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lundi 22 février 2021

S'adapter pour survivre

 

S'adapter pour survivre! Un sujet tellement d'actualité avec cette pandémie de la COVID-19 qui n'en finit plus de finir après déjà une année de dictature à l'échelle mondiale. Imaginez où nous en serions aujourd'hui si aucun changement de comportement n'avait été dicté et imposé par les instances gouvernementales de tous les pays. Ce serait l'hécatombe à l'échelle planétaire. Mais le concept d'adaptation est là depuis que la vie est apparue sur la Terre et c'est la nécessité de survivre qui est à l'origine de l'évolution. Des exemples d'adaptation dans la nature, il y en a partout, mais j'ai pensé vous entretenir aujourd'hui d'une espèce migratrice qui nous revient en avril.

Si vous désirez trouver une espèce spécifique dans la nature, rendez vous dans son habitat de prédilection et gardez l'oeil bien ouvert. Une consigne simple me direz-vous, mais dans le cas de la Bécasse d'Amérique, la recherche la plus exhaustive n'équivaut pas toujours à la détection de l'oiseau. Elle établit sa niche écologique dans les forêts humides mixtes ou à feuilles caduques avec des ouvertures éparses (40% de la surface de survie semble être minimale). De préférence dans les jeunes forêts et les terres agricoles abandonnées liées à la forêt; souvent des zones à couverture végétale herbacée. Tôt au printemps, au retour de sa migration, elle est principalement crépusculaire et nocturne, mais elle doit se nourrir de jour pour refaire le plein d'énergie. C'est un oiseau qui se déplace peu et très lentement. Il recherche les zones dégagées de neige. Son plumage est cryptique et il se marie très bien aux feuilles mortes et aux végétaux qui tapissent le sol des sous-bois.

 


Quand ils sont disponibles, les lombrics (vers de terre) forment de 68 à 86% de sa diète. La bécasse peut ingurgiter deux fois son poids en vers de terre sur une période de 24 heures. Elle complète avec des diptères, des coléoptères, des hyménoptères, des lépidoptères, des limaces, des araignées et d'autres arthropodes. Elle va plus rarement ingurgiter des matières végétales. Elle diversifie sa diète lorsque la terre est trop gelée au printemps ou lorsqu'elle est trop sèche et compactée au cours de ou à la fin de l'été. Elle utilise trois façons de se nourrir. Elle peut enfouir son long bec à l'aveugle dans la terre meuble, elle peut voir, chasser et capturer des proies qui se déplacent à l'air libre ou elle peut soulever la végétation morte au sol afin de s'y nourrir des matières vivantes qui y ont trouvé abri. La photo qui suit nous montre une bécasse qui vient de pincer un lombric grâce au bout de son bec adapté pour cette tâche.

 

Son long bec est un outil de haute technologie, car il allie à la fois la rigidité, la flexibilité et la sensibilité. Rigide, il peut pénétrer la terre afin d'y déloger des proies qui ne pourraient être atteintes d'autres façons.  Flexible est le culmen < i.e la mandibule supérieure > qui peut s'écarter pour pincer les proies sans devoir ouvrir tout le bec, autant au-dessus qu'en dessous du sol. Et le nec plus ultra de cet appendice est la présence de récepteurs nerveux à sa terminaison qui peuvent détecter la présence d'une proie sans même la voir. Et voilà pour la sensibilité. Une autre adaptation du bec pour permettre la recherche de proies bien enfouies se remarque au niveau des narines. Ces dernières sont situées très haut sur le culmen, à égalité avec la commissure du bec. Le positionnement des narines permet à l'oiseau de bien respirer alors que son bec est enfoui dans le sol.

La dernière photo montre également un autre trait morphologique très important. Les yeux sont placés hauts et vers l'arrière du crâne, près de la nuque. C'est certain que la vision binoculaire frontale, telle que les humains la connaissent, est impossible pour la bécasse, mais est-elle forcément handicapée pour autant? Elle n'a pas besoin de voir très près en avant d'elle car son bec sensible lui permet de trouver de quoi se nourrir. Par contre, lorsqu'elle est occupée à se nourrir avec le bec bien planté dans le sol, il est important pour elle de bien voir tout ce qui l'entoure y compris les dangers qui pourraient provenir de l'arrière, du dessus et de chaque côté. Le hibou, dont les yeux sont situés vers l'avant de sa tête, a un champ frontal total d'environ 60-70 °; cependant, les hiboux peuvent faire tourner leur tête très rapidement d'environ 270 °. La bécasse, grâce à ses yeux situés près du sommet de la tête, peut voir  vers l'arrière et vers le haut ainsi que vers l'avant et vers le haut. Son champ de vision est de près de 180° de chaque côté. Oui, la bécasse voit très bien et ça ajoute à la difficulté de la surprendre.

