mercredi 23 janvier 2013

Pourquoi les oiseaux tropicaux semblent-ils plus colorés que les nôtres ?



Cette question m’a encore été posée dernièrement et je me souviens qu'à l'époque de mes voyages organisés vers l'Amérique centrale, j'avais dû y répondre à quelques reprises. Après nos balades dans la forêt tropicale, où nous venions d'observer une bonne variété d'oiseaux plus colorés les uns que les autres, cette question était bien légitime. J'ai pensé dédier un billet à ce sujet. Je connais bien quelques bribes de la réponse, mais par crainte d’être trop évasif ou superficiel, j’ai préféré consulter à nouveau les ouvrages de Steven Hilty, auteur prolifique des livres « A guide of the Birds of Columbia » et « Birds of Tropical America ». J’adore sa façon d’écrire si descriptive. On se croirait sur le terrain, à côté de lui. Son écriture est imagée et fluide. Toujours est-il que, aujourd’hui,  je vais m’inspirer de lui pour tenter de répondre à cette si belle et si intrigante question.



Quand on voit des publicités sur les destinations au soleil, les mêmes éléments reviennent continuellement : des plages au sable blanc bordées de palmiers, des filles aux formes généreuses qui se camouflent très mal dans des bikinis minuscules et un perroquet ou deux qui semblent faire partie du décors. Voir les deux premiers éléments est assez facile en fin de compte, le deuxième se retrouvant dans l’environnement du premier. Mais rares sont les vacanciers de plage qui ont la chance d’observer beaucoup d’espèces d’oiseaux très colorées. Je me rappellerai toujours cette fois où, alors que je me baignais dans la piscine de l’Estrellamar, à Jaco Beach (Costa Rica), arrivent deux Québécoises qui, m’ayant vu précédemment avec mes jumelles au cou , me demandent : « Mais où sont donc les oiseaux qu’on nous promettait dans les brochures ! ». Je les regarde avec un petit sourire et je leur réponds : « Si ça vous intéresse de vous joindre à nous, nous nous rendons à l’embouchure de la rivière Tarcoles dans une heure et vous verrez alors des oiseaux assez beaux merci ! ». Même sous les tropiques, où les espèces sont si diversifiées,  il n’est pas évident que l’observateur un peu distrait en verra une tonne. Surtout sans l’aide de jumelles ou de lunette d’approche.



La première vraie question à se poser est d’abord celle-ci : les oiseaux vivant sous les tropiques sont-ils vraiment plus colorés que ceux vivant sous les zones tempérées ? Alors que nous sommes enclins à répondre tout de go dans l'affirmative, il faut bien considérer certains facteurs. La biologiste Mary Wilson et le peintre naturaliste Robert von Neumann de l’Université de l’Illinois ont été les premiers à aborder sérieusement cette problématique. Ils ont d’abord listé les espèces selon le critère du plumage, les colorés et les ternes. Il en a résulté une plus grande proportion d'oiseaux colorés que ce qui s'observe en Amérique du Nord et en Europe. Ils ont aussi conclu que le manque de couleurs n’était pas associé à des habitats particuliers et que des oiseaux colorés se retrouvaient autant en milieux ouverts qu’en forêt.



Dans une analyse plus détaillée de la variation des couleurs de plumage selon les différentes strates en forêts soient le sol, le sous-bois, la strate inférieure, la strate médiane et la strate supérieure des grands arbres, Stephen Bailey, de l’Université de Californie à Berkeley, arrive à d’autres conclusions. Il a noté qu’il y a plus d’oiseaux colorés sous les tropiques parce qu’il y a plus d’espèces en présence. La proportion des oiseaux colorés dans chaque région est semblable et les oiseaux aux couleurs ternes prédominent partout. Les naturalistes qui ont essayé d’identifier les moucherolles du genre Empidonax et les bruants d’Amérique du Nord ou les hordes de fourniers (furnariidé), de fourmiliers, de conophages (formicariidé) ou de moucherolles de tout acabit seront, sans aucun doute, enclins à dire que les oiseaux au plumage terne dominent partout. 
 

Conure de Vieillot / Maroon-bellied Parakeet
Alors que la diversité de couleurs se retrouvent plus en élévation ou chez des espèces fréquentant la strate supérieure (faîte) des arbres, les forêts des basses-terres abritent aussi leur part d’oiseaux colorés et ce sont ces oiseaux qui sont les plus susceptibles d’être observés par Monsieur tout-le-monde. Quelques uns des oiseaux les plus colorés et les plus fréquemment observés sont des oiseaux non-passereaux comme les perroquets, les colibris, les trogons, les toucans, les barbus ou barbicans, les jacamars et les momots. Comme les forêts tropicales sont vertes à l’année, il n’est pas surprenant de rencontrer plusieurs individus arborant cette couleur, par souci de mimétisme sans doute. Il faut avoir vu un groupe de perroquets ou de perruches disparaître complètement alors qu’elles  arrivent en vol et se perchent dans le feuillage. Même le très coloré Quetzal resplendissant disparaît aussitôt qu’il se perche sur une branche moussue.




Sous les latitudes tempérées, on note une augmentation similaire, mais dans les tons de bruns et de gris. Ceci semble être une conséquence directe de la plus grande abondance de ces couleurs dans les habitats tempérés, spécialement lors des mois où le feuillage est absent. Les habitats tropicaux ont eux aussi leur part d’oiseaux bruns et gris, mais ces derniers sont concentrés soit dans les strates inférieures de la forêt où le niveau de lumière est bas ou dans les forêts tropicales sèches, les étendues herbeuses et les déserts.



Grimpar des plateaux / Planalto Woodcreeper
Les colibris des genres Glaucis, Threnetes et Phaethornis (tous des Ermites), sont des habitants des strates inférieures des forêts tropicales et, contrairement à leurs congénères qui exhibent leurs plumages rutilants aux faîtes des arbres, ils portent des habits sobres de gris, de brun et de vert terne, dépourvus de couleurs iridescentes. De cette façon, les Ermites attirent peu l’attention sur eux. Les autres habitants des strates inférieures sont aussi très conservateurs dans les couleurs qu’ils arborent. Les grimpars, les fourniers, les fourmiliers et les troglodytes se confondent avec les feuilles sur ou près du sol, ou sur les troncs. Occasionnellement, un éclair de couleur viendra égayer les sous-bois, mais c’est toujours très éphémère. Les manakins viennent à l’occasion éblouir les yeux de l’observateur. Mais ces petits volatiles, toujours en mouvement, sont difficiles à localiser et donc, par le fait même, difficiles à attraper. Les manakins les plus colorés font leurs pariades dans des  « leks » , genre d’arènes où les mâles exhibitionnistes montrent à des femelles indifférentes (ou du moins, font-elles semblant de l’être !) leur panoplie de talents de danseurs accomplis en plus d’émettre des sons bizarroïdes, contenant sans nul doute des messages non équivoques. Ces « leks » peuvent réunir deux ou trois individus, mais leur nombre peut atteindre des douzaines en certains cas. Plusieurs yeux qui scrutent tout mouvement suspect sont alors mis à contribution pour prévenir le groupe de l’arrivée toujours possible d’un prédateur.



Les niveaux inférieurs de la forêt tropicale appartiennent donc aux oiseaux timides,  affublés d’un plumage terne et cryptique. En fait, certains fourmiliers ont tellement confiance dans leur habit de camouflage qu’ils n’hésiteront pas à émettre leurs chants sifflés ou leurs trilles alors qu’ils sont assis sur leurs nids. Plusieurs espèces d’oiseaux des sous-bois sombres ont également les yeux rouges, des cercles orbitaux, des becs et des pattes très colorés. Plusieurs fourmiliers ont les yeux entourés de peau, dépourvus de plume, et de couleur bleue ou blanche. Ce qui leur donne une allure masquée. On ne retrouve ces caractéristiques que très rarement sur les oiseaux se retrouvant au nord du Mexique. On ne peut définir avec précision le rôle de ces ornements , mais ils servent probablement de signaux bien compréhensibles par les autres habitants de ces lieux ténébreux.



