J'ai fait une belle rencontre dernièrement à l'Île-aux-Basques alors que ma route croise celle d'une petite famille de Jaseurs d'Amérique / Bombycilla cedrorum cedrorum / Cedar Waxwing. Ce sont les cris stridents et incessants d'oiseaux immatures qui attirent d'abord mon attention. Je repère sans trop de difficulté une femelle qui nourrit deux jeunes très affamés, en régurgitant fruits ou insectes présents dans son jabot. Ces derniers sont déjà capables d'un vol bref qui leur permet de changer de perchoirs, mais sur de courtes distances.
Et c'est ce qui me permet de retrouver nos deux amis sur une branche un peu plus basse, plus à mon niveau. Ils attendent patiemment le retour du parent parti cueillir des fruits ou attraper des insectes. Maintenant silencieux, ils suivent les allés et venus de leur mère. Lorsqu'elle revient pour les nourrir, ils recommencent ce tapage qui permet au parent nourrisseur de les retracer dans la végétation. Vous remarquerez sur cette photo le jaune à la commissure du bec. Un trait commun aux jeunes oiseaux immatures au stade du nourrissage.
Les jaseurs appartiennent à la famille des bombycillidés qui regroupe un genre (Bombycilla), trois espèces (d'Amérique, boréal et du Japon) et 6 sous-espèces
Bombycilla garrulus garrulus
Bombycilla garrulus centralasiae
Bombycilla garrulus pallidiceps
Bombycilla japonica
Bombycilla cedrorum cedrorum
Bombycilla cedrorum larifuga
Voici les trois espèces illustrées dans le volume 10 du Handbook of the Birds of the World.
Bien que les jaseurs soient trapus et dodus, tous s'accordent pour leur accorder une élégance peu commune. Cette impression est accentuée par une huppe érectile, un plumage dense, soyeux et coloré, un masque et un menton noirs bien délimités et des ailes longues aux primaires foncées et décorées de marques jaunes ou blanches selon l'espèce. La queue courte porte une bande terminale colorée. Elle est rouge pour le Jaseur du Japon, jaune ou orange pour les deux autres espèces. Chez les adultes des deux espèces américaines, les bouts des rachis des plumes secondaires sont aplatis et d'un rouge brillant qui fait penser à de la cire (wax), d'où la provenance de leur nom anglais.
Et voici un adulte de Jaseur d'Amérique arborant ces mêmes gouttelettes cireuses. Photographié le 8 septembre 2013 au Cap Tourmente, près de Saint-Joachim, Québec |
Dès que nous sommes en mesure d'associer les sons émis par le jaseur avec l'oiseau lui-même, il est facile de comprendre l'origine de leur nom français. Que ce soit au repos ou en vol, le jaseur émet très souvent un trille bref, doux et faible. Ce son peut même s'avérer inaudible chez les personnes qui ne sont pas dotées d'une ouïe excellente. Cette incapacité d'émettre un chant fort et audible de loin est assez inhabituelle chez la majorité de nos passereaux. Mais leurs habitudes de vie expliquent ce caractère. L'esprit de territorialité n'est pas très élevé chez les jaseurs qui passent la majorité de l'année en groupes dans lesquels les mâles et les femelles sont déjà en contact étroit dès le début de la période de reproduction. Dès que les groupes se défont, les couples n'ont pas à proclamer leur présence.
Aux oreilles du profane, l'oiseau semble toujours émettre le même son, mais des études prouvent qu'il en est autrement. Le répertoire vocal du Jaseur d'Amérique est peut-être le plus connu des trois espèces et il peut servir de référence pour comprendre celui des deux autres espèces. Le son émis le plus fréquemment peut être traduit par un "bzeeee", une structure de base à la naissance d'une large catégorie de sons. C'est ainsi que le "bzee call" de base peut se transformer en "social call", "location call", "contact call", "warbling call" ou "courtship call". Oui, on peut dire que le jaseur aime jaser.
Plusieurs aspects de la morphologie et des comportements du jaseur sont
induits par le fait qu'il est frugivore. L'ouverture du bec est très
grande et lui permet d'avaler tout rond les petits fruits.
En espérant que cette petite "jasette" vous fera mieux connaître cette famille spectaculaire.
@ bientôt.
2 commentaires:
Très beau billet une fois de plus ! J'apprends davantage sur les oiseaux en lisant tes billets que je reviens lire à quelques reprises.
Tes photos sont magnifiques et illustrent bien ce que tu expliques.
Merci De partager ainsi tes connaissances, c'est très apprécié !
Bonjour Laval,
Quel plaisir de lire votre récit! Ces oiseaux sont superbes et lors de notre séjour au Québec nous avons eu la chance d'en voir.J'en garde un merveilleux souvenir.
Je rêve toujours qu'un hiver rigoureux nous amène son cousin boréal jusque dans nos contrées du sud.Je crois que cela restera du domaine du rêve!
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