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vendredi 9 février 2018

Quel est votre livre d'oiseaux préféré ?





Je vous invite aujourd'hui à visiter une partie de ma bibliothèque personnelle. Une bibliothèque créée au fur des années et selon mes besoins, mes goûts et mes finances. Oui, bien sûr, le coût fait partie de la donne. Lorsque nous nous découvrons une passion, c'est souvent à un âge peu avancé avec tout ce que cela implique. Et ça se confirme aussi dans toutes les facettes de la vie. Un sportif va vouloir se procurer les derniers outils les plus performants techniquement afin de progresser de la meilleure façon.




Quand j'ai débuté à l'âge de 12 ans, je n'avais aucune jumelle ou lunette d'approche et pas plus de livre d'identification. En fait, j'ai commencé à observer les oiseaux à l'aide d'un télescope Tasco de piètre qualité. Vous savez ce tube blanc en métal léger monté sur un trépied d'une vingtaine de centimètres de haut. Ce télescope m'a été offert le 25 décembre 1962 par l'une de mes soeurs et c'était tout un cadeau à l'époque. Je me promenais dans les environs de la maison avec ce bijou dans une main. Inutile de dire que j'éprouvais un peu pas mal de difficultés à repérer l'oiseau à travers cet oeil très branlant de cyclope. J'étais pourtant si heureux d'identifier ma première espèce à vie, un Moineau domestique / Passer domesticus / House Sparrow.




Aujourd'hui, je compare cet outil avec ma jumelle Swarovski ou ma lunette Kowa et je me considère bien heureux de pouvoir compter sur ces instruments à la fine pointe de la technologie pour m'aider dans la quête de ma prochaine espèce d'oiseaux à ajouter à ma liste à vie. Et mon premier livre d'identification, il m'a été offert par un professeur de français qui l'avait dans sa bibliothèque et qui ne s'en servait pas beaucoup. Un livre qui a marqué l'ornithologie nord-américaine puisqu'il s'agit du fameux "A field guide to the birds" de Roger Tory Peterson. Le docteur Peterson a innové sur les livres antérieurs en ajoutant des flèches montrant les caractéristiques à observer sur un oiseau afin d'assurer une bonne identification. Ceci était bien utile pour un débutant qui devait jongler avec un paquet de détails lorsqu'en présence d'un bruant furtif ou d'une paruline déroutante en plumage d'automne.


La méthode novatrice des lignes montrant les caractères à observer pour identifier plus facilement et plus justement les oiseaux est une l'idée la plus originale du docteur Peterson.
 

Ce livre a motivé des millions d'ornithologues amateurs nord-américains pendant les décennies qui suivront sa première parution en 1934. Il a été mon fidèle compagnon pendant mes premières années et je m'en suis procuré d'autres au fur et à mesure de leurs parutions. Petit aparté, voici les illustrations faites en 1903 par un certain Ernest Thompson Seton, dans son livre "Two Little Savages",  sur les canards de rivière et qui ont amené le jeune Peterson à se lancer dans l'illustration des oiseaux.


 

Le talent d'illustrateur de Roger Tory Peterson et sa méthode novatrice de mettre un accent sur les caractères distinctifs de chaque espèce d'oiseau ont fait de lui l'inventeur du guide moderne.

Au fil des ans qui suivent, j'acquiers plus de 200 livres allant de guides d'identification d'oiseaux se rencontrant un peu partout autour de la planète à des monographies sur une espèce ou sur une famille en particulier. Certains livres parlent également de comportement, d'écologie ou portent sur des études faites sur divers aspects de la vie des oiseaux. À ces livres s'ajoutent une centaine de cassettes, de disques en vinyle ou de disques compacts sur lesquels sont enregistrés les chants ou les cris de contact des oiseaux.

J'écris ces choses et je me dis que les ornithologues d'aujourd'hui sont tellement chanceux de pouvoir compter sur une technologie absente antérieurement. Aujourd'hui, des applications téléchargeables sur notre ordinateur, notre Ipod, notre Ipad ou notre téléphone intelligent nous permettent de consulter, au bout du doigt et instantanément, des images et des sons alors que nous sommes en présence de l'oiseau, sur le terrain. Anne et moi avons pu profiter de ces avancées informatiques en Inde, en Colombie et au Panama. Pour ces pays, les guides d'identification sont lourds et volumineux. Au lieu de devoir les apporter sur le terrain, ainsi qu'un système de son encombrant, nous n'avons qu'à avoir un téléphone intelligent ou un Ipod. Oui, ils sont vraiment chanceux...mais, mais, mais...

