roi des corneilles » en anglais pour son pouvoir d'intimidation sur la corneille. Drongo est le nom donné à 24 espèces d'oiseaux de l'Ancien Monde formant la famille des dicruridés (ordre des passeriformes). Les drongos attaquent souvent des oiseaux de plus grande taille (faucons et corneilles par exemple) s'ils constituent une menace pour les œufs ou les jeunes ; des oiseaux inoffensifs (comme les colombes et les loriots) font leur nid à proximité de ceux des drongos afin de bénéficier de leur protection. Si vous l'avez manqué, je vous conseille de lire le billet que j'ai écrit le 8 janvier 2013 sur le Drongo malgache.


Le Drongo à raquettes / Dicrurus paradiseus rangoonensis / Greater Racket-tailed Drongo possède une queue de 30 centimètres de longueur garnie de « raquettes »  – des plumes extérieures dépouillées sur presque toute leur longueur et pourvues de longues barbes à leur extrémité. Les drongos se répartissent depuis l'Afrique jusqu'à l'Asie centrale, l'Australie, et les îles de l'ouest du Pacifique. On les trouve en forêt, en rase campagne et dans les jardins. Leur voix est un mélange sonore de tonalités à la fois rudes et douces ; quelques espèces, comme le Drongo à raquettes, sont de bons imitateurs. Le nid qu'ils construisent est un panier peu solide, qui semble trop petit pour l'oiseau en train de couver. Sur la photo prise, nous discernons bien les "moustaches rictales" dont sont pourvus tous les moucherolles à la base élargie de leur bec.



Je me sens toujours très privilégié lorsque j'observe un strigidé en plein jour. C'est comme si je rencontrais un être d'un autre type. Après tout, nos styles de vie sont tout à fait à l'opposé. Lui de nuit, moi de jour. Le Petit-duc à front blanc / Otus sagittatus / White-fronted Scops-Owl ne s'observe que dans le sud du Myanmar, le sud de la Thaïlande et la péninsule malaise. De pouvoir le photographier comme ça est tout à fait exceptionnel et, comme dirait mon ami Arne Rasmussen, je me sens béni des dieux d'avoir pu le faire. 


Et que dire de cette rencontre mémorable avec une autre créature de la nuit. Mais cette fois-ci, il nous aura fallu marcher en forêt à la noirceur, en file indienne, avec comme seule lumière celle de nos frontales. Avec l'aide essentielle d'un guide local, nous nous retrouvons bientôt devant un Podarge étoilé / Batrachostomus stellatus / Gould's Frogmouth qui est perché sur une grosse branche horizontale à hauteur des yeux. Nous nous demandons bien ce qu'il tient dans son bec et notre guide nous dévoile qu'il s'agit de plumes qu'il arrache de sa poitrine pour en garnir le fond de son nid. Il appartient au même ordre, les caprimulgiformes, que nos engoulevents Québécois et les ibijaux du Nouveau Monde. Les podargidés sont une famille d'oiseaux constituée de 3 genres et de 16 espèces existantes de podarges. On les trouve en Asie du Sud-Est et en Australasie où ils vivent surtout dans les forêts et les régions arborées, plusieurs espèces étendant leur aire de répartition dans la savane boisée ou les broussailles sèches.


Qui ne rêve pas d'observer en pleine nature, dans son habitat, l'un de ces immenses oiseaux au plumage doté de couleurs quelque peu extravagantes si on les compare à nos espèces habituelles. Même si j'avais déjà observé quelques espèces plus petites en Afrique, cette rencontre avec le très gros Calao bicorne / Buceros bicornis / Great Hornbill m'a tout à fait comblé. Je l'avais manqué lors de mon premier voyage en 2004 et j'étais bien content de me reprendre 9 ans plus tard.



Les calaos nichent dans des cavités naturelles de gros arbres et les mâles ont ce comportement bien spécial d'emprisonner la femelle nicheuse en fermant avec de la boue l'ouverture de la cavité. Ils laissent un interstice assez large pour y glisser le bec afin de nourrir la femelle qui ne peut sortir pour le faire par elle-même. Ce mâle de Calao brun / Anorrhinus tickelli / Rusty-cheeked Hornbill a régurgité une noix devant nous et l'a laissée tomber dans le trou avant de repartir en vol.



