Lorsque nous faisons une sortie en nature, il est impossible de savoir à l'avance ce que nous découvrirons. Souvent nous planifions une sortie dans le but d'observer telle ou telle espèce, mais rien n'est jamais garanti. En 2013, Anne et moi n'avons pas encore ajouté le Harfang des neiges sur notre liste annuelle. Et comme l'hiver 2013-2014 semble être un "hiver à harfang", il ne fallait pas manquer le train. C'est donc samedi matin le 7 décembre que, après avoir regardé les mentions rapportées sur le forum Ornitho-Qc et sur la ligne rouge locale du COQ, nous décidons de nous essayer au bout du rang des Beaumont, dans l'arrondissement Sainte-Foy, ville de Québec. Nous découvrons un superbe chemin en milieu agricole, mais aucune trace de harfang. La destination sûre qui s'impose est donc le chemin d'Azur près de Saint-Vallier / La Durantaye, la fameuse "route des harfangs" popularisée par Jacques Samson, chroniqueur au journal "Le Soleil".
Et là nous ne sommes pas déçu. Avant même que nous n'empruntions le chemin d'Azur, voilà que Anne repère un Harfang des neiges / Bubo scandiacus / Snowy Owl immature posé dans un champ. Même s'il est éloigné, je ne suis pas du genre à le déranger en essayant de l'approcher pour réussir une meilleure photo. Je prends ce que la nature me donne et je fais avec. Après environ cinq minutes de guet, bien assis dans le véhicule, voilà que nous voyons s'approcher un petit groupe de Plectrophanes des neiges / Plectrophenax nivalis nivalis / Snow Buntings.
Le premier plectrophane attire l'attention du rapace et nous assistons presque à un contact visuel entre les deux comparses de la toundra. "Peut-être se sont-ils déjà rencontrés dans le nord du Québec ?" que je me demande intérieurement. "Qui sait ?".
Et cet éclaireur est bientôt suivi du reste de cette petite volée comptant une vingtaine d'individus tout au plus.
Aussi surprenant que cela puisse paraître, le harfang peut très bien s'accommoder d'un plectrophane comme amuse-gueule. Pour connaître la panoplie de proies potentielles de ce rapace autant diurne que nocturne, je vous réfère à un article écrit en janvier 2013 à l'adresse suivante. Et voilà donc deux espèces nichant dans le grand nord du Québec et qui nous font le bonheur de nous visiter en hiver. Ça fait bien plus d'une décennie que le harfang ne s'était pas montré en si grand nombre sous nos latitudes. Dans les années 1970-80, on pouvait l'espérer aux quatre ans et c'était réglé comme une horloge.
Après une si belle rencontre, nous nous dirigeons vers le Domaine de Maizerets, ville de Québec. Le PLUS PETIT de nos strigidés, la Petite Nyctale / Aegolius acadicus acadicus / Northern Saw-whet Owl y est observée depuis quelques jours. Depuis 2005, nous ne comptons plus les tentatives avortées pour l'apercevoir dans ce parc municipal. Et voilà que le 7 décembre 2013 est la bonne journée. La chouette lilliputienne est cependant bien camouflée dans une épinette et cette photo est le mieux que je peux en tirer... mais ça me convient très bien.
La prochaine destination nous amène dans le Parc linéaire de la rivière Beauport, ville de Québec. Ce qui nous attire là est la présence du PLUS GRAND des strigidés québécois, le Grand-duc d'Amérique / Bubo virginianus virginianus / Great Horned Owl. Nous avons devant nous une grosse femelle au plumage foncé. Un observateur rencontré sur le terrain nous dit qu'il voit quelques fois le mâle reconnaissable à son plus petit gabarit et à son plumage plus gris. C'est vrai qu'elle est énorme. Quelle différence avec la petite chouette observée antérieurement. Elle aussi se tient dans un conifère, mais il est de taille supérieure. En cette fin de journée, elle se baigne des derniers rayons de soleil avant de s'activer durant la nuit.