Rien ne vaut la sensation que donne le fait d'avoir en mains un guide d'identification que l'on a fait sien en l'annotant, en soulignant les passages que l'on juge importants ou en surlignant les espèces que l'on risque de rencontrer lors d'un voyage donné. Le guide qui fait remonter en moi le plus de nostalgie et quelques uns de mes plus beaux souvenirs est  "A guide to the Birds of Costa Rica" de Alexander F. Skutch (1989). Et pourtant, c'est le livre le plus mal en point de toute ma bibliothèque. Je l'ai tellement trimbalé partout dans ce pays lors de mes 18 voyages qu'il porte les marques de mes aventures les plus mémorables.







Le Costa Rica est un petit pays, mais on y trouve une grande variété d'habitats et il est facile de passer de l'un à l'autre en quelques heures seulement. De la forêt tropicale humide du versant caraïbe à la forêt tropicale sèche du versant pacifique, des 3 820 mètres d'altitude du sommet du Cerro Chirripo (dans la cordillère de Talamanca)  jusqu'en bord de mer, il est possible de rencontrer toutes les conditions climatiques inimaginables. Tantôt la boue, tantôt le sable, tantôt le froid, tantôt la chaleur, tantôt les pluies diluviennes, tantôt la sécheresse, il n'en faut pas plus pour faire souffrir n'importe lequel des guides que nous traînons fidèlement sur le terrain.

Et vous, lorsque vous consultez votre bibliothèque, lequel de vos guides vous fait le plus de bien à consulter ?  Si vous n'en avez pas, je vous en souhaite un, car il s'avérera le meilleur compagnon de terrain dont vous pourriez rêver.

@ bientôt.




lundi 29 janvier 2018

Des oiseaux fascinants ( Panama )




Peu de pays peuvent être traversés en seulement quelques heures par quelqu'un désirant se saucer les pieds tantôt dans l'océan Atlantique, tantôt dans l'océan Pacifique. Au Costa Rica, nous pouvons couvrir en 5h00 les 258 km séparant Jaco Beach, sur la côte du Pacifique, de Puerto Limon, sur la côte de l'Atlantique. Du côté du Panama, c'est encore plus rapide alors que seulement 73.2 km séparent Panama city (Pacifique) de Colon (Atlantique). C'est tout naturellement dans la zone du canal de Panama que la partie la plus étroite du pays se situe.

Après avoir visité le Costa Rica et sa richesse aviaire exceptionnelle, il peut subsister un doute sur la possibilité d'en retrouver autant du côté panaméen. Et pourtant, je trouve le Panama encore plus excitant à visiter. Présente au Costa Rica, la cordillère de Talamanca se prolonge dans la partie ouest du Panama et les deux pays partagent plusieurs espèces qui sont absentes partout ailleurs dans le monde. Tout comme elle le fait si bien du côté costaricain, cette très haute chaîne de montagnes empêche les oiseaux des deux différents versants d'entrer en contact. Même si elle disparaît assez vite du côté du Panama, certaines espèces restent fidèles à leur versant. Grâce à son étroitesse, la zone du canal permet de découvrir ces espèces dans un temps relativement court. À l'extrémité Est du pays s'étend une vaste région sauvage et difficile d'accès, le Darien, Plusieurs espèces endémiques y trouvent refuge.

Si nous comparons les listes d'oiseaux respectives des deux pays, celle de Panama est supérieure par près d'une centaine d'espèces, mais ce n'est pas ce qui est le plus attrayant. Panama se veut le lieu de rencontres d'espèces des trois Amériques: du nord, centrale et du sud. En périodes migratoires, la bande terrestre étroite oblige une quantité incroyables d'oiseaux à au moins survoler le Panama. Personnellement, j'ai assisté le 6 mars 2004 à une migration massive de rapaces du côté de Tocumen, sur le versant Pacifique du Panama. Des milliers de buses, en majorité des Petites Buses, ainsi que des urubus et des éperviers, tournoyaient dans les thermales très haut au-dessus de l'aéroport.

