Exclusivement végétarien, il se nourrit de bourgeons, bulbes, cônes, feuilles, fleurs, fruits, graines, pollen et des racines de nombreux végétaux, en fonction des disponibilités. Source: Wikipedia. |
Même dans la région montagneuse du Fjordland, dans l'île du Sud, réputée peu accessible, la petite population de Kakapos diminue rapidement au cours des années 1960. Plus récemment, vers 1970, l'espèce est même déclarée éteinte, car tous les oiseaux connus sont des mâles.
En 1976, l'histoire du Kakapo connaît un important rebondissement, lorsqu'une petite population est découverte sur un peu plus de 500 km carrés, dans une région reculée de l'île de Stewart. Or, cette population comporte quelques femelles, ce qui permet d'espérer la survie de l'espèce. Des recherches intensives sont menées et un programme de transfert des oiseaux vers des sites plus sûrs mis en place. En 1985, les effectifs de l'espèce sont estimés à 50 individus dont 12 femelles. Cependant, cette année-là, aucun poussin ne survit.
Voici un tableau, établi en 1999, montrant le nombre connu des Kakapos (source Wikipedia):
Femelles | Mâles | ||||
Subadultes | Adultes | Subadultes | Adultes | Totaux | |
Fjordland | Probablement éteint depuis 1987 | ||||
Stewart Island | Population relocalisée entre 1980 et 1997 | ||||
Codfish Island | 4 | 12 | 3 | 16 | 35 |
Maud Island | 2 | 7 | 4 | 4 | 17 |
Little Barrier Island | 0 | 1 | 0 | 0 | 1 |
Chetwode Island | 0 | 0 | 0 | 3 | 3 |
Pearl Island | 0 | 0 | 0 | 6 | 6 |
Totaux | 6 | 20 | 7 | 29 | 62 |
Le Kakapo ne ressemble à aucun autre perroquet, sauf peut-être à la Perruche nocturne (Geopsittacus occidentalis) ou à la Perruche terrestre (Pezoporus wallicus), qui toutes deux vivent en Australie, où elles sont également très rares. Les Kakapos sont de gros oiseaux, les mâles pèsent plus de 3,5 kg en période de reproduction et mesure 66 cm de long; les femelles, plus petites, ne pèsent que 1,5 kg. Leurs muscles pectoraux, peu développés, ne leur permettent pas de voler. Ils ne peuvent que sauter ou se laisser tomber, les ailes étendues, d'une hauteur de quatre à cinq mètres. Cependant, ils courent à une vitesse surprenante, avec une étonnante agilité, dans des broussailles si denses qu'ils échappent facilement à la capture.
Ce sentier bien tracé fait partie de l'aire d'une arène de parade nuptiale aménagée par le groupe de mâles qui la partage. Source: Demain les Oiseaux (1989) |
Les parades du Kakapo sont sans doute l'un des aspects les plus curieux et les plus insolites de son comportement hors du commun. Les Maoris et les premiers explorateurs européens avaient remarqué un réseau complexe de pistes bien délimitées, qui traversaient les forêts des versants montagneux où vivaient les Kakapos. Les Européens pensèrent qu'il s'agissait des traces de chasseurs maoris et ils furent intrigués de les trouver encore aussi nettes des années après que les Maoris avaient cessé de les fréquenter. Ces chemins traversaient de curieuses dépressions en forme de cuvette. La végétation des bords était curieusement hachée, car des boulettes de feuilles ou de tiges pendaient à l'extrémité des plantes. Les Maoris savaient que ces sentiers étaient ceux des Kakapos, et ils croyaient que les oiseaux les empruntaient pour se déplacer à travers la forêt. Ils n'ignoraient pas non plus que le grondement extraordinaire qui résonnait certaines nuits d'été était produit par les Kakapos. Ils racontaient même que cet appel ne s'entendait que tous les cinq ans, lorsque les fruits du kiekie sont mûrs. Leur explication des dépressions étaient que les oiseaux les utilisaient pour entretenir leur plumage. Des récents travaux menés sur les quelques Kakapos survivants ont appris que les pistes étaient effectivement aménagées par les oiseaux, ainsi que les arènes, mais que leur usage n'était pas celui présumé. Seuls les mâles tracent les chemins et plusieurs d'entre eux partagent un même réseau, qui forme une aire de parade nuptiale.
De même, les Kakapos se reproduisent plus souvent que tous les cinq ans, comme le voulait la tradition maori. Cependant, il a été confirmé que l'appel des mâles ne s'entendait pas tous les ans. Cet appel singulier est certainement lié à la reproduction; on peut en déduire que celle-ci n'est pas annuelle, mais probablement liée à une certaine abondance des ressources alimentaires. Un mâle est capable de lancer son appel plusieurs nuits de suite, pratiquement sans discontinuer, avant de trouver un partenaire. Une telle activité, à laquelle s'ajoutent l'entretien régulier des voies qui desservent les différentes arènes de l'aire de parade et les conflits entre les mâles rivaux, explique pourquoi la période de reproduction est un moment aussi difficile. Les femelles, pour leur part, doivent couver et élever seules leurs poussins. Ainsi, mâles et femelles doivent être certains de trouver à proximité suffisamment de nourriture durant toute cette période.
