vendredi 10 octobre 2014

Août 2014



03 août 2014


Les mois de juillet et août sont merveilleux pour observer les jeunes oiseaux et leurs parents nourriciers. Ceux qui, comme nous, entretiennent pendant toute l'année leur poste d'alimentation, ont alors la chance de voir arriver les petites familles autour des points de nourrissage. Pendant que les jeunes attendent avec plus ou moins de patience leur retour, les parents viennent picorer quelques graines pour les offrir à leur ado en pleine croissance. Ou du moins viennent-ils se nourrir eux-mêmes en vitesse, car tout le temps qu'ils ont est dévolu à trouver des insectes pour tenter de calmer l'appétit sans fond de leur progéniture. 2014 a vu défiler différentes familles dans notre cour soient celles des Mésange à tête noire, Cardinal rouge et Bruant familier.


S'il est vrai que les bruants posent souvent des problèmes d'identification pour les débutants même si ceux-ci rencontrent des adultes des différentes espèces, imaginez lorsqu'ils doivent négocier avec des immatures. À l'instar de quelques autres espèces de bruants, les oiseaux immatures du Bruant familier / Spizella passerina passerina / Chipping Sparrow arborent des rayures sur la poitrine et le ventre, rayures qui disparaîtront à mesure que le plumage adulte apparaît. 






Voici de quoi aura l'air, le printemps prochain, le jeune oiseau rayé de la photo précédente.



Une façon simple de reconnaître un immature est d'observer la commissure du bec qui est toujours colorée chez un jeune oiseau. Il est normal pour un oiseau d'avoir l'intérieur du bec et de la gorge très coloré. Il est plus facile pour le parent d'y introduire la nourriture. Ça doit se faire vite et sans trop de bavure. Pas de temps à perdre. Ici, il s'agit d'un jeune Moineau domestique / Passer domesticus domesticus / House Sparrow


09 août 2014


En scrutant notre liste des espèces observées en 2014, nous réalisons qu'une visite dans la région des Escoumins nous permettrait d'ajouter des laridés, genre mouettes, à notre bilan annuel. C'est donc dans cet esprit que nous couvrons les 260 kilomètres (4h30 de route) qui nous séparent de ce merveilleux site qu'est le village de Les Escoumins. C'est toujours une fête de s'y rendre autant pour les excellentes possibilités d'observer des espèces différentes que pour savourer les beaux paysages qui fleurissent le long du parcours. Cette année, il y a énormément de Mouettes de Bonaparte dans la petite baie jouxtant le village sur presque toute sa longueur. Il y en a en fait des milliers. Nous passons de longues heures à scruter les environs avec la lunette. La température est juste incroyable et nous jasons avec les autres observateurs présents. Très agréable... mais aucune des espèces de laridés espérées n'est présente. Oups ! Un Goéland brun vient sauver l'honneur de la famille. Merci à Germain Savard et à Jacques Ibarzabal pour nous l'avoir presque présenté bien cuit dans une assiette. Ce sont des pros et ce n'est pas toujours évident de repérer cette espèce-là à travers des centaines de goélands. 

Après le lunch, nous pensons au retour. J'offre à Anne de le faire en prenant la traverse d'Essipit vers Trois-Pistoles. Anne ne l'a jamais prise et ce serait une occasion de revenir chez nous par la rive sud du fleuve Saint-Laurent. Elle accepte et nous patientons une couple d'heures avant de prendre le bateau qui nous mènera donc jusqu'à Trois-Pistoles. La traverse dure environ 1h30 et l'eau est étale. Plutôt rare pour ce coin de pays. Nous passons tout le temps sur la passerelle du navire, à l'affût de toute ce qui bouge.



C'est en attendant le traversier et du bout du quai d'Essipit que je photographie ce Cormoran à aigrettes / Phalacrocorax auritus auritus / Double-crested Cormorant  qui passe très près.
 

