vendredi 16 septembre 2016

Île-aux-Basques: du 02 au 05 septembre 2016




02 septembre 2016



Nous accostons sur l'île vers les 14h45. Le temps de déposer nos bagages et de placer les victuailles dans le réfrigérateur au propane ou dans les armoires, nous partons vers le pré une quarantaine de minutes plus tard. La température est tout à fait exceptionnelle. Un soleil réconfortant, aucun vent et une grande abondance de laridés qui sont occupés à gober le plus de fourmis volantes possible.





À la fin août / début septembre de chaque année, nous assistons à des envols massifs de fourmis volantes. Des milliers de ces insectes s'offrent alors en pâture aux goélands, mouettes et engoulevents qui profitent de cette manne. Les prédateurs ne ménagent aucune acrobatie pour saisir ces sources de protéines providentielles. Ici, un Goéland à bec cerclé / Larus delawarensis /  Ring-billed Gull est concentré sur une proie volante que l'on peut apercevoir un peu plus à droite de l'image.


Nous passons une bonne trentaine de minutes à observer ce ballet aérien de haut voltige. Nous nous dirigeons ensuite vers la pointe rocheuse qui s'étire au bout du pré, c'est l'endroit idoine pour y trouver les bandes de limicoles à marée haute. Sans grande surprise nous y retrouvons un groupe d'environ 150 Bécasseaux semipalmés / Calidris pusilla / Semipalmated Sandpipers essaimés parmi des petites roches rondes. Ces oiseaux sont au repos, la tête rejetée vers l'arrière, le bec enfoui entre les deux ailes. Ils forment des petites boules compactes qui se confondent parfaitement avec les roches environnantes. En fait, il faut porter très attention à leur présence avant de s'approcher trop près de l'eau.



Lorsqu'au repos, les limicoles se dissimulent facilement parmi les roches et la végétation en bordure de l'eau. Les motifs et les couleurs de leur manteau se marient tellement bien à l'environnement. On parle alors de plumage cryptique.



Cette première découverte fait vite place à une autre activité, celle de trouver l'individu différent présent à travers tout ce groupe de sosies. Couleur des pattes, longueur et forme du bec, subtilités dans le colorie du manteau, rayures ou non sur les dessous, grosseur et forme générale de l'oiseau: tout est scruté en profondeur au télescope et deux fois plus qu'une. Plus il y a d'individus et plus la tâche (lire le plaisir) est grande.



La comparaison de grosseur entre les individus nous permet de vite repérer ce Bécasseau sanderling / Calidris alba / Sanderling qui est plus gros que les autres présents à ce moment-là. La blancheur du plumage est également plus frappante dès le premier coup d'oeil.



Cet oiseau un peu plus gros que les bécasseaux avoisinants, au plumage plus sombre et au bec allongé et courbé vers le bas nous dirige vers une autre espèce de limicole, le Bécasseau variable / Calidris alpina hudsonia / Dunlin.



Le Pluvier semipalmé / Charadrius semipalmatus / Semipalmated Plover est habituellement présent en nombre plus ou moins grand parmi les limicoles qui occupent les vasières lors des migrations.




Dans le but de profiter des derniers rayons du soleil près de notre chalet, nous nous y rendons directement. Dès notre arrivée, notre attention se porte vers une famille très bruyante de Jaseurs d'Amérique / Bombycilla cedrorum / Cedar Waxwings. Un parent est affairé à essayer de remplir le gosier de quelques jeunes affamés.



Le Jaseur d'Amérique est l'une des dernières espèces à nous revenir au printemps. Il est habituel de rencontrer des jaseurs qui se font nourrir encore au début de septembre. Comme c'est d'ailleurs le cas ici. Il est impossible de ne pas entendre ces jeunes alors qu'ils quémandent de la nourriture.




Lorsque le parent s'est éloigné à la recherche de nourriture, je me suis approché des jeunes qui étaient encore perchés sur la même branche. En fait, ils étaient quatre. Ils ne se sont jamais envolés. Même si nous ne connaissions pas l'identité de ces oiseaux, il est facile de reconnaître que ce sont des jeunes à la commissure jaune du bec. Tous les jeunes oiseaux partagent cette caractéristique.



Et pour finir cette journée, ce magnifique Viréo à tête bleue / Vireo solitarius alticola / Blue-headed Vireo vient nous saluer.




03 septembre 2016



Fidèles à notre habitude, les premières heures d'observation se font du côté nord de l'île. Nous pointons nos télescopes vers le large afin de commenter l'activité qui s'y déroule. Ces heures peuvent tout aussi bien être d'une grande intensité que d'une grande tranquillité. Ce n'est jamais pareil. La température est encore fantastique aujourd'hui et c'est sous des rayons de soleil prometteurs que nous nous dirigeons vers le lieu d'observation. Chemin faisant, nous rencontrons un jeune Renard roux / Vulpes vulpes / Red Fox. Baigné dans le soleil bas de début du jour, il est tout simplement magnifique.




Il s'agit en fait de l'un des deux renardeaux présents sur l'île en 2016. Une mère Orignal / Alces alces / Moose et son veau résident également sur l'île. Nous ne les avons pas rencontrés de visu, mais les traces fraîches sont visibles à chaque jour. Nous les avons même entendu un soir à partir de la galerie de notre chalet. Il faut dire qu'ils sont actifs durant la nuit. L'an dernier, c'étaient trois jeunes orignaux âgés de plus d'un an qui ont passé l'été à l'île.


Près de la rive, un Eider à duvet / Somateria mollissima dresseri / Common Eider nous montre comment il se nourrit. Il se saisit d'un oursin





et, après quelques manipulations du bec, il l'avale tout rond.... Ayoye !!!






