Depuis mon dernier billet, j'ai fait quelques sorties ornithologiques dans la région et j'ai pu constater que, même si la neige a fini par fondre, le blanc reste encore à la mode.
Au Québec, les oies, bernaches et canards de toutes sortes arrivent en même temps que le mois d'avril. Le ciel est alors sillonné par des vagues successives de volées d'anatidés qui se reconnaissent facilement par le patron de vol qu'elles adoptent. Les bernaches et les oies sont reconnues pour leur formation en V ou par les longues lignes obliques où chaque individu profite de l'air brassé par celui qui le précède pour économiser cette énergie nécessaire pour accomplir de longs trajets migratoires.
L'un des meilleurs endroits au Québec pour observer les premiers grands rassemblements d'Oie des neiges / Anser caerulescens / Snow Goose est Baie-du-Febvre. Les champs agricoles inondés au printemps agissent comme des aimants sur la boussole interne des migrateurs.
Lors de notre visite du 18 avril 2014, Anne et moi avons été en mesure de constater le nombre spectaculaire de ces oies blanches. Vers 10h00 nous rencontrons André Cyr et il nous dit qu'il est arrivé sur les lieux très tôt et qu'il estime à plus 400 000 le nombre d'oies observées dès le lever du soleil. À partir de certains lieux d'observation, nous en voyons partout. Le blanc est vraiment à la mode en cette belle journée.
Vers 13h00, nous nous rendons près du marais qui jouxte les deux bassins le long de la route Janelle. Nous sommes très surpris d'y trouver un magnifique immature de Harfang des neiges / Bubo scandiacus / Snowy Owl, en fait il y en a deux, mais nous ne verrons que celui-ci.
Les milliers d'oies sont cependant trop loin pour une photo potable. Je ne le sais pas encore, mais ce n'est que partie remise puisque, le 27 avril, je me reprends alors que nous découvrons un gros rassemblement d'oies tout près du quai de Portneuf, sur la rive nord du fleuve Saint-Laurent. Nous estimons à plus de 5 000 le nombre d'oies présentes. Voici un échantillon de la perspective que nous avions lorsqu'un petit avion passait et que les oies le prenaient pour un rapace.
En avant-plan, nous voyons un groupe qui se pose à nouveau à la surface de l'eau. En arrière-plan, nous voyons un autre groupe qui adopte le même comportement, mais de l'autre côté du fleuve.
L'avion revient quelques minutes plus tard et l'effet sur les oies est le même. J'imagine que la vue à partir de l'habitacle de l'avion de toutes ces oies blanches qui s'envolent dans un chaos terrible doit être très belle à voir par les occupants. Mais ce n'est pas très intelligent de déranger ainsi les oiseaux migrateurs qui ont besoin de repos pour refaire des forces. À force de se faire déranger, les oies finissent par se poser plus près du quai et nous nous y rendons pour tirer profit de l'occasion.
Ces deux belles espèces, tout de blanc vêtues, vont nous quitter d'ici une couple de semaines pour rejoindre leurs aires de reproduction dans la toundra canadienne. Leurs départs seront vite oubliés par les millions de passereaux qui regagneront notre latitude pour venir s'y reproduire également. Ainsi va la vie sur cette belle planète bleue, un tourbillon incessant où la vie et la mort, les arrivées et les départs, se succèdent depuis des temps immémoriaux.
@ bientôt,