Comme les images valent mille mots, laissez-moi vous présenter quelques photos prises lors de mon dernier voyage du côté Pacifique. 


Tohi ligné / Arremonops conirostris striaticeps / Black-striped Sparrow

Merle fauve / Turdus grayi casius / Clay-colored Thrush

Araçari à collier / Pteroglossus torquatus torquatus / Collared Aracari

Tangara à dos rouge / Ramphocelus dimidiatus isthmicus / Crimson-backed Tanager

Pic de Malherbe / Campephilus melanoleucos malherbii / Crimson-crested Woodpecker

Tangara à dos citron (mâle) / Ramphocelus icteronotus / Lemon-rumped Tanager

Trogon pattu / Trogon caligatus concinnus / Gartered Trogon

Buse cendrée / Buteo nitidus blakei / Gray-lined Hawk

Ortalide à tête grise / Ortalis cinereiceps / Gray-headed Chacalaca

Quiscale à longue queue / Quiscalus mexicanus peruvianus / Great-tailed Grackle

Tyran licteur / Pitangus lictor panamensis  / Lesser Kiskadee

Toui à menton d'or  / Brotogeris jugularis jugularis / Orange-chinned Parakeet

Tangara des palmiers / Thraupis palmarum atripennis / Palm tanager

Pic à couronne rouge (femelle) / Melanerpes rubricapillus rubricapillus / Red-crowned Woodpecker

Guit-guit saï (couple) / Thraupis palmarum atripennis / Red-legged Honeycreeper

Talève violacée / Porphyrio martinicus / Purple Gallinule

Hirondelle des mangroves / Tachycineta albilinea / Mangrove Swallow

Habia à gorge rouge (mâle) / Habia fuscicauda willisi / Red-throated Ant-Tanager

Ariane à ventre gris / Amazilia tzacatl fuscicaudata / Rufous-tailed Hummingbird

Tyran de Cayenne / Myiozetetes cayanensis hellmayri / Rusty-margined Flycatcher

Vanneau téro / Vanellus chilensis cayennensis / Southern Lapwing

Fourmilier grivelé (femelle) / Hylophylax naevioides naevioides / Spotted Antbird

Toucan de Swainson / Ramphastos swainsonii / Yellow-throated Toucan

Caracara à tête jaune / Milvago chimachima cordata / Yellow-headed Caracara

Motmot caraïbe / Momotus subrufescens conexus / Whooping Motmot

Jacana noir  / Jacana jacana hypomelaena / Wattled Jacana

  Batara ponctué / Dysithamnus puncticeps / Spot-crowned Antvireo

Tyran mélancolique / Tyrannus melancholicus satrapa / Tropical Kingbird

Hirondelle à gorge rousse / Stelgidopteryx ruficollis decolor / Southern Rough-winged Swallow

Motmot roux / Baryphthengus martii semirufus / Rufous Motmot

Vanneau téro / Vanellus chilensis cayennensis / Southern Lapwing

Tyran audacieux / Myiodynastes maculatus difficilis / Streaked Flycatcher

Organiste à bec épais (femelle) / Euphonia laniirostris crassirostris / Thick-billed Euphonia

Sarcoramphe roi / Sarcoramphus papa / King Vulture


 
@ bientôt.



jeudi 22 juin 2017

Les oiseaux se cachent pour mourir... ou pour dormir ?




Certains d'entre vous se rappelleront sans doute de la mini-série américaine Les oiseaux se cachent pour mourir (The Thorn Birds),  présentée en cinq épisodes de 120 minutes et réalisée par Daryl Duke d'après le roman best-seller de Colleen McCullough. Elle a d'abord été diffusée du 27 mars au 30 mars 1983 sur le réseau ABC, mais c'est la version française que j'ai visionnée.





Le titre m'a d'abord intrigué et, comme je n'avais aucune idée de ce qui serait présenté au petit écran, j'ai décidé de m'y intéresser. J'ai adoré cette série même s'il n'était aucunement question d'oiseaux. L'histoire se déroulant en Australie et en Nouvelle-Zélande, c'était déjà un élément qui m'intéressait énormément. 





