Sans doute l'un des plus beaux canards de mer au Québec, l'Eider à tête grise ne s'observe qu'à partir du Bas St-Laurent vers l'est. Photo prise à Pointe-au-Père, Québec, le 24 avril 2011. |
Le Cincle d'Amérique n'effectue pas de migration vers le sud en hiver, mais plutôt des migrations altitudinales. Photo prise sur internet. |
C'est toujours très impressionnant de voir avec quelle facilité le cincle s'agrippe sur les rochers les plus glissants et en plein courant. Photo prise sur internet. |
Si vous désirez voir le cincle en pleine action, cliquez sur le lien suivant
Une décennie plus tard, le 14 août 2000, je découvre une autre espèce impressionnante. Nous sommes à Mindo, en Équateur. Alors que nous traversons un pont surplombant une rivière très agitée, notre guide arrête le véhicule et nous jetons un oeil sur les rives et les rochers. Après avoir trouvé un Cincle à tête blanche très actif dans les rapides, mon attention se porte sur une masse pâle immobilisée sur un gros rocher. La lunette d'approche me permet de confirmer un mâle Merganette des torrents / Merganetta armata / Torrent Duck. Je suis très excité, car ça fait longtemps que je la cherche. Pour espérer la trouver, il faut scruter les rivières des Andes, à partir du sud du Lac Maracaibo, au Venezuela, jusqu'à la Terre de Feu en Argentine. Pour ma part, j'ai eu la chance de l'observer en Équateur, au Pérou et en Argentine. Le fait de l'avoir rencontrée dans ces différents pays est intéressant puisque cela m'a permis de noter les différences de coloration affectant le mâle des différentes sous-espèces. La race colombiana est la plus pâle des six sous-espèces alors que turneri est la plus foncée.
Illustrations de quatre des six sous-espèces de la Merganette des torrents. La colorée femelle arbore le même plumage quelque soit la sous-espèce. Source: volume I de la série Handbook of the birds of the World.
Ces anatidés plongeurs sont très farouches et nous devons très souvent nous contenter d'une observation à longue distance. Aussi est-il conseillé de scruter attentivement les rivières tumultueuses en contrebas de différents postes d'observation disséminés naturellement sur le bord des routes qui s'accrochent aux flancs des Andes. Une image qui me restera gravée à jamais est celle d'un mâle et une femelle qui se laissent porter, tels des bouchons de liège, à la surface d'une rivière absolument déchaînée en saison des pluies sur le versant est des Andes, dans la région de San Isidro en Équateur. Même s'ils sont presque côte à côte, les deux jouent au yoyo alors que seulement l'un des deux est visible en même temps dans la jumelle. C'était à donner le mal de mer.
Pour ramener le tout au Québec, nous avons quelques anatidés qui aiment l'eau agitée. Je pense d'abord au Grand Harle / Mergus merganser / Common Merganser que j'ai observé quelquefois remontant lentement une rivière sur l'eau et à contre courant, sans doute pour profiter de ce que l'eau en mouvement transporte comme nutriments et proies éventuelles. Lorsque l'oiseau atteignait une partie tranquille de la rivière, il retournait en vol au début de la partie agitée et il remontait à nouveau les rapides.
