vendredi 14 septembre 2018

En cette période de migration automnale..




Selon le blog LeBonSalon.com, une estimation de 31 milliards d'oiseaux a été évaluée au niveau planétaire. La variété d’espèces est extraordinaire. Il y a en effet plus de 10 461 espèces d’oiseaux d’après l’organisation BirdLife !  Le plus grand nombre d’espèces d’oiseaux est présent dans la zone des forêts tropicales qui se situe au niveau de la ligne de l'équateur tout autour de la planète bleue. La liste des vingt pays abritant le plus d’espèces d’oiseaux témoigne d’ailleurs de cet élément. Six des sept pays les plus riches pour les oiseaux sont en Amérique du Sud. La Colombie est le pays hébergeant la plus haute diversité avec 1799 espèces, suivi du Pérou (1772 espèces), du Brésil (1704 espèces) et de l’Équateur (1689 espèces). Les autres régions à forte diversité d’oiseaux sont l’Afrique et l’Asie. Six des vingt pays les plus riches sont en Afrique : la République démocratique du Congo, le Kénya et République Unie de Tanzanie ont chacun plus de 1000 espèces d’oiseaux. En Asie, l'Indonésie héberge la diversité la plus élevée (1561 espèces), suivie de la Chine (1237 espèces) et de l'Inde (1178 espèces).

Au Québec, le gros de la manne migratrice provient du nord de la province. Les espèces qui ont niché dans la toundra ou en forêt boréale profitent des bonnes conditions climatiques pour entreprendre une migration qui conduira certaines espèces jusqu'en Terre de Feu ou même jusqu'en Antarctique.


Nous nous retrouvons maintenant dans une partie de l'année où des observations inusitées de l'avifaune peuvent nous surprendre à tout moment. C'est ce qui rend les débuts d'automne excitants. La principale cause est certainement la mouvance migratrice qui fait se déplacer un bon pourcentage du cheptel aviaire. Les oiseaux quittent leur territoire de nidification pour se diriger vers leur territoire d'hivernage. Bien sûr, quelques espèces sont résidentes ou se déplacent peu, que ce soit horizontalement ou verticalement parlant, mais le froid qui prend place progressivement plus au nord ne donne pas trop de choix aux oiseaux de s'envoler vers des endroits plus accueillants. Et non, ce n'est pas la baisse marquée de température qui, à elle seule, fait fuir les oiseaux. C'est juste que la source de nourriture se dégrade et peut même disparaître complètement à mesure que le gel s'installe. Certaines espèces frugivores ou granivores peuvent survivre à l'hiver. De même que les mésanges, les sittelles, les grimpereaux et les pics qui inspectent minutieusement chaque interstice de l'écorce des arbres ou qui forent les troncs et les branches afin de déloger des larves, des oeufs d'insectes ou tout autre arthropode en état d'hibernation.



Le bec mince de cette Sittelle à poitrine blanche / Sitta carolinensis carolinensis / White-breasted Nuthatch lui permet de fouiller dans chaque anfractuosité de l'écorce pour y dénicher une source de nourriture indispensable à sa survie durant la saison froide.

Les passereaux migrent surtout de nuit, ils évitent ainsi les attaques de prédateurs qui les suivent dans leur déplacement. Ce faisant, leur passage peut facilement passer inaperçu, surtout si les conditions climatiques sont idéales et leur permettent de longs vols sans escale. En cas de conditions adverses (fortes pluies, froid subit, brume...), les oiseaux sont obligés de toucher terre et c'est ce qui explique qu'une région peut être envahie par une masse d'oiseaux alors qu'il n'y en avait pas quelques heures auparavant. Une situation que les ornithologues et les photographes souhaitent ardemment. Dès que les conditions redeviennent idéales, ce qui peut prendre une journée ou deux, ils disparaissent aussi vite qu'ils sont arrivés.

L'un des endroits réputés au Québec pour inventorier les migrations des oiseaux est l'Observatoire des Oiseaux de Tadoussac (OOT). Une équipe d'observateurs chevronnés occupent un ou deux endroits stratégiques en haut des dunes de Tadoussac, sur la rive nord du fleuve Saint-Laurent. Les suivis se font lors de la migration automnale alors que l'organisme a assez de fonds pour engager des biologistes ornithologues rigoureux et passionnés. Et voilà que le 28 mai 2018, une journée historique de plus de 721,620 individus a été recensée. Oui, vous avez bien lu, en une seule journée. Peut-on extrapoler que plus d'un million d'oiseaux ait rejoint les régions accueillantes du nord québécois le printemps dernier  ? Et que dire de la migration automnale alors que les rangs des migrateurs peuvent compter sur l'ajout des nouveaux-nés ? Ça donne le vertige.


Cet immature de Paruline obscure / Oreothlypis peregrina / Tennessee Warbler a été photographié  le 20 août 2018 au Marais Provancher, Neuville, Québec.


