vendredi 29 novembre 2013

De ma fenêtre.



Lorsque nous demeurons en ville, nous avons tendance à croire qu'il faut sortir de chez soi et parcourir plusieurs kilomètres afin de nous retrouver dans un milieu plus propice pour pouvoir observer une bonne variété d'oiseaux. Mais ce n'est pas tout à fait le cas. Pour peu que notre cour soit entourée d'arbres, d'arbustes ou de haies arbustives, et que nous ayons mis des graines dans des mangeoires à l'usage des oiseaux, nous pouvons espérer observer de quelques à plusieurs espèces selon la saison. Même si nos visiteurs réguliers ou occasionnels ne nichent pas directement dans notre cour, celle-ci peut leur servir de point d'arrêt pour s'abreuver, se nourrir, se reposer ou s'abriter. Grâce à leur capacité de vol, les oiseaux se déplacent plus rapidement et sur de plus longues distances que nous et nous pouvons les observer bien souvent dans des lieux où on ne les attendrait normalement pas. Et c'est d'autant plus vrai en période migratoire alors que des espèces nichant plus au nord, à l'est ou à l'ouest peuvent visiter nos cours lors des migrations printanière et automnale.

Anne et moi vivons ensemble depuis 2005 et notre maison se situe dans la ville de Québec, dans l'arrondissement de Sillery. Nous avons la chance d'habiter un quartier où il y a des arbres assez vieux. C'est calme et il y a des oiseaux. Nous avons installé un bain d'oiseau sur pied et trois mangeoires remplies uniquement de graines de tournesol noires. L'hiver, il nous arrive d'ajouter du gras (suif) dans une petite cage faite expressément pour ça ou de badigeonner une bûchette de bois avec du beurre d'arachide et nous la suspendons pour les pics, geais, mésanges et sittelles. Et c'est à partir de l'intérieur de la maison que je prends la majorité de mes photos. Il est bien évident que la distance et l'intensité de la lumière peuvent devenir des points négatifs en m'empêchant d'obtenir le maximum d'efficacité, mais c'est toujours un plaisir que de voler des instants de vie à toutes ces créatures que nous aimons voir s'activer si près de nous.

J'ai pensé vouer ce billet à ces oiseaux et ces animaux qui animent ma cour. Toutes les photos ont été prises à partir de l'intérieur de la maison.

Je commence par un oiseau de ville qui ne passe jamais inaperçu avec sa voix rauque. C'est un omnivore qui bouffe à peu près tout ce qui tombe sous son bec.

J'ai été très surpris, lors de mon arrivée en ville en 2005, de constater que la Corneille d'Amérique / Corvus brachyrhynchos brachyrhynchos / American Crow était si abondante en milieu citadin. Elle niche depuis quelques années dans des grandes épinettes sur le terrain de mes voisins et elle vient boire dans le bain d'oiseaux sur pied dans ma cour. Elle mange également les graines de tournesol noir tombées au sol. Photo prise à partir de la fenêtre de la cuisine.
À la campagne, l'espèce suivante est beaucoup plus commune, car elle se tient dans les bâtiments de ferme, autour des animaux. En ville, sa population a périclité lorsque l'usage des chevaux dans les rues a disparu.
Le Moineau domestique  / Passer domesticus domesticus / House Sparrow est très localisé en ville. J'en accueille à l'occasion dans ma cour, mais il est loin d'être régulier. Par contre, lorsqu'on en trouve, il se tient souvent en petits groupes pouvant compter une vingtaine d'individus. Il s'abrite alors dans des haies de cèdres ou des grands conifères afin de contrer les intempéries et les prédateurs comme les faucons, éperviers, pie-grièches et chats. Photo prise à partir de la fenêtre de la chambre à coucher.

La Tourterelle triste / Zenaida macroura carolinensis / Mourning Dove n'est pas très régulière non plus. Elle a de plus en plus envahi le Québec à partir de 1970 en provenance des USA. À l'instar d'autres espèces comme le Cardinal rouge, la tourterelle a su tirer profit de la mode toujours grandissante des mangeoires d'oiseaux pour agrandir son aire de distribution vers le nord. C'est toujours un plaisir de la voir atterrir dans mon gazon à la recherche des graines tombées par terre. Et la joie est encore plus amplifiée lorsqu'elle nous gratifie de son roucoulement doux et mélancolique qui lui a valu son nom. Photo prise à partir de la fenêtre de la chambre à coucher.