Dans ce billet, je fais aujourd'hui un clin d'oeil au titre de ce film qui avait alors capté toute mon attention. À bien y penser, comment se fait-il, considérant l'abondance des oiseaux dans la nature, que nous ne trouvions pas plus souvent des carcasses d'oiseaux morts ? Après tout, se cachent-ils vraiment pour mourir ? Bien sûr que non !!! Je serais porté à croire que la fragilité de leur squelette et leur faible masse corporelle font que leurs corps se dégradent très vite lorsqu'ils meurent. Ce qui expliquerait d'ailleurs l'abondance comparative des squelettes d'animaux préhistoriques versus les artefacts des oiseaux qui ont pourtant été contemporains à ces gros animaux.



Voici l'artefact le plus vieux de ce qui a longtemps été considéré comme l'ancêtre des oiseaux, l'Archéoptéryx / Archaeopteryx. Découvert en 1861, seulement deux années après que Charles Darwin ait publié son " Origine des Espèces", plusieurs éléments portent à croire qu'il s'agirait plutôt d'un petit dinosaure affublé de plumes. Il a vécu à l'aire du Jurassique, il y a de cela environ 150 millions d'années. Les restes aussi bien conservés sont rarissimes. Photo Jason Edwards/Getty Images.



D'un autre côté, je me suis déjà fait poser la question à savoir où dorment les oiseaux. Une question intrigante qui ne se répond pas aussi facilement. Une réponse exhaustive qui exige l'accumulation de faits émanant de recensements et d'études étalés sur de longues années. J'ai trouvé ces informations dans un des livres de ma bibliothèque, "Encyclopedia of North American Birds" édité par la société Audubon. 


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ROOST (dortoir d'oiseaux): terme pour indiquer l'endroit où des volées de quiscales, d'étourneaux, de carouges, de merles, et autres espèces, dorment ensemble dans les arbres, les buissons, les joncs ou les autres herbes hautes des marécages. Voir aussi ROOSTING.

ROOSTING: défini par Cullen (1964) comme le sommeil et le repos d'un oiseau, même si à demi-éveillé, mais ne s'applique pas aux courts moments de repos d'une durée de quelques minutes seulement entre les périodes actives. La plupart des biologistes s'accordent pour dire que la vraie période de repos a lieu dans les dortoirs d'oiseaux, peu importe où ces derniers sont situés.


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OÙ LES OISEAUX SE REPOSENT-ILS ?


En général, les oiseaux dorment dans le même habitat où ils nichent:


---  les 3 espèces de moqueurs et les cardinaux vont le faire dans les arbres, les arbutes, les vignes ou dans les buissons denses.

--- les hiboux, les tourterelles, les geais, les corneilles et plusieurs petits oiseaux comme les bruants, les parulines et les gros-becs, dans les feuillus, souvent dans les conifères.


--- les aigles, les grands faucons, les corbeaux, les hiboux et les plus grosses buses se reposent dans les arbres ou sur les falaises.


--- ceux qui nichent dans les cavités, comme les pics, les crécerelles, les petit-ducs, les nyctales et les merlebleux vont emprunter d'autres cavités dans les arbres ou les poteaux, ainsi que les nichoirs artificiels construits pour eux.




Ce Petit-duc maculé / Megascops asio naevius / Eastern Screech-Owl de forme rousse dort dans un feuillu dépourvu de feuilles dans le parc national de Pointe Pelée, en Ontario. Photo prise le 10 mai 2017).




Celui-ci, photographié le 08 mai 2017 au Ottawa National Wildlife Refuge en Ohio, se sert d'un nichoir mis à la disposition de Canard branchu  / Aix sponsa / Wood Duck pour y passer la journée où y nicher.



--- de même agiront les mésanges qui utiliseront les abris artificiels ou les trous qu'elles auront elles-mêmes excavés




Cette Mésange à tête noire / Poecile atricapillus atricapillus / Black-capped Chickadee creuse un trou dans un tronc d'arbre pourri. Il pourra lui servir de nichoir ou de dortoir. Photo prise au cap Tourmente, près de Québec, le 19 mai 2014.


