dimanche 27 décembre 2020

Des oiseaux en pandémie (Juin 2020).


 

Trois mois maintenant que nos activités sont dictées par le souci et la volonté de ne pas être un vecteur de transmission de la pandémie. La région de Québec a été jusqu'ici bien épargnée en comparaison avec celle de Montréal. Ce qui nous fait faussement espérer qu'une deuxième vague ne sera pas si importante que celle annoncée par les autorités. Nos doutes et nos craintes ne sont heureusement pas partagés par la belle nature qui nous entoure. Pour plusieurs espèces d'oiseaux, juin est le mois des oisillons qui quittent le nid et qui nécessitent beaucoup d'attention des parents. 

Chez les nidicoles, i.e les oiseaux dont les jeunes naissent sans duvet et qui doivent passer plusieurs jours au nid, c'est une bonne période pour observer les incessants transports de nourriture faits par les parents. Chez les nidifuges, i.e. ceux dont les jeunes naissent avec du duvet et qui peuvent se nourrir par eux-mêmes quelques heures seulement après leur éclosion, c'est l'occasion de les voir accompagnés de leurs parents qui leur enseignent l'art de la survie en les protégeant d'abord de potentiels prédateurs. 

 

C'est le 5 juin 2020 que nous rencontrons cette petite famille de Bernache du Canada / Branta canadensis interior / Canada Goose à la Base de Plein Air de Sainte-Foy, ville de Québec. La nidification a débuté il y a une quarantaine de jours et les jeunes doivent être âgés d'environ une semaine. Une nichée peut contenir jusqu'à douze oeufs, mais le nombre moyen est de cinq ou six. Il se passe en moyenne 70 jours entre l'éclosion et le premier envol. Les deux parents peuvent être très protecteurs et agressifs, mais ils n'attaqueront habituellement pas quelqu'un qui s'approcherait lentement et respectueusement.

 

Cette femelle de Canard branchu / Aix sponsa / Wood Duck est accompagnée de 11 canetons et elle a niché sur le même site que les bernaches. Si la bernache niche au sol, il en est autrement du branchu qui niche dans des cavités d'arbres, principalement des anciens trous faits par le Grand Pic, ou dans des nichoirs mis à leur disposition. On peut d'ailleurs en trouver quelques uns à la BPASF. Son lieu de nidification peut se situer jusqu'à deux kilomètres de l'eau. Ce canard est particulièrement friand des différentes noix disponibles en forêt ; on a découvert jusqu'à 56 glands dans la gorge et le jabot d'un individu. La femelle peut pondre entre neuf et douze oeufs sur un lit de duvet. Les oisillons se servent de leurs griffes pour grimper le long du tronc intérieur et se hisser jusqu'à la sortie du nid. Même si cette ouverture peut être jusqu'à 15 mètres au-dessus du sol, les jeunes n'hésitent pas longtemps à sauter dans le vide, encouragés par les cris de leur mère qui les attend au sol.

 

Le Busard des marais / Circus cyaneus hudsonius / Northern Harrier est le plus souvent observé alors qu'il chasse en maraude au-dessus des grandes zones herbacées, communes dans les milieux ouverts de nos campagnes. Il vole habituellement bas (< 3 mètres du sol) et de façon erratique, pouvant changer de direction à tous moments. À l'instar des hiboux, ils possèdent des disques faciaux paraboliques qui permettent la localisation des proies par les sons qu'elles émettent. Rencontre faite le 7 juin dans le comté de Lotbinière.

 

Le Coulicou à bec noir / Coccyzus erythropthalmus / Black-billed Cuckoo est parmi les derniers migrateurs à nous revenir au printemps. Il ne perd pas de temps pour chercher un territoire et un partenaire. Il est très discret et son plumage se marie très bien au feuillage déjà bien présent dans les arbres au début de juin. En fait, s'il n'était pas si bavard de temps à autres, il passerait facilement incognito. Il peut répéter pendant de longues minutes un "cou-cou-cou" caractéristique. Il émet ce cri lorsqu'il est assis sur son nid, en vol ou tout simplement perché bien droit et camouflé parmi les feuilles. Contrairement aux cuculidés de l'Ancien Monde qui pondent toujours leurs oeufs dans le nid d'autres espèces, notre coulicou s'occupe normalement de toutes les facettes de la nidification.  Je mentionne < normalement > parce que lorsque la nourriture est moins disponible sur son site de nidification, il lui arrive de pondre dans le nid d'autres espèces parmi lesquelles se retrouvent le Coulicou à bec jaune, le Moqueur chat, le Pioui de l'Est, le Jaseur d'Amérique, la Grive des bois ou la Paruline jaune. Rencontré le 7 juin 2020 dans le comté de Lotbinière.