Tel que mentionné plus tôt, il y a des matins où l'activité au large est très calme et c'est le cas ce matin. Nous nous rabattons sur les oiseaux des milieux ouverts ou forestiers. Nous rencontrons des petits groupes d'oiseaux à quelques endroits sur l'île. Quelques espèces de parulines, de moucherolles, de viréos, de bruants...



Les viréonidés sont bien représentés sur l'île avec le Viréo à tête bleue, le Viréo aux yeux rouges et ce Viréo de Philadelphie / Vireo philadelphicus / Philadelphia Vireo. Nous avons observé les trois espèces, près l'une de l'autre.



La Paruline flamboyante / Setophaga ruticilla / American Redstart



Je ne sais pas s'il m'a reconnu, mais ce jeune Jaseur d'Amérique sort de l'obscurité du feuillage et il se perche tout près de moi en me scrutant attentivement pendant de longues secondes.

Il n'y a pas que des oiseaux sur l'île. Voilà que nous rencontrons un superbe Morio / Nymphalis antiopa. Non content d'estiver, le Morio est l'un des rares papillons diurnes à hiverner à l'état adulte. Concrètement, l'adulte naît en juillet, puis il va très vite estiver, i.e.fuir les fortes chaleurs en se réfugiant dans la relative fraîcheur de zones plus ou moins ombragées (sous-bois, surplomb rocheux, feuillus, dessous d'arbre tombé) où il restera tapi jusqu'au début de l'automne

Octobre venu, le Morio se réactive brièvement pour reconstituer ses réserves graisseuses, avant de se mettre en quête d'un abri pour hiverner (tas de bois, coin de vieille bâtisse, arbre creux, cavité rocheuse). Suivant les régions, il refera surface début mars, voire fin février, pour reprendre des forces, mais cette fois en vue de la reproduction. Les pontes s'ensuivront, puis les chenilles et les éclosions de juillet viendront boucler la bouche.

C'est au sortir de l'hiver que le Morio s'observe le plus fréquemment. À cette époque, il est attiré par les chatons des saules et il est d'autant plus repérable que ces arbres sont encore très peu feuillus.


Un superbe Morio / Nymphalis antiopa adulte.



04 septembre 2016



Une autre belle surprise tôt le matin. Il est 07h00 et nous nous préparons pour aller observer au large quand j'aperçois un renard qui apparaît à l'arrière de notre chalet. Ma caméra n'étant jamais loin, je prends quelques photos au travers la grande baie vitrée de la salle à manger.


Ce Renard roux nous fait tout un cadeau en venant passer en arrière de notre chalet. Wow !



Et ça continue avec la présence de cet adulte et cet immature de Jaseur d'Amérique tout près de notre site d'observation des pélagiques.


Le large accepte enfin de partager quelques trésors en accueillant une plus grand quantité de Mouettes tridactyles, de Plongeons catmarin, de Plongeons huart et de Labbes parasites. À deux reprises, nous observons même deux labbes qui s'acharnent sur la même mouette. Ça finit toujours de la même façon, la mouette laisse tomber son poisson que le labbe récolte aussitôt. Le spectacle est trop éloigné pour permettre quelque photo que ce soit.



Voici ma paruline préférée, la Paruline à tête cendrée / Setophaga magnolia / Magnolia Warbler. Même en plumage automnal, elle est tout simplement irrésistible.



Les plumages automnaux de nos parulines peuvent nous causer bien des maux de tête. Cette Paruline obscure / Oreothlypis peregrina / Tennessee Warbler est un bon exemple.


Les moucherolles du genre Empidonax sont extrêmement difficiles à reconnaître à l'automne. En cas de trop grande ambigüité, leur cri de contact est la même façon de confirmer leur identité. Certains autres caractères sont utilisables et fiables, comme la longueur du bec et l'extension des primaires par rapport aux secondaires. L'habitat joue pour beaucoup, mais en période migratoire tout est possible. Dans ce cas précis, c'est au niveau du bec et de l'extension des primaires que j'ai pu identifier ce Moucherolle tchébec / Empidonax minimus / Least Flycatcher.



Quelques minutes auparavant, j'étais en présence de cet autre moucherolle. Heureusement pour moi, il était vocal en émettant son cri de contact. Et même qu'il nous gratifie de son chant complet. Il s'agit cette fois d'un Moucherolle des aulnes / Empidonax alnorum / Alder Flycatcher


05 septembre 2016



Température toujours aussi clémente. Quel séjour fantastique sur notre île magique !  Voici quelques images prises ce jour là.



À l'anse d'en bas, cette Paruline masquée / Geothlypis trichas trichas / Common Yellowthroat nous salue au passage.



Ce parent Jaseur d'Amérique semble vraiment dire à son jeune ado qu'il est temps maintenant de chercher lui-même sa pitance. Et c'est vrai que l'adulte n'était vraiment pas en mode recherche de nourriture ce jour-là.



Cet immature de Busard Saint-Martin / Circus cyaneus hudsonius / Northern Harrier n'a pas cessé de marauder au-dessus du pré et tout le long du rivage de l'île, autant du côté nord que du côté sud. Nous l'avons également observé à l'est de l'île.



L'Île-aux-Basques est également synonyme de petits fruits, de champignons et d'une flore maritime. Il y a tellement à découvrir.



Je termine ce billet avec cette photo de Anne qui compile assidûment toutes nos observations sur la plateforme électronique Ebird. Elle est d'une fidélité et d'une rigueur qui sont toutes à son honneur.







@ bientôt.




Aucun commentaire: