vendredi 17 août 2018

L'importance de documenter les observations litigieuses



L'observation des oiseaux est une activité très stimulante et passionnante, mais il arrive à l'occasion d'éprouver un peu de frustration lors que nous nous retrouvons devant une espèce qui cause des problèmes d'identification. Et ceci est d'autant plus vrai lorsque nous sommes en terrain inconnu pouvant abriter des espèces peu ou jamais observées par nous dans le passé.

Le 5 mai 2018, Anne et moi sommes sur l'arête sud du Grand Canyon en Arizona. À cette date et à cet endroit, il est possible de croiser trois espèces de bruants du genre spizella : les Bruant familier, Bruant des plaines et Bruant de Brewer. En plumage adulte, il est quand même assez facile de les différencier. Mais les individus en plumage immature peuvent compliquer allégrement l'identification. Même pour les ornithologues habitués. Nous savons que les rencontres avec nos amis emplumés se font souvent rapidement et il est alors facile de manquer des détails pouvant mener à une reconnaissance hors de tout doute. Dès notre arrivée, des petits groupes de bruants attirent notre attention. Parmi plusieurs Bruants familiers qui furètent au sol, nous découvrons un Bruant des plaines en plumage adulte et nous confirmons son identité assez facilement. Mais il échappe à l'oeil cyclopéen de mon Canon. Trop de branches entre lui et la caméra, impossible de faire une photo potable. Cependant, voici un individu que je peux capter...


Au premier coup d'oeil, l'identification de ce bruant peut comporter une certaine difficulté. L'oiseau bouge continuellement et nerveusement. Une bande roussâtre au-dessus du sourcil et une raie médiane grise au niveau de la couronne peuvent nous faire pencher vers le Bruant des plaines. De plus, il ne semble pas y avoir de ligne continue entre l'oeil et le bec. Le trait caractéristique à observer est le croupion nettement gris qui contraste avec dos. Il s'agit bien d'un Bruant familier, car les deux autres bruants ont le croupion brunâtre.


Alors que Anne est hors de portée de voix pour moi, un oiseau se présente pendant quelques secondes et je préfère ma caméra à ma jumelle pour capter des images qui seront plus fidèles que ma mémoire.


Mais quel est cet oiseau ? Finement rayé au niveau de la couronne, pas de trait visible entre l'oeil et le bec, cercle péri-oculaire apparent. Même si je ne vois pas la couleur du croupion,je penche vers un possible Bruant des plaines.

  
Cette position permet de voir maintenant le croupion qui n'est définitivement pas aussi grisâtre que celui du Bruant familier. Mon idée va encore vers le Bruant des plaines.

 
Et voilà la photo qui ne laisse plus aucun doute. La nuque finement rayée à sa largeur et les rayures qui se rendent jusqu'à celles plus prononcées du dos permettent d'identifier avec certitude un Bruant de Brewer / Spizella breweri breweri / Brewer's Sparrow.

Désireux d'avoir l'avis d'experts en la matière, je poste un message sur le forum de discussion américain Birdwing. Je reçois un message de la sommité en la matière, Nick Lethaby, qui confirme qu'il s'agit bien d'un Bruant de Brewer. Tony Leukering mentionne un possible Bruant de Taverner / Spizella taverneri / Timberline Sparrow à cause du patron prononcé au niveau de la tête et du gris du manteau. Cependant, il est très difficile d'aller plus avant avec cette identification seulement basée sur des photos.

Pour moi, il s'agit des premières photos prises de cette espèce et j'en suis bien excité. C'est pour dire qu'il ne faut jamais hésiter à capter des images lorsque l'occasion se présente. Ce qui est important, c'est de photographier le sujet dans différentes positions de façon à le voir sous tous les angles. Plus facile après d'arriver à se faire une idée plus précise. Bien entendu, il faut que le sujet soit collaborateur et ça... c'est une autre paire de manches.

@ bientôt.


   

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