Pour observer les oiseaux vraiment colorés, il faut les chercher dans la strate supérieure des grands arbres. Mais ce qui nous surprend d’abord, c’est de voir que,  pour camoufler les oiseaux à notre vue, les couleurs n’ont pas besoin d’être ternes. Tous ceux qui ont tenté de trouver un trogon, un quetzal ou un araçari perché à 30 mètres et plus de hauteur, savent très bien comment des couleurs éclatantes peuvent contribuer à « briser » la forme de l’oiseau. La faîte des arbres est un lieu de contrastes des lumières. Alors que la pupille de l’œil s’ouvre pour laisser pénétrer plus de lumière, nous perdons de l’acuité visuelle. De plus, nos rétines ne répondent pas immédiatement au changement drastique d’intensité lumineuse quand nous passons de la lumière vive à l’obscurité, de sorte que pour un moment, nos rétines demeurent stimulées et elles nous font perdre l’oiseau. Ces variations extrêmes de luminosité, quand l’oiseau quitte l’ombre pour la lumière vive et revient dans l’ombre, font la vie dure aux prédateurs qui essaieraient de localiser leurs proies avec précision.



Ce Colibri rubis-émeraude semble bien terne, mais ...


Bien que ce soit moins connu, plusieurs oiseaux tropicaux, en plus des colibris, ont des plumages iridescents. L’iridescence, qui est rendu possible non par la pigmentation mais par la structure particulière des plumes, est responsable des reflets vert bouteille des trogons, des reflets dorés et cuivrés des jacamars et des myriades de couleurs sur certains tangaras. Les couleurs iridescentes ne sont observables qu’à partir d’angles très restreints. En d’autres mots, l’observateur doit être le plus possible au même niveau que la source de lumière afin de profiter pleinement de l’effet.   

dès qu'il tourne la tête, de splendides couleurs apparaissent.


Comme conséquence de cette propriété, les oiseaux au plumage hautement iridescent vont paraître noirs et seulement une petite partie de l’oiseau va laisser échapper des rayons de couleurs. Nous n’avons qu’à penser au diamant qui ne nous renvoie que la lumière qui frappe certaines parties de sa surface composée de centaines de plans différents. Cette propriété cachera donc la vraie forme de l’oiseau et servira à le soustraire de la vue d’un prédateur. Lors de la pariade,  l’iridescence permet d’envoyer un message beaucoup plus direct et localisé que ne le ferait une coloration due à la pigmentation. 

 

Stephen Bailey note que l’iridescence est bien adaptée aux grandes variations lumineuses dans les forêts tropicales parce que l’ombre et  le feuillage épais réduisent les risques que la pariade pourraient attirer un prédateur potentiel. Par contraste, plusieurs habitats des zones tempérées sont plus ouverts, au moins selon les saisons, et la possibilité qu’un reflet iridescent pourrait être capté de plus loin par un prédateur est toujours plus présent. De plus, l’angle du soleil plus bas dans les zones tempérées, spécialement en hiver, aurait pour effet d’accentuer l’iridescence, ce qui rendrait l’oiseau encore plus vulnérable. Si les théories de Bailey s’avèrent exactes, les forêts tropicales peuvent vraiment procurer un environnement plus sécuritaire pour l’usage de couleurs iridescentes parce que la combinaison «  milieux plus ouverts et angles de rayons solaires plus bas »  ne prévaut pas sous les tropiques. L’iridescence disparaît presque complètement du plumage des colibris fréquentant les sous-bois et les seules tangaras avec des plumages iridescents sont ceux qui habitent les strates médianes et supérieures des forêts pluvieuses.


Cette photo extraordinaire du Colibri circé / Cynanthus latirostris / Broad-billed Hummingbird nous montre toute la richesse de couleurs que l'on peut retrouver sur un si petit oiseau. Ces couleurs sont avivées par pas moins de 6 flash électroniques qui éclairent le sujet en même temps et font ressortir tous les détails. Sans l'utilisation de flash, nous ne verrions scintiller que la partie du plumage qui serait éclairée par la lumière naturelle provenant de derrière nous. Photo prise le 25 avril à Patagonia, Arizona, US. Je remercie Paul Nadeau de m'avoir permis d'utiliser cette photo.



Plusieurs espèces de jacamars vivent dans les zones de forêts en basses-terres et peuvent sembler constituer des exceptions à première vue, mais ces oiseaux demeurent habituellement perchés, sans bouger, pendant de longues périodes de temps et souvent à l’ombre. Ce qui revient à dire que l’iridescence chez les oiseaux est associé à des espèces  qui sont relativement immunisées contre la prédation, comme le sont les colibris, ou à des espèces qui habitent des habitats où se côtoient la lumière vive et l’ombre. L’iridescence permet aux oiseaux vivant dans ces habitats d’utiliser des couleurs très vives pour envoyer des signaux sexuels ou sociaux alors que, simultanément, ils apparaissent foncés et demeurent invisibles la plupart du temps pour les autres créatures .



Quiscale bronzé / Common Grackle
Un petit nombre d’espèces des zones tempérées, tels les quiscales, les étourneaux et les hirondelles, arborent des plumages iridescents. Ces oiseaux peuvent compenser l’attraction apportée par leur plumage par le fait qu’ils se tiennent souvent en groupes et, dans le cas des hirondelles, par la maîtrise de leur vol rapide. À l’exception de quelques espèces sociales comme les manakins et les espèces acrobatiques et difficiles-à-capturer que sont les jacamars, les oiseaux colorés se tiennent majoritairement dans les strates supérieures des forêts pluvieuses. Quelques espèces, comme les toucans et les aras, peuvent se permettre le port de couleurs éclatantes, en partie à cause de leur grande taille qui limite le nombre de prédateurs capables de les attaquer et de les tuer. Pour la vaste majorité des oiseaux, cependant, ceci n’est pas vrai. Steven Hilty suspecte que les oiseaux peuvent se tirer d’affaires malgré leurs couleurs éclatantes à cause de leurs aptitudes à déceler les dangers de prédation et à leur comportement en recherche de nourriture. Ils se tiennent toujours en « feeding flocks » , ces regroupements de dizaines d’espèces différentes qui sont en maraude continuelle dans les strates médianes et supérieures des forêts, en quête de proies à débusquer. Le nombre d’yeux qui surveillent continuellement est un gage d’efficacité pour échapper aux prédateurs embusqués. Les mâles et les femelles des oiseaux tropicaux résidents, qu’ils soient colorés ou non, sont plus souvent similaires en apparence que le sont les espèces des zones tempérées ou les espèces qui migrent entre les zones tempérées et tropicales.  Ceci est encore plus observable quand les espèces migratrices « zones tempérées-zones tropicales » sont considérées. Les mâles sont souvent plus brillamment colorés que les femelles sous les latitudes tempérées, et dans quelques cas, les mâles  arborent un plumage plus terne lorsqu’ils sont sous les tropiques. À travers la sélection sexuelle, les mâles peuvent développer des plumages plus colorés ou des pariades amoureuses plus élaborées qui ne feront qu’accroître ses habiletés à attirer les femelles ou à décourager les rivaux. Si le mâle ne participe pas à la confection du nid et à l’incubation, ses talents acquis lui permettront de gagner le cœur de plus d’une femelle et d’augmenter ses succès de reproducteur. Le plumage brillant, qui est un indicateur de vigueur et de santé physique, est de première importance pour le mâle, car il doit compter dessus pour ré-établir sa dominance sur un territoire et  sur une ou des femelles à la prochaine saison des amours.