 

La Paruline masquée / Geothlypis trichas trichas / Common Yellowthroat est l'une des parulines les plus communes au Québec. Malgré sa préférence pour les milieux humides, on peut la rencontrer dans une grande variété d'habitats. Son chant énergique et enjoué < ouititi-ouititi-ouititi-ouit > est entendu régulièrement et à toutes heures du jour dès son arrivée à la fin mai. Et pourtant, elle reste méconnue par les gens en général. Le 7 juin 2020 à  Ste-Croix-de-Lotbinière.

 

Voici une scène que l'on observe de temps en temps lorsqu'un corvidé aperçoit un rapace qui passe en vol au-dessus de son territoire. Il s'agit ici d'une Corneille d'Amérique / Corvus brachyrhynchos brachyrhynchos / American Crow qui harcèle une Buse à queue rousse / Buteo jamaicensis borealis / Red-tailed Hawk afin que cette dernière quitte son espace de vie. Dès que la buse sort de son territoire, la corneille abandonne sa chasse... mais elle est souvent relayée par une autre corneille qui voit son propre territoire envahi par l'oiseau de proie. Pas toujours facile la vie de rapace. Observé le 8 juin 2020 à Baie-du-Febvre, comté de Nicolet.

 

En voilà un autre qui est super abondant en campagne, le long des milieux ouverts, ou près des milieux humides. On le retrouve également en forêt boréale, autour des lacs, des marécages naturels ou dans les étangs créés par les barrages de castors. Le Carouge à épaulettes / Agelaius phoeniceus phoeniceus / Red-winged Blackbird est très territorial et il n'hésite pas à chasser toutes créatures qui envahissent sa niche écologique. Il est facilement reconnaissable à ses épaulettes rouges. Photographié le 8 juin, le long de la route Janelle, près du grand marais à Baie-du-Febvre.

 

L'Érismature rousse / Oxyura jamaicensis / Ruddy Duck est rare au Québec. Les endroits où on peut compter la trouver à coup sûr se compte sur les doigts d'une main. Ce petit canard plongeur ne semble pas coller au même endroit pendant bien des années. En fait, le plus sûr endroit se situe le long de la route Janelle à Baie-du-Febvre. C'est ce qui nous amène là année après année en juin.

 

Cette année, c'est la première fois que des nichoirs à Hirondelle noire / Progne subis subis / Purple Martin sont installés près du fleuve à Baie-du-Febvre. Et nous sommes à même de constater le succès de cette entreprise. Déjà quelques couples ont pris possession des logements mis à leur disposition. C'est vraiment une très bonne nouvelle, car cette espèce grégaire est en régression depuis déjà plusieurs années au Québec. Ici, un mâle se tient au sol à la recherche d'insectes ou de matériaux pour tapisser son nid.

 

Même si ce jeune mâle de Passerin indigo / Passerina cyanea / Indigo Bunting ne revêt pas encore sa robe d'adulte qui serait d'un bleu uniforme, il ne manque pas de virtuosité dans son chant. De petite taille et favorisant la végétation dense pour s'abriter, se nourrir et nicher, on ne le voit que rarement. D'autant plus que son plumage d'un bleu éclatant devient très mat lorsque l'oiseau se tient à l'ombre. Capté le 8 juin 2020 à Port-Saint-François, comté de Nicolet.

 

Ce couple de Maubèche des champs / Bartramia longicauda / Upland Sandpiper semble avoir trouvé un bon territoire pour la nidification. La majorité des couples de cette espèce sont déjà formés avant leur arrivée sur les aires de reproduction. Une fois sur place, ils signalent leur présence en émettant un sifflement fort et mélodieux. Le 9 juin 2020 à Notre-Dame-de-Lourdes.

 

Le plumage foncé et tacheté de la Bécassine de Wilson / Gallinago delicata / Wilson's Snipe lui permet de se confondre facilement avec les milieux humides qu'il arpente méthodiquement, sondant de son bec le sol mou à la recherche de nourriture. Le 9 juin 2020, à Notre-Dame-de-Lourdes.