Quelques unes de ces espèces utiliseront le même dortoir, nuit après nuit, aussi longtemps qu'elles ne seront pas dérangées par l'homme ou par un prédateur. Le Grimpereau brun / Certhia americana / Brown Creeper dort dans des crevasses d'écorce ou, occasionnellement, il va s'agripper verticalement, la tête vers le haut, au revêtement extérieur des bâtisses, près des pignons.






Les martinets vont dormir dans des cheminées et des volées d'hirondelles en migration, dans les herbes des marécages. Les grosses hirondelles, les carouges, les quiscales et les merles, vont le faire dans des arbres.


Durant l'été, un des parents peut dormir sur le nid alors qu'il incube les oeufs ou élève les jeunes.



Cet adulte de Tyran tritri / Tyrannus tyrannus / Eastern Kingbird passe la nuit bien assis sur son nid. Photo prise le 6 juin 2015 à Baie-du-Febvre, Québec


Les Pic mineur / Picoides pubescens / Downy Woodpecker, Pic chevelu / Picoides villosus / Hairy Woodpecker et Pic à joues blanches / Picoides borealis / Red-cockaded Woodpecker creusent des cavités spécifiquement pour servir de dortoir et des troglodytes construisent des nids aussi pour cette seule fonction. Ils adoptent aussi des vieux nids de Merle d'Amérique / Turdus migratorius / American Robin et autres oiseaux, et aussi des cavités dans des arbres, des souches, des bâtiments, dans des cabanes d'oiseaux, et même dans des nids abandonnés de frelons.


Les oiseaux de rivages, les pélicans, les canards, les oies, les cygnes, les goélands, les becs-en-ciseaux et les sternes dorment souvent sur le sable des îles, où ils se sentent à l'abri des ratons-laveurs, des chats, des chiens, des renards, des hermines et des mouffettes. Durant le jour, ils dorment sur des plages dégagées où ils peuvent attendre la marée qui leur apportera de la nourriture renouvelée. Cependant, certains trouvent leur nourriture largement au toucher de leur bec dans la vase et ils peuvent ainsi se nourrir de nuit.



Un petit groupe de Bécasseaux violets / Calidris maritima / Purple Sandpiper se repose à quelques mètres de l'eau et à travers les roches afin de passer inaperçus. Photo prise le 22 mai 2011 à l'Île-aux-Basques, Bas-Saint-Laurent, Québec.


En hiver, la Gélinotte huppée / Bonasa umbellus / Ruffed Grouse plonge dans la neige molle pour s'abriter du froid et du vent et elle s'établit ainsi un dortoir très chaud et protecteur. Le Martinet noir / Apus apus / Common Swift dort en plein vol alors qu'il se laisse porter par l'air.



Le Martinet noir / Apus apus apus / Common Swift intrigue par son habilité à dormir en plein vol. Photo prise le 6 novembre 2015 dans la forêt Nsutu, au Ghana, Afrique de l'ouest.



Plusieurs espèces océaniques, comme les pétrels et les albatros, peuvent dormir sur l'eau, mais la Frégate superbe / Fregata magnificens / Magnificent Frigatebird ne le peut pas à cause de son plumage qui n'est pas imperméable. Elles se rassemblent donc en grands nombres dans le haut des palétuviers et d'autres espèces d'arbres qui poussent aux abords des îles ou le long des côtes.


 
La Frégate superbe est un voilier ainsi qu'un pirate hors-pairs. À l'instar des labbes, elle harcèle en vol les goélands, les mouettes et les sternes afin de leur   voler leurs prises. Photo prise le 19 février 2014 à Puerto Angel, au Mexique.


Les goélands, les sternes, les canards et les pélicans peuvent dormir en flottant sur l'eau, mais à leurs risques et périls.





LES OISEAUX QUI DORMENT AU SOL.



Le Colin de Virginie / Colinus virginianus / Northern Bobwhite, la Perdrix choukar / Alectoris shukar / Chukar et la Perdrix grise / Perdix perdix / Gray Partdrige sommeillent en formant un cercle serré sur le sol, leurs corps pressés les uns contre les autres et les têtes dirigées vers l'extérieur.



