jeudi 8 novembre 2018

La couleur de la survie.



Coloré, c'est l'épithète qui me vient à l'esprit quand je pense à l'automne 2018. C'est mon impression première. Des soucis de santé ont grandement limité mes déplacements depuis la fin mai et ils m'ont obligé à porter un regard plus attentif, voire plus concentré, sur mon environnement immédiat et sur les activités dites quotidiennes. Pas de projet à long et même à court terme. Carpe diem. C'est ainsi qu'un voyage en Indonésie, planifié et réservé depuis plusieurs mois pour le mois d'août, m'a coulé entre les doigts. Heureusement, comme il s'agissait d'un voyage de groupe, Anne a pu le faire quand même et elle en a rapporté de beaux souvenirs... en plus d'une centaine d'espèces d'oiseaux nouvelles à ajouter sur sa liste personnelle. Pour moi, ce n'est que partie remise.


Toujours est-il que j'ai eu amplement le temps de voir les feuilles changer de couleurs autant dans ma cour que dans les parcs urbains ou les endroits visités aux alentours. L'automne est une saison prisée par les photographes avec la panoplie des couleurs révélées par les feuillages des différentes espèces d'arbres et d'arbustes. Elles contribuent à créer des arrière-plans (bokeh) d'une beauté exceptionnelle. Et une grive farfouillant parmi un tas de feuilles mortes peut avoir un certain charme.


Cette Grive solitaire / Catharus guttatus faxoni / Hermit Thrush est venue nous faire une courte visite le 27 octobre 2018 dans notre arrière-cour de Sillery, ville de Québec, Québec.
 

Un mâle adulte d'Épervier de Cooper / Accipiter cooperii / Cooper's Hawk est venu semer l'émoi parmi les oiseaux fréquentant les mangeoires de notre cour, le  23 octobre 2018.

 
La beauté de ce mâle de Quiscale bronzé / Quiscalus quiscula versicolor / Common Grackle est accentuée autant avec un arrière-plan coloré...
 

... qu'un décor plus terne, mais très évocateur de son mode d'alimentation. Ces 2 photos ont été réalisées au mois d'octobre 2018 dans les environs de la réserve nationale de faune du Cap-Tourmente.


Un immature de Busard Saint-Martin / Circus cyaneus hudsonius / Northern Harrier survole un champ près de la réserve nationale de faune du Cap-Tourmente. Sur un fond de couleurs automnales, le prédateur fend l'air parmi les flocons de la première neige de l'année. Un spectacle tout-à-fait bucolique. Nous sommes le 18 octobre 2018.


La rencontre avec le très délicat Bruant de Lincoln / Melospiza lincolnii lincolnii / Lincoln's Sparrow s'avère toujours une belle récompense lorsqu'on observe en période de migration automnale. Le Cap-Tourmente est l'endroit où il est observé avec le plus de facilité. Peut-être bien à cause de la concentration de l'espèce en ce lieu lors de la migration. Nous en repérons 8 en ce 5 octobre 2018.


Au marais des Graves, près de la Petite Ferme, cette Paruline à croupion jaune / Setophaga coronata coronata / Yellow-rumped Warbler nous montre bien la caractéristique de son plumage à l'origine de son nom. En ce 18 octobre 2018, elle s'affaire à la recherche des dernières proies encore vivantes: insectes, arthropodes...


Et il n'y pas que la végétation qui change avec la baisse généralisée de la température. Certaines sources de nourriture habituellement abondantes rétrécissent comme peau de chagrin au point de disparaître tout-à-fait. Ceci a pour effet d'induire presque la totalité des espèces nichant dans nos forêts québécoises à littéralement fuir pour regagner des habitats plus accueillants, sous des climats plus tempérés ou même tropicaux. Les granivores sont certes moins affectés que les insectivores car les graines persistent plus longtemps que les insectes. Cependant, la neige finira par ensevelir la végétation basse et la survie leur dicte également la migration vers des cieux plus cléments. Cependant, ils n'auront pas à se rendre aussi loin au sud que les insectivores. Des habitats moins froids, où la neige au sol est pratiquement inexistante, leur garantiront le gîte et la nourriture.


Le régime alimentaire change avec les saisons. Sur leur site de nidification, les grives se nourrissent d'insectes, principalement de coléoptères, de fourmis, de chenilles, de sauterelles, de grillons, d'araignées, d'escargots, de vers de terres et même de salamandres qu'ils offrent à leur oisillon. C'est une toute autre réalité en migration alors que les fruits constituent la principale source alimentaire. La variété et l'abondance ne manquent pas tout le long du corridor migratoire sous nos latitudes: airelles, mûres, raisins, baies de sureau, baies de cerise, baies de gui, cornouilles... Ils sont faciles à repérer avec leurs couleurs aux 50 nuances de rouge.



Merle d'Amérique / Turdus migratorius migratorius / American Robin



Merle d'Amérique / Turdus migratorius migratorius / American Robin



Merle d'Amérique / Turdus migratorius migratorius / American Robin


Pic maculé (immature) / Sphyrapicus varius / Yellow-bellied Sapsucker


Ce Bruant à gorge blanche / Zonotrichia albicollis / White-throated Sparrow pourra compter sur un apport calorique additionnel en ajoutant cette coccinelle aux fruits de l'aubépine.


Pic chevelu (femelle) / Picoides villosus villosus / Hairy Woodpecker


Grive solitaire / Catharus guttatus faxoni / Hermit Thrush


Ce mâle de Merlebleu de l'Est / Sialia sialis sialis / Eastern Bluebird régurgite devant moi des petits fruits emmagasinés dans son jabot. Comme pour mieux les déguster une deuxième fois, il les avale quelques secondes plus tard.


Et si, pour une raison ou pour une autre, une grive migratrice ne peut entreprendre le long trajet vers le sud, elle pourra au moins compter sur des baies délicieuses et nutritives pour passer l'hiver. Comme cette Grive solitaire observée un 20 décembre dans le comté de Lotbinière.





@ bientôt.



1 commentaire:

lejardindelucie a dit…

Bonsoir Laval,
Un grand merci pour votre passage ! Je suis venue lire vos textes la semaine passée et prise par mes occupations je n'ai pas laissé de commentaire!
Que la nouvelle année qui approche à grands pas vous voit totalement rétabli afin de pouvoir repartir à l'observation de ces beaux oiseaux que vous savez si bien nous présenter!
L'automne apporte chez nous aussi des changements mais de manière moins perceptible. Le froid ne s'était pas encore installé plus au nord de chez nous, il n'y a pas encore de nouveaux visiteurs aux mangeoires et les insectes quant à eux ont pour la plupart terminés leur cycle de vie et la génération future est à l'abri sous forme d'oeufs, de nymphes, dans des cocons ou dans le sol ou d'autres trous dans le bois, les murs... Les bourdons et certains papillons butinent les fleurs qui agrémentent notre hiver doux!