mardi 7 juillet 2015

Le bonheur de nourrir les oiseaux toute l'année.




Le nourrissage des oiseaux, par le biais des mangeoires à graines que nous installons dans nos cours  ou dans les parcs urbains, éveille souvent une polémique sur le bien fondé de cette action. Faisons nous bien d'agir de la sorte ? N'y a-t-il pas un danger de changer le comportement des oiseaux en établissant une dépendance entre eux et nous ? Est-ce que nous pouvons même induire quelques individus à renoncer à la migration vers le sud en leur offrant de la nourriture ? Répondre à ces questions n'est pas simple et les réponses évoquées peuvent relever autant sinon plus de la subjectivité que de l'objectivité. Chacun y va avec ses pour et ses contre. Et notre souci altruiste de leur fournir de la bouffe peut cacher un désir bien égoïste de se les approprier un peu. Et bien oui, je l'avoue, je suis l'un de ces altruistes égoïstes, un homme rempli de contradictions, mais surtout mené par une passion pour la nature. Dès que j'ai possédé une maison, j'ai aménagé graduellement le terrain en vue d'attirer les oiseaux en plantant des arbres fruitiers, des arbustes et des fleurs qui plairaient aux frugivores, aux insectivores, aux granivores et aux nectarivores. Naturellement, les mangeoires, l'abreuvoir à colibri, les nichoirs à hirondelles ainsi qu'un petit bain d'oiseaux sur pied sont venus compléter le tout.

Je sais que la très grande majorité des propriétaires de poste d'alimentation commencent à nourrir tard à l'automne et ferment boutique à la fin du printemps. Personnellement, je n'ai jamais fait ça. Au contraire, mes mangeoires sont remplies à l'année. Malgré l'étalement sur quatre décennies, je n'ai jamais retenu chez moi une espèce migratrice. Je les accueille dans ma cour au printemps et à l'automne, sans plus.Tout comme les êtres vivant en nature, les oiseaux se doivent d'être opportunistes pour garantir leur survie. À ceux qui craignent de vouer les oiseaux à une mort certaine s'ils arrêtent de les nourrir pendant quelque temps, même en période très froide, je leur dis que les oiseaux sauront bien suppléer au manque de graines en s'alimentant de ce qu'ils trouveraient normalement s'il n'y avait pas de mangeoires. Et leur donner un coup de main en leur procurant une nourriture "facile" lors des grands froids est une aide qu'ils apprécient grandement.

Mon intention dans ce billet n'est pas de fournir des photos des espèces hivernantes habituelles, mais bien de vous montrer des espèces nicheuses en été ou de passage en migration qui apprécient le buffet que nous installons dans notre cour.


En Avril et en Mai


En migration, les granivores que sont les bruants et les juncos ne sautent jamais une année pour nous visiter, même si notre cour est en ville, à quinze minutes à pied des centres d'achats et du trafic intense du boulevard Laurier, à Québec.


Le sifflement du Bruant à gorge blanche est un bon indice que les vagues migratrices sont bel et bien amorcées.


Il est souvent accompagné du Bruant fauve et c'est toute une joie lorsqu'il fait entendre sa jolie ritournelle.



Le Bruant chanteur n'est pas que de passage, il niche toujours dans le voisinage.



Le Bruant à couronne blanche est moins présent que les précédents et son chant trahit sa présence.



Le Bruant familier est un assidu à notre cour et il niche aux alentours à chaque année.






Le Junco ardoisé arrive en petits groupes et il anime notre cour de ses trilles pendant plus d'une semaine.


Tous sont granivores et les graines qui tombent des plateaux n'échappent pas à leurs recherches. De plus, mon expérience me fait croire que les oiseaux sont attirés par le cri de leurs congénères ou par celui d'autres espèces. L'activité attire l'activité et il n'est pas rare de voir cinq ou six espèces différentes en même temps autour et dans les mangeoires.



En Juin, Juillet et Août


Rien n'est plus réjouissant pour celui qui accueille les oiseaux dans sa cour que de voir les parents accompagner leurs jeunes au poste d'alimentation.