 

 

J'ai essayé de trouver dans la littérature une explication au balancement de tout le corps qui accompagne ses déplacements lorsqu'elle est en recherche de nourriture. Personnellement, j'ai tendance à voir un rapport entre ces mouvements, autant latéralement que verticalement, avec le besoin de focaliser sur son environnement. La vision binoculaire est très utile dans l'estimation précise des distances. Pour vous le prouver, regardez un objet près de vous. C'est facile d'estimer la distance qui nous sépare de lui parce que nous avons deux angles différents de vision qui permettent au cerveau de la calculer instantanément. Ça se fait naturellement. Par contre, regarder maintenant le même objet, mais en fermant un oeil. Oups! Petit problème. Beaucoup plus difficile maintenant. On peut comparer ce comportement avec celui des petits rapaces comme le Faucon émerillon ou la Crécerelle d'Amérique, avec celui de certains strigidés qui contorsionnent leur tête de multiples façons ou avec des limicoles comme les chevaliers. En bougeant rapidement leur tête de bas en haut ou de chaque côté, ils peuvent observer la même image sous différents angles et leur cerveau enregistre les données et effectue les bons calculs.

 

@ bientôt.

 

 

lundi 30 mars 2020

S'adapter pour survivre.




La crise sanitaire vécue actuellement au niveau planétaire nous le démontre très bien: pour survivre, un être vivant doit s'adapter à toute nouvelle situation qui peut affecter son milieu de vie. Les êtres vivants ont ceci de particulier qu'ils sont continuellement en changement. Mon corps est différent présentement de ce qu'il était quand j'ai commencé à écrire ce billet, tout comme le vôtre et celui de tous les autres être vivants sur la planète. Et ce corps en perpétuelle évolution a su, au fil de ses années de vie, se protéger des dangers extérieurs que sont les virus, les bactéries ou les parasites en fortifiant son système immunitaire. Mais lorsqu'un virus mal connu de la science apparaît, comme la  Covid-19, il arrive qu'aucun remède ne soit disponible dans l'immédiat. Vue la dangerosité de ce virus et la vitesse fulgurante de sa propagation, il devient évident que des mesures exceptionnelles doivent être prises et le gouvernement du Québec le fait de façon magistrale. Sans tomber dans la démesure, des règles strictes de comportement social sont édictées et elles sont heureusement suivies par la grande majorité des citoyens. C'est bien clair, il faut éviter tout rassemblement social où la promiscuité procure inévitablement des contacts pouvant mener à la dispersion du virus. On demande de rester chez soi, de faire une "quatorzaine" obligatoire si on est de retour de voyage depuis peu. Notre préoccupation doit porter continuellement sur notre sécurité sanitaire et celle des autres personnes avec qui nous pourrions établir des contacts. Pour Anne et moi, dont la "quatorzaine" est terminée sans aucun signe de contamination à la Covid-19, il n'est pas question de rapprochement "social" avec la famille et les amis tant que l'avis de confinement ne sera pas levé. Par contre, nous nous réservons le droit de sortir de la maison pour profiter de la nature, en évitant bien entendu tout contact avec quiconque nous pourrions rencontrer ce faisant. C'est très clair et sans compromis.

Dernièrement, j'ai publié sur mon compte facebook la photographie d'une Bécasse d'Amérique que j'avais prise le 10 avril 2017 dans la région de Saint-Nicolas, près de la ville de Québec. Suite à cette parution, mon ami Daniel Gagné de Victoriaville m'a écrit pour mentionner qu'il avait entendu la veille au soir au moins quatre bécasses près de chez lui. Le 28 mars 2020 correspondant à la fin de notre confinement volontaire (devenu obligatoire par la suite par le gouvernement) de quatorze jours, nous avons décidé d'aller vérifier si la bécasse était arrivée dans notre région. Anne en a repéré à deux endroits différents et c'est au deuxième endroit que nous avons été en mesure de prendre les photos qui vont suivre. En examinant les photos, ça m'a rappelé comment, à l'instar de tous les autres êtres vivants, la bécasse est si bien adaptée à son style de vie.

Habitat et adaptation du plumage

Si vous désirez trouver une espèce spécifique dans la nature, rendez-vous dans son habitat de prédilection et ouvrez l'oeil. Une consigne simple me direz-vous, mais dans le cas de la bécasse, la recherche la plus exhaustive n'équivaut pas toujours à la détection de l'oiseau. Elle établit sa niche écologique dans les forêts humides mixtes ou à feuilles caduques avec des ouvertures éparses (40% de la surface de survie semble être minimale). De préférence dans les jeunes forêts et les terres agricoles abandonnées liées à la forêt; souvent des zones à couverture végétale herbacée. Tôt au printemps, au retour de sa migration, elle est principalement crépusculaire et nocturne, mais elle doit se nourrir de jour pour refaire le plein d'énergie. C'est un oiseau qui se déplace peu et très lentement. Il recherche les zones dégagées de neige. Son plumage est cryptique i.e. qu'il se marie très bien aux feuilles mortes et aux végétaux qui tapissent le sol des sous-bois.