Les curieuses boulettes de feuilles et de tiges mâchées qui ornent les plantes bordant les pistes des Kakapos sont dues au fait que les oiseaux broient les végétaux, pour en extraire les sucs, sans les arracher. Les fibres roulées dans leur bec par la langue forment ainsi des pelotes de cellulose. Celles qu'ils coupent sont, au contraire, tranchées comme par un sécateur. Ils se nourrissent d'une grande variété de plantes, dont ils consomment différentes parties depuis les fleurs, les feuilles, les fruits et de jeunes plantules, jusqu'aux racines qu'ils déterrent. Comme chez tous les Psittacidés, la mastication est effectuée par le bec, alors que les autres oiseaux utilisent leur gésier musculeux, souvent garni de petits graviers, pour broyer leurs aliments. Le gésier des perroquets est, au contraire, très rudimentaire, dans la mesure où sa fonction a été remplacée par leur bec.
Et voilà qu'un nouvelle en date d'hier, le 01 février 2012, et glanée sur le site du Otago Daily Time http://www.odt.co.nz/news/dunedin/196276/second-kakapo-death-month , nous dévoile une bien triste nouvelle. Sandra, une femelle Kakapo découverte sur Stewart Island en 1992, est retrouvée morte sur Anchor Island où elle avait été relocalisée. Le harnais, auquel était attaché un radio-émetteur, est le responsable de sa mort. L'oiseau s'est faufilé dans un enchevêtrement de branches et la courroie s'est malencontreusement prise de façon à empêcher l'oiseau de se libérer de sa fâcheuse position. Normalement, ce harnais est conçu pour se détacher de lui-même lorsque l'oiseau est emprisonné d'une façon ou de l'autre. C'est quand même paradoxal de constater que l'instrument permettant le suivi essentiel d'un oiseau en état critique d'extinction ait, en fait, constitué la cause principale de sa mort. Sandra n'aura jamais connu un grand succès au niveau de la procréation, n'ayant élevé finalement qu'un seul rejeton, Morehu, en 1999. La femelle ne peut procréer avant l'âge de 7 ans et elle ne le fera pas à toutes les années subséquentes. Les Kakapos nichent dans la végétation au sol, sur des rochers ou dans des cavités, entre des racines d'arbres. Ils pondent de 2 à 4 oeufs blancs. Même lorsqu'ils ne nichent pas, ils se tiennent de préférence dans un creux, sous un surplomb, sur la branche basse d'un arbre ou dans les buissons. Cette habitude les rend très vulnérables aux chats, aux hermines, et même aux rats. En une seule année, pas moins du quart des Kakapos qui avaient été recensés sur un site ont été dévorés par des chats.
Le contrôle de ces chats est une priorité dans le programme de conservation des Kakapos, mais la meilleure solution est encore le transport des oiseaux sur des îles où ils retrouveront un habitat à leur convenance, sans prédateurs ni concurrents. Les derniers transferts semblent avoir réussi et désormais il sera possible d'aider cet étonnant oiseau à survivre pour que puissent en profiter les générations futures.
Le 11 mars 2009, l'organisation Terra Nature annonce que le Department of Conservation (DOC) a recensé 103 Kakapos, en considérant la survie de tous les derniers-nés. En date du 3 juin 2011, il y avait 131 Kakapos.
En fin de semaine dernière, j'ai observé un groupe de Jaseurs boréaux / Bombycilla garrulus / Bohemian Waxwing près de chez moi, en banlieue de Québec, plus précisément à Sillery. Il y en avait facilement plus de 100. Soit sensiblement le nombre total des Kakapos restant sur la planète bleue. C'est déplorable de penser qu'une espèce aussi unique au monde soit si près de rejoindre les rangs des espèces disparues à jamais de la surface de la terre. Pourquoi ne nous réveillons-nous jamais à temps ?
3 commentaires:
Le Graal de la gente Psittacidé!
Une bel article de et oiseau mythique dont il reste en effet quelques dizaines de couples, grâce au travail formidable accompli pour le sauver de l'extinction!
J'avais été contactée, il y a environ 20 ans pour participer à ce sauvetage, mais mon élevage était bien trop prenant pour que je puisse quitter mes perroquets plusieurs mois...
Un regret qui traine encore au fond de mon cœur!!
Merci pour cet article très intéressant.
Quel incroyable oiseau !
Merci à vous deux pour votre visite et votre commentaire.
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