Que de couleurs et de beauté chez cette Pirolle verte / Cissa chinensis chinensis / Green Magpie qui vient s'abreuver à un trou d'eau en pleine forêt. Nous sommes dans le parc national Kaeng Krachan, situé à l'ouest de Bangkok. Ce corvidé fait partie de la liste des 9 espèces différentes de cette même famille observées lors de ce voyage en sol thaïlandais.



Mais nous n'étions pas au bout de nos surprises dans ce lieu magique puisque, quelques minutes plus tard, un magnifique Chevrotain indien / Moschiola meminna / Lesser Mouse Deer vient s'abreuver lui aussi.  Ce petit artiodactyle est le plus petit mammifères dotés de sabots avec ses 45 cm de hauteur et son poids de 2 kgs. Sa survie est grandement  à risque dû aux nombreux chiens errants. Il est à son tour...



Suivi d'une Torquéole des bois / Arborophila chloropus chloropus / Scaly-breasted Partridge et ...




Un Bulbul de Blanford / Pycnonotus blanfordi conradi / Streak-eared Bulbul qui vient, lui, prendre son bain. Tout comme le...


Shama à croupion blanc / Copsychus malabaricus interpositus / White-rumped Shama.


Je vois bien que ce billet est déjà trop long, aussi je vous réserve la suite pour très bientôt.


@ bientôt donc.





lundi 14 juillet 2014

Un Balbuzard pêcheur... ou agriculteur ???



Lors du dernier billet parlant de notre dernier périple en Montérégie, j'ai tout simplement oublié de vous mentionner une rencontre plutôt inusitée, faite en ce 29 juin 2014.


Après avoir quitté depuis seulement quelques minutes la Réserve nationale de faune du Lac Saint-François, près de Dundee, voilà que Anne remarque un gros oiseau perché sur un silo de grain d'une ferme en bordure de la 132 est. Je vois bien cet oiseau mais, occupé par la conduite du véhicule, je ne me pose pas de question sur la grosseur de l'oiseau. Après m'être assuré de ne pas être suivi de près, je freine et je stationne l'auto en bordure du chemin. Nous pointons nos jumelles vers l'oiseau et nous disons en même temps " mais c'est un balbuzard". Et voilà qu'il quitte son perchoir en vol, mais nous remarquons tout de suite qu'il y a un paquet de branches accumulées au sommet du silo. Mais, est-ce possible ? Sur un silo de ferme ?  Nous n'attendons que quelques minutes avant de voir revenir l'oiseau tenant une grosse branche dans ses pattes. Il s'approche du silo et il dépose la branche sur le tas déjà existant.








Il quitte après quelques secondes et nous décidons d'attendre pour connaître le va-et-vient.  Et il s'écoule encore peu de temps avant d'observer notre oiseau, ou peut-être est-ce l'autre membre du couple ???, revenir et déposer une autre branche sur le nid en devenir.







Et comme pour impressionner davantage, il étire au maximum ses ailes avant de les refermer sur son dos. 





La distribution planétaire du Balbuzard pêcheur / Pandion haliaetus / Osprey est immense. Je l'ai observé dans les trois Amériques (race carolinensis), en Jamaïque et à Cuba (race ridgwayi), en Australie (race cristatus), en Afrique et en Asie (race haliaetus). Je savais qu'il pouvait utiliser des perchoirs de nidification artificiels comme ceux qui lui sont offerts en Floride (États Unis d'Amérique), mais jamais je n'aurais pensé qu'il pourrait nicher au sommet d'un silo à grain d'une ferme au Québec.


Quand on sait que le balbuzard utilise le même nid année après année et qu'il n'arrête pas d'ajouter des branches à l'ancien nid, le poids de ce nid peut atteindre une tonne métrique et plus. Je ne sais pas ce que le cultivateur de l'endroit va en penser, mais j'espère que le balbuzard pourra y élever quelques nichées avant que sa présence ne soit plus tolérée.