Lorsque Anne repère le premier individu, nous sommes en train de déambuler très lentement en auto sur une route secondaire. Je recule lentement l'auto et je vois à mon tour l'oiseau sur ma droite lorsque nous arrivons à sa hauteur. Je recule un peu plus et nous observons l'oiseau avant de sortir lentement de l'auto. Une fois rendu au niveau de l'oiseau, nous le cherchons à l'oeil nu, mais impossible de le retrouver. Nous scrutons les environs à la jumelle, sans plus de succès. Nous ne bougeons pas. Nous nous trouvons à environ cinq mètres de l'endroit où nous avons d'abord localisé l'oiseau. Nous nous disons qu'elle a dû se déplacer au sol ou s'envoler pendant que nous sortions du véhicule. Nous avons tellement fait attention pour ne pas effrayer la bécasse que nous l'avons quittée des yeux pendant une bonne dizaine de secondes. Et alors que nous cogitons sur les possibilités, voilà qu'elle s'envole devant nous et qu'elle s'éloigne en forêt accompagné d'un sifflement produit par ses ailes courtes et rigides. En fait, ce sont les 3 primaires externes qui produisent ce sifflement lorsque l'oiseau décolle brusquement de terre ou lorsqu'il exécute ses envolées lors de la parade nuptiale. Nous sommes pour le moins confondus et grandement déçus de notre incapacité à la repérer.  

Il faut vraiment être attentif pour trouver une Bécasse d'Amérique immobile sur un lit de feuilles mortes. Photo prise le 28 mars 2020 à Leclercville, comté de Lotbinière, Québec.


Alimentation et adaptation du bec


Quand ils sont disponibles, les lombrics (vers de terre) forment de 68 à 86% de sa diète. La bécasse peut ingurgiter deux fois son poids en vers de terre sur une période de 24 heures. Elle complète avec des diptères, des coléoptères, des hyménoptères, des lépidoptères, des limaces, des araignées et d'autres arthropodes. Elle va plus rarement ingurgiter des matières végétales. Elle diversifie sa diète lorsque la terre est trop gelée au printemps ou lorsqu'elle est trop sèche et compactée au cours de ou à la fin de l'été. Elle utilise trois façons de se nourrir. Elle peut enfouir son long bec à l'aveugle dans la terre meuble, elle peut voir, chasser et capturer des proies qui se déplacent à l'air libre ou elle peut soulever la végétation morte au sol afin de s'y nourrir des matières vivantes qui y ont trouvé abri.

Son long bec est un outil de haute technologie, car il allie à la fois la rigidité, la flexibilité et la sensibilité. Rigide, il peut pénétrer la terre afin d'y déloger des proies qui ne pourraient être atteints d'autres façons.  Flexible est la mandibule supérieure qui peut s'écarter pour pincer les proies sans devoir ouvrir tout le bec, autant au-dessus qu'en dessous du sol. Et le nec plus ultra de cet appendice est la présence de récepteurs nerveux à sa terminaison qui peuvent détecter la présence d'une proie sans même la voir. Et voilà pour la sensibilité.



La rigidité et la forme de son bec lui permet de s'enfoncer facilement dans le sol meuble.
     
  
La flexibilité de sa mandibule supérieur lui permet de pincer une proie sans devoir ouvrir complètement le bec. Ce caractère est de première importance quand le bec est enfoui complètement sous la terre.
 

Les vers de terre constituent de 68 à 86% de sa diète. Grâce à des récepteurs nerveux présents au bout du bec, la bécasse peut détecter les proies sous terre sans les voir.


Une autre adaptation du bec pour permettre la recherche de proies bien enfouies se remarque au niveau des narines. Ces dernières sont situées très haut sur la mandibule supérieure, à égalité avec la commissure du bec. L'image suivante montre ce trait.




Le positionnement des narines permet à l'oiseau de bien respirer après qu'il ait enfoui son bec dans le sol.