Une autre espèce de canard partage cet engouement pour les eaux agitées, le Arlequin plongeur / Histrionicus histrionicus / Harlequin Duck. Sa distribution mondiale se situe à partir du Lac Baikal en Sibérie vers l'est aux Îles Aléoutiennes et l'Alaska, vers le sud jusqu'au Colorado, É.U.; l'est du Canada, le Groënland et l'Arctique. Au Québec, je l'ai d'abord observé au réservoir Beaudet à Victoriaville. Un mâle s'était égaré là, le 17 avril 1989. Un peu surprenant de le rencontrer dans un lieu aussi calme, mais il faut dire qu'il n'était réellement pas dans son habitat régulier. En 1996, il avait été rapporté à Saint-Jean-sur-le-Richelieu et, comme je travaillais là-bas, j'ai pu profiter d'une occasion pour essayer de le repérer. J'ai vu passer en vol un petit canard très foncé et il s'est dirigé tête première dans la partie la plus agitée de la rivière. Je savais que j'avais affaire à lui. Ma dernière rencontre, et la plus belle, se passe le 24 avril 2011 alors que je suis au mont Albert avec Anne. Nous recevons des indications selon lesquelles il y aurait de très bonne chance d'observer ce très beau canard en nous rendant sur un site en particulier. Nous suivons à la lettre les directives et nous nous retrouvons bientôt en face de trois arlequins, deux mâles et une femelle. Voici quelques photos que j'ai pu réaliser:
|
Le Arlequin plongeur aime les eaux agitées où il peut trouver une profusion de proies drainées par le courant. Photo Laval Roy, le 24 avril 2011 au Gîte du Mont Albert. |
6 commentaires:
Récit fort intéressant ! Vous avez eu la chance de voyager beaucoup pour observer la faune aviaire. J'ai une fascination certaine moi aussi pour les oiseaux aquatiques et j'ai eu le plaisir d'observer moi aussi récemment un couple d'arlequin plongeur à Vancouver. J'aurais bien aimé que le soleil se pointe afin que la lumière fasse davantage briller leurs plumes. Impressionnant aussi de voir le cincle en pleine action dans la vidéo - merci pour le lien !
Bonjour Sophie,
Je suis agréablement surpris de savoir qu'on me lit à l'autre coin du pays ;-) . Oui, j'ai fait une couple de tours de la planète bleue, mais je ne me suis jamais arrêté dans l'ouest du Canada. Je garde cet endroit pour mes "vieux jours". Ceci dit sans arrogance aucune. Je préfère faire maintenant des voyages plus exigents physiquement et garder les plus faciles pour plus tard.
C'est toujours intéressant de voir que "nos" espèces sont également observées à d'autres endroits, parfois très éloignés. Ton témoignage en est la preuve. La personne qui ne voyage pas du tout pourrait très bien être tout simplement ignorante de cette réalité. Un fait qui m'a particulièrement frappé est cette fois où j'étais avec un groupe québécois que j'avais organisé pour le Kénya/Tanzanie (en 2003). Nous étions au Seregenti, en Tanzanie. Nous étions naturellement accompagnés d'un guide local très compétent qui ne cessait de nous surprendre par ses connaissances approfondies des espèces en présence. Nous avions alors observé exactement 39 espèces de rapaces diurnes depuis le début de notre voyage. Il nous les avait identifiés avec une aisance exceptionnelle. Voilà qu'apparaît en vol un Balbuzard pêcheur. Enfin un facile qu'on se dit et nous lâchons le nom très rapidement. Voyant que notre guide est sceptique, nous lui disons que c'est une espèce observée régulièrement au Québec pour nous (du moins à cette époque). Après un second coup d'oeil sur l'oiseau toujours en vue, il acquiesce à notre identification.
Ceci confirme que chacun de nous peut être spécialiste pour certaines espèces et débutant pour d'autres. Ce qui est important, c'est la passion de l'observation des oiseaux. Si nous avons en plus la passion du voyage, alors là, on est pris dans un drôle d'engrenage. Mais quelle vie palpitante ça fait !!!
Merci encore et je te souhaite de belles trouvailles.
J'ai toujours adoré les voyages, mais ce n'est que depuis mon voyage de noces, où j'ai effectué un safari au Brésil, que j'ai eu la piqûre pour la faune, particulièrement les oiseaux. Pourquoi attendre d'être en voyage pour découvrir le monde ? Je suis revenue au Québec avec une soif d'en savoir plus sur mon environnement, que j'avais toujours apprécié, mais que je n'avais découvert que très partiellement. Je lis donc vos escapades à l'étranger avec beaucoup d'envie, mais je sais que mon tour viendra un jour! En attendant, une escapade à l'Île-Bizard me ravie tout autant qu'un voyage d'affaires à Toronto et à Vancouver! Maintenant, à chacune de mes sorties, je cherche l'oiseau ou la petite bête qui fera ma journée ! Amicalement.
Enregistrer un commentaire