Les femelles des perroquets, des toucans, des momots, des tamatias et de plusieurs tangaras sont virtuellement identiques à leur partenaire. Ceci, selon les biologistes, résulte d’un processus de sélection plus sociale que sexuelle. Ceci est très évident chez les toucans. Ils ont les mêmes couleurs entourant les yeux et les mêmes marques sur le bec. Quoique le mâle a le bec souvent plus long. Les femelles qui sont autant colorées que leurs mâles vivent habituellement sur des territoires permanents et sont accouplées pour la vie. Elles assistent le mâle dans la défense du territoire et leurs couleurs brillantes est aussi une indication de leur agressivité et de leur niveau de compétitivité.



Calliste à tête verte / Green-headed Tanager
Les espèces d’oiseaux tropicaux les plus colorées sont habituellement celles qui se nourrissent essentiellement de fruits ou de nectar. Elles sont suivies par celles qui se nourrissent partiellement de fruits, alors que les légions d’espèces aux couleurs ternes se retrouvent dans les rangs des insectivores. Qu’est-ce qui explique tout ceci ?  David Snow, un ornithologue britannique de renom, a travaillé plusieurs années au fameux Asa Wright Nature Center de Trinidad. Dans son livre « The Web of adaptation », il dévoile que parce que les fruits sont si faciles à trouver, comparés aux insectes, les femelles des espèces frugivores peuvent se passer de l’aide de leur partenaire pour les soins du nid. Ceci accorde plus de temps aux mâles pour parfaire leurs pariades amoureuses. Ce qui amène une plus grande compétitivité sexuelle entre les mâles pour gagner les faveurs des femelles. Le mâle le plus performant, le plus en santé, obtiendra les faveurs des femelles et ses gênes de gagnant se perpétueront au travers sa progéniture. Et voilà la théorie de Darwin qui nous revient en plein visage. L’image évoquée par David Snow, i.e. celle de mâles dépensant  leur temps et leur énergie dans des groupes de célibataires qui attendent le passage d’une belle femelle pour étaler leurs talents de séducteurs, forme un réel contraste avec celle des insectivores qui doivent dépenser beaucoup d'énergie à épier leurs proies juste pour arriver à se sustenter eux-mêmes. Le surplus de temps que les insectivores passent à chercher leur proies, ajouté à la concentration qu’ils doivent y mettent, les rendent plus vulnérables à la prédation.




Ce qui nous impressionne le plus dans les régions tropicales est la très grande diversité des oiseaux. Et, au retour à la maison, c’est peut-être de l’assortiment incroyable des espèces colorées dans cette diversité que notre subconscient veut le plus se souvenir.



Nous ne pouvons vraisemblablement pas résoudre toutes les questions relatives aux coloris des  oiseaux qui vivent dans les zones tempérées et tropicales, mais nous avons la chance de comprendre certains aspects générant ces couleurs. Et qui oserait  nier qu’une grande partie du bonheur ressenti lors de l’observation des oiseaux  provient de leurs couleurs et des dessins qu’ils arborent ?

Nos anatidés arborent des plumages avec des zones iridescentes. Celles-ci se retrouvent souvent au niveau du miroir des ailes ou dans la région de la tête. Cette superbe Sarcelle d'hiver / Anas crecca carolinensis / Green-winged Teal a été photographiée par Paul Nadeau le 13 janvier 2012 à Tucson, Arizona, EU. Je le remercie de m'avoir permis d'utiliser cette photo.



À bientôt...






mardi 22 janvier 2013

Madagascar et ses ardéidés

Oui, je sais, on ne se rend pas à Madagascar avec comme but premier d'aller observer les ardéidés. Des aigrettes, des hérons, des bihoreaux ou des crabiers, on peut en trouver ailleurs dans le monde et ce sont habituellement des espèces d'oiseaux plutôt faciles à observer. En plus d'être nombreux, ils sont répandus et ils se perchent souvent bien en vue. Comme je l'ai mentionné dans des billets précédents, à Madagascar beaucoup de milieux humides ont été transformés en rizières ou en champs de culture. Dans les rizières, les espèces les plus communément rencontrées sont, dans l'ordre: Aigrette garzette, Grande Aigrette, Crabier chevelu, Héron strié et Héron garde-boeufs.


L'Aigrette garzette / Egretta garzetta dimorpha / Little Egret est inféodée aux milieux humides. Comme nous sommes à la fin du printemps, les adultes ont leur plumage de parade. Comme le nom scientifique de la sous-espèce l'indique, l'Aigrette garzette de cette partie du monde possède deux formes de plumage différentes soit une forme blanche et une forme foncée. La prochaine photo nous montre justement cette forme foncée.  La photo ci-haut a été prise au Lac Kinkony (partie nord ouest de l'île) le 22 octobre 2012.


La forme foncée de la sous-espèce dimorpha nous présente une Aigrette garzette bien différente de celle observée ailleurs. On la retrouve à Madagascar, dans les îles environnantes ainsi que sur la côte est de l'Afrique, du sud du Kenya jusqu'au nord de la Mozambique. Elle est moins commune que la forme blanche et on peut la confondre avec l'Aigrette ardoisée / Egretta ardesiaca / Black Heron. Cependant, une plaque blanche de dimension variable et présente près de l'alula nous permet rapidement de savoir qui passe en vol devant nous. Cette zone blanche n'est visible qu'en vol. Photo prise le 04 octobre 2012 à Ambalakindresi (partie est de l'île).


Le 22 octobre 2012, au Lac Kinkony, nous rencontrons un groupe d'une bonne cinquantaine de Grande Aigrette / Egretta alba melanorhynchos / Great Egret , parmi lesquelles se retrouvent également des Spatules d'Afrique. La sous-espèce melanorhynchos se retrouve seulement en Afrique (au sud du Sahara) et à Madagascar. Des quatre sous-espèces reconnues chez la Grande Aigrette, elle est celle qui ressemble le plus à egretta , la sous-espèce observée en Amérique du Nord. Du moins, dans le plumage internuptial, alors que le bec est entièrement jaune. Comme l'oiseau photographié ci haut. En plumage nuptial, l'oiseau aurait un bec entièrement foncé. 


Le Crabier chevelu / Ardeola ralloides / Squacco Heron en plumage de parade est un oiseau très coloré et les longues plumes qui partent de sa nuque et qui longent tout son dos lui ont valu son nom. Il est commun à Madagascar, excepté dans la partie aride au sud. Son habitat préféré est l'eau peu profonde, si possible douce. Les eaux côtières et saumâtres ne sont utilisées qu'en cours de migration. Il semble qu'une vaste couverture de roseaux et des buissons et des arbres dispersés soient des conditions préalables au choix de l'habitat. Les rizières et les régions inondées sont souvent adoptées. Photo prise le 26 octobre 2012 au Lac Ravelobe près d'Ankarafantsika.


Voici la race rutenbergi du Héron strié / Butorides striatus / Striated Heron. En fait, 30 sous-espèces ont déjà été rattachées au complexe striatus.  Par certains taxonomistes, comme le Dr James Clements, la sous-espèce virescens présente en Amérique du Nord et en Amérique centrale, constitue une espèce distincte soit le Héron vert / Butorides virescens / Green Heron , espèce qui a rallié 4 des 30 sous-espèces attribuées à striatus dans un premier temps. Toutes ces sous-espèces se ressemblent énormément et il y a même hybridation lorsque les aires de distribution de striatus et de virescens se chevauchent. Photo prise le 26 octobre 2012 au Lac Ravelobe près d'Ankarafantsika.