Adaptation au niveau du positionnement des yeux


La dernière photo montre également un autre trait morphologique très important. Les yeux sont placés hauts et vers l'arrière du crâne, près de la nuque. C'est certain que la vision binoculaire frontale, telle que les humains la connaissent, est impossible pour la bécasse, mais est-elle forcément handicapée pour autant ? Elle n'a pas besoin de voir très près en avant d'elle car son bec sensible lui permet de trouver de quoi se nourrir. Par contre, lorsqu'elle est occupée à se nourrir avec le bec bien planté dans le sol, il est important pour elle de bien voir tout ce qui l'entoure y compris les dangers qui pourraient provenir de l'arrière, au-dessus et de chaque côté. Le hibou, dont les yeux sont situés vers l'avant de sa tête, a un champ frontal total d'environ 60-70 °; cependant, les hiboux peuvent faire tourner leur tête très rapidement d'environ 270 °, ce qui compense leur vision monoculaire insuffisante. La bécasse, grâce à ses yeux situés près du sommet de la tête, peut voir de façon binoculaire vers l'arrière et vers le haut ainsi que vers l'avant et vers le haut. Son champ monoculaire est de près de 180° de chaque côté. Oui, la bécasse voit très bien et ça ajoute à la difficulté de la surprendre.

J'ai essayé de trouver dans la littérature une explication au balancement de tout le corps qui accompagne ses déplacements lorsqu'elle est en recherche de nourriture. Personnellement, j'ai tendance à voir un rapport entre ces mouvements, autant latéralement que verticalement, avec le besoin de focaliser sur son environnement. La vision binoculaire est très utile dans l'estimation précise des distances. Pour vous le prouver, regardez un objet près de vous. C'est facile d'estimer la distance qui nous sépare de lui parce que nous avons deux angles différents de vision qui permettent au cerveau de la calculer instantanément. Ça se fait naturellement. Par contre, regarder maintenant le même objet, mais en fermant un oeil. Oups ! Petit problème. Beaucoup plus difficile maintenant. On peut comparer ce comportement avec celui des petits rapaces comme le Faucon émerillon ou la Crécerelle d'Amérique, avec celui de certains strigidés qui contorsionnent leur tête de multiples façons ou avec d'autres limicoles comme les chevaliers. En bougeant rapidement leur tête de bas en haut ou de chaque côté, ils peuvent observer la même image sous différents angles et leur cerveau enregistre les données et effectue les bons calculs.

J'espère que ce billet aura su vous plaire. Je vous invite à suivre toutes les règles de sécurité qui s'imposent vu la situation exceptionnelle que nous vivons présentement. Éviter tout contact rapproché avec les autres humains et restez chez vous au maximum. Cependant, si vous décidez de sortir, faites le de façon responsable. Demeurez dans votre véhicule le plus possible et lorsque vous sortez à l'extérieur pour une petite randonnée, assurez-vous de ne pas être un vecteur de contamination. Pas de repas au restaurant, pas d'arrêt dans les dépanneurs. Apportez avec vous ce qu'il faut et tout ira bien.

@ bientôt.


      

vendredi 21 avril 2017

Des oiseaux en mars et avril 2017




Oh que le printemps tarde à s'installer au Québec en ce mois de mars 2017 ! De longues journées ennuagées, de la neige presque quotidienne et un soleil poussif d'où émane une chaleur mitigée. La chaufferette centrale de notre système solaire ne l'a pas trouvé facile elle non plus, trop de nuages à traverser. Même si nous n'avons pas battu de record de neige, il reste que la couche neigeuse est demeurée, tout au long du mois, très épaisse dans les champs. Tellement épaisse que nous avons cru, Anne et moi, que ça affecterait les troupes de Dindons sauvages au point de voir le cheptel diminuer à cause de la difficulté à trouver de la nourriture. On sait que ces gros phasianidés trouvent leur nourriture en grattant le sol et une couche de neige trop épaisse peut s'avérer un obstacle potentiellement insurmontable. Mais c'était compter sans la capacité d'adaptation des créatures sauvages. Même les espèces les plus spécialistes dans leur alimentation peuvent devenir opportunistes lorsque la nécessité l'oblige. À preuve, ces trois rencontres effectuées en mars et qui démontrent que les dindons n'hésitent pas à s'approcher de l'humain lorsqu'ils n'en ont pas le choix.


Cette femelle de Dindon sauvage / Meleagris gallopavo silvestris / Wild Turkey visite à tous les jours un plateau de graines réservé aux petits oiseaux. Les propriétaires de la maison m'ont dit qu'elle était seule i.e. ne faisant pas partie d'un groupe de dindons comme ça se produit habituellement durant la saison froide. J'ai pris cette photo alors que l'oiseau était en face de la maison, près de la mangeoire et à environ 3 mètres d'une route de campagne.
  

Et voilà que nous surprenons, sur un autre rang, un petit groupe de 5 Dindons sauvages accompagnant une cinquantaine de Corneilles d'Amérique et une vingtaine de Plectrophanes des neiges. À tous les hivers, les propriétaires de l'endroit épandent des graines sur la neige afin d'attirer des plectrophanes. Et voilà que cette année, les dindons opportunistes n'hésitent pas à se mêler au groupe afin de profiter de la manne. Mais avouons qu'un grain de tournesol ne doit pas assouvir l'appétit de ces poules format géant.