Le Roselin familier / Carpodacus mexicanus frontalis / House Finch a connu une expansion plus au nord quelques décennies après la tourterelle, mais pour la même raison. Je me souviens qu'Yves Aubry, au Service Canadien de la Faune, m'avais annoncé autour des années 1990 que le premier nid de ce roselin venait d'être confirmé à Québec. C'était toute une fête lorsqu'un individu était observé à ce moment-là. Maintenant, c'est un oiseau commun en ville et il visite quotidiennement nos mangeoires. Photo prise à partir de la fenêtre de la chambre à coucher.

Année après année, le Bruant chanteur / Melospiza melodia melodia / Song Sparrow nous fait l'honneur de venir égayer notre cour par sa présence et surtout par son chant mélodieux. Granivore, il vient se nourrir au sol des graines de tournesol et du maïs concassé que je mets à la disposition des bruants. Photo prise à partir de la fenêtre du salon.

J'ai toujours adoré cet oiseau. Le Junco ardoisé / Junco hyemalis hyemalis / Dark-eyed Junco passe dans notre cour lors des migrations annuelles. Il reste une dizaine de jours, autant au printemps qu'à l'automne. Son trille doux retentit tôt le matin et les interactions entre les individus de cette espèce sont nombreuses. C'est un oiseau actif et énergique qui ne passe jamais inaperçu. Photo prise à partir de la fenêtre de la chambre à coucher.

Et voici notre "petit Frédéric", le Bruant à gorge blanche / Zonotrichia albicollis / White-throated Sparrow. Qu'il est beau avec ses belles rayures noires et blanches sur la tête et cette tache jaune entre l'oeil et le bec. Dès l'instant de son arrivée dans la cour, il trahit sa présence avec son cri de contact court et aigu. Il s'agit alors de fouiller attentivement les lieux pour le surprendre au sol, en train de gratter les feuilles mortes à la recherche de nourriture. Photo prise à partir de la fenêtre de la chambre à coucher.

En voici un qui passe plutôt furtivement dans plusieurs cours sans se faire repérer. Le Bruant fauve / Passerella iliaca iliaca / Fox Sparrow est très timide et il ne se montre en milieu ouvert qu'avec circonspection. Nous avons eu la chance d'en avoir deux dans notre cour lors de la migration automnale. Nous le voyons habituellement lors des deux migrations, mais il ne demeure pas longtemps. Photo prise à partir de la fenêtre de la chambre à coucher.

Voici probablement l'espèce la plus convoitée par toutes les cours du Québec. Le Cardinal rouge / Cardinalis cardinalis cardinalis / Northern Cardinal. Cet oiseau apporte beaucoup de couleur et d'animation dans une cour. Super timide, on ne le voit souvent qu'à l'aube et qu'au crépuscule. Cependant, dès qu'il niche dans le secteur, on a la chance d'entendre ses sifflements caractéristiques à toute heure du jour. Il annonce toujours son arrivée par un "tchic" métallique. C'est d'ailleurs grâce à ce son que nous pouvons estimer plus facilement le nombre de cardinaux dans notre entourage. Une petite marche dans les environs permet d'avoir une bonne idée de sa présence. Nous avons la chance d'avoir au moins deux couples tout près de chez nous. Photo prise à partir de la fenêtre de la cuisine.

La Mésange à tête noire / Poecile atricapillus atricapillus / Black-capped Chickadee est sans doute l'espèce la plus répandue en ville. Elle est commune et toute cour offrant des graines est assurée d'en attirer. Il est très difficile de connaître le nombre exact de mésanges visitant notre cour. On dirait que ce sont toujours les mêmes, mais c'est trompeur. J'ai lu qu'un ornithologue amateur croyait d'abord avoir cinq ou six individus à ses mangeoires avant qu'il ne commence à les baguer. Il en a finalement bagué plus d'une trentaine. L'an dernier, nous avions une mésange avec toutes les plumes de la queue blanche. Il était alors facile de la différencier des autres. Cette année, voici une autre mésange avec un plumage anormal. Les plumes de sa queue sont blanches. Les primaires et les secondaires sont blanches, ainsi qu'une partie des grandes couvertures alaires. Elle a le corps plutôt beige et sa calotte est brune au lieu d'être noire. Je dois avouer que ça lui donne un air exotique plutôt intéressant. Elle vient irrégulièrement et j'ai été très chanceux de pouvoir prendre cette photo à partir de la fenêtre de la cuisine. Heureusement, il faisait soleil ce jour-là.

