lundi 18 janvier 2021

Des oiseaux en pandémie (octobre 2020) < 1 de 2 >

  

Les parulines d'automne sont souvent très déroutantes pour les observateurs et pas seulement pour ceux qui débutent en ornithologie. Durant leur périple migratoire qui les mènera, du moins pour certaines d'entre elles, aussi loin qu'en Bolivie, elles doivent se nourrir tout au long du parcours et elles sont alors très actives. Avec les feuilles encore présentes dans les arbres, il n'est pas facile d'observer les oiseaux à découvert et dans leur intégralité, mais à force de voir tantôt une tête, tantôt les dessus, tantôt les dessous et tantôt la queue, on finit par rassembler les morceaux du casse-tête et par se faire une idée.

 

 

La Paruline obscure / Oreothlypis peregrina / Tennessee Warbler exhibe un pâle et mince sourcil jaune souligné par une ligne peu prononcée, mais apparente, qui traverse l'oeil et le dépasse légèrement. Les sous-caudales sont BLANCHES et le ventre blanchâtre. Une seule bande alaire peut être évidente chez certains individus. Domaine de Maizerets, 03 octobre 2020.



La Paruline verdâtre / Vermivora celata celata / Orange-crowned Warbler possède un plumage uniforme. Les dessous sont jaunâtres, aucune bande alaire, la tête grisâtre, un cercle oculaire évident mais incomplet, et les sous-caudales JAUNES. Elle est dans la liste des dernières espèces de paruline à nous quitter.



La Paruline jaune / Setophaga petechia amnicola / Yellow Warbler possède un cercle oculaire complet et bien évident. Les dessous jaunes vont du menton jusqu'au bout des sous caudales. Les ailes paraissent plus foncées et les grandes et petites couvertures alaires sont fortement lisérées, ce qui n'est pas le cas chez la Paruline verdâtre.




Au Québec, le Bruant à couronne blanche / Zonotrichia leucophrys leucophrys / White-crowned Sparrow niche dans la toundra, la taïga et la Plaine hudsonienne. Il hiverne du centre des États-Unis jusqu'au centre du Mexique. Il n'est que de passage durant les migrations. À l'automne, il visite souvent nos cours et les parcs municipaux comme ici au Domaine de Maizerets, le 04 octobre 2020.




Il est fréquent, lors des migrations d'automne, de voir passer des groupes de Merles d'Amérique / Turdus migratorius migratorius / American Robins . Ils s'arrêtent dans les arbres fruitiers pour engloutir goulûment tous les fruits qui tombent sous leurs becs. Comme le Domaine Maizerets abrite plusieurs de ces arbres, c'est l'endroit idéal pour assister au passage de ces gros passereaux. L'immature se reconnait facilement à ses dessous orangés marqués de marbrures noires et de zones blanchâtres. Rencontre faite le 04 octobre.



C'est à l'automne que cette espèce arbore les couleurs qui lui ont valu son nom. Ce mâle en plumage inter-nuptial est un Quiscale rouilleux / Euphagus carolinus carolinus / Rusty Blackbird et il reste très fidèle à sa niche écologique même en pleine migration. Il niche en forêt boréale et il est inféodé aux milieux humides tels les ruisseaux à faible débit, les tourbières, les marais, les marécages et les étangs de castors. Si vous désirez le trouver en période migratoire, cherchez le dans les milieux inondés, les fossés et les sous-bois. Son chant qui fait penser à une poulie de corde linge... un peu rouillé... reste encore la même façon de connaître sa présence. Domaine de Maizerets, le 04 octobre 2020.



