La semaine dernière, une courte escapade de quatre jours en Gaspésie nous a encore fait réaliser combien certaines espèces d'oiseaux sont vouées à des vies où les conditions météorologiques adverses sont monnaie courante. J'ai toujours été fasciné par ces animaux qui doivent survivre dans des conditions où nous, pauvres humains laissés à nous mêmes, ne tiendrons pas très longtemps. Le fait qu'ils soient encore là dénote nécessairement qu'ils ont su s'acclimater à ces conditions sinon ils n'existeraient plus.
Dans mon échelle d'évaluation de la tolérance aux intempéries, les oiseaux marins occupent le sommet. Comment des êtres comptant sur de simples plumes comme moyen de protection peuvent-ils survivre à des écarts de température intenses, aux eaux froides, à des vents violents et à des mers déchaînées qui prévalent dans l'immensité des océans ??? Et que dire de leurs conditions de nidification alors qu'ils doivent accrocher leurs nids littéralement à des murs rocheux vertigineux. Chaque cavité ou chaque saillie du rocher offrant un espace assez grand est occupé par un couple nicheur. Et voici un exemple probant où le parent qui couve n'a d'autre vision que le mur grimpant à 90° tout au bout de son bec.
Et comme si ce n'était pas assez, chaque site de nidification doit être chèrement défendu puisque ces espèces nichent habituellement en colonies très denses. Chaque centimètre de terrain est important et les parents veillent méticuleusement à ce que les limites territoriales soient respectées par les voisins. Comment chaque individu fait-il pour s'y retrouver dans tout ce brouhaha demeure un mystère, pour moi du moins.
Environ une semaine plus tard, son corps a quintuplé et il est couvert d'un duvet blanc. |
Et s'il ne manque pas de nourriture, s'il évite les prédateurs et s'il survit aux embûches qui l'attendent lors de ses premiers vols, il pourra aspirer à devenir l'un des oiseaux de mer les plus élégants qui soit.
Car des embûches, il y en a plus d'un à éviter sur l'Île Bonaventure. Selon les dires de la guide biologiste en service, le prédateur terrestre le plus efficace est le Renard roux. Il est friand des oeufs et il ne dédaigne pas s'occuper des jeunes oiseaux mal en point. Anne et moi n'en avons pas vu lors de notre visite de quelques heures, mais il est bien présent sur l'île. Par contre, un Faucon pèlerin est venu se percher sur un grand poteau avec dans ses serres un oisillon d'un laridé (goéland ou mouette) qu'il a déplumé allégrement devant nos yeux. Ça se passait dans le village de Percé, mais ceci aurait tout aussi bien pu se produire sur l'île même. Par contre, deux gros prédateurs ont été aperçus à partir du bateau lorsque nous avons fait le tour de l'île. Deux beaux Pygargues à tête blanche.
Parmi les autres prédateurs, il ne faut pas oublier le Grand Corbeau et le Goéland marin, deux espèces qui nichent à proximité des colonies et qui ne dédaignent pas non plus les oeufs et les jeunes oisillons.
Nous avons dénombré quatre Grands Corbeaux lors de notre visite, répartis autour de l'île. |
Le Goéland marin est le plus gros des laridés présents au Québec et il est un prédateur omniprésent dans les colonies d'oiseaux marins sur la côte où il se nourrit d'oeufs et d'oisillons. |
En contre-bas, une dizaine de Phoques gris se reposent sur les rochers. Ils se nourrissent des mêmes poissons dont le fou raffole et ils sont des compétiteurs directs.Plusieurs personnes croient qu'ils sont la cause de la diminution drastique des maquereaux dans le secteur, mais ceci reste à prouver. Chose certaine, les Fous de Bassan doivent maintenant parcourir de grandes distances afin de se sustenter eux-mêmes et de ramener de la nourriture aux rejetons.
Le mâle du Phoque gris est gris foncé, presque noir, et la femelle est plus ou moins gris pâle. |
Dernièrement, via le forum Ornitho-Québec, l'ami Raymond Belhumeur a attiré notre attention sur un article du journal Le Devoir relatant la baisse impressionnante des effectifs des Fous de Bassan et d'autres populations d'oiseaux de mer. Il s'agit du nombre astronomique de 69.7% depuis 60 ans, soit la période s'étalant de 1950 à 2010. Possiblement en raison du réchauffement des eaux du golfe du
Saint-Laurent, leur proie favorite, le maquereau, se serait déplacée
davantage au nord. Or, les plus grands trajets désormais nécessaires
pour retrouver des maquereaux sont épuisants pour les oiseaux, qui
doivent nourrir leur progéniture. En plus d’affecter les adultes, le
phénomène nuit aux poussins, laissés souvent trop longtemps seuls dans
le nid. La naturaliste du parc de l'Île Bonaventure nous a dit qu'ils estimaient actuellement la population de l'île à 51 000 couples nicheurs. Ceci constitue la plus grande colonie en terre d'Amérique.
Je ne voudrais pas terminer ce billet sans vous présenter d'autres espèces facilement observables près de Percé et de l'Île Bonaventure.
Le Petit Pingouin est abondant à Percé où il niche également dans les cavités rocheuses. |
Et pour finir, une photo de la très élégante et acrobatique Mouette tridactyle.
Un tour de la Gaspésie est un incontournable au Québec pour un passionné de nature et de photographie. Il y a tant à voir et à apprécier. Allez-y et vous m'en reparlerez.
@ bientôt.
1 commentaire:
Un grand merci Laval de me faire revivre notre séjour en Gaspésie! Nous avions été plusieurs jours de suite à l'île Bonaventure! Les Fous de Bassan occupent une place toute particulière pour nous dans nos voyages! C'est un oiseau dont nous admirons la beauté et le mode de vie!
Je suis triste d'apprendre les difficultés que rencontre la colonie pour trouver à se nourrir.Ce qui est formidable c'est la proximité que l'on peut avoir et passer du temps à les regarder vivre font partie de nos meilleurs souvenirs.
Nous les avons rencontrés dans des conditions encore plus difficiles à Hermaness, dans les îles Shetlands!Et la volonté farouche des oiseaux à perpétuer leur espèce,à défendre leur nid et leur petit force l'admiration!
Nous n'avons l'Arlequin plongeur que de loin!
Mais nous gardons des souvenirs mémorables de notre voyage en Gaspésie!
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