Malgré que j'aie observé cette espèce sur plusieurs continents, c'est la toute première fois que je peux en voir avec de telles couleurs enjolivant le bec de ce Héron garde-boeufs / Bubulcus ibis / Cattle Egret. Pendant les 10 à 20 jours de la parade nuptiale, le bec, les pattes, les iris et les lores deviennent rouge brillant. Cette dernière couleur peut disparaître quelques jours avant la ponte du premier oeuf ou persister quelque temps après la fin de la ponte. La couleur rouge représente probablement le sommet de l'état physiologique de la reproduction d'un individu, mais elle peut ne pas être une indication essentielle pour l'association nuptiale et le succès de la nidification. Photo prise le 26 octobre 2012 au Lac Ravelobe près d'Ankarafantsika.


Pour espérer observer les autres espèces d'ardéidés, il faut patrouiller les rivières, les lacs, les plans d'eau, les zones inondées et les marécages. Les deux endroits où nous avons le plus de diversité ont été le Lac Kinkony et le Lac Ravelobe, tous deux situés dans la partie nord ouest du pays.


La distribution du Crabier blanc / Ardeola idae / Madagascar Pond-Heron est très limitée, il ne se reproduit qu'à Madagascar et à Aldabra. À Madagascar, il nichait autrefois partout, mais maintenant il ne le fait semble-t-il que dans la partie occidentale. Il y a eu un déclin dramatique dans les effectifs des reproducteurs. En 1932, l'espèce y était considérée comme commune et, en 1945, on l'estima à 1 500 individus à la périphérie de Tananarive; en 1970, cet effectif était réduit à 50 individus seulement. Il semble que la cause de ce déclin ait été l'arrivée, probablement très récente, du Crabier chevelu, qui semble s'être adapté avec davantage de succès à la transformation des terres humides en rizières. Le comportement du Crabier blanc indique que quelques arbres lui sont nécessaires à proximité de son milieu de vie et l'abattage des arbres pour la culture du riz peut avoir rendu l'habitat inadapté. Photo prise le 13 octobre 2012 dans la région de Fort Dauphin, au sud de l'île.


Les moeurs alimentaires du Bihoreau gris / Nycticorax n.nycticorax / Black-crowned Night-Heron ont été bien étudiées. Même si les espèces aquatiques, poissons, amphibiens et insectes y prédominent, leur régime est très varié et comporte des crustacés, des mollusques, des araignées, de petits mammifères et des oiseaux. Cette espèce capture souvent les jeunes d'autres oiseaux aquatiques nichant en colonie tels les sternes, d'autres hérons et les ibis, qu'elle attrape en marchant à travers la colonie. Il s'agit donc d'une prédatrice générale opportuniste. Photo prise le long de la rivière Mahavavy le 23 octobre 2012.


Vaste, l'aire du Blongios nain / Ixobrychus minutus / Little Bittern couvre en partie l'Europe, l'Asie, l'Afrique et l'Australasie. La race nominale se reproduit de l'Europe occidentale jusqu'à environ 80° est en Asie. Sa limite septentrionale se situe vers 59° nord. En Afrique, la race payesii vit du Sénégal à l'est jusqu'à la Somalie et vers le sud jusqu'au Cap, tandis que podiceps est confinée à Madagascar. Ce très petit blongios passe facilement inaperçu à cause de son comportement très furtif. Il se nourrit en solitaire, habituellement en rampant et en marchant lentement sous le couvert, ou à l'affût à l'orée de celle-ci. Il vole à petits coups d'ailes rapides et saccadés, généralement à faible hauteur au-dessus des roseaux et il redescend sous le couvert après avoir plané brièvement. Nous ne l'avons observé qu'au Lac Kinkony où il s'est avéré assez commun, l'habitat était plus que parfait pour l'espèce. Photo prise le 22 octobre 2012.


L'eau peu profonde, les marais, les rives des lacs et des rivières et les criques soumises aux marées sont tous habités par l'Aigrette ardoisée / Egretta ardesiaca / Black Heron. Elle occupe aussi les zones d'eau profonde si la végétation y est suffisamment dense. C'est le cas ici, au Lac Kinkony, où cet adulte a été croqué sur le vif. Le comportement alimentaire de cette espèce est unique chez les hérons. Lorsqu'elle se nourrit sous le dôme des ailes, elle étend ses ailes en un dôme parfait, les primaires touchant l'eau, et les plumes ornementales hérissées de la nuque constituent le point central d'un parasol complet même lorsque les tentatives d'alimentation avortent. Il a été suggéré que l'ombre créée par l'aigrette chasse les petits poissons (1-2 cm) mais supprime les mouvements des poissons de grandeur moyenne ou supérieure qui sont alors capturés.


L'aire de distribution du Héron cendré / Ardea cinerea / Grey Heron couvre la plus grande partie de l'Ancien Monde à l'exception de l'Australasie. En Amérique du Nord et du Sud, il est remplacé par le Grand Héron et le Héron cocoi avec lesquels il forme une super-espèce. Quatre sous-espèces sont reconnues à ce jour: cinerea, jouyi, firasa et monicae. Photo prise le 26 octobre 2012 au Lac Ravelobe près d'Ankarafantsika.


C'est la race firasa qui se retrouve à Madagascar. Ce héron ressemble en tous points à notre Grand Héron américain. Il est plus pâle, moins colorés, plus gris, mais il adopte le même comportement et les mêmes habitats. La migration et la dispersion après la reproduction du Héron cendré ont provoqué de nombreux rapports sur des individus égarés même jusqu'au Nouveau-Monde. Ils ont été observés plusieurs fois au sud du Groenland, tandis que des individus bagués en France ont été récupérés à Trinidad, Montserrat, la Martinique et au large des Bermudes. J'y pense souvent lorsque j'observe les oiseaux immatures lors de la migration automnale au Québec. Qui sait ?


Le Héron pourpré / Ardea purpurea madagascariensis / Purple Heron est l'un de mes favoris. En plus d'être gros, donc facilement repérable, il partage les mêmes comportements que les autres Ardea . En vol, il se déplace lentement, à coups d'ailes amples et bien rythmés. En quête de nourriture, il se tient ostensiblement, en position figée, de préférence dans la végétation, attendant que la proie s'approche de trop près de son immense bec en forme de glaive. Photo prise le 26 octobre 2012 au Lac Ravelobe près d'Ankarafantsika.

 
Voici l'ardéidé que tous les observateurs veulent observer à Madagascar, le Héron de Humblot / Ardea humbloti / Humblot's Heron. Même en 2013, on en sait peu sur cette espèce. On estime sa population à moins de 5 000 individus. Un recensement fait en 1999 a permis de l'observer dans 20 IBA (Important Bird Areas) compris dans la West Malagasy Endemic Bird Area (ZICOMA 1999). Cette espèce est classée VU (vulnérable) et nous savons très bien que les habitats recherchés par l'espèce sont détruits à un rythme alarmant. Nous avons eu la chance d'observer cette espèce aux endroits suivants lors de notre périple: Nosy Ve (10 oct), Lac Kinkony (21 oct), Rivière Mahavavy (22-23 oct), Lac Ravelobe (25-26 oct). L'endroit le plus sûr demeure le Lac Ravelobe près d'Ankarafantsika où cette photo a été prise. C'est à bord d'un ponton que j'ai pu prendre les photos des ardéidés à ce lac sacré.