Pour les personnes qui voudraient faire le suivi de ce nid, l'adresse exacte est le 7913 route 132 est, près de Dundee.


Comme il s'agit d'une propriété privée, il faudrait apporter toutes les mesures éthiques qui s'imposent.


@ bientôt.







vendredi 11 juillet 2014

Juin 2014



C'est la première fois, depuis 2010, que je passe le mois de juin à la maison. J'ai bien l'intention d'en profiter pour faire quelques sorties dans les environs afin d'observer les oiseaux nicheurs. En ce mois de juin 2014, la température est plutôt fraîche, quelques degrés en bas de la normale. La pluie et les vents semblent plus présents que d'habitude et je ne peux m'empêcher, à tous les matins, d'avoir une pensée pour mes confrères de l'Atlas des Oiseaux Nicheurs du Québec qui s'activent dans les régions nordiques de la province.


Je vous invite à m'accompagner dans certaines des sorties effectuées à partir de la mi-juin.



Le 16 juin, je me rends dans le comté de Lotbinière afin de compiler des informations pour l'Atlas.




Dans un chemin forestier en bordure de rivière, cette Paruline à flancs marron / Setophaga pensylvanica / Chestnut-sided Warbler me gratifie de son beau chant. Comme elle niche dans le coin, elle est très territoriale et mon seul passage suffit à l'agiter.


Je marche lentement et j'entends le sifflement caractéristique du Tyran huppé / Myiarchus crinitus / Great Crested Flycatcher. J'émets un sifflement similaire et il répond aussitôt. Quelques minutes plus tard, il passe en vol et je réalise ce cliché. L'oiseau se perche trop loin pour une autre photo. Mais son attitude agressive démontre bien que je suis sur son territoire de nidification. Les tyrannidés sont très agressifs lorsqu'ils nichent. À travers mes années d'observation, j'ai été attaqué par plusieurs espèces appartenant à cette famille. Saviez-vous que le Tyran huppé aime apporter une mue de serpent dans son nid ? Il niche dans les anciens nids de pics ou dans des cavités naturelles présentes dans les arbres. Il adopte volontiers un nichoir mis à sa disposition.


Nous sommes peu enclins à chercher l'Alouette hausse-col / Eremophila alpestris alpestris / Horned Lark au début de l'été alors que les champs cultivés commencent à voir sortir la végétation provenant des semis. Et pourtant, l'alouette est toujours là. Elle niche très tôt au printemps, même lorsque la neige est encore présente au sol. Pendant cette période, elle pointe les deux cornes qui lui ont valu son ancien nom d'Alouette cornue. En ce matin de mon passage, elles étaient trois, bien excitées, toutes en voix et les cornes déployées. Elles se pourchassaient. Drôle de comportements pour une espèce qui aurait finit de nicher. Une deuxième nichée en vue ???




Le 23 juin, ma généreuse cour me réserve encore de beaux moments.




L'Étourneau sansonnet / Sturnus vulgaris vulgaris / European Starling a été importé d'Europe et 60 individus ont été introduits en 1890 à Central Park, ville de New York. 40 autres ont suivi en 1891. Ils se sont mis à nicher immédiatement puisque le premier nid fut trouvé à l'été 1890 sous les corniches du Musée d'Histoire Naturelle d'Amérique, tout près du célèbre parc. 50 ans plus tard, ils nichaient en Californie. L'adulte au bec jaune amène un juvénile pour se désaltérer et se baigner dans un bassin mis à leur disposition.


Dès qu'ils apparaissent durant l'été, les juvéniles de plusieurs espèces communes deviennent de réels casse-têtes pour les ornithologues débutants. Les couleurs sont fades et le manteau général est souvent fortement strié ou tacheté alors que le plumage de l'adulte ne possède pas ces critères. De là l'importance de continuer l'observation assidue des oiseaux même en été.



Et voici une espèce qui me réconcilie avec la grisaille du plumage d'autres espèces. Ce magnifique mâle de Cardinal rouge / Cardinalis cardinalis cardinalis / Northern Cardinal est un visiteur régulier à nos mangeoires. Il nous avise de son arrivée par des "tick, tick" très sonores. Bientôt il reviendra avec ses jeunes pour nous les présenter.