Et un troisième groupe d'une trentaine de dindons s'approchent à quelques mètres seulement de la route 132 près de Pointe-aux-platons pour farfouiller dans un tas de végétaux laissé là par un cultivateur. Ces oiseaux ne sont également qu'à quelques mètres de la maison principale.


À Saint-Apollinaire, deux motoneigistes sont surpris de voir traverser devant eux un bon groupe de dindons. Ils ne s'envolent même pas, ils ne font que hâter le pas.


Et les voilà qui s'éloignent en se glougloutant les dernières nouvelles.


L'activité aux postes d'alimentation est réduite au minimum en ce mois de mars. Mais où sont donc tous nos oiseaux ? Alors qu'à l'hiver 2015-2016, les fringillidés étaient partout et en grand nombre, c'est la disette totale pour celui de 2016-2017. Même nos chardonneret, mésange, sittelle et cardinal, fidèles habitués à nous visiter régulièrement, nous ignorent presque totalement. Une visite chez mon mentor ornitho Gabriel Allaire vient me revigorer un peu. Situé dans un cadre plus intimiste que le nôtre, son poste d'alimentation est fréquenté par un magnifique couple de cardinaux. Il est même possible de prendre quelques photos à travers les grandes baies vitrées de la salle à manger.



Peu fréquent dans la ville de Québec dans les années 1980, le Cardinal rouge / Cardinalis cardinalis cardinalis / Northern Cardinal est maintenant bien implanté dans la région. La popularité toujours grandissante des postes d'alimentation est la principale cause de sa venue au Québec, en provenance des états du nord des États-Unis. Le mâle est d'une grande beauté...


... de même que sa femelle. Même si le coloris de sa robe est plus modeste, elle n'a pas grand chose à lui envier.


Arrive enfin le mois d'avril avec ses promesses d'un ensoleillement plus soutenu, qui devrait venir à bout de toute cette neige. Mais malgré les jours qui passent, la chaleur n'est pas au rendez-vous. Il devient vite évident que le printemps sera en retard d'au moins une semaine en 2017.  Et ça se vérifie par les dates d'arrivée des espèces migratrices. Historiquement, je vois mes premiers quiscales aux alentours du 15 mars. Cette année, c'est le 2 avril.


Quiscale bronzé / Quiscalus quiscula versicolor / Common Grackle.


La Perdrix grise / Perdix perdix / Gray Partridge est une espèce grégaire 7 à 8 mois par année alors qu'elle se tient en groupes de 6 à 25 individus comprenant une ou plusieurs familles accompagnées ou non d'oiseaux solitaires. Il faut attendre la mi-avril avant de voir se scinder ces groupes en couples qui s'affairent aussitôt à la reproduction. Le 2 avril, nous rencontrons ce groupe de 5 individus le long d'une route fréquentée à Saint-Apollinaire, dans le comté de Lotbinière.



C'est grâce à la perdrix de gauche que je me suis arrêté pour finalement m'apercevoir qu'il y en avait 4 autres bien camouflées dans les herbes. Ce phasianidé vit surtout dans des prés où l'herbe n'est guère plus haute que sa tête et où se trouvent des haies-refuges et des espaces dénudés à proximité. Il faut avoir l'oeil affûté pour la repérer alors qu'elle s'écrase dans la végétation courte au printemps.


Et voilà que je repère un couple le 10 avril. Cette fois-ci, je suis dans le rang Petit-village, à Sainte-Croix-de-Lotbinière.


Ce mâle se croit bien à l'abri de tout regard, mais il n'échappe pas à celui du daltonien que je suis.


Alors que d'aucuns proclament que l'hirondelle fait le printemps, pour moi c'est le cri strident du Pluvier kildir / Charadrius vociferus vociferus / Killdeer qui me le confirme. Dès son arrivée en sol québécois, cet élégant limicole fait remarquer sa présence par son babillage incessant. De nature très peu sociable en période de nidification, il ne tarde pas à se frotter à ses congénères en des confrontations où les courbettes n'ont d'égales que les cris tonitruants qui lui ont sans doute valu son épithète latin de "vociferus".  C'est dans le village de Saint-Édouard-de-Lotbinière que, le 9 avril, je capte cette image d'un membre d'un couple déjà à la recherche d'un endroit pour nicher.





