samedi 23 juillet 2016

Les dindonneaux de la mi-juillet



Après notre rencontre, le 3 juillet dernier, de quelques poussins de Tétras du Canada / Spruce Grouse, voici que notre bonne fortune nous fait croiser aujourd'hui la route de 18 rejetons du plus gros de nos galliformes québécois, le Dindon sauvage / Meleagris gallopavo gallopavo / Wild Turkey. C'est la deuxième fois de notre vie qu'Anne et moi observons dans la nature une portée de dindonneaux sauvages. Il faut dire d'entrée de jeu que la présence aussi abondante du Dindon sauvage sous les cieux québécois, et surtout aussi largement distribuée, est très très récente.


Au Québec, les premières observations datent de 1976 et la nidification du dindon fut pour la première fois confirmée en 1984. Imaginez que ce poids lourd de la faune aviaire nord-américaine n'a osé traverser les frontières américaines que depuis 40 années. C'est très peu. Pour avoir la chance d'observer en nature cet oiseau très farouche, il fallait nous diriger au sud de Montréal, le long de la frontière étasunienne. Et c'est ce que je fis le 13 avril 1991 en allant observer sept dindons dans le rang Fisher, à Saint-Bernard-de-Lacolle. Le printemps est le moment idéal de l'année pour ce faire puisque le mâle émet de puissants "glouglou" qui s'entendent à plus d'un kilomètre et demi. Il est alors possible d'observer un mâle qui se pavane devant quelques femelles médusées par autant d'artifices.



Mâle de Dindon sauvage en captivité. Photo réalisée le 6 juillet 2013 au zoo de St-Félicien, Lac-St-Jean, Québec.



Le mâle ne ménage rien pour assurer sa descendance. Polygyne, il peut accoupler de 4 à 5 femelles. Il laissera ensuite les femelles construire le nid, couver et s'occuper d'élever la marmaille. Plusieurs femelles et leurs rejetons s'attroupent au cours de la saison estivale, mais dès la fin de l'automne, les mâles et les femelles se séparent et forment des groupes distincts jusqu'au printemps suivant. C'est un tel attroupement de quatre femelles et de 18 dindonneaux qui croise notre route. Nous sommes alors sur la route 273, au niveau de Saint-Apollinaire, en direction nord.



Cette femelle se tient à une dizaine de mètres de la route 273. Elle est accompagnée de trois autres. Je n'ai encore jamais réussi à m'approcher de cette espèce. Je demeure dans mon auto et je prends quelques clichés.



Et voilà que j'aperçois deux dindonneaux qui se fraient un chemin dans l'herbe longue. Ils se dirigent vers les adultes.



Ils vont rejoindre une femelle qui est déjà entourée de huit autres dindonneaux.



En Amérique du Nord, les milieux où l'on rencontre le Dindon sauvage ne sont pas entièrement forestiers. Par exemple, les champs cultivés, notamment les champs de maïs, les champs de foin et les pâturages occupent près de la moitié du territoire fréquenté par l'espèce dans le sud-ouest de la province. Les dindons occupent ces milieux ouverts au cours de l'été et de l'automne: adultes et jeunes y trouvent abri et nourriture. Ils y séjournent en hiver, car ils semblent y trouver plus aisément leur pitance.




Dindons sauvages dans un champ en hiver. Photo réalisée le 24 janvier 2016 à Saint-Gilles, comté de Lotbinière, Québec.



Dindons sauvages dans un champs à la fin de l'hiver. Réalisée le 27 mars 2016 à Saint-Édouard, comté de Lotbinière, Québec.


À la fin de l'Atlas de 1984-1989, les biologistes estiment qu'à cause de la rigueur des hivers québécois et de la barrière que constitue la vallée du Saint-Laurent, il est peu probable que l'aire de répartition du Dindon sauvage s'étende de façon appréciable vers le nord. Les décades subséquentes ont cependant dévoilé un autre scénario, une tendance imprévue. La régénération forestière et la popularité sans cesse grandissante de la culture du maïs ont été combinées à une réintroduction massive d'un cheptel provenant d'individus sauvages. Pas question de lâcher en liberté des dindons d'élevage qui s'accoupleraient et dénatureraient l'espèce sauvage originelle. Ces relâches connaissent un taux de succès effarant un peu partout dans la province. Les hivers moins froids et surtout moins neigeux peuvent contribuer au soutien d'une population en bonne santé.


Il est maintenant possible d'observer l'espèce un peu partout le long de la vallée du Saint-Laurent jusque dans la région de Québec. Cette réintroduction, tout comme celle du Cerf de Virginie, a pour but premier l'établissement d'une chasse sportive viable au Québec.



 



Je vous inscite à garder l'oeil bien ouvert lors de vos promenades dans les campagnes.



@ bientôt.





2 commentaires:

www.dianeclermont.ca a dit…

Très bel article, j'apprends davantage sur le comportement des oiseaux en lisant tes précieux billets. Bravo pour tes photos du dindon sauvage, elles sont superbes.

lejardindelucie a dit…

Bonjour Laval,
Ce sont se superbes rencontres que cette "nurserie" de Dindons sauvages. je pensais qu'ils étaient établis depuis plus longtemps au Canada.Dans mon enfance, nous élevions quelques dindes et dindons pour Noël et j'ai souvenir de pincements sévère quand je me moquais des gloussements du mâle!
Merci de tes passages sur mes pages entomologiques, tes commentaires me font plaisir et me motivent.
J'ai cherché à mieux connaître Popillia japonica et figure -toi qu'il a été observé en Italie.
J'ai intérêt à ouvrir les yeux, l'Italie n'est pas très loin et rien ne semble retenir les insectes qui, de plus volent!
Belle moisson d'observations à vous!