Un petit groupe de Perdrix grises se repose au sol. Photo prise le 2 avril 2017 à St-Apollinaire, comté de Lotbinière, Québec.


L'Alouette hausse-col / Eremopila alpestris / Horned Lark, dans le désert de Mojave et à Warner Springs, dans le comté de San Diego en Californie, creusent à l'aide de leur bec de petites dénivellations au sol où ils pourront s'installer pour la nuit (Trost,1972); le Busard Saint-Martin / Circus cyaneus / Northern Harrier dort au sol fréquemment au même endroit, nuit après nuit, et  forme souvent des groupes allant de 2 à 30 individus, habituellement dans des champs d'herbes du genre Andropogon. Chaque oiseau occupe un endroit précis où l'herbe est bien battue et le lieu bien délimité par des fientes et des boulettes de régurgitation.



Le Hibou des marais / Asio flammeus / Short-eared Owl, en plus de dormir dans les conifères, va parfois le faire au sol. Weller et alies (1955) a reporté plus d'une douzaine de ces chouettes qui dormaient dans le même habitat que les Busards Saint-Martin dans des champs au Montana en 1952. Les chouettes se tenaient près des busards dans des herbes hautes de plus de 20 cm et le plus souvent dans des touffes denses de ces herbes.





LES POSITIONS LORS DU SOMMEIL.


Ceci peut varier beaucoup, mais habituellement, les oiseaux vont dormir avec la tête et le cou rejetés sur le dos et le bec enfoui dans les plumes scapulaires, mais non avec la tête sous l'aile. Dans cette position, les muscles du cou peuvent relaxer et les yeux de l'oiseau sont protégés du froid (Kendeigh, 1934). Quelques espèces -- les pigeons, les tourterelles, certains pluviers, les tantales et les grèbes, par exemple --- vont dormir avec la tête calée entre les épaules et le bec pointant vers l'avant.


Lorsqu'ils dorment sur le sol, la plupart des oiseaux reposent sur le ventre, comme les canards. Cependant, les passereaux se tiennent où s'assoient sur la branche en "barrant" les doigts qui retiennent très fermement la branche, grâce à un jeu des tendons des muscles des cuisses. Les engoulevents dorment sur une branche en se tenant dans le sens de la branche et non perpendiculairement à cette branche.




Comme les autres espèces d'engoulevent, cet Engoulevent de la jungle / Caprimulgus indicus indicus / Jungle Nightjar peut passer la journée perché et couché sur une branche d'un grand arbre. Il le fait parallèlement à la branche et son plumage épouse tellement bien les motifs de l'écorce qu'il est facile de ne pas le repérer. Photo réalisée le 10 Novembre 2014 près du Jungle Hut Lodge, situé au pied de Nilgiri Hills, près de Mysore, sud de l'Inde.



 
Le Podarge gris / Podargus strigoides phalaenoides / Tawny Frogmouth, un autre oiseau nocturne, passe également la journée perché sur une branche d'un arbre, mais il le fait perpendiculairement à celle-ci. Photo réalisée le 24 octobre 2011 à Granite Gorge, région de Cairns, Australie.


Les pics s'accrochent à une surface verticale, habituellement à l'intérieur de la cavité. Les canards et les oiseaux de mer dorment habituellement sur l'eau avec la tête et le bec enfouis dans les scapulaires.





LE SOMMEIL DES OISEAUX EST-IL PROFOND ?


En Europe, des expériences ont été conduites sur des oiseaux en cage. Et la conclusion a été que les oiseaux qui sont très actifs le jour ont tendance à dormir plus longtemps et plus profondément, alors que les oiseaux qui sont actifs de façon irrégulière vont avoir le même comportement au repos. Cette irrégularité se rencontre entre autre durant la période migratoire. Le temps critique où le sommeil serait le plus profond a lieu entre 1/2 et 3 heures à partir de l'instant où l'oiseau s'endort vraiment.



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C'est toujours une expérience inoubliable quand nous avons l'occasion d'observer de visu des oiseaux alors qu'ils sont au repos, en pleine nuit. J'ai eu cette chance à quelques reprises lors de mes voyages, alors que nous faisions des sorties de nuit avec des guides locaux.