Ce même jour, nous nous dirigeons vers Leclercville où je suis certain de trouver une autre espèce phare annonçant le printemps: la Bécasse d'Amérique / Scolopax minor / American Woodcock. Elle arrive habituellement au début d'avril. Lorsque le couvert neigeux laisse place à des bonnes plaques herbeuses ou boueuses, cette espèce entreprend une parade nuptiale assez complexe. Elle le fait juste après le coucher du soleil alors que la nuit reprend ses droits. Elle commence d'abord par émettre au sol un "pîntt" nasillard à un intervalle plus ou moins long selon le degré d'excitation de l'individu. Suit alors une envolée épique où l'oiseau part de biais pour s'élever en ligne droite à une hauteur que j'estime à environ 30 mètres. À l'azimut de sa montée, elle se laisse tomber comme une feuille morte en émettant des sons rappelant une clochette. À environ 10 mètres du sol, elle redevient muette et elle vient se poser sur le sol en émettant aussitôt un "pîntt" bien senti. J'ai noté qu'elle revient souvent se poser près du lieu du lâcher. Encore adolescent, j'ai fait une expérience. Dès que l'oiseau s'est envolé, je suis allé m'étendre au sol, sur le dos afin de voir l'oiseau redescendre. Les yeux bien ouverts, je l'ai vu descendre sur moi pour m'éviter à la dernière seconde. Il s'est posé à moins de 2 mètres de moi. Wow !


C'est dans un boisé de Leclercville que je découvre cette bécasse immobile sur une plaque de végétation. Je suis bien heureux de voir qu'elle est revenue.


Chemin faisant, une belle rencontre: un petit groupe de Jaseurs boréaux / Bombycilla garrulus pallidiceps / Bohemian Waxwings occupés à s'empiffrer dans un arbre porteur de petits fruits.



Non, il n'y a rien de tendre dans cette pose. Les deux protagonistes ne s'échangent pas un doux et langoureux baiser, mais plutôt luttent pour savoir qui pourra bouffer les fruits juteux.


Le 10 avril, je suis accompagné par un photographe émérite de Cap Rouge, Simon Théberge. Ce biologiste à la retraite et passionné de photographie vient d'écrire un livre très intéressant et informatif. "Ces animaux qui ne craignent pas l'homme" est édité par les Presses Inter Universitaires et est disponible chez Renaud-Bray. L'auteur nous partage ses plus belles photos et révèle des talents de vulgarisateur scientifique à travers un texte simple et imagé. Ses buts lors de cette sortie réfèrent à deux espèces mythiques pour lui: la Bécasse d'Amérique et la Perdrix grise. Il ne les a jamais vues, encore moins photographiées. Confiant que je peux l'aider dans cette quête, je lui offre cette excursion. Nous sommes bénis et par les oiseaux et par la température qui atteint les 20° C en après-midi.


Et voici immortalisée sa première rencontre avec la bécasse.



Simon est un guerrier. Il n'hésite aucunement à ramper au sol pour approcher cette bécasse bien installée et figée le long d'un fossé dans le chemin Demers à Bernières.



Et voici "la bête" que je photographie en m'approchant également très lentement. C'est la première fois que j'ai la chance d'en photographier une sous une lumière aussi parfaite.


Nos recherches s'orientent maintenant vers la Perdrix grise. Je repère les deux premières dans le rang Petit-village à Sainte-Croix et la photo est présentée ci-avant dans ce billet. Un autre couple est aperçu sur le chemin Saint-Jean-Baptiste à Lotbinière. Simon ne fera pas de photos satisfaisantes de cette espèce, mais il l'a au moins observée et il a appris sur son comportement et sur son habitat.

De mon côté, cette sortie me permet de photographier une espèce nouvelle sur ma liste mondiale et québécoise. Un magnifique adulte Autour des palombes / Accipiter gentilis atricapillus / Northern Goshawk vient provoquer tout un émoi parmi les pluviers, tourterelles et autres bestioles emplumées du coin. Il arrive en vol et il se perche dans un arbre à une bonne centaine de mètres nous. Pas la photo du siècle, mais c'est une première pour moi. J'avais déjà observé cette espèce sur cette même route, mais je ne prenais pas de photo à cette époque.


Autour des palombes / Accipiter gentilis atricapillus / Northern Goshawk.

Pour ajouter un côté plus exotique à ce billet, voici la photo d'une espèce encore rarement observée dans la région de Québec, mais qui pourrait bien connaître une augmentation de mentions dans les années qui viennent. Comme dans le cas du cardinal, de la tourterelle et du Troglodyte de Caroline, l'abondance des postes d'alimentation pourrait s'avérer un facteur important. C'est à Neuville, le 9 avril 2017, que nous nous rendons pour observer ce mâle de Pic à ventre roux / Melanerpes carolinus / Red-bellied Woodpecker.









Et autre signe du printemps, l'arrivée de la très belle Sturnelle des prés / Sturnella magna magna / Eastern Meadowlark sonne le glas de l'hiver. Son chant a été interprété par le grand Roger Tory Peterson comme "Spring is here again". Je suis bien d'accord avec lui, c'est bien ce qu'elle me glisse à l'oreille à moi aussi.


