L'une des espèces-cibles recherchées par les ornithologues qui se dirigent vers Pointe-Pelée, en Ontario, est sans aucun doute la très belle Paruline orangée / Protonotaria citrea / Prothonotary Warbler. Elle tient son nom anglais des greffiers de l’Église catholique, appelés « protonotaires », qui portent parfois un capuchon doré et une cape bleue. Son ancien nom anglais de Golden Swamp Warbler était peut-être un peu plus approprié.
La Paruline orangée est un oiseau chanteur d’une beauté saisissante dont la tête et la poitrine sont d’un jaune doré vif. Son dos est vert olive et ses ailes, sa croupe et sa queue, gris-bleu foncé; la queue présente de larges taches blanches lorsqu’elle est ouverte. Les femelles et les juvéniles sont semblables aux mâles, mais leurs couleurs sont moins vives.
Cette paruline est considérée comme l’un des oiseaux les plus éblouissants de l’Amérique du Nord en raison de ses couleurs vives et de son habitude de s’alimenter sur les bords des étangs où elle voit constamment sa réflexion, ce qui double sa superbe apparence.
L'espèce a probablement toujours été très rare dans le sud-ouest de l'Ontario, où on ne la trouve que dans des îlots d'habitat propice près de la rive nord du lac Érié (le plus régulièrement dans la zone de conservation Holiday Beach, le parc provincial Rondeau et le secteur de la pointe Long) et à l'extrémité ouest du lac Ontario (marais Dundas). Malgré l'existence de milieux convenables à l'intérieur des terres, surtout dans la région de Lac Simcoe-Rideau, la Paruline orangée s'éloigne très rarement de plus de 30 km environ des rives des Grand Lacs.
En Ontario, on la trouve sous le climat plus chaud des forêts carolinienne caduques. Elle fait son nid dans des petites cavités peu profondes d’arbres morts ou mourants debout dans des forêts inondées ou des marais, ou près de ceux-ci.
Ils utilisent aussi des nichoirs artificiels posés de façon appropriée. L’érable argenté, le frêne et le bouleau jaune sont des arbres communs de ces habitats. La Paruline orangée est la seule paruline de l’est de l’Amérique du Nord à construire son nid dans une cavité d’arbre, dans laquelle elle pond généralement de quatre à six œufs sur un coussin de mousse, de feuilles et de fibres de plantes.
Les travaux effectués dans le cadre de l'Atlas des oiseaux nicheurs de l'Ontario (2001-2005) portent à croire que la population actuelle ne compte pas plus de 10 à 25 couples (McCracken et al., 2006), estimation beaucoup plus faible que celle d'au plus 80 couples avancée dans le premier atlas réalisé entre 1981 et 1985 (McCracken dans Cadman et al., 1987).
Le déclin de l'espèce a été particulièrement marqué dans le parc provincial Rondeau. La présence de la Paruline orangée en Ontario dépend fortement de l'immigration d'individus en provenance de populations des États-Unis qui doivent bien se maintenir (Tischendorf, 2003). Par conséquent, à moins d'un renversement du grave déclin observé au coeur de l'aire de l'espèce aux États-Unis, la Paruline orangée pourrait bien disparaître en Ontario.
Et pour compliquer les choses, la Paruline orangée passe l’hiver sous le climat tropical chaud de l’Amérique centrale et du Sud; les mangroves côtières qu’elle privilégie sont l’un des habitats les plus menacés au monde. C'est le 5 mai 1974, dans le parc provincial de Rondeau, que j'observe ma première orangée. Je retourne sur le même site 43 ans plus tard et elle y niche encore. Entre temps, j'ai la chance de l'observer à maintes reprises sur ses sites d'hivernage que ce soit au Costa Rica, au Panama ou en Colombie. Elle est toujours aussi belle et aussi vivace sous d'autres cieux. En mai 2017, nous pouvons observer au moins 4 individus différents au parc national de Pointe Pelée et seulement 2 au parc provincial de Rondeau.
La population de la Paruline orangée suit malheureusement la tendance générale des populations animales à travers le monde. Elle décline peu à peu à cause principalement de la destruction des habitats propices au nourrissage sur les sites d'hivernage. Si vous désirez observer cette espèce au Canada, dirigez vous vers Pointe Pelée au printemps 2018. N'attendez pas trop.
@ bientôt.
1 commentaire:
Merci pour cet article, très intéressant. J'apprécie davantage la chance que j'ai eu de l'observer et da la photographier à loisir à Pointe-Pelée en mai dernier. On aimerait pouvoir faire quelque chose pour contribuer à maintenir et même à augmenter les populations !
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