jeudi 11 décembre 2014

Quand la nature nous en met plein la vue.



C'est à la fin du mois d'avril 1993 que je contacte pour la première fois cette espèce. Je suis en Jamaïque avec mon bon ami Normand David et nous nous trouvons dans les Blue Mountains, près d'un site connu comme "The Gap". Alors que nous sommes absorbés à observer un beau mâle de l'endémique Paruline de Jamaïque / Setophaga pharetra / Arrow-headed Warbler, un tonitruant "Mé-Ow" force notre attention vers un point situé en contre-bas d'une pente plutôt abrupte. Et ce son est tout à fait à l'opposé, par son timbre et par sa force, de celui émis par quelques Colombes rouviolettes / Geotrygon montana montana / Ruddy-Quail Doves qui se jasent paisiblement dans le même secteur. Mais qu'est-ce que ça peut bien être ???  Notre curiosité étant plus forte que tout, nous nous dirigeons vers l'endroit d'où origine le bruit inconnu. Après quelques minutes de recherche, voilà que l'animal émet à nouveau son cri et il semble maintenant près de nous. Et c'est au bout d'un stationnement de maison privée que nous apercevons un oiseau énorme et d'une grande beauté, bien perché sur la rampe de la terrasse. Bon, voilà le mystère résolu. Comme bien des personnes intéressées par tout ce qui touche la nature, nous l'avions déjà vu soit en photo, soit dans un parc zoologique ou dans des reportages télévisés, mais jamais en vrai. Un magnifique mâle de Paon bleu / Pavo cristatus / Indian Peafowl. Il s'agit bien sûr d'un individu domestiqué, car il n'est pas sur la liste officielle de la Jamaïque, mais c'est toujours un plaisir de croiser la route d'une nouvelle espèce, qu'elle soit "cochable" ou non. Je le vois toujours comme une chance incroyable d'en apprendre davantage sur les oiseaux. Et ce "Mé-Ow" restera gravé à jamais dans ma mémoire.

Et c'est 21 ans plus tard que je me retrouve les deux pieds bien ancrés en Inde, où ce paon est l'emblème aviaire du pays et où j'ai enfin la chance de le rencontrer sur son terrain d'origine. Cet oiseau est tellement commun dans ce pays qu'il n'existe pas d'information détaillée sur son statut. Dans la partie sud ouest de l'Inde (les Western Ghats), il n'est cependant pas très commun et nous ne l'avons vu qu'à seulement quelques reprises. Et comme nous ne l'avons vu qu'à proximité des maisons en traversant les villages, Jean-Jacques Gozard ne cessait de me taquiner en disant qu'il s'agissait d'oiseaux domestiqués, donc, non "cochable". Cré Jean-Jacques ! Toujours aussi compétitif !

Par contre, au Sri Lanka, c'est une toute autre histoire. L'espèce est abondante dans certains secteurs comme les parcs nationaux de Yala, Bundala et Wilpattu. Considéré comme sacré par les Hindouistes et les Bouddhistes, elle jouit d'une protection lui permettant de vivre sans danger tout près des habitations humaines ou des temples. Le paon s'observe dans plusieurs habitats comme les champs ouverts, les broussailles, la forêt, les zones de culture et les régions semi arides. Il n'est assujetti à aucune action en vue de le protéger.

C'est donc dans le parc national de Yala que j'ai pris ces quelques photos qui, je l'espère, sauront rendre justice à la beauté de cette espèce qui nous a éblouis à chacune de nos rencontres.



Le Paon bleu grimpe aux arbres durant le jour pour se reposer et pour éviter les dangers de prédation par des animaux terrestres comme les chacals, les chiens sauvages ou les léopards. Il adopte les mêmes arbres comme dortoir pour passer la nuit. Il choisit souvent les grosses branches au sommet de grands arbres morts et le fait qu'il se place ainsi à la merci d'averses souvent très fortes ne semble pas l'importuner outre mesure. Sa traîne, qui peut compter pour 160 cm de la longueur totale des 230 cm, en fait un des plus gros oiseaux capables de voler.



Assister en direct à la parade d'un mâle de Paon bleu relève d'un véritable fantasme pour un passionné d'oiseaux. Comment une femelle peut-elle résister à une démonstration aussi étincelante ? Alors que l'oiseau fait vibrer ses ailes colorées, il pivote très lentement sur lui-même de façon à montrer à la femelle qu'il est parfait sous toutes les coutures. Et croyez-moi, l'arrière est tout aussi extraordinaire que l'avant. Jugez-en par vous-même en regardant la photo qui suit.



Les photos de parade nous montre toujours l'oiseau faisant face à sa dulcinée. Mais j'ai remarqué que le mâle prenait soin de montrer à la femelle l'arrière aussi longtemps qu'il le faisait pour l'avant. Et quand on regarde comme il faut, il faut avouer que ça ne manque pas d'intérêt non plus. Contrairement aux apparences, la longue traîne de l'oiseau est légère et elle n'est pas formée par les rectrices caudales, qui sont en fait plutôt ternes et assez courtes, mais par des couvertures sus-alaires pouvant mesurer de 100 cm à 150 cm de longueur. Des plumes vaporeuses surgissent de chaque côté des longs rachis pâles. Et sur ces plumes reposent des ocelles qui donnent toute la beauté à ce plumage exceptionnel. À noter, sur cette photo, que l'oiseau occupe toute la largeur du chemin emprunté par les véhicules qui traversent le parc.



À la fin de la représentation, l'oiseau rabat sa queue vers l'arrière et il ne lui restera qu'à glisser sa longue traîne entre ses ailes pour pouvoir retourner à ses activités coutumières...



qui ne consiste peut-être, en fin de compte, à tout simplement se pavaner...



N'est-ce pas en fait le propre du paon ???




@ bientôt, avec d'autres images en provenance d'Asie.







1 commentaire:

Anonyme a dit…

C'est un oiseau magnifique. merci pour ces informations très intéressantes.
Claudette Archambault