Sturnelle des prés / Sturnella magna magna / Eastern Meadowlark.



Je vous souhaite le plus beau des printemps.


@ bientôt.




mardi 26 avril 2016

Des oiseaux en avril 2016




Pour les ornithologues amateurs Québécois, le mois d'avril est le mois charnière où la saison hivernale bascule vraiment vers la saison printanière. En avril, les congères fondent à vue d'oeil, les champs et les rives du grand fleuve Saint-Laurent se dégagent de leur manteau blanc et des nouvelles espèces d'oiseaux migrateurs apparaissent dans nos environnements, jour après jour. Alors que plusieurs d'entre eux retrouvent leur aire de nidification, plusieurs autres ne seront que de passage. Apparaissent d'abord les grandes volées de bernaches et d'oies.



Bernache du Canada / Branta canadensis interior / Canada Goose


Oie des neiges / Chen caerulescens atlantica / Snow Goose



Urubu à tête rouge / Cathartes aura aura / Turkey Vulture

  
Buse à queue rousse (adulte) / Buteo jamaicensis borealis / Red-tailed Hawk
 

Bécasse d'Amérique / Scolopax minor / American Woodcock

 
Hirondelle bicolore  / Tachycineta bicolor / Tree Swallow

  
Moucherolle phébi / Sayornis phoebe / Eastern Phoebe
 

Vacher à tête brune / Molothrus ater ater / Brown-headed Cowbird
 

Carouge à épaulettes / Agelaius phoeniceus phoeniceus / Red-winged Blackbird


Bruant hudsonien / Spizelloides arborea arborea / American Tree Sparrow


Bruant à gorge blanche / Zonotrichia albicollis / White-throated Sparrow

 
Bruant des prés / Passerculus sandwichensis mediogriseus  / Savannah Sparrow

 
Bruant chanteur / Melospiza melodia melodia / Song Sparrow



Il n'est pas encore temps pour les colorées parulines ou d'autres espèces nichant plus au nord et qui apparaîtront en mai. Le meilleur est à venir.


Et pour terminer ce billet, la photo d'une belle rencontre


Renard roux / Vulpes vulpes / Red Fox



@ bientôt.


 

mardi 15 avril 2014

Fin de l'hiver 2013-2014



Normalement j'aurais dû intituler ce billet "début du printemps 2014", mais, avec cet hiver qui s'obstine à rester, je ne peux que parler de sa fin... d'ailleurs espérée un peu partout au Québec. Ces deux dernières semaines, j'ai parcouru des lieux familiers afin de constater l'évolution de la présente saison hivernale et j'ai pu constater que la saison froide a perduré. Malgré la couche de neige un peu plus épaisse et une température souvent en dessous de la normale saisonnière, les oiseaux doivent obéir à l'urgence inscrite dans leurs gênes de regagner leur territoire de nidification.  Et ils ne manquent pas de le faire.

Les espèces migratrices reviennent dans la région de Québec au compte-goutte, car nous sommes encore tôt en saison. Il faudra attendre la deuxième ou troisième semaine de mai avant d'assister à un mouvement migratoire d'importance. C'est certain que d'ici là les nouvelles espèces s'ajouteront graduellement, mais avec parcimonie. Il faut d'abord mettre en perspective que les gens de la région de Québec doivent compter une bonne quinzaine de jours de retard comparativement à ceux de la région de Montréal... et une semaine en comparaison à ceux du centre du Québec (régions Mauricie/Bois-Francs).

Cette réalité m'a frappé dès l'âge de 13 ans lors d'un premier contact avec quelques numéros du "Naturaliste canadien". Dans une des revues, j'ai trouvé un tableau relatant les dates d'arrivée printanière de différentes espèces au Québec depuis une couple de décennies. Dès lors je me suis servi de ce tableau pour prévoir l'apparition des espèces dans mon secteur. C'est incroyable de voir comment certaines espèces apparaissent relativement à la même date, année après année Je ne sais pas s'il s'en est inspiré, mais Pierre Bannon a ressuscité ce projet avec assiduité entre 1992 et 2011. Cette minutie de sa part rend ce tableau très informatif. Je vous invite à le consulter en suivant le lien suivant

http://pages.infinit.net/pbannon/tableau19922011.htm


Voici maintenant quelques photos réalisées lors de mes dernières sorties.