Et c'est le dimanche matin que nous nous rendons en véhicule à environ dix minutes de la maison. Je suis bien intrigué de voir le PLUS BEAU canard du monde, le Canard mandarin / Aix galericulata / Mandarin Duck, même s'il s'agit indubitablement d'un échappé de captivité et qu'il se tient dans un environnement tout-à-fait incongru. Beaucoup de travaux d'infrastructure routière ont été faits au cours des deux dernières années sur le tronçon de l'autoroute Robert Bourassa. Des bretelles d'accès et de sortie ont été modifiées et, au niveau du boulevard du Versant nord, une énorme dépression entre des voies très achalandées a permis une accumulation d'eau appréciable. La nature ayant horreur du vide, il n'en fallait pas moins pour attirer des Canards colverts, accompagnés par un splendide mâle de Canard mandarin. D'où vient-il ? On ne le sait pas. À l'état sauvage, ce dernier fréquente les étangs, les petits lacs et les mares,
toute étendue d'eau douce aussi modeste soit-elle pourvu qu'elle se
situe à proximité d'une forte densité d'arbres, d'arbustes et d'arbrisseaux d'essences les plus diverses dont certains surplombent la surface de l'eau. Ces exigences ne sont pas sans rappeler celles de son cousin le Canard branchu / Aix sponsa / Wood Duck. Ils sont d'ailleurs les deux seuls représentants du genre Aix. Le Canard mandarin n'est considéré à l'état sauvage que dans le nord est de l'Asie.
Le Canard mandarin mâle a le dessus de la tête vert et roux cuivré, les joues partiellement blanches, le bec rouge. Une touffe de grandes plumes orange dressées, en forme d'éventail, retombe sur le haut des ailes.
Une double ligne blanche accolée d'une double ligne noire encadre les
côtés de la poitrine brune et blanche. Le ventre blanc précède une queue
relativement longue et noire. Enfin, les plumes ornementales brun-orange des ailes sont des rémiges tertiaires, ses ailerons lui ont valu le nom scientifique de galericulata qui en latin signifie 'galère'. *
Il est un canard de surface : il nage bien mais il ne plonge
que très rarement et uniquement en cas de danger. Il se déplace
également avec aisance sur la terre ferme et il ne lui déplaît pas de se
percher à des hauteurs variables dans les arbres où il peut trouver
abri et refuge en cas de nécessité. D'autre part, le rapport entre l'envergure des ailes et son poids lui permet d'obtenir une très bonne navigabilité et d'être considéré comme un des meilleurs anatidés en ce qui concerne la qualité de vol. En bref, on peut le considérer comme un excellent canard "tout-terrain". *
Il est omnivore. En plus des graines et des fruits qu'il prélève sur la végétation forestière, il se nourrit d'insectes aquatiques et de petits poissons qu'il capture aux alentours et à l'intérieur des mares. *
Après avoir vu le + petit, le + grand et le + beau dans la même fin de semaine, comment ne pas se sentir privilégiés ? La nature est belle et généreuse.
À bientôt,
Bibliographie consultée
* http://www.oiseaux.net/oiseaux/canard.mandarin.html
3 commentaires:
L'hiver vous amène de beaux visiteurs. Le Harfang des neiges fait partie des oiseaux mythiques pour nous autres Européens.
Le canard mandarin est superbe et chez nous aussi certains échappés des parcs se sont installés dans des zones urbaines.
En ce moment j'ai un visiteur venu du froid, un Pinson du Nord qui habituellement ne vient chez nous que chassé par le froid des régions plus au nord du pays. Cela fait 15 jours que ce mâle vient tous les jours se nourrir!
Les nocturnes sont difficiles à observer mais si beaux bien tranquilles cachés par la végétation!
Toujours de belles rencontres grâce à vos récits de sorties et aux photos!
Très belle histoire. Merçi beaucoup.
Hello Laval,
Oui en effet, plusieurs américains et américaines (amis blogueurs) ont rapporté que les Harfang n'ont jamais été aussi nombreuses!
Quelle bonne nouvelle!
Quand à ta petite chouette, il existe l'équivalent en Afrique du sud, the Pearly-spotted Owlet... Not bigger than the hand!
We caught one that had flown into our aviaries and as we released it we were ecstatic!
Quant à Bubo virginianus, il est magnifique!
Et le mandarin... Je ne peux qu'être d'accord avec toi, c'est vraiment le plus canard du monde!
Une série magistrale!
Bonne continuation!
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