jeudi 27 février 2020

Enfin le printemps.



Peu importe la rigueur de la saison hivernale, qu'elle ait été clémente ou plus froide; peu importe le nombre de millimètres de neige reçu, une certaine excitation nous envahit en mars et elle grandit au rythme de la durée du jour qui s'étire de quelques minutes quotidiennement . Le printemps tant attendu s'implante inexorablement, apportant avec lui la promesse d'un retour à une nature trop longtemps réprimée sous un linceul blanc de neige. Pour nous, ornithologues de tout acabit, c'est le retour des oiseaux. De NOS oiseaux qui ont entrepris à l'automne précédent un long voyage vers des cieux plus cléments afin d'y trouver abri et nourriture. Et ils nous reviennent, fidèles au lieu qui les a vus naître, afin d'assurer à leur tour la pérennité de l'espèce. Alors que certains ne seront que de passage sous nos cieux, d'autres se mettront à la recherche d'un territoire où nicher.  Vous vous souvenez du calendrier des oiseaux que je vous ai présenté dans ce bulletin au printemps dernier ? Si vous avez commencé votre calendrier personnel, vous pourriez être surpris par la comparaison des dates d'arrivée entre 2019 et 2020.

Le territoire couvert par le Club des Ornithologues de Québec (COQ) est vaste et les oiseaux ne font pas nécessairement leur apparition la même journée et simultanément dans tous les secteurs. En tenant compte des points les plus distants du territoire, soient

à l'ouest: Sainte-Anne-de-la-Pérade

au nord: le Lac-Jacques-Cartier dans la Réserve des Laurentides

à l'est:    Baie-Sainte-Catherine

au sud:  Saint-Léon-de-Standon

nous arrivons à une distance d'environ 300 kilomètres d'est en ouest et de 175 kilomètres (à vol d'oiseau) du nord au sud. Des distances suffisantes pour connaître des conditions atmosphériques bien différentes d'une zone à l'autre. 

C'est en gardant cette réalité bien en tête que je me suis prêté à un petit jeu de prédictions. Et j'insiste sur le mot jeu, car rien de tout ça n'est coulé dans le béton. Il y a tellement d'éléments qui peuvent influer sur ce qui va se passer durant la migration printanière de 2020. Il me semble que les conditions climatiques n'ont jamais été aussi bizarres et imprévisibles qu'elles ne le sont présentement. Lorsque le froid et la neige perdurent trop longtemps, les oiseaux sont contraints de ralentir leur migration s'ils veulent trouver la nourriture nécessaire pour continuer. Il est normal d'observer à tous les printemps quelques individus d'espèces différentes que nous pourrions comparer à des éclaireurs même s'il n'en est rien en fait. En précédant la masse migratoire, ils faussent un peu les dates d'arrivée de la horde elle-même. La date qu'un individu d'une espèce "migratrice" est observée en un seul exemplaire et pour la première fois de l'année n'est donc pas un bon indicateur à l'élaboration d'un tableau d'arrivée. Il faut considérer aussi le fait que cet individu observé puisse en être un qui n'a pas migré à cause de problèmes de santé ou autres, mais qui a plutôt réussi à hiverner bien caché à l'abri des regards des observateurs.

Où glaner des sources d'information fiables qui permettraient d'établir des balises cohérentes à l'élaboration de mon tableau ?  Mes notes personnelles sont trop entrecoupées, incomplètes, et elles  ne traduisent pas la réalité contemporaine des changements climatiques et environnementaux vécus depuis 50 ans. J'ai ensuite pensé au Bulletin du COQ en raison de ses excellents rapports saisonniers faits depuis à peu près le même nombre d'années que j'observe les oiseaux. Et puis, j'ai pensé à Ebird où je peux faire des recherches en considérant des lieux, des saisons et des dates. Je me suis arrêté sur les trois dernières années, soit entre 2016 et 2019. Et après plusieurs heures de cogitation, voici à quoi je suis arrivé.

MARS  


Voici le mois stratégique où les arrivées sont plus difficiles à prédire. J'ai déjà observé des "oiseaux noirs" dès le 3 mars et beaucoup plus tard dans le mois d'autres années. 

du 1er au 7:  Bernache du Canada (BECA), Goéland argenté (GOAR), Alouette hausse-col (ALHC)

du 8 au 14:  Oie des neiges (OINE), Garrot à oeil d'or (GAOD), Harle couronné (HACO), Grand Harle (GRHA), Urubu à tête rouge (URTR), Carouge à épaulettes (CAEP), Vacher à tête brune (VATB) et Quiscale bronzé (QUBR)

du 15 au 21:  Canard colvert (CACO), Canard noir (CANO), Fuligule à collier (FUCO), Pluvier kildir (PLKI) et Goéland à bec cerclé (GOBC)

du 22 au 31:  Fuligule milouinan (FUMI), Eider à duvet (EIDU), Petit Garrot (PEGA), Aigle royal (AIRO), Buse à épaulettes (BUEP) et Merle d'Amérique (MEAM)


Au Québec, le Grand Corbeau construit son nid au début du mois de mars. C'est le 5 mars 2016 que j'ai photographié cet individu en train de transporter une branche et se dirigeant vers un lieu en forêt.