J'ai eu beaucoup de plaisir à photographier tous ces représentants des ardéidés lors de mon séjour à Madagascar. En fait, c'est une tâche plutôt agréable que je me suis imposée et elle peut encore, dans un certain délai, être répétée par n'importe qui désireux de le faire. Suffit de s'y rendre au plus vite et de mettre les efforts.

À bientôt !


Bibliographie consultée



del Hoyo, J., Elliott, A. & Sargatal, J. eds. (1999). Handbook of the Birds of the World, Vol.1, Ostrich to Ducks. Lynx Edicions, Barcelona.

Sinclair I., Langrand, O. (1998). Birds of the Indian Ocean Islands. Struik Publishers, Cape Town, ZA.

Hancock, J., Kushlan, J. (1989). Guide des Hérons du Monde. Delachaux et Niestlé, Paris.

BirdLife International (2000). Threatened birds of the world. Barcelona and Cambridge, UK: Lynx Edicions and BirdLife International. 



vendredi 18 janvier 2013

Le Harfang des neiges / Bubo scandiaca / Snowy Owl



Le Harfang des neiges / Bubo scandiaca / Snowy Owl  est l'emblème aviaire de la province de Québec. Il a été choisi parmi 17 espèces candidates et a obtenu ce statut officiel en décembre 1987*. La couleur de son manteau, son adaptation aux hivers rigoureux et le fait qu'il niche dans la toundra québécoise ont penché en sa faveur. Comme chez bien des rapaces, le mâle est de plus petite dimension que la femelle. Le mâle harfang est d'un blanc presque immaculé alors que la femelle est rayée sur presque toute la superficie de son corps, à l'exception de la face qui est toujours blanche. Même si elle blanchit en maturant, la femelle gardera toujours des lignes foncées sur les ailes, le dessus de la tête et la nuque. Plus la femelle est âgée et moins ses lignes sont apparentes, mais elles seront toujours présentes. L'immature, quant à lui, est fortement rayé et il s'observe en plus grand nombre que les adultes lors des visites hivernales sous nos latitudes **.




Son ère de distribution est circumpolaire et on peut l'observer autant dans l'Ancien que dans le Nouveau Monde. Comme il niche dans l'arctique, ce n'est que pendant la période hivernale qu'il nous visite en quête de nourriture. La raison de ces irruptions hivernales est un peu contestée ou contestable, car on les a souvent associées au manque de nourriture occasionnée par la baisse soudaine des populations de lemmings dans le nord. Il faut ajouter tout de suite que le harfang ne se nourrit pas seulement de lemmings. En Alaska, on l'a observé se sustentant d'une grande variété de proies: lagopèdes, grèbes, petits de goélands, guillemots, macareux, Petits Pingouins, mergules, canards, jeunes oies, foulques, bécasseaux, corneilles et même, aux endroits où l'eau ne gèle pas, de poissons qu'il attrape avec ses pattes. Quand ces proies deviennent rares, il se déplace vers le sud où il se nourrit de tout ce qu'il peut trouver sur place: lièvres, lapins, écureuils terrestres, rats, visons, mulots et musaraignes, et, lorsqu'il est vraiment affamé, il s'en prend même aux animaux à fourrures pris dans des pièges et il se nourrit aussi de restes de cadavres. Sur son terrain de chasse en arctique, il peut même s'en prendre à des jeunes Faucons pèlerins au nid, mais il peut en retour y laisser quelques plumes si ce n'est sa vie ***.


Photo © Norman Smith
Dans la partie est de l'Amérique du Nord, une étude poussée a été effectuée, entre 1981 et 1997, à l'aéroport Logan située à East Boston, Massachusetts (USA) sur les harfangs qui venaient passer l'hiver sur le vaste site aéroportuaire. Norman Smith est le maître d'oeuvre de ce projet ****. Il s'est impliqué dès le début et il l'a conduit sur toute cette période. Le travail s'est fait de jour comme de nuit et a consisté à observer, à capturer, à baguer et à colorer des harfangs.
L'observation de ces individus sauvages a permis de documenter la recherche d'habitat leur convenant, leurs besoins alimentaires ainsi que leur mode de vie nomade. Norman a ainsi pu colliger beaucoup d'informations sur leurs activités autant diurnes que nocturnes. Les points d'intérêt de cette étude étaient d'en savoir plus sur la chronologie et les techniques de chasse, sur la diète, sur les déplacements et les interactions entre les harfangs qui partagent le même site d'hivernage. L'utilisation d'une lunette d'approche permettant la vision nocturne a été d'une importance capitale puisqu'il s'est avéré que les harfangs étaient plus actifs la nuit. 

En fait, Norman voulait aussi répondre à ces questions que nous nous posons tous quand nous avons la chance d'observer des harfangs qui reviennent année après année au même site d'hivernage.


Norman Smith. Photo © Shawn Carey
  • Quand les harfangs arrivent-ils sur ce site d'hivernage ?
  • Combien de temps y demeurent-ils ?
  • Combien d'individus passent sur le site sans y demeurer ?
  • De quoi se nourrissent-ils ?
  • Quels sont leurs comportements au repos et en chasse ?
  • Le même harfang revient-il sur le site d'une année à l'autre ?   


En 15 ans, la date la plus hâtive d'arrivée sur le site est le 24 octobre et le départ le plus tardif est le 7 juillet. Ces dates extrêmes excluent, la moyenne se situe de la mi-novembre à la fin avril. 

Le nombre de harfangs observés chaque hiver varie de 5, durant les hivers 1980-81 et 1995-1996, jusqu'au record de 49 en 1986-87. Le matin du 23 Janvier 1987, 23 individus occupent le site aéroportuaire en même temps. 227 harfangs capturés ont permis d'ajouter beaucoup de données à cette étude. 10 individus ont été repris sur le site de l'aéroport de 1 à 10 ans suivant leur capture initiale. Au Canada, des oiseaux bagués à Logan ont été repris dans les années subséquentes en Ontario et des oiseaux morts (tués par des armes à feu) ont été trouvés au Québec et en Nouvelle-Écosse.   

Le marquage de couleur a permis de prouver que ces strigidés se déplacent beaucoup. Plusieurs individus ont été observés dans d'autres sites de la Nouvelle-Angleterre. 56 rapports font état d'individus colorés repérés au Maine, au New-Hampshire, au Vermont, au Massachusetts, au Rhode Island, au Connecticut, à New York et au Delaware. 11 de ces 56 rapports proviennent de lieux situés à plus de 150 kilomètres de East Boston. 

Un individu en particulier a été capturé à Logan le 9 Novembre 1991 et a été coloré en vert. Il a été photographié à Bath, Maine, le 19 Décembre 1991, à 197 kilomètres au nord est. Le 24 Janvier 1992, l'oiseau revient à Logan. Ensuite, on l'observe à Martha's Vineyard, Massachusetts, le 25 Février, à 115 kilomètres au sud est de Logan et à Charlestown, Rhode Island, le 26 Février, à 92 kilomètres de Martha's Vineyard. Le gardien du phare de Boston Light, à Little Brewster Island, Massachusetts, photographie l'oiseau le 16 Mars, 125 kilomètres au nord est de Charlestown. Le 23 Mars, il revient à Logan jusqu'au 20 Mai alors qu'il quitte Logan. D'autres oiseaux, cependant, sont demeurés toute la saison sur le site même de Logan. 

Toutes ces heures d'observation ont permis de noter que le Harfang des neiges préfère se reposer au sol durant la journée. C'est ainsi que nous l'observons souvent de jour, comme le montre bien cette photo d'un harfang adulte mâle prise sur le chemin de l'Azur, près de La Durantaye, le 12 Février 2012.