Le 24 juin, Anne et moi nous nous dirigeons vers Baie-du-Febvre.



Baie-du-Febvre constitue notre rendez-vous annuel pour observer l'élégante Guifette noire / Chlidonias niger surinamensis / Black Tern. Même si je l'ai déjà observée en période migratoire aussi à l'est que Saint-Vallier, c'est à partir de Trois-Rivières qu'elle devient de plus en plus abondante vers l'ouest. Elle est super abondante et nicheuse dans le grand marécage au nord des deux bassins d'eau sur la route Janelle.


La très gracieuse Hirondelle bicolore / Tachycineta bicolor / Tree Swallow niche dans les nombreux nichoirs mis à sa disposition autour des plans d'eau de la route Janelle.



Mais nous sommes si habitués à les voir occuper des nichoirs que c'est toujours une surprise de les voir disparaître dans des cavités naturelles. Pour Anne, il s'agissait d'une première. Deux oisillons attendent l'arrivée des parents avant de se présenter dans l'ouverture. Photo prise plus près du fleuve.



À peine 50 mètres de la bicolore, c'est un couple d'Hirondelle rustique / Hirundo rustica erythrogaster / Barn Swallow qui nourrit fébrilement une nichée très exigeante. Le mâle, à droite, est nettement plus coloré que sa femelle.



La femelle vient tout juste de déposer dans le bec grand ouvert d'un oisillon de succulents insectes ailés. Il ne reste maintenant qu'à retourner en chercher d'autres. Le nid, en forme de quart de sphère, est fait de boulettes de boue projetées et collées les unes aux autres. Il est placé de façon à être protégé de la pluie sur des poutres ou des dessus de porte ou de fenêtre.





Les 28 et 29 juin, nous faisons une tournée en Montérégie. Le 28, nous nous rendons directement au croisement des routes 202 et Montée Clinton près de Franklin. Nous couvrirons la distance en deux heures trente minutes.




Voici l'oiseau le plus convoité lors de cette escapade en Montérégie. Le Dickcissel d'Amérique / Spiza americana / Dickcissel est peu commun au Québec. Sa rare présence, en période migratoire, est le plus souvent détectée grâce à son cri de vol entendu lors d'écoutes nocturnes ou  lors de ses déplacements diurnes. Il aime fréquenter les postes d'alimentation et c'est là qu'il est habituellement observé.

Exceptionnellement, cet individu est bien campé au croisement de deux routes passantes depuis déjà quelques semaines et il ne cesse de s'époumoner pour attirer une possible partenaire.



Et voilà que seulement quelques jours avant notre passage, une autre rareté est trouvée exactement au même endroit que le dickcissel. Il s'agit d'un jeune mâle de Guiraca bleu / Passerina caerulea ssp. / Blue Grosbeak. C'est quand même extraordinaire d'avoir deux oiseaux égarés sur le même site et en même temps. À l'instar du dickcissel, le guiraca est très vocal, mais il ne restera finalement que quelques jours. En date du 11 juillet, le dickcissel est toujours là.



Sur le chemin Gowan, un beau bruant au bec rose nous surprend par son chant typique. Non pas qu'ils soit rare, mais il est peu commun à l'est des Bois-Francs. Le Bruant des champs / Spizella pusilla pusilla / Field Sparrow est petit et furtif. Il se cache très bien dans la végétation et il passerait inaperçu si ce n'était de son chant.



Toujours sur ce même chemin, cette femelle de Cardinal à poitrine rose / Pheucticus ludovicianus / Rose-breasted Grosbeak vient tout près de nous, histoire de savoir ce qui peut attirer deux humains dans son boisé.




En fin d'après-midi, nous nous rendons au gîte du passant que nous avons réservé avant de quitter la maison. Le Gîte chez Mimi est judicieusement situé sur le chemin Ridge. Des cabanes d'oiseaux, des mangeoires et des abreuvoirs sont installés pour les oiseaux. Un couple de Moineau domestique / Passer domesticus / House Sparrow niche dans une cabane, mais il a le malheur d'avoir un voisin très agressif, soit le diminutif Troglodyte familier / Troglodytes aedon aedon / House Wren. La femelle nourrit ses petits, mais le petit diable ne cesse de la contrarier en passant très près. Le troglodyte ne niche pas dans la cavité en bas de celle du moineau, mais plutôt dans une autre cabane placée en dessous de celle que l'on voit sur la photo. Disons que ce n'est jamais une bonne idée de placer des cabanes trop près les unes des autres.



