L'Australie, pays des kangourous, des koalas, des échidnés, des émeus et des casoars à l'allure préhistorique, des psittacidés aux couleurs de l'arc-en-ciel, des ornithorhynques mi-canard mi-castor, des martins-chasseurs dont on entend le "ou,ou,ou,ou / â,â,â,â " aussi bien dans un parc urbain que dans la jungle.
Pays de la plus grande barrière de corail au monde abritant des poissons aussi variés en formes qu'ils le sont en couleurs, des plaine immenses où broutent chèvres, moutons, bovins, chameaux ou kangourous et où trouvent également leur pitance les immenses grues, les outardes et les alouettes.
Pays de montagnes quelquefois pointues, quelquefois rondes,quelquefois luxuriantes, quelquefois dénudées, mais toujours belles, toujours surprenantes de vie.
Pays de contrastes.
Pays d'eau avec ses rivières, grandes ou petites, avec ses lacs, ses marécages, ses champs inondés.
Pays de sécheresse avec ses immensités désertiques.
Pays des Belles de nuit au plumage cryptique le jour, aux yeux enjôleurs la nuit lorsque le faisceau de la lampe les surprend dans leur intimité. Mais ne les surprend pas qui veut. L'Australie c'est également le pays de la propriété privée. Très difficile de s'arrêter un peu partout et d'espérer observer où l'on veut. Il faut faire gaffe à l'endroit où nous posons nos pieds, à la direction vers laquelle nous pointons nos jumelles. Vous me direz que c'est un peu partout pareil et que c'est dans la normalité des choses. Je vous répondrai " Bien sûr ! ", mais les pancartes "Private property - No trespassing" sont omniprésentes ici. De sorte que ça prend des passe-droits pour espérer explorer l'arrière-pays (outback) plus en profondeur.
En cette soirée du 29 juillet 2011, nous sommes accompagnés par L'ORGANISATEUR EN CHEF de la tournée des Belles de nuit, Philip Maher.
Philip Maher en conversation avec notre guide Sam Woods avant de débuter l'activité. |
Nous nous trouvons dans la région de Hay, dans le outback à environ 600 kilomètres à l'ouest de Sidney. Philip naît à Deniliquin, au sud ouest de la province de New South Wales et à 125 kilomètres de Hay. Son intérêt en histoire naturelle est encouragé par ses parents dès son jeune âge. Même s'il connaît bien les oiseaux australiens en général, sa renommée est plutôt associée au Pédionome errant (Plains-wanderer), une espèce habitant les plaines intérieures d'Australie. En 1980, Philip et la famille Nevinson découvre un pédionome alors qu'ils font l'inventaire des oiseaux présents dans cet habitat particulier. Ils se demandent alors comment il se fait que cette espèce est observée si peu souvent durant le jour. Aurait-elle des moeurs nocturnes ? Philip entreprend alors une étude exhaustive de cet oiseau et il bague environ 600 individus. Par la suite, quand le financement de ce projet de recherche est abandonné par le gouvernement, il décide d'en faire son gagne-pain en instaurant des tournées nocturnes afin de continuer à les étudier et à les faire connaître à ses compatriotes et aux ornithologues du monde entier. Le tout organisé en tout respect pour l'habitat et pour le bien-être des oiseaux concernés. Comme ça fait maintenant une trentaine d'années que Phil et son équipe mènent cette activité, ils connaissent le terrain à fond. Comme ils suivent quotidiennement les oiseaux, ils connaissent l'emplacement des nids et ils savent quand s'ajoute un nouvel oiseau au cheptel normal. Donc, ce qui semble aléatoire au néophyte est tout à fait calculé et prévisible pour ces experts.
Nous attendons la tombée de la nuit avant de nous engouffrer dans des véhicules 4X4. Nous sommes quatorze personnes à participer à cette sortie (dix de notre groupe et quatre d'un autre groupe). Nous sommes donc répartis dans cinq véhicules puisqu'il n'y a pas plus de trois personnes qui accompagnent le chauffeur. Ceci afin que chacun des participants ait un accès facile à une fenêtre et à une porte. Chaque chauffeur connaît les lieux comme le fond de sa poche et il conduit à très faible allure avec la fenêtre baissée et un puissant projecteur alimenté par un fil relié à l'allume-cigarette du véhicule. Chaque véhicule est équipé d'un radio émetteur permettant de faire connaître à tous les autres l'emplacement d'un oiseau. Dès que le cortège des véhicules se met en branle, nous assistons à un ballet incroyable, à une synchronisation parfaite des véhicules qui s'avancent sur une seule ligne. Les chauffeurs balaient sans cesse les environs de leurs faisceaux lumineux. Dès qu'un oiseau est trouvé, l'information est transmise par radio et tous les véhicules entourent l'oiseau. Ce dernier se retrouve alors au beau milieu de cinq faisceaux lumineux qui proviennent simultanément de cinq endroits différents. Le tout prend moins d'une minute.
Les champs où se concentrent nos investigations sont tout simplement immenses et très plats. Jamais nous ne sommes secoués en raison de la rencontre d'une dénivellation quelconque, butte ou creux. Alors que l'herbe dans les champs peut être à différentes hauteurs, les oiseaux semblent privilégier l'herbe moins haute pour se nourrir. Toujours est-il que c'est au travers de ces herbes que nous faisons le plus de découvertes. Je dois avouer que je suis surpris de la rapidité avec laquelle les espèces suivantes sont observées. Nous débutons à 20h00 et toutes les espèces cibles sont trouvées à 21h15. Voici donc ces Belles de nuit Australiennes.
Pédionome errant / Plains-wanderer / Pedionomus torquatus |
Caille des chaumes / Stubble Quail / Coturnix pectoralis |
Vanneau tricolore / Banded Lapwing / Vanellus tricolor |
Pluvier australien / Inland Dotterel / Charadrius (Peltohyas) australis |
Turnix à poitrine rousse / Red-chested Button-quail / Turnix pyrrhothorax |
Alouette de Java / Australasian Bushlark / Mirafra javanica |
Petit Turnix / Little Buttonquail / Turnix velox |
Contrairement
à ce qui pourrait paraître, aucune de ces espèces n'est exclusivement
nocturne. Elles échappent souvent à l'observation diurne à cause de
leur comportement, de leur plumage cryptique et de l'habitat où ils
vivent. Les cailles, turnix et pédionomes volent très peu, leurs faibles
ailes ne supportent pas un battement trop prolongé. À l'instar de nos
perdrix et gélinottes, ce n'est qu'en dernier recours qu'elles
s'envolent dans un fracas d'ailes destiné à surprendre le prédateur. Elles
se laissent ensuite porter sur l'air en tenant leurs ailes déployées au
maximum horizontalement tel un planeur, avant de se laisser tomber
dans la végétation.
Si
vous vous rendez un jour dans cette région de l'Australie, ne manquez
surtout pas ce rendez-vous avec les Belles de nuit Australiennes. Elles
valent le déplacement.
@ bientôt.
@ bientôt.
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