Dès que le soleil disparaît, le harfang devient très actif. Après s'être étiré les pattes et les ailes, il régurgite habituellement une boulette en préparation à sa chasse nocturne. Il repère alors un perchoir d'où il fera le guet dans le noir. En plus d'utiliser un perchoir, il peut également faire du surplace en vol à la manière de la Buse pattue / Buteo lagopus sanctijohannis / Rough-legged Hawk. Grâce aux instruments permettant la vision nocturne, tous ses faits et gestes ont pu être documentés tout au long de la nuit. Au cours de cette étude, des harfangs ont été surpris en train de chasser ou de se nourrir de 192 proies provenant de 35 espèces différentes. Le harfang préfère attraper sa proie en plein vol tel un gros faucon. Extrêmement agile, il a été observé éludant les tentatives de fuite des Plectrophanes des neiges ou attrapant un Canard noir en plein vol. La proie la plus grosse a été un Grand Héron et la plus lourde une Bernache du Canada. Le harfang n'hésite pas à attaquer d'autres oiseaux de proie, comme le démontre la liste suivante:


nom français nom scientifique nombre



Alouette haussecol Eremophila alpestris 2
Bécasseau variable Calidris alpina 8
Bernache cravant Branta bernicla 2
Bernache du Canada Branta canadensis 1
Busard Saint-Martin Circus cyaneus 2
Canard noir Anas rubripes 23
Chevalier sp
1
Cormoran à aigrettes Phalacrocorax auritus 1
Crécerelle d'Amérique Falco sparverius 2
Effraie des clochers Tyto alba 1
Étourneau sansonnet Sturnus vulgaris 5
Faisan de chasse Phasianus colchicus 2
Fuligule sp
2
Garrot à œil d'or Bucephala clangula 1
Goéland à bec cerclé Larus delawarensis 4
Goéland argenté Larus argentatus 1
Grand Héron Ardea herodias 1
Harfang des neiges Nyctea scandiaca 1
Harle huppé Mergus serrator 5
Hibou des marais Asio flammeus 5
Huîtrier d'Amérique Haematopus palliatus 1
Lièvre sp
1
Maubèche des champs Bartramia longicauda 1
Mouffette rayée Mephitis mephitis 3
Petit Garrot Bucephala albeola 1
Pigeon biset Columbia livia 13
Plectrophane des neiges Plectrophenax nivalis 4
Pluvier argenté Pluvialis squatarola 2
Pluvier kildir Charadrius vociferus 6
Poisson sp
2
Râle gris Rallus longirostris 1
Rat brun ou d'égoût Rattus norvegicus 47
Rat musqué Ondatra zibethicus 7
Rongeur sp
31
Sturnelle de l'Est Sturnella magna 2


À l'instar des autres strigidés, le harfang peut compter sur une acuité visuelle et auditive exceptionnelles qui sont essentielles à sa survie. On a documenté le plongeon d'un harfang dans environ 20 centimètres de neige et sa sortie avec un mulot dans les griffes. Comme le rongeur n'était pas visible, il a fallu que le hibou l'ait entendu. Et tout ceci en même temps qu'un immense avion de ligne 747 circulait sur le tarmac juste à côté. Un autre individu, difficilement visible même avec une paire de jumelles 10X50, a quitté son perchoir quelques minutes après le coucher de soleil pour venir fondre sur un Étourneau sansonnet. Cet étourneau était dans une cage et il servait d'appât aux harfangs afin de les attraper au filet pour prendre les mesures, les baguer et les marquer. Il lui a fallu parcourir une distance d'environ 1.6 kilomètres pour rejoindre sa proie potentielle. Et son vol direct ne laissait aucune équivoque sur ses intentions.


En conclusion   



Le nombre de Harfangs des neiges hivernant à l’aéroport de Logan varie grandement d’une année à l’autre. Durant les années où plusieurs individus sont observés et capturés, il s’agit surtout d’immatures et ils semblent en bonne santé. Ceci pourrait indiquer que la nourriture a été abondante sur leur territoire de nidification, que les femelles ont pondu plus d'oeufs (jusqu'à 14, les années d'abondance *) et qu’il en a résulté plus d’oisillons qui ont survécu et plus d’oiseaux sous nos latitudes en hiver. Les années où peu de harfangs sont présents, un haut pourcentage d’individus sont plus maigres que ce qu’ils devraient être. Ceci suppose que la nourriture a été plus difficile à obtenir sur le territoire de reproduction. Les nichées ont été plus petites, ce qui se répercute sur le nombre d’oiseaux observés chez nous en hiver.

Des 227 hiboux capturés, 19 étaient des mâles adultes, 14 des femelles adultes, 102 des mâles immatures, 81 des femelles immatures et 11 n’ont pu être catégorisés. Des recherches plus poussées sont nécessaires afin de voir si le manque ou l’abondance de nourriture dans la toundra arctique peut influencer le nombre d’individus qui viennent hiverner ici.

Dans la brique "Les Oiseaux nicheurs du Québec: Atlas des oiseaux nicheurs du Québec méridional", on peut lire à la page 1162 ce qui suit:

Des études récentes indiquent qu'en Amérique du Nord, il existe des différences importantes dans les mouvements et la répartition du Harfang des neiges en hiver, et que ces différences sont fonction des groupes d'âge et du sexe (Kerlinger et Lein, 1986). Les mâles immatures hivernent plus au sud et les femelles adultes, plus au nord; entre les deux se trouvent les femelles immatures et les mâles adultes. Les adultes semblent hiverner régulièrement au sud des grandes plaines du nord, tandis qu'au Québec, plus à l'est et sur la côte ouest, la plupart des migrateurs d'hiver sont associés aux invasions périodiques et irrégulières des juvéniles (Kerlinger et al., 1985a; Kerlinger et Lein, 1988b).


En faisant les recherches pour écrire ce billet, j'ai appris énormément sur la diète et le comportement de ce gros strigidé, l'un des plus beaux à se présenter sous nos cieux lorsque l'hiver étend son manteau blanc sur nos champs et nos forêts. Un ami chasseur, amoureux lui aussi des hiboux, m'a raconté un jour avoir observé un harfang en pleine activité de chasse. Ça se passe en plein jour, à Saint-Édouard-de-Lotbinière. Le rapace est perché au sommet du toit d'une vieille grange. Juste en dessous de lui, un oeil de boeuf percé dans le mur du bâtiment permet à des Pigeons bisets de se percher sur le rebord, se croyant à l'abri des griffes du harfang. Et voilà que notre prédateur astucieux se laisse tomber devant lui, dans le vide, et il se contorsionne lorsqu'il arrive à la hauteur des pigeons. Les griffes bien dirigées vers un individu, il ne le manque que de quelques centimètres. Ne semblant pas débobiné du tout par son essai raté, le hibou rejoint son perchoir en quelques battements d'ailes et il tente à nouveau sa chance à quelques reprises, toujours sans succès, avant de s'envoler vers d'autres proies plus accessibles. La nature n'arrêtera jamais de nous surprendre.



Bibliographie consultée


* Gauthier, J. et Y. Aubry (sous la direction de) 1995. Les Oiseaux nicheurs du Québec: Atlas des oiseaux nicheurs du Québec méridional. Association québécoise des groupes d'ornithologues, Société québécoise de protection des oiseaux, Service canadien de la faune, Environnement Canada, région du Québec, Montréal, xviii + 1295 p.

** del Hoyo, J., Elliott, A. & Sargatal, J. eds. (1999). Handbook of the Birds of the World, Vol. 5, Barn-owls to Hummingbirds. Lynx Edicions, Barcelona.