Même si cette photo s'apparente plus à des ombres chinoises, vous n'aurez sûrement pas trop de difficulté à identifier l'oiseau. Il s'agit d'un Étourneau sansonnet qui est contrarié par notre présence sur la galerie au deuxième étage. Il niche en effet en dessous de la corniche, à environ deux mètres où nous nous tenons, et sa marmaille ne cesse de réclamer son retour.



Le 29 juin, nous retournons sur la montée Biggar afin de trouver la Paruline à ailes dorées / Golden-winged Warbler entendue la veille par Alain Daigle de Victoriaville. Nous finissons par en entendre une, mais l'auteur du chant est en fait une Paruline de Brewster / Brewster's Warbler, une espèce hybride provenant de l'accouplement entre une Paruline à ailes dorées et une Paruline à ailes bleues. L'individu hybride découlant de cette union peut alors chanter comme l'un ou l'autre des parents, ce qui nous oblige à voir l'oiseau pour nous assurer de faire une bonne identification. Un peu plus loin sur le même chemin nous rencontrons un petit groupe familial de Paruline à ailes dorées alors qu'une femelle adulte nourrit au moins deux oiseaux qui se déplacent continuellement. Un quatrième individu, que nous soupçonnons être le mâle selon ce qu'un rapide coup d'oeil nous a permis de décortiquer, s'envole et s'éloigne trop rapidement pour une confirmation absolue. 

Ces deux parulines sont très rapides et elles se tiennent dans un feuillage épais ce qui a rendu la prise de photo impossible.

Nous nous dirigeons ensuite vers Dundee et la Réserve nationale de faune du Lac Saint-François. Il s'agit pour Anne et moi d'une première visite à vie. Nous sommes subjugués par la belle nature omniprésente et les beaux paysages. Enfin, nous arpentons la fameuse "digue aux aigrettes" dont nous entendons de plus en plus parler. C'est un endroit magnifique.



Nous sommes accueillis dès nos premiers pas dans le sentier par une grosse Chélydre serpentine / Chelydra serpentina serpentina /  Common snapping Turtle. Nous la connaissons aussi sous le nom de Tortue serpentine. Elle est reconnue pour son agressivité et la pointe de sa mandibule supérieure nous aide à comprendre toute la douleur que l'on doit ressentir à la suite d'une morsure. C'est la première que je rencontre à l'état sauvage et c'est très impressionnant.




Et voici une autre espèce plutôt rare à l'est du centre du Québec, mais plus commune vers l'ouest: le Moucherolle des saules / Empidonax traillii traillii / Willow Flycatcher.  Il fait partie du complexe bien connu par les Nord-Américains soit celui du genre "Empidonax" où peuvent se retrouver au Québec 5 espèces bien distinctes. Ces moucherolles sont tous très similaires en apparence: petits oiseaux gris (teintés d'olive, de brun ou de jaune) avec deux barres alaires et un cercle oculaire. Leurs caractères spécifiques sont si subtils qu'il y a quelquefois autant de variation entre deux individus d'une même espèce qu'entre deux individus d'espèces différentes. Même des spécimens de musée sont difficiles à confirmer. La meilleure façon de les identifier avec certitude est de les entendre chanter ou émettre leur cri de contact. Celui sur la photo nous a gratifié de son "Fitz-biou" ou l'emphase est mise sur la première syllabe. Nous en avons entendu au moins trois sur le site.



Notre coup de coeur en ce mois de Juin 2014 a sans aucun doute été notre visite de deux jours en Montérégie. Quel merveilleux territoire à parcourir ! C'est tellement différent des autres endroits visités au Québec et la nature y est particulièrement généreuse. Ce périple s'inscrira maintenant dans nos randonnées annuelles récurrentes.


@ bientôt.