Ce billet fait suite à un autre écrit en janvier 2015: la couleur des choses . Je vous invite à le lire à nouveau comme préambule avant de revenir à celui-ci. Je terminais en écrivant que la couleur n'est pas seulement attribuée au concept de la couleur, elle peut être également attribuée à autre chose.
Pour un daltonien en manque de cônes comme moi, mais à l'oreille fine, les sons émis par les oiseaux revêtent une importance capitale dans la reconnaissance de l'espèce. Et j'ajoute tout-de-suite qu'il n'est pas nécessaire d'être daltonien pour avoir une ouïe extraordinaire permettant de reconnaître les moindres sons et les interpréter de façon judicieuse. Il se trouve quelques ornithologues qui sont des mentors pour moi à ce point de vue et il n'est pas nécessaire d'être avancé en âge pour faire partie du groupe. Olivier Barden, un jeune Québécois surdoué, est un phénomène en ce domaine. Mais il n'y a pas de raccourci pour atteindre ce niveau. Il faut beaucoup, beaucoup de persévérance, de travail, d'écoute d'enregistrements, de temps passé sur le terrain et de passion pour assimiler le tout.
La Grive des bois / Hylocichla mustelina / Wood Thrush possède un chant éthérique dont les notes flûtées et vaporeuses enchantent l'oreille et nous transportent dans un autre monde. |
Que serait ce monde sans les sons émis par les oiseaux ? Que serait un lever de soleil s'il n'était accompagné du concert de la gent ailée ? D'entrée de jeu, je vous accorde que ce ne sont pas tous les oiseaux qui émettent des sons agréables. Le croassement de la corneille ne saurait être avantageusement comparé aux vocalises joyeuses du roselin ou aux acrobaties vocales de haut voltige du goglu.
Très agressif, il protège son territoire contre tous ceux qui osent en franchir les limites. Ses cris sont accompagnés du déploiement du rouge éclatant de ses épaulettes. |
Du haut de ses 10 cm, cette boule d'énergie qu'est le Troglodyte des forêts impressionne par un chant qu'on prêterait volontiers à un oiseau beaucoup plus massif. |
Mais comment les petits oiseaux font-ils pour expulser avec autant de force de tels sons à partir d'un corps souvent menu ? L'explication vient de l'anatomie bien particulier à l'oiseau au niveau des voies respiratoires.
Le syrinx est un organe situé au fond de la trachée des
oiseaux. Il leur permet d'émettre des vocalises, comme le larynx le permet pour
les autres vertébrés. Contrairement aux
mammifères, chez qui le larynx se retrouve au-dessus de la trachée, le syrinx se
trouve sous la trachée, entouré des sacs aériens claviculaires (bronche), au
niveau de la 2ième ou 3ième vertèbre thoracique et de la
bifurcation de la trachée.
- Dernier anneau cartilagineux de la trachée
- Tympanum
- Muscles
- Pessulus
- Membrane tympanique externe
- Membrane tympanique interne
- Second groupe de muscle
- Bronche principale
- Anneaux cartilagineux bronchiques
L'organe vocal est constitué d'une structure cartilagineuse
qui fait vibrer une membrane devant deux cavités ou pavillons qui servent de
caisse de résonance. Chez les canards, le cartilage est surmonté d'un
renflement que l'on appelle tambour ou bulle de la syrinx et qui permet
d'amplifier les sons. Chez certaines espèces les deux pavillons peuvent ne pas
vibrer à la même fréquence de façon à produire une note différente. Pour
d'autres, les pavillons sont absents.
La sérénade du Merle d'Amérique / Turdus migratorius migratorius / American Robin est l'un des sons printaniers les plus beaux et réconfortants à entendre pour les Québécois au sortir de l'hiver. |
Le syrinx est plus ou moins sophistiqué selon les espèces et les sexes. Il est en effet souvent plus développé chez les mâles, plus aptes à chanter. Chez les perroquets, la musculature qui permet au syrinx de vibrer est très développée, même si on trouve des différences notables entre les groupes.
Les gros oiseaux comme les cygnes et les grues ont une trachée très allongée, qui tient lieu de caisse de résonance.
Le syrinx est très peu développé chez les vautours, les autruches et quelques espèces de cigognes.
En résumé
Le syrinx
ou larynx inférieur est essentiellement composé d’une membrane à la partie
inférieure de la trachée qui forme, au niveau de la bifurcation des bronches,
une valvule circulaire faisant saillie dans l'intérieur de la trachée. Cette
membrane, tenant lieu de tympan, unique ou double (suivant qu'elle est au-dessus ou
au-dessous de la bifurcation), est l'organe vibratoire qui produit les sons,
sous l'influence de la colonne d'air chassée par le jeu des poumons et de la
tension produite par de petits muscles, en nombre très variable suivant les
espèces. Les oiseaux dits chanteurs (paruline,
roselin, merle…) ont jusqu'à cinq paires de ces muscles, les perroquets n'en ont que trois et les
rapaces une seule paire.
Lorsqu'aux couleurs éblouissantes de la nature s'ajoute la couleur du langage des oiseaux, ces moments impérissables s'ajoutent à la liste des raisons pour lesquelles la planète bleue doit être valorisée et protégée pour les générations à venir.
Merci à cette Paruline à poitrine baie de s'époumoner pour nous le rappeler.
3 commentaires:
Bravo et merci pour vos billets extrêmement intéressants et enrichissants.
Wowww...plaisirs et bon moments de lectures. Encore et encore...voilà une belle richesse. Merci beaucoup.
Bonjour Laval,
J'avais vu cet article lors de nos vacances et pour cause d'internet limité eu peu de temps pour le lire et l'apprécier!
Les chants des oiseaux font partie intégrante de leur"personnalité"! En voir certains s'époumoner avec une voix peu agréable pour tenter d'attirer une compagne est un spectacle. Mais pour moi qui n'ai pas une très bonne oreille, entendre certains me laisse sous le charme et cela me fait toujours plaisir de reconnaître ceux qui font partie de mon environnement, même si je ne les vois pas toujours! Ils nous tiennent compagnie et leur causeries variées m'émerveillent!
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