La plus grosse colonie de Fou de Bassan / Morus bassanus / Northern Gannet en Amérique du nord se retrouve à l'Île Bonaventure avec 24 000 couples. Le Fou de Bassan se nourrit de harengs, de maquereaux, de capelans, de lançons et de calmars. Il peut parcourir de très longues distances quotidiennement pour trouver la nourriture pour lui et pour sa nichée. Même s'il niche dans le golfe, il est commun de le voir aussi à l'est que dans les parages de Trois-Pistoles.


Au Québec, en août, il est toujours intéressant de prendre une traverse entre les 2 rives du Saint-Laurent, dans l'espoir d'observer des espèces d'oiseaux dites pélagiques. Ce sont des espèces qui vivent la majorité du temps en haute mer. Il faut donc s'éloigner du rivage pour avoir une chance de bien les observer. Malgré une température presque trop clémente, nous avons la chance de croiser la route d'un Labbe parasite / Stercorarius parasiticus /  Parasitic Jaeger. Cet individu est un adulte en plumage inter nuptial intermédiaire, un manteau qu'il porte entre mars et novembre. C'est la première fois que j'ai la chance d'en observer un dans ce plumage. L'oiseau était excessivement loin du traversier.


Pour repérer l'espèce qui se présente ensuite, il faut chercher les barres de courant i.e. le lieu où des courants de différentes origines se rencontrent et font que la végétation flottante se rassemble et forme des tapis flottants où les phalaropes viennent se nourrir. Ici un petit groupe de Phalarope à bec étroit / Phalaropus lobatus / Red-necked Phalarope s'envole à l'arrivée du bateau et se pose sur l'eau un peu plus loin.


Petite mouette trapue, au cou épais et au bec d'un jaune immaculé, la Mouette tridactyle / Rissa tridactyla tridactyla / Black-legged Kittiwake semble très bien pourvue pour affronter les vents violents et les autres intempéries qui sévissent en haute mer. Elle niche sur les flancs des murs rocheux qui bordent les îles ou certaines rives le long du grand fleuve. Remarquez le bout des primaires totalement noir, c'est bien une mouette.


15 août 2014


Nous sommes le 15 août depuis à peine quelques minutes lorsque nous observons une espèce très inusitée en cette date de l'année et sous un climat aussi tempéré. Nous revenons d'une fête chez un ami de Neuville lorsque nous arrivons à la hauteur de la sortie Duplessis sud. Nous sommes sur l'autoroute 40 en direction est. Anne me fait penser qu'un oiseau spécial a été observé dernièrement bien assis sur une pancarte de signalisation. En me disant cela, elle se penche et me dit presque normalement : "et bien oui, il est là !".  Nous arrêtons en trombe et nous voyons bien à l'oeil qu'il s'agit de ce qui a été rapporté. Vite à la maison pour prendre jumelles et caméra et nous revoilà sur le site une quinzaine de minutes plus tard.



Et oui, même ma caméra n'en croyait pas sa lentille, un Harfang des neiges / Bubo scandiacus / Snowy Owl trônant sur le panneau de signalisation annonçant l'autoroute Duplessis sud à partir de l'autoroute 40 ouest. D'après la grosseur et les fines rayures, j'irais pour une femelle, mais il y a place à l'erreur dans cette tentative de confirmer un sexe à cet oiseau. Que fait-il en plein été beaucoup plus au sud que son territoire de nidification habituel ? Peut-être était-il blessé ou malade lorsque le temps fut venu pour migrer plus au nord ?  L'hiver 2013-2014 a été prolifique pour la présence des harfangs dans la région et un peu partout au Québec. Il est juste normal qu'un certain pourcentage ne puisse retourner vers le nord à la suite de fatalité, de maladie ou de blessure. Ça me rappelle l'observation d'une Chouette lapone à Pointe-Platon en août 2005. Comme le harfang de cette année, elle semblait en parfaite forme.