Aucune paruline ne visite notre cour en dehors des périodes migratoires. Nous en observons plus au printemps alors qu'elles sont en plumage nuptial. C'est par une journée froide et pluvieuse, le 22 mai dernier, que cette belle Paruline tigrée / Setophaga tigrina / Cape May Warbler est venue fouiller sous les feuilles d'un érable à quelques mètres seulement de la fenêtre de notre salon. J'ai été chanceux de pouvoir réaliser ce cliché. 

Notre liste de cour contient maintenant 105 espèces différentes d'oiseaux et je ne peux tous vous les présenter dans cet article. Cependant, avant de terminer, voici deux chapardeurs professionnels qui ne cessent de vider les mangeoires de NOS oiseaux. Je les ai pris en flagrant délit cet après-midi même.

Le premier est petit, roux, agressif et d'une vitesse désarmante. Il garde jalousement sa provision de nourriture et il chasse tout autre sciuridé qui songerait seulement à s'approcher. Heureusement, il passe de longues minutes loin de la mangeoire alors qu'il chasse les intrus et les oiseaux ont amplement le temps d'en profiter pour se nourrir.

Et voilà mon ami l'Ecureuil roux nord-américain / Tamiasciurus hudsonicus / North American Red Squirrel en train de se nourrir à une mangeoire dite "anti écureuils". Il ne semble pas savoir qu'il ne peut s'y nourrir. Photo prise à partir de la fenêtre de la cuisine.
   

Et voilà son gros cousin l'Écureuil gris / Sciurus carolinensis / Eastern Gray Squirrel qui ne ménage pas les efforts, lui non plus, pour vider une mangeoire dans un temps record. Photo prise à partir de la fenêtre de la cuisine.

Rien ne les arrête quand vient le temps d'aller chercher la nourriture. Nous voyons son tour d'oeil dans l'ouverture du haut de la mangeoire.

Mais l'oiseau le plus bizarre à être venu à cette mangeoire est celui-ci.




Selon la littérature consultée, il s'agirait d'une sous-espèce du Chardonneret jaune qui aurait un long coup de girafe: le Chardonneret jaune à cou de girafe / Giraffe-necked American Goldfinch. Je  ne l'ai jamais vu arriver à la mangeoire et je ne l'ai pas vu repartir non plus. Avouez que c'est intriguant. Je me demande bien quelle allure il peut avoir en vol ? Gardez l'oeil ouvert, on ne sait jamais.


À bientôt !






6 commentaires:

Unknown a dit…

C'est bien drôle de vous lire car, je ne vous connais pas mais pourtant nous avons le même dada. Je prends aussi des photos d'oiseaux de l'intérieur de la maison. J'ai répertorié une quarantaine d'espèces depuis 2009.

Unknown a dit…

Je suis de L'Ancienne-Lorette

David M. Gascoigne, a dit…

As usual, an informative discourse accompanied by great photographs.

lejardindelucie a dit…

La saison des mangeoires est toujours un plaisir pour les observateurs .Vous avez organisé vos mangeoires de telle sorte que depuis chaque pièce de la maison vous ayez un beau spectacle.
Merci de nous présenter ces visiteurs. J'ai eu la chance d'en voir quelques uns lors de notre voyage. Mais pas le Cardinal.
Par contre l'habileté des écureuils est fantastique. Hélas chez nous il y en a très peu.
Votre chardonneret à cou de girafe: une espèce très rare:-)!Bravo pour le coup d'œil!

Noushka a dit…

Hello Laval!
Autant les premiers oiseaux que tu nous présentes me sont familiers autant les suivants sont toujours un régal à découvrir, notamment bruants et parulines!
Ah ces écureuils... des petits malins à qui aucune fermeture ne résiste!
Il me rappelle mon Cacatoès à huppe jaune qu'aucune porte de cage ne pouvait arrêter et qu'il fallait cadenasser!!
L'hiver est plus précoce chez toi, il y a encore peu de monde dans mon jardin du sud de la France!
Bizzz et bon WE, l'ami!

Laury randos a dit…

très belles photos et j'adore vos commentaires !