Ici, une femelle adulte de Pic chevelu amène son jeune, identifiable à sa couronne colorée, au poste d'alimentation sur la rue Higgins à Chateauguay. Quelques jours plus tard, j'observais la même chose dans ma cour à Sillery, ville de Québec.

 

Un adulte de Quiscale bronzé fait de même en offrant cette graine de tournesol noir à son rejeton. Dès le lendemain, j'ai vu ce dernier revenir seul pour cueillir d'autres graines par terre. Ça n'a duré que quelques jours et il n'y avait plus de quiscale dans ma cour. Ceci démontre bien l'opportunisme des oiseaux qui ne s'attardent pas lorsque l'instinct leur commande de passer à autre chose.


Nous savons que les jeunes des passereaux, même s'ils ne sont pas insectivores, sont d'abord nourris d'insectes, car ils sont plus riches en calories et ça leur permet de grossir plus vite. Le Bruant chanteur, à l'instar de bien d'autres espèces, commencent d'abord par les nourrir d'insectes et d'arthropodes lorsque ces derniers sont au nid.



Des petits cris stridents et insistants me font savoir que c'est maintenant notre fidèle Bruant familier qui vient nourrir ses jeunes aux mangeoires. Cette activité nous permet d'observer les différentes espèces dans leur livrée juvénile qui est souvent différente de celle adulte. Les jeunes ont souvent les parties inférieures du corps striées alors qu'elles sont unies lorsque l'oiseau acquiert sont plumage adulte.


La Mésange à tête noire est une espèce qui fréquente nos mangeoires TOUTE L'ANNÉE. Tellement qu'elle a niché à au moins une reprise juste en haut du poste d'alimentation. Elle aussi amène ses rejetons. J'en ai été témoin à deux reprises cette année.


Non, je ne veux absolument pas convaincre quiconque de la pertinence de maintenir un poste d'alimentation ouvert à l'année. Mais le bonheur que vous retirerez en vaudra peut-être la chandelle..


@ bientôt.






2 commentaires:

Diane Clermont a dit…

C'est tellement enrichissant de lire tes articles, j'espère que tu prendras toujours le temps de maintenir ce blogue.
Personnellement, je nourris à l'année également. J'adore la période où les oiseaux viennent nourrir leurs petits.
En hiver, surtout en 2015 avec le grand froid, je me serais sentie coupable de ne pas les nourrir.
Tes photos sont excellentes, et c'est toujours un plaisir de te lire !
merci et bravo pour ces articles si appréciés !

lejardindelucie a dit…

J'ai vu aussi en Ecosse, des pratiques similaires.
Nous , avec notre climat bien plus doux, nous avons organisé le jardin pour que, sauf exception( par exemple la neige, rare!) il y ait toute l'année des fleurs et des fruits!
Mais à partir de novembre en fonction de la température nous offrons des graines, un peu de graisse et de l'eau en supplément.
Cela fait le bonheur de nos visiteurs nordiques qui restent ainsi chez nous pendant l'hiver, alors que d'autres profitent de cette abondance pendant quelques jours pour se refaire une santé! Et nos habitués apprécient aussi!
Et c'est un vrai plaisir que de les observer le matin évoluer dans le jardin.
En cette saison , il y a abondance chez nous : papa et maman mésange charbonnière initient leurs rejetons à la recherche des insectes dans les arbres. Les petites mésanges longues queues ont installé leur quartier dans le fond du jardin près des épicéas du voisin!Les chardonnerets se promènent sur les fleurs en appelant les petits et volent d'endroits en endroits où la nourriture est abondante
La transformation d'un ver blanc informe en beau coléoptère relève presque de la magie.
J'élève maintenant le plus possible dans des boites transparentes et quand la chenille se transforme en chrysalide il y a quelques moments où l'on a l'impression de voir une bouillie en mouvement. J'espère que les moyens techniques nous donnerons l'occasion de voir comment les composants de la chenille se "défont" avant de se réorganiser en adulte!
Je vous souhaite à Vous et à votre épouse de belles observations pendant la saison estivale!