17 août 2014


Nous débutons notre fin de semaine dans la région de Montmagny dans le but d'ajouter quelques espèces de limicoles. Malheureusement pour nous, les heures de marées sont tout à fait affreuses en cette belle fin de semaine. Si vous désirez profiter le plus possible des meilleures heures pour observer les limicoles, vous devez le faire de deux à trois heures avant la marée haute ou être présents lorsque la marée redescend. L'eau qui monte pousse les oiseaux de rivages de plus en plus près de la grève et les fait se rassembler aux endroits les plus propices à l'alimentation. La marée fine haute les fera se diriger vers les points d'eau dans les champs, les bassins de rétention, les marécages ou le long des rivières. De même, lorsque l'eau se retire à la faveur de la marée baissant, les plages de boue qui apparaissent attirent à nouveau les oiseaux. Et comme les heures de marées hautes retardent d'une heure à tous les jours, nous pouvons espérer des conditions optimales une fin de semaine sur deux. 

C'est donc avec peu d'attente que nous entamons notre sortie. Et c'est mieux ainsi, car la récolte des nouvelles espèces n'a pas lieu. Mais, la sortie en vaut la chandelle, car nous vivons de beaux moments en plein air... et je ramène une couple de photos.



C'est à l'embouchure de la Rivière Boyer, près de Saint-Vallier, que nous rencontrons un immature de Pluvier kildir / Charadrius vociferus vociferus / Killdeer. Je repère d'abord un adulte qui semble agité par notre présence. Il est très nerveux comme s'il y avait un rejeton dans les parages. Et voilà qu'apparaît cet individu: à la bande beige qui colore l'espace entre ses deux colliers et son plumage quelque peu hirsute, il est facile de deviner qu'il n'est pas très âgé. Comme ce pluvier niche tôt en saison, cet ado n'est sûrement pas le produit d'une première nichée en 2014.



C'est aux bassins de rétention de La Durantaye que nous observons un Celery Looper / Anagrapha falcifera qui se nourrit sur une fleur de luzerne. Si quelqu'un pouvait me fournir le nom français de ce papillon, ce serait très apprécié.



23 août 2014


Une semaine plus tard, nous revoilà sur la rive sud du fleuve nous rendant même jusqu'à Kamouraska. Nous sommes toujours à la recherche de nouvelles espèces de limicoles pour l'année. Mais c'est sur le chemin du retour, à Montmagny, que nous faisons les plus belles observations. Non, pas de limicoles nouveaux, mais de deux juvéniles de Faucon pèlerin / Falco peregrinus anatum / Peregrine Falcon qui nous offrent un spectacle vraiment exceptionnel. Non pas que je veuille faire de l'anthropomorphisme, mais je trouve l'attitude des immatures des oiseaux souvent très semblable à celles des humains. Je m'explique. L'oiseau inexpérimenté va souvent être trop insouciant du danger pour éviter de s'exposer à des situations précaires pour sa sécurité. Alors que l'adulte suspecte et suppute toute situation nouvelle, l'immature s'expose davantage. Près du quai Boulanger, les deux ados vont même jusqu'à se percher sur un fil électrique installé dans la cour arrière d'une maison. Ceci constitue une occasion tout à fait exceptionnelle pour moi de croquer des images inédites et difficiles à réaliser en temps normal.



Avouez que pouvoir photographier un Faucon pèlerin d'aussi près relève du pur fantasme !!! Et ce n'est pas tout...


Non seulement permet-il une photo "gros plan", mais en plus les deux ados exécutent devant nos yeux ébahis des manoeuvres dignes d'un pilote de F-18...


ils s'agacent et s'amusent littéralement entre eux, semblant comparer leur maîtrise de vol. Ces exercices sont essentiels à des oiseaux de proie dont le succès de chasse réside dans leur aptitude à confronter des situations différentes à toutes les occasions.


Et voilà même que, lors de l'un des multiples passages devant nous, un des faucons me lorgne d'une façon plutôt impressionnante. Heureusement pour moi, j'excède de loin la taille d'un limicole ou même d'un canard... ou d'une oie bien gavée.