*** Terres, John K. 1956. The Audubon Society encyclopedia of North American birds. Alfred P. Knopf Inc, ed.

**** Smith, Norman 1997. Observations of wintering Snowy Owls (Nyctea scandiaca) at Logan Airport, East Boston, Massachusetts, from 1981-1997.
http://www.ncrs.fs.fed.us/epubs/owl/SMITH.PDF




lundi 14 janvier 2013

Le défi des cours



Le 2 octobre 2002, je lance, via mon site web Passion Plume, un défi à tous les passionnés d'oiseaux qui nourrissent les oiseaux sauvages en installant des mangeoires dans leur cour. La seule condition mise en place pour pouvoir participer est d'avoir atteint un nombre de 75 espèces observées à partir de sa cour. Je décide de cette règle bien arbitrairement, dans le seul but d'éviter d'avoir trop de cours à suivre. En effet, qui n'a pas sa mésange, sa tourterelle, son moineau ou son étourneau tout près de sa demeure ? Je ne dénigre vraiment aucune espèce d'oiseaux, mais nous savons que ces espèces sont plus répandues et elles représentent moins d'intérêt statistiquement. Comprenant très bien que ce chiffre n'est pas évident à atteindre pour une personne qui vit en pleine ville de Montréal, je me résous cependant à garder cette condition. Je calcule que la personne qui a pu inciter 75 espèces à passer dans sa cour a sûrement fait des bonnes choses pour arriver à ce résultat. Nonobstant le nombre d'espèces, ce défi se veut tout d'abord amical. Il est lancé à soi-même plutôt qu'à tous les autres participants. Mais je vois plusieurs aspects positifs à une mise en comparaison de différentes cours.  En demandant aux participants de donner une description succincte de leur cour, je veux connaître quel est le facteur qui influence plus les oiseaux à adopter une cour plus qu'une autre: choix judicieux d'arbres, d'arbustes et de végétaux , dimensions et emplacement du terrain, types de mangeoires, de nichoirs et de bains d'oiseaux qui fonctionnent le mieux...

De plus, ce défi permet de connaître les espèces communes selon les endroits où l'observateur se situe dans la province de Québec. Si le Moineau domestique est régulier dans une cour à Québec, il est inusité dans une cour à Rimouski.  Il en va de même de la Sittelle à poitrine blanche, du Viréo mélodieux, de l'Oriole de Baltimore ou du Piranga écarlate.

Et, il faut bien l'avouer, le fait d'attribuer un nombre d'oiseaux à notre cour peut nous amener à faire en sorte d'en attirer de plus en plus ou de prendre les moyens pour reconnaître les oiseaux qui passent et repassent au-dessus de la maison ou dans les arbres du voisinage, dans le courant de l'année et selon les saisons. Nous pouvons apprendre à reconnaître les oiseaux visuellement avec des bons guides de terrain ou auditivement avec des cassettes et des disques compacts que l'on peut trouver dans les boutiques ou sur les sites spécialisés via internet ou dans notre propre localité.

Pour participer, il faut donc avoir une liste minimale de 75 espèces d'oiseaux observées ou entendues alors que vous avez les deux pieds bien ancrés dans les limites de votre cour. L'oiseau peut passer en vol (vous ajoutez alors un V au bout du nom de l'oiseau), situation commune dans le cas de canards et bernaches ou de rapaces; l'oiseau peut nicher sur votre terrain ou chez le voisin (vous ajoutez alors un N au bout du nom), mais vous devez voir le nid à partir de votre terrain. Vous pouvez aussi n'entendre que l'oiseau, mais le reconnaître sans l'ombre d'un doute (auquel cas vous ajoutez un E au bout du nom). Quand, un peu plus tard, vous voyez une espèce que vous n'aviez fait qu'entendre auparavant, vous me le mentionnez et j'enlève le E .  Pour qu'il n'y ait aucune lettre suivant le nom de l'espèce, il faut que celle-ci se soit vraiment arrêtée pour se nourrir, pour se baigner ou pour se reposer quelques minutes. Elle doit s'être perchée ou s'être posée au sol ou sur l'eau directement dans les limites de votre terrain ou dans votre champ de vision.

Au cours des dix années qui ont suivi, j'ai eu le bonheur de voir 54 propriétaires de cour s'inscrire à ce défi amical et, ce, dans 15 des 17 districts administratifs de la province de Québec. Certains districts sont couverts par plus de cours que d'autres, mais c'est intéressant quand même d'avoir un portrait assez global au niveau de la province. Voici donc ces districts avec (entre parenthèses) le nombre de cour contenu dans chacun:

  • Côte Nord (2)
  • Gaspésie (2)
  • Bas Saint-Laurent (2)
  • Québec (7)
  • Chaudière / Appalaches (14)
  • Centre du Québec (3)
  • Mauricie (2)
  • Estrie/Cantons de l'est (3)
  • Montréal/ Laval (3)
  • Outaouais (3)
  • Abitibi / Témiscamingue (1)
  • Montérégie (4)
  • Laurentides (3)
  • Lanaudière (3)
  • Saguenay / Lac Saint-Jean (2)

Et le total cumulatif des espèces ayant fréquenté ces 54 cours est assez impressionnant puisqu'il comprend à ce jour 298 espèces différentes et 17 espèces d'oiseaux exotiques (échappées de captivité). C'est un nombre que je ne croyais pas possible en lançant ce défi. 

Si vous vous demandez dans quel district de la province de Québec la diversité est la plus grande et bien voici en ordre décroissant le nombre d'espèces observées dans une cour donnée, avec l'endroit où se situe cette cour, le district du Québec ainsi que les noms de ceux ou celles qui ont recensé les espèces à travers les années.