Au Venezuela, dans le nord-est du pays, nous revenions d'une randonnée en pleine campagne quand le guide arrête le véhicule et nous invite à regarder juste au-dessus du halo de lumière formé par sa lampe de poche. Il éclaire la base d'un gros arbre dans lequel des centaines de petits perroquets verts, genre inséparables, se tiennent en rang d'oignons, tous collées les uns contre les autres. Il s'agissait en fait du Toui été / Forpus passerinus / Green-rumped Parrotlet.





Peu importe l'espèce, tous les touis partagent ce comportement spécial de se coller les uns contre les autres lorsqu'ils se perchent pour se reposer. Ici, voici le Toui de Spix / Forpus xanthopterygius vividus / Blue-winged Parrotlet. Photo prise le 28 juillet 2011 sur la côte est du Brésil.



Un spectacle incroyable et fascinant. Et je ne parle pas des colonies d'Ibis rouges / Eudocimus ruber / Scarlet Ibis que nous avions observées la veille sur la côte alors que des centaines d'individus regagnaient leur dortoir dans les palétuviers.


Au Costa Rica, notre guide au Rancho Naturalista, Jay Vandergaast, nous amène lors d'une sortie nocturne observer le dortoir du Troglodyte rossignol / Microcerculus luscinia / Northern Whistling-Wren. Ce dernier avait adopté le trou abandonné d'un Motmot roux / Baryphthengus martii / Rufous Motmot. Quelques années précédentes, à la fin juin, j'avais eu l'occasion d'observer le motmot qui s'engouffrait dans ce trou creusé dans la falaise pour aller rejoindre sa nichée. Et voilà que le trou inoccupé servait maintenant de dortoir improvisé au troglodyte. L'observation était facilitée par le fait que ce trou était situé à un peu plus d'un mètre du sol. Avec une lampe de poche, il était très facile d'observer l'oiseau qui se trouvait à environ 20 cm à l'intérieur du corridor. Il se tenait sur ses pattes, l'arrière-train vers nous. Il semblait figé sur place. Probablement qu'à l'instar de plusieurs espèces tropicales (dont les colibris), il se plaçait dans une espèce de torpeur en abaissant son rythme cardiaque. Toujours est-il qu'il ne bougeait absolument pas et nous avons d'ailleurs fait très attention pour ne pas le déranger.


En une autre occasion sur la côte Pacifique du Costa Rica, j'ai eu la chance d'observer la façon dont le Toucan à carène / Ramphastos sulfuratus / Keel-billed Toucan s'y prenait pour dormir. Il tenait son immense bec rejeté sur le dos avec la queue retroussée vers le haut. Ceci dégageait les sous-caudales rouges. J'ai tout-de-suite fait le lien avec le rôle avertisseur de danger que le rouge peut représenter pour ses prédateurs potentiels. On n'a qu'à penser aux bandes rouges du Serpent corail ou aux cuisses rouges des petites grenouilles du genre Anabates. Ce qui est rouge est synonyme de danger et même de mort.



Toujours au Costa Rica, Lisa Erb m'a raconté une très belle trouvaille faite par des américains. Lors d'une sortie nocturne dans les sentiers du Rancho Naturalista, un ornithologue plus futé ou plus expérimenté que la moyenne passait son temps à fouiller en dessous des replis formés par les herbes qui coiffent le haut des petites falaises. Sa recherche a été récompensée par la trouvaille d'un Sclérure à gorge rousse / Sclerurus mexicanus / Tawny-throated Leaftosser. C'était la première fois que cette espèce était observée au Rancho. Sa façon de dormir était très spéciale. Cet oiseau se tenait accroché par les pattes, la tête en bas, comme une chauve-souris. Et il semblait en était d'hibernation. Il n'a montré aucune réaction à la lumière des projecteurs qui l'éclairaient ou à la présence des humains. Lisa est retournée par la suite au même endroit et l'oiseau ne s'y tenait plus.

C'est dire tous les mystères qui se cachent dans la nature. On pense à découvrir d'autres planètes et on ne connait qu'une infime partie des êtres qui composent la nôtre. Mais c'est à force d'être sur le terrain, à fouiller continuellement, que nous allons finir par en savoir davantage.


@ bientôt.