Il peut arriver également de trouver des espèces d'oiseaux qui sont hors de leur aire de distribution normale. On parle alors d'un "égaré" ("vagrant" pour les anglophones). Il s'agit souvent d'un individu qui, pour des raisons inexpliquées, "perd le nord" et se dirige dans une direction différente ou opposée à ce qu'il aurait dû prendre normalement. Au lieu de migrer vers le sud, il le fait vers le nord, vers l'est ou vers l'ouest. Il s'agit souvent d'immatures qui en sont à leur première migration. On parle alors de dispersion post-nuptiale. Ce phénomène se vérifie beaucoup chez les ardéidés (les aigrettes, les hérons...). Il y a également les espèces vivant sur la côte est de l'Amérique du Nord et qui sont poussées vers nous par les ouragans qui naissent au mois de septembre dans l'Atlantique (aussi loin qu'au large de l'Afrique du Sud). La force de ces vents peuvent même causer l'apparition d'espèces pélagiques à l'intérieur des terres.    

Du 2 au 10 septembre 2018, voilà qu'une espèce d'une grande beauté, la beauté provenant quelquefois non seulement de la splendeur du plumage, mais également de la morphologie atypique de l'oiseau, apparaît près de Normandin, au nord ouest du lac Saint-Jean. Je n'ai malheureusement pas eu la chance de l'observer au Québec, mais voici une prise faite le 29 novembre 2016 le long de la route vers Cucuta, en Colombie, Amérique du Sud. Il s'agit du Tyran des savanes.


Le mâle du Tyran des savanes / Tyrannus savana monachus / Fork-tailed Flycatcher exhibe une queue très longue.

Le 12 septembre 2018, Jessé Roy-Drainville observe une espèce rarement observée au Québec soit le Moucherolle à ventre roux / Sayornis saya saya / Say's Phoebe. Ça se passe dans le rang Saint-Joseph, à Les Bergeronnes, Haute-Côte-Nord.  Il s'alimente en capturant des insectes en vol à partir des différents poteaux de clôture, le long d'un champ d'avoine.



Je photographie ce Moucherolle à ventre roux le 10 mai 2018 à San Pedro House, près de Sierra Vista, Arizona, USA.

Le 11 septembre 2018, Jean-Étienne Joubert découvre un Traquet motteux / Oenanthe oenanthe leucorhoa / Northern Wheatear à l'est du quai de Notre-Dame-des-Neiges (Rue de la grève devant le numéro 112). Il s'est déplacé un peu vers l'ouest en longeant le fleuve et il se trouve maintenant (le 14 septembre) à l'embouchure de la rivière Trois Pistoles. Cette espèce apparaît presque annuellement au Québec. Le 04 septembre 2017, j'ai photographié cette espèce le long du chemin de la Grève à Rivière Ouelle, près de Rivière du Loup...



...ainsi que celui-ci, le 2 octobre 2013, à Saint-Antoine-de-Tilly, comté de Lotbinière, Québec.




Toujours à l'embouchure de la Rivière Trois Pistoles, c'est le 22 août 2015, que Anne et moi, repérons le Chevalier semipalmé / Tringa semipalmata semipalmata / Willet trouvé depuis peu par un ornithologue. Si je ne peux prendre de photo à cause de la distance trop grande entre lui et moi, je l'avais fait quelques mois plus tôt, le 04 mai 2015 à San Carlos Beach, Floride, USA.




Je pourrais continuer comme ça assez longtemps, mais, avant de terminer, je voudrais vous présenter  une espèce qui aurait beaucoup de chances d'apparaitre bientôt sous les cieux québécois. Elle est présente chez nous habituellement soit au mois de mai, soit au mois d'octobre. En fait, lors des migrations. Il s'agit du Héron gardeboeuf / Bubulcus ibis ibis / Cattle Egret. C'est le 27 octobre 2010 à Nicolet que Anne et moi observons notre dernier au Québec. Il y a eu d'autres mentions depuis, mais cet oiseau ne colle pas longtemps à un site. Règle générale, il mérite bien son nom de gardeboeuf, car il aime suivre les troupeaux de bovins qui sont encore présents dans les champs. En se déplaçant, même si ce n'est que très lentement, les bovidés font s'envoler des insectes qui atterrissent souvent dans le bec de l'oiseau.

Il semble quelques fois exister une certaine complicité entre le héron et le ruminant qu'il accompagne. L'oiseau semble chuchoter quelque chose à l'oreille de son gros compagnon. Autant au Québec...



... qu'en Inde. Photo réalisée le 4 novembre 2014 près du Hornbill camp, sud de l'Inde.




Les limicoles sont encore présents en assez bon nombre et ils envahissent les zones intertidales à marée basse. C'est le temps de profiter de leur présence pour en apprendre davantage sur leurs comportements. La nature nous offre jour après jour des occasions de s'extasier. Elle ajoute de la vie à notre vie. Profitons-en.


@ bientôt.



6 commentaires:

Suzanne a dit…

J'adore tes billets Laval. J'aime aussi depuis quelques années, tu puisses les agrémenter de tes belles photos. Merci du partage.

Laval Roy a dit…

Merci beaucoup Suzanne. Très motivant pour la suite.

Unknown a dit…

Merci Laval pour ce beau texte que j'ai lu avec beaucoup de plaisir

yosabrams0918 a dit…
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
lejardindelucie a dit…

Très intéressantes ces observations sur les migrations et je suis contente d'y voir le Héron garde boeufs que je vois presque quotidiennement dans des jardins un peu humides mais sans les boeufs!
Le Traquet motteux est aussi un beau visiteur d'été dans nos garrigues d'altitude.

eddyshaw9272711 a dit…

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