24 août 2014



Le lendemain, nous nous rendons dans le beau comté de Lotbinière, toujours prometteur de belles observations. Chaque visite nous réserve des rencontres inattendues et souvent surprenantes. Nous nous rendons à Sainte-Croix-de-Lotbinière.  Malgré que j'aie passé ma tendre enfance, mon adolescence et quelques années de ma vie d'adulte à cet endroit, chaque visite revêt un cachet de découverte. La végétation n'est plus la même (normal après quelques décades) et la présence animale a également changé. Selon la tendance normale ou ma connaissance plus grande des oiseaux (du point de vue chant, comportement ou habitat), je reconnais une baisse dans l'effectif de certaines populations et une hausse dans d'autres cas.

En cette fin août, j'amène Anne à cet endroit avec l'espérance d'y observer la Grande Aigrette / Ardea alba alba / Great Egret.  Sa présence à cet endroit n'est pas si commune que cela. Du moins ne l'était-elle pas avant le tournant du siècle dernier ! Aujourd'hui, en cette année 2014, j'observe le plus grand nombre jamais observé par moi-même, ce qui est quand même digne de mention, en ce lieu.


Trois Grandes Aigrettes partagent un rocher avec quatre Grands Hérons bleus au bout du quai accessible par la côte à Mogène à Sainte-Croix-de Lotbinière.  C'est un rassemblement peu observé dans la région et qui témoigne très bien des changements qui s'opèrent depuis quelques années. La Grande Aigrette devient de plus en plus commune et qui s'en plaindrait !!!


À l'âge de 18 ans, je travaillais comme appariteur de biologie à la Polyvalente Pamphile Lemay de Sainte-Croix-de-Lotbinière. Je me souviens très bien d'avoir trouvé une photographie dans une revue et qui représentait vraiment à mes yeux ce qu'était un ornithologue. Un biologiste déambulait avec un télescope à l'épaule dans un environnement montrant un marais en arrière plan. Cette image est restée gravée dans ma mémoire comme si c'était hier. Je me souviens d'avoir découpé cette photographie, de l'avoir exposé ostensiblement au département de biologie de l'école et d'avoir inscrit à la main au bas de l'image " Voici ce qui représente pour moi un vrai ornithologue".  Et voilà que, 30 ans plus tard, je photographie la compagne de ma vie qui longe la rivière Du chêne à Leclercville et qui se rend vers moi pour me rendre compte de ses observations. Difficile pour moi de ne pas faire le lien, de ne pas boucler la boucle. 


L'amour et la passion des oiseaux peut envahir le coeur de tout être vivant qui est sensible à ce qui l'entoure. Anne est architecte de profession, elle est une fille née et élevée en ville, pourtant elle est habitée par cet amour de la nature qui la mène toujours et en tout temps à vouloir parfaire ses connaissances de cette extraordinaire nature qui l'entoure. En sa compagnie, j'ai le bonheur de voyager à travers le monde et de parfaire nos connaissances mutuelles de cette nature qui nous obnubile et qui nous surprendra, heureusement et je le devine, jusqu'à la fin de nos jours.



30 août 2014


Nous terminons nos excursions de ce mois en un endroit que vous ne devinerez jamais. Et oui, je vous le donne en mille, le quai Boulanger à Montmagny.  Un choix normal puisque nous n'avons toujours pas observé ces espèces de limicoles qui manquent à notre liste annuelle et qui y sont pourtant rapportées à répétition au cours des derniers jours. Mais nous sommes faits forts et nous savons très bien que jamais rien n'est assuré en ornitho. Nous devons vraiment adopter l'attitude zen et profiter de ce qui passe... point à la ligne. À vrai dire, nous sommes devenus, à longueur de temps, devenus des pros en cette matière.



Ce Petit Chevalier / Tringa flavipes / Lesser Yellowlegs est l'espèce de limicole la plus présente en cette journée. Je profite des quelques minutes d'ensoleillement en ce début d'avant midi pour capter cette image. Et oui, comme il arrive souvent, il faut être au bon endroit, au bon moment.



Merci de nous suivre dans nos sorties. Nous nous dirigeons maintenant et résolument vers le mois de septembre.



@ bientôt.







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