nombre endroit district au Québec recenseurs
223 Saint-Fulgence Saguenay-Lac-St-Jean Claudette Cormier et Germain Savard
195 Pointe-Platon, Lotbinière Chaudière-Appalaches Alice Desrochers
188 Arrondissement Sainte-Foy Capitale-Nationale Olivier Barden
180 Grenville-sur-la-Rouge Outaouais François Morand
166 Saint-Jean-sur-Richelieu Montérégie Marcel Jr. Gauthier
162 Saint-Jean, Île-d'Orléans Capitale-Nationale Thérèse Beaudet et Pierre Lamothe
161 Stoke Estrie/Cantons de l'Est Luce Lefebvre et Jacques Turgeon
160 Pointe-aux-Trembles Montréal/Laval Yves Gauthier
159 Sainte-Martine Montérégie Micheline Ouellet
157 Saint-Hubert Montérégie Raymond Belhumeur
155 Sainte-Gertrude, Nicolet Centre du Québec Carole Gélinas et Robert Barbeau
154 Lévis Chaudière-Appalaches Lorraine Plante et Simon Bégin
153 Adstock, Beauce Chaudière-Appalaches Donald McCutcheon
144 Saint-Majorique, Drummond Centre du Québec Jeanne Lehoux
144 Lévis Chaudière-Appalaches Guy Lemelin
143 Ville-Marie Abitibi-Témiscamingue Jonathan Fréchette
139 Grand-Calumet Outaouais Mario Gervais
139 Dunany Laurentides Sylvie Robert
138 Arrondissement Neufchatel Capitale-Nationale Louis Messely
132 Saint-Onésime-d'Ixworth Bas-Saint-Laurent Jean-François Rousseau
129 Saint-Étienne-de-Lauzon, Lévis Chaudière-Appalaches Louise Morin
129 Montmagny Chaudière-Appalaches Guy Poisson
129 Saint-Paul-de-Joliette Lanaudière Raymond Piché
127 Saint-Georges-ouest, Beauce Chaudière-Appalaches Réjean Turgeon
121 Falardeau Saguenay-Lac-St-Jean Andrée Desjardins
120 Saint-Armand Montérégie Normand Bourdon
116 Saint-Adalbert-de-Lislet Chaudière-Appalaches Jean-Guy Chouinard
113 Irlande, Beauce Chaudière-Appalaches Anne-Marie Galant et Paul Demers
110 Hull Outaouais Frédéric Bédard
109 Saint-Georges, Beauce Chaudière-Appalaches Luc Légaré
109 Magog Estrie/Cantons de l'Est Jacqueline et Renaud Pirsch
108 Matapédia Gaspésie Christiane Pitre
106 Danville Estrie/Cantons de l'Est Gilles Lacroix
105 Mont-Laurier Laurentides Robert Lebrun
103 Saint-Jacques-de-Leeds, Lotbinière Chaudière-Appalaches Gabriel Samson
103 Mont-Tremblant Laurentides Francine Charpentier et Gérald Gauthier
102 Arrondissement Sillery Capitale-Nationale Anne Déry et Laval Roy
102 Saint-Joachim-de-Courval, Drummond Centre du Québec Colette et Yvon Roy
95 Islets-Caribou Côte Nord Gilles Dupuis
93 Trois-Rivières Mauricie Micheline Bisson
92 Sainte-Rose-de-Laval Montréal/Laval Luc Laberge
92 Saint-Cyrille-de-Lislet Chaudière-Appalaches Richard Alan Jones
87 Saint-Nicolas, Lévis Chaudière-Appalaches Nicolas Hallé
86 Île-Bizard Montréal/Laval Louise Turgeon
82 Lac Ulysse, Zec Forestville Côte Nord Thérèse Beaudet et Pierre Lamothe
82 Saint-Léonard-de-Portneuf Capitale-Nationale Alain Cayer
80 Amqui Gaspésie Ronald Lang
80 Saint-Jean-des-Piles Mauricie Yves Leduc
80 Arrondissement Beauport Capitale-Nationale Diane Labarre
79 Rawdon Lanaudière Lise Poulin
79 Saint-François-de-la-Rivière-du-Sud Chaudière-Appalaches Mario Lavoie
78 Arrondissement L'Ancienne-Lorette Capitale-Nationale La famille Lagueux-Tremblay
75 Rimouski Bas-Saint-Laurent André Boulianne
75 Terrebonne Lanaudière Lucie et Marcel Léonard

Et maintenant, voici les espèces qui ont été identifiées 

dans 100% des cours participantes (54/54):

Bernache du Canada, Colibri à gorge rubis, Pic mineur, Pic flamboyant, Geai bleu, Corneille d'Amérique, Mésange à tête noire, Merle d'Amérique, Jaseur d'Amérique, Paruline à croupion jaune, Bruant familier, Junco ardoisé, Tarin des pins et Chardonneret jaune.

dans 98.1% des cours participantes (53/54):

Pic chevelu, Grand Corbeau, Bruant hudsonien, Bruant à couronne blanche, Quiscale bronzé, Roselin pourpré et Sizerin flammé.

dans 96.3% des cours participantes (52/54):

Grand Héron, Goéland à bec cerclé, Étourneau sansonnet, Bruant à gorge blanche, Carouge à épaulettes.

dans 94.4% des cours participantes (51/54):

Canard colvert, Épervier brun, Tourterelle triste, Hirondelle bicolore, Vacher à tête brune.

dans 92.6% des cours participantes (50/54):

Pic maculé, Roitelet à couronne rubis et Cardinal à poitrine rose.

dans 90.7% des cours participantes (49/54):

Faucon émerillon, Viréo aux yeux rouges, Bruant fauve et Gros-bec errant.

dans 88.9% des cours participantes (48/54): 

Sittelle à poitrine rousse et Paruline jaune. 

dans 87.0% des cours participantes (47/54): 

Urubu à tête rouge, Pie-grièche grise et Durbec des sapins.

dans 85.2% des cours participantes (46/54): 

Oie des neiges, Roitelet à couronne dorée et Paruline à tête cendrée.

dans 83.3% des cours participantes (45/54): 

Buse à queue rousse, Pluvier kildir, Sittelle à poitrine blanche et Jaseur boréal.

dans 81.5% des cours participantes (44/54): 

Grand Pic, Paruline à flancs marron, Paruline flamboyante, Paruline masquée et Cardinal rouge.

dans 79.6% des cours participantes (43/54): 

Pigeon biset, Grimpereau brun, Paruline noir et blanc, Oriole de Baltimore et Sizerin blanchâtre.

dans 77.8% des cours participantes (42/54): 

Pygargue à tête blanche, Busard Saint-Martin, Crécerelle d'Amérique et Paruline à joues grises.


dans 75.9% des cours participantes (41/54): 

Épervier de Cooper, Tyran tritri, Viréo à tête bleue, Grive solitaire et Paruline à gorge noire.


dans 74.1% des cours participantes (40/54):

Moucherolle phébi, Plectrophane des neiges et Moineau domestique. 
 
Je n'accorde personnellement pas une grande valeur statistique ou scientifique à tous ces pourcentages et ces chiffres. Si ce défi a dix ans d'âge, quelques espèces qui composent les listes de certaines cours sont peut-être là depuis les années 1970. Par exemple, la Pie-grièche migratrice est présente dans 4 cours différentes au fil des années: à Saint-Jean-des-Piles, à Saint-Georges-de-Beauce, à Sainte-Majorique (ou elle a même niché et 3 oisillons ont été observés) et à Repentigny. Commune dans les années 1970, cette espèce est aujourd'hui super rare à la grandeur de la province. Une ou deux mentions par année seulement. Pour connaître les réelles tendances de population pour les différentes espèces, il faudrait tenir à jour la liste de chacune des cours sur une base annuelle. Ainsi, on saurait de façon plus précise si une espèce maintient ou non sa population pour une région donnée. Mais je n'ai jamais été très fort sur les statistiques et je ne serai jamais un scientifique pur. Cependant, j'adore littéralement étudier le comportement des oiseaux dans leur façon d'interagir avec leur environnement. Le seul côté scientifique qui m'intéresse vraiment est de mettre le nom exact sur une espèce observée. Ceci est de la plus haute importance lorsqu'on maintient des listes des espèces rencontrées sur sa route. 

Pour voir la liste complète des espèces observées dans les 54 cours, aller à cette adresse

http://www.ornithoplanete.net/defi_des_cours/macour-presentation.htm

Et voici, en finissant, un pic que je photographiais pour la première fois le 11 janvier 2013. Comme je suis fort sur les listes, je peux vous dire que c'est la 870ième espèce à vie que j'immortalise en photo. Je devrais atteindre la 1 000ième espèce lors de mon prochain voyage en Thaïlande du 5 au 28 février prochains. Ça ne devrait pas être un très gros défi.

Voici donc une femelle de Pic à ventre roux / Melanerpes carolinus / Red-bellied Woodpecker présente à un poste d'alimentation d'une maison privée au Lac aux canards, près de La Durantaye, depuis le 9 décembre 2012. 




Même si cette espèce se retrouve sur la liste officielle du Québec, elle n'est pas commune du tout. Pour espérer en voir durant la saison de nidification, il faut se rendre dans la sud ouest de la province, en Montérégie et plus précisément à Châteauguay. Cependant, durant la saison hivernale, il s'en observe sur un plus vaste territoire, mais toujours en nombre minime. En me fiant aux mentions faites sur le site des oiseaux rares, 9 Pics à ventre roux ont été repérés à des mangeoires depuis le 2 décembre 2012. 3 en Montérégie, 2 en Outaouais, 1 en Mauricie, 1 à Montréal, 1 dans Chaudière-Appalaches et 1 dans la Capitale-Nationale. Comparativement à d'autres années, on peut dire que c'est un bon hiver pour cette espèce.