Le nourrissage des oiseaux, par le biais des mangeoires à graines que nous installons dans nos cours ou dans les parcs urbains, éveille souvent une polémique sur le bien fondé de cette action. Faisons nous bien d'agir de la sorte ? N'y a-t-il pas un danger de changer le comportement des oiseaux en établissant une dépendance entre eux et nous ? Est-ce que nous pouvons même induire quelques individus à renoncer à la migration vers le sud en leur offrant de la nourriture ? Répondre à ces questions n'est pas simple et les réponses évoquées peuvent relever autant sinon plus de la subjectivité que de l'objectivité. Chacun y va avec ses pour et ses contre. Et notre souci altruiste de leur fournir de la bouffe peut cacher un désir bien égoïste de se les approprier un peu. Et bien oui, je l'avoue, je suis l'un de ces altruistes égoïstes, un homme rempli de contradictions, mais surtout mené par une passion pour la nature. Dès que j'ai possédé une maison, j'ai aménagé graduellement le terrain en vue d'attirer les oiseaux en plantant des arbres fruitiers, des arbustes et des fleurs qui plairaient aux frugivores, aux insectivores, aux granivores et aux nectarivores. Naturellement, les mangeoires, l'abreuvoir à colibri, les nichoirs à hirondelles ainsi qu'un petit bain d'oiseaux sur pied sont venus compléter le tout.
Je sais que la très grande majorité des propriétaires de poste d'alimentation commencent à nourrir tard à l'automne et ferment boutique à la fin du printemps. Personnellement, je n'ai jamais fait ça. Au contraire, mes mangeoires sont remplies à l'année. Malgré l'étalement sur quatre décennies, je n'ai jamais retenu chez moi une espèce migratrice. Je les accueille dans ma cour au printemps et à l'automne, sans plus.Tout comme les êtres vivant en nature, les oiseaux se doivent d'être opportunistes pour garantir leur survie. À ceux qui craignent de vouer les oiseaux à une mort certaine s'ils arrêtent de les nourrir pendant quelque temps, même en période très froide, je leur dis que les oiseaux sauront bien suppléer au manque de graines en s'alimentant de ce qu'ils trouveraient normalement s'il n'y avait pas de mangeoires. Et leur donner un coup de main en leur procurant une nourriture "facile" lors des grands froids est une aide qu'ils apprécient grandement.
Mon intention dans ce billet n'est pas de fournir des photos des espèces hivernantes habituelles, mais bien de vous montrer des espèces nicheuses en été ou de passage en migration qui apprécient le buffet que nous installons dans notre cour.
En Avril et en Mai
En migration, les granivores que sont les bruants et les juncos ne sautent jamais une année pour nous visiter, même si notre cour est en ville, à quinze minutes à pied des centres d'achats et du trafic intense du boulevard Laurier, à Québec.
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Le sifflement du Bruant à gorge blanche est un bon indice que les vagues migratrices sont bel et bien amorcées. |
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Il est souvent accompagné du Bruant fauve et c'est toute une joie lorsqu'il fait entendre sa jolie ritournelle. |
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Le Bruant chanteur n'est pas que de passage, il niche toujours dans le voisinage. |
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Le Bruant à couronne blanche est moins présent que les précédents et son chant trahit sa présence. |
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Le Bruant familier est un assidu à notre cour et il niche aux alentours à chaque année. |
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Le Junco ardoisé arrive en petits groupes et il anime notre cour de ses trilles pendant plus d'une semaine. |
Tous sont granivores et les graines qui tombent des plateaux n'échappent pas à leurs recherches. De plus, mon expérience me fait croire que les oiseaux sont attirés par le cri de leurs congénères ou par celui d'autres espèces. L'activité attire l'activité et il n'est pas rare de voir cinq ou six espèces différentes en même temps autour et dans les mangeoires.
En Juin, Juillet et Août
Rien n'est plus réjouissant pour celui qui accueille les oiseaux dans sa cour que de voir les parents accompagner leurs jeunes au poste d'alimentation.
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Ici, une femelle adulte de Pic chevelu amène son jeune, identifiable à sa couronne colorée, au poste d'alimentation sur la rue Higgins à Chateauguay. Quelques jours plus tard, j'observais la même chose dans ma cour à Sillery, ville de Québec. |
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Un adulte de Quiscale bronzé fait de même en offrant cette graine de tournesol noir à son rejeton. Dès le lendemain, j'ai vu ce dernier revenir seul pour cueillir d'autres graines par terre. Ça n'a duré que quelques jours et il n'y avait plus de quiscale dans ma cour. Ceci démontre bien l'opportunisme des oiseaux qui ne s'attardent pas lorsque l'instinct leur commande de passer à autre chose. |
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Nous savons que les jeunes des passereaux, même s'ils ne sont pas insectivores, sont d'abord nourris d'insectes, car ils sont plus riches en calories et ça leur permet de grossir plus vite. Le Bruant chanteur, à l'instar de bien d'autres espèces, commencent d'abord par les nourrir d'insectes et d'arthropodes lorsque ces derniers sont au nid. |
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Des petits cris stridents et insistants me font savoir que c'est maintenant notre fidèle Bruant familier qui vient nourrir ses jeunes aux mangeoires. Cette activité nous permet d'observer les différentes espèces dans leur livrée juvénile qui est souvent différente de celle adulte. Les jeunes ont souvent les parties inférieures du corps striées alors qu'elles sont unies lorsque l'oiseau acquiert sont plumage adulte. |
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La Mésange à tête noire est une espèce qui fréquente nos mangeoires TOUTE L'ANNÉE. Tellement qu'elle a niché à au moins une reprise juste en haut du poste d'alimentation. Elle aussi amène ses rejetons. J'en ai été témoin à deux reprises cette année. |
Non, je ne veux absolument pas convaincre quiconque de la pertinence de maintenir un poste d'alimentation ouvert à l'année. Mais le bonheur que vous retirerez en vaudra peut-être la chandelle..
@ bientôt.