 

Le Moucherolle à ventre jaune / Empidonax flaviventris / Yellow-bellied Flycatcher est notre Empidonax le plus inféodé à la forêt boréale. Il n'est que de passage au printemps et à l'automne dans les forêts décidues du sud de la province. Très discret, la meilleure façon de connaître sa présence est par son cri, un < tchou-oui > semblable à celui du Pioui de l'Est / Contopus virens / Eastern Wood-Pewee.  Notre-Dame-de-Lourdes, le 9 juin 2020.

 

Le plumage soyeux du Jaseur d'Amérique / Bombycilla cedrorum cedrorum / Cedar Waxwing, sa huppe, son caractère peu farouche et son cri sifflé sont autant d'éléments qui attirent l'attention. Ce nicheur migrateur abondant, au comportement très sociable, ne possède pas de chant; la communication entre individus se limite à quelques cris. Mâles et femelles possèdent un plumage identique. Le 13 juin 2020 à la réserve naturelle du Marais-Léon-Provancher à Neuville.

 

Dès son arrivée, la Sturnelle des prés / Sturnella magna magna / Eastern Meadowlark fait entendre un long chant sifflé constitué de quatre ou cinq notes mélodieuses, qui ne peut être confondu avec celui d'aucune autre espèce. Le large < V > noir qui contraste avec le jaune voyant de sa poitrine permet de le reconnaître facilement. Dans la région de Québec, sa population ne cesse de péricliter depuis les années 1960. Près de Québec, on compte sur les doigts d'une seule main les endroits où on peut encore l'observer. Capté le 13 juin 2020 dans le comté de Portneuf.

 

Le Bruant des prés / Passerculus sandwichensis mediogriseus / Savannah Sparrow est un petit bruant rayé présent dans les milieux ouverts à vocation agricole, en bordure des cours d'eau, de même que dans les prés et les dunes herbeuses le long de la côte. Il est absent dans les régions où la couverture forestière est dense. Malgré des baisses dans sa population, il reste quand même assez commun. Il se distingue de son cousin, le Bruant chanteur / Melospiza melodia melodia / Song Sparrow, par ses dimensions moindres, son sourcil jaune, sa queue plus courte et son chant distinctif. Le 15 juin 2020 à Gros Cacouna, Bas-Saint-Laurent.

 

Après vous avoir présenté le Moqueur chat / Dumetella carolinensis / Gray Catbird et le Moqueur roux / Toxostoma rufum rufum / Brown Thrasher dans mon billet précédent, voici maintenant le plus gros de la famille des mimidés, le Moqueur polyglotte / Mimus polyglottos polyglottos / Northern Mockingbird. Même s'il s'observe de plus en plus depuis les années 1990, il est encore très peu fréquent au Québec.  Observé le 15 juin 2020 à Rivière-Trois-Pistoles, Bas-Saint-Laurent.

 

Tôt durant la première moitié de juin, à l'aube et au crépuscule, on voit souvent des mâles du Moucherolle des aulnes / Empidonax alnorum / Alder Flycatcher affirmer avec force leur présence en chantant de perchoirs bien en évidence. À l'instar des autres Empidonax, son chant permet de l'identifier à coup sûr. Son < fri-bi-o > nasillard est caractéristique. Le 16 juin 2020 à Métis-sur-mer, Bas-Saint-Laurent.

 

Une belle surprise nous attendait en ce matin du 16 juin 2020, près du quai de Sainte-Luce-sur-Mer, dans le Bas-Saint-Laurent. La Mouette de Franklin / Leucophaeus pipixcan / Franklin's Gull niche à l'ouest des Grands Lacs et elle hiverne le long des côtes de l'Amérique du Sud. C'est par milliers qu'elles se retrouvent le long des côtes du Pérou où j'ai eu la chance d'en rencontrer en novembre 2010. Étant une migratrice de longue distance, elle peut facilement dévier de son corridor migratoire pour venir faire son apparition au Québec lors des migrations printanières ou automnales.

 

La Paruline jaune / Setophaga petechia amnicola / Yellow Warbler est comme un véritable rayon de soleil qui s'infiltrerait dans les sous-bois ou les zones inaccessibles à l'astre lumineux . Active, énergique et très territoriale, le moindre chuintement émis la fait sortir de la végétation pour voir ce qui se passe sur < son > territoire. C'est exactement ce qui s'est produit le 16 juin 2020 à Métis-sur-Mer. 


 

@ bientôt pour la suite de l'année 2020.

 

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