Comme si le Coronavirus n'était pas une plaie suffisante à endurer, voilà que le Circovirus semble affecter un oiseau rencontré ce matin du 06 octobre au Domaine de Maizerets, du côté de l'arboretum. Je remarque un passereau de bonne dimension perché dans un arbuste dégarni de ses feuilles. C'est un Mésangeai du Canada / Perisoreus canadensis nigricapillus / Gray Jay. Il est silencieux et il s'envole pour se percher dans un conifère. Un mésangeai, c'est plutôt loquace habituellement et il n'est pas rare de l'entendre émettre des sifflements ou d'autres sons de contacts courts et variés. Pas celui-ci. Il ne reste pas longtemps en place et il disparaît vite en vol. En regardant mes photos, je constate que le culmen de son bec est allongé et recourbé vers le bas. La mandibule inférieure est courte, comme tronquée. Par manque de soin qui demande un bec normal, son plumage est hirsute et les plumes sont clairement en mauvaise condition. Une recherche sur le net m'amène à la conclusion que cet oiseau doit souffrir de la PBFD (Psittacine Beak and Feather Disease) ou maladie du bec et des plumes. Ses chances de survie sont malheureusement faibles.



Et voici la cerise sur le sundae, comme on le dit si bien. Cet immature d'Aigle royal / Aquila chrysaetos canadensis / Golden Eagle tournoie au-dessus de nos têtes en cette belle journée du 09 octobre alors que nous visitons l'endroit le plus sûr pour en trouver un, soit la Réserve Nationale de Faune du Cap Tourmente. Mais ils ne sont que de passage. Ce sont les migrations qui les amènent à traverser le secteur. Ces gros rapaces reviennent du sud vers la mi-mars et ils repartent vers la fin-septembre. Quelques individus peuvent rester l'hiver.



Le Bruant des marais / Melospiza georgiana ericrypta / Swamp Sparrow est assez facile à trouver au Cap Tourmente. Il faut le chercher dans les milieux humides comme ici au Marais des Graves. Comme la réserve possède plusieurs plans d'eau, ce ne sont pas les occasions qui manquent. À l'instar de bien des passereaux, il est curieux et il résiste mal à l'envie de se montrer à découvert dès qu'il entend un chuintement suspect. Mais il faut être rapide pour le photographier, car ça ne dure vraiment pas longtemps.



Et oui, c'est comme ça à la RNF du Cap Tourmente! On ne jamais ce qu'une sortie nous réserve. Alors que j'observe à la jumelle une grive dans la végétation, un flash gris pâle passe dans ma vision périphérique. Intrigué, je focalise vers l'endroit et j'identifie à l'oeil nu un rare Gobemoucheron gris-bleu / Polioptila caerulea caerulea / Blue-gray Gnatcatcher. Ce petit moucherolle nerveux est observé de temps à autres en période migratoire. En raison de sa petite taille, il peut facilement passer inaperçu. Son cri très faible et très aigu est caractérisque, mais encore faut-il l'entendre. Cet individu n'en a émis aucun.



J'adore cette espèce qui joue volontiers à cache-cache. Avec son imitation de miaulement de chat, elle nous fait connaître sa présence, mais on dirait qu'elle le fait pour nous narguer. Son manteau gris uniforme le rend difficile à déceler à travers un feuillage épais ou dans la pénombre des sous-bois. La seule couleur voyante se retrouve au niveau des plumes sous-caudales qui sont rousses.



Avec les dessous d'un jaune aussi éclatant, il est difficile de passer inaperçue pour cette belle Paruline à joues grises / Vermivora ruficapilla ruficapilla / Nashville Warbler. Même dans son plumage plus terne d'immature, son jaune reste évident. Ici, il s'agit probablement d'un adulte à cause du contraste  entre le jaune des parties inférieures et le gris de la tête.



Wow! Une autre belle prime en cette journée. Pierre Otis repère le plus petit des strigidés du Québec alors qu'il est bien caché dans un buisson. La Petite Nyctale / Aegolius acadicus acadicus / Northern Saw-whet Owl est un vrai petit bijou ailé. Malgré son allure inoffensive de toutou, sa petite taille et son faible poids, 20 cm et 80 g, elle demeure un prédateur très hargneux qui peut capturer des prises assez impressionantes en regard de sa propre grosseur. J'ai déjà observé une Petite Nyctale perchée à environ cinq mètres du sol, sur une branche d'un conifère... et assise sur un rat mort. J'étais ébahi de voir un si petit prédateur et une si grosse proie en comparaison. Et ensuite m'est venue la question qui tue "Mais comment a-t-elle fait pour transporter le rat sur cette branche?". La nature ne finira jamais de nous étonner.


@ bientôt pour la suite du mois d'octobre 2020.

 

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