AVRIL


du 1er au 7:   Canard pilet (CAPI), Sarcelle d'hiver (SAHI), Petit Fuligule (PEFU), Harelde kakawi (HAKA), Harle huppé (HAHU), Grand Héron (GRHE), Busard des marais (BUMA), Épervier brun (EPBR), Buse à queue rousse (BUQR), Buse pattue (BUPA), Crécerelle d'Amérique (CRAM) et Bruant chanteur (BRCH)
du 8 au 14:  Grèbe à bec bigarré (GRBB), Bécasse d'Amérique (BEAM), Épervier de Cooper (EPCO), Pic maculé (PIMA), Pic flamboyant (PIFL), Faucon émerillon (FAEM), Faucon pèlerin (FAPE), Hirondelle bicolore (HIBI), Roitelet à couronne dorée (ROCD) et Grive fauve (GRFA)  

du 15 au 21:  Grue du Canada (GRCA), Bécassine des marais (BEMA), Grand Chevalier (GRCH), Plongeon huard (PLHU), Cormorant à aigrettes (COAI), Bihoreau gris (BIGR), Grimpereau brun (GRBR), Grive solitaire (GRSO), Bruant familier (BRFM), Bruant fauve (BRFA), Sturnelle de l'Est (STES) et Quiscale rouilleux (QURO)

du 22 au 30:  Macreuse à front blanc (MAFB), Grive à joues grises (GRJG), Foulque d'Amérique (FOAM), Mouette de Bonaparte (MOBO), Balbuzard pêcheur (BAPE), Petite Buse (PEBU), Martin-pêcheur d'Amérique (MPAM), Viréo à tête bleue (VITB), Hirondelle rustique (HIRU), Roitelet à couronne dorée (ROCR), Moqueur roux (MORO), Merlebleu de l'Est (MEES) et Bruant des prés (BRPR).


Les cris distinctifs du Pluvier kildir nous avisent en avril que les champs seront bientôt libérés de toute neige.
 

MAI


du 1er au 7:  Grèbe esclavon (GRES), Râle de Virginie (RAVI), Marouette de Caroline (MACA), Gallinule d'Amérique (GAAM), Maubèche des champs (MACH), Chevalier grivelé (CHGR), Petit Chevalier (PECH), Butor d'Amérique (BUAM), Troglodyte des forêts (TRFO), Paruline à couronne rousse (PACR), Paruline des pins (PAPI), Bruant à couronne blanche (BRCB) et Bruant des marais (BRMA)  

du 8 au 14:  Sarcelle à ailes bleues (SAAB), Macreuse à bec jaune (MABJ), Martinet ramoneur (MARA), Colibri à gorge rubis (COGR), Pluvier à collier (PLCO), Bécasseau minuscule (BEMI), Bécassin roux (BERO), Chevalier solitaire (CHSO), Sterne pierregarin (STPI), Hirondelle à ailes hérissées (HIAH), Hirondelle noire (HINO), Hirondelle des rivages (HIRI), Hirondelle à front blanc (HIFB), Troglodyte familier (TRFA), Moqueur chat (MOCH), Grive à dos olive (GRDO), Pic maculé (PIMA), Paruline à croupion jaune (PACJ), Cardinal à poitrine rose (CAPR), Passerin indigo (PAIN) et Goglu des prés (GOPR)

du 15 au 21:  Bécasseau variable (BEVA), Bécasseau semipalmé (BESE), Pioui de l'Est (PIES), Moucherolle à ventre jaune (MOVJ), Moucherolle des aulnes (MOAU), Moucherolle tchébec (MOTC), Viréo de Philadelphie (VIPH), Viréo aux yeux rouges (VIYR), Troglodyte des marais (TRMA), Grive des bois (GRBO), Paruline à collier (PACO), Paruline flamboyante (PAFL), Paruline tigrée (PATI), Paruline à tête cendrée (PATC), Paruline à poitrine baie (PAPB), Paruline à gorge orangée (PAGO), Paruline à flancs marron (PAFM), Paruline à calotte noire (PACN), Paruline à gorge noire (PAGN), Paruline des ruisseaux (PARU), Paruline du Canada (PACA), Paruline noir et blanc (PANB), Paruline à joues grises (PAJG), Paruline masquée (PAMA), Paruline jaune (PAJA), Paruline bleue (PABL),Bruant à gorge blanche (BRGB), Bruant vespéral (BRVE) et  Bruant de Lincoln (BRLI)

du 22 au 31:  Engoulevent d'Amérique (ENAM), Engoulevent bois-pourri (ENBP), Pluvier argenté (PLAR), Plongeon catmarin (PLCA), Petit Blongios (PEBL),  Héron vert (HEVE), Moucherolle à côtés olive (MOCO), Moucherolle des saules (MOSA), Grive à joues grises (GRJG), Jaseur d'Amérique (JAAM), Paruline obscure (PAOB), Paruline verdâtre (PAVE), Paruline rayée (PARA) et Passerin indigo (PAIN)
  


Autrefois commune, la Sturnelle des prés est l'une des espèces champêtres les plus recherchées dans les campagnes de Chaudières-Appalaches, de Portneuf et de Bellechasse. Son chant a été interprété par Roger T. Peterson comme disant "Spring is here again".

Je vous souhaite votre plus belle migration printanière à vie.

@ bientôt.


2 commentaires:

Stéphane a dit…

Bravo pour votre billet, informations très intéressantes. merci

Marielle a dit…

Merci beaucoup, très intéressant.
Bravo et longue vie à ce blog.