C'est le 11 avril 2014 que je rencontre cette belle grosse femelle Harfang des neiges / Bubo scandiacus / Snowy Owl  dans le rang Saint-Eustache à Lotbinière. En hiver, nous observons plus souvent des immatures et des mâles. J'ai parlé avec le propriétaire du terrain où se trouvait le strigidé et il m'a dit qu'il l'avait vu dans la région à quelques reprises durant la saison froide. Était-ce réellement le même individu ? Difficile à dire. Une belle surprise quand même et probablement l'un des derniers harfangs observés sous nos latitudes en ce printemps tardif.


À Sainte-Croix-de-Lotbinière, ce beau Merle d'Amérique / Turdus migratorius migratorius / American Robin célèbre son retour sur son territoire de reproduction en s'époumonant pour faire connaître aux autres mâles qu'il entend bien se battre bec et ongle pour le défendre. Connaissant l'agressivité des merles, des frictions ne devraient pas trop tarder à se produire.
 

Le Plectrophane des neiges / Plectrophenax nivalis nivalis / Snow Bunting arrive sous nos latitudes avec les premières neiges et il nous quitte à la fin avril / début mai. J'ai pris cette photo un peu avant celle du harfang, toujours sur le rang Saint-Eustache. Cet individu faisait partie d'un groupe d'une cinquantaine d'oiseaux. Un peu plus loin, c'est un groupe compact d'au moins 1 000 individus qui se nourrissaient dans les champs découverts de neige.


Il n'est pas toujours évident de repérer une Bécasse d'Amérique / Scolopax minor / American Woodcock sur le terrain, car son plumage cryptique lui assure un camouflage parfait avec l'environnement. Elle arrive dans notre secteur au début avril et la meilleure façon de l'observer est lorsqu'elle fait son vol de parade à la tombée du jour.


La neige qui recouvre le sol sous les arbres en forêt nous aide présentement à localiser des bécasses. Elles aiment se faire chauffer au soleil sur des buttes herbeuses. Leur silhouette détonne sur le blanc de la neige. C'est ainsi que j'ai pu débusquer cet oiseau. Le lendemain, j'en ai trouvé une autre dans un endroit bien différent.


 J'ai saisi cette Bernache du Canada / Branta canadensis interior / Canada Goose en plein vol alors que je me tenais sur le quai de Lotbinière, le 12 avril 2014.


Pendant ce temps, une oie spéciale attire mon attention. Elle a le corps d'une Bernache du Canada et la tête et le cou d'une Oie des neiges / Chen caerulescens / Snow Goose. Elle est également de plus petite taille. Si cette hybridation s'observe rarement, il s'agit quand même de ma troisième en 50 ans d'observation. Un autre individu montrant ce plumage est observé en même temps par Pierre Casavant dans la région de Montréal.


La Base de Plein Air de Sainte-Foy est le meilleur endroit pour espérer trouver le Grand Pic / Dryocopus pileatus abieticola / Pileated Woodpecker.


Mâle en devenir de Chardonneret jaune / Carduelis tristis tristis / American Goldfinch réchauffant ses cordes vocales en prévision de la prochaine saison de nidification.


Pic chevelu / Picoides villosus villosus / Eastern Hairy Woodpecker


Malgré sa réputation de causeur de troubles, je ne peux jamais résister à photographier tout Écureuil roux nord-américain / Tamiasciurus hudsonicus / North American Red Squirrel qui croise mon chemin.


Le Grand-duc d'Amérique / Bubo virginianus virginianus / Great Horned Owl est toujours très impressionnant à voir. Ici, j'ai croisé sa route alors qu'il venait d'attraper un Écureuil noir. Il est perché dans un grand pin en bordure de sentier. Il est régulièrement vu à la Base de Plein Air de Sainte-Foy, mais il faut être chanceux pour tomber dessus.


Il faut se rendre à la Forêt Montmorency pour avoir les meilleures chances de trouver le Mésangeai du Canada / Perisoreus canadensis nigricapillus / Gray Jay.


Même chose pour la mignonne Mésange à tête brune / Poecile hudsonicus littoralis / Boreal Chickadee qui préfère la forêt boréale.


Le Cerf de Virginie / Odocoileus virginianus / White-tailed Deer est souvent observé de nos jours, un peu partout au Québec. L'hiver, il se tient dans les ravages où il mange l'écorce, les branches et les aiguilles des conifères. Je surprends ce petit groupe à découvert dans un champ dans la région de Saint-Édouard-de-Lotbinière. Quelques secondes plus tard, les "flags" en l'air me confirment qu'ils vont disparaître dans la forêt sans attendre leur reste.


L'hiver 2013-2014 a été prolifique pour l'observation du Harfang des neiges. Les ornithologues amateurs Québécois ont eu droit à la visite de plusieurs individus peu importe l'endroit de la province où ils résident. Cet immature contemple les environs bien assis sur la cheminée d'un foyer.



Je vous souhaite à tous un très beau printemps avec des belles aventures en nature.


@ bientôt.