mardi 28 octobre 2014

La magie de la première mésange



Dans exactement 24 heures, Anne et moi partons vers Paris pour une escale d'une journée chez notre ami Jean-Jacques Gozard qui y possède une maison. Et 36 heures plus tard, en compagnie de Jean-Jacques et de Richard Yank, nous prenons un vol vers le sud de l'Inde. Oui, beaucoup d'excitation dans l'air. L'Inde est une première pour nous et le séjour que nous ferons ensuite au Sri Lanka n'est rien pour calmer notre fébrilité.

C'est merveilleux de pouvoir voyager comme nous le faisons. Anne et moi en sommes conscients. Nos voyages nous font apprécier toutes les richesses naturelles que chaque destination recèle et nous dévoile toujours aussi généreusement. Ils nous font également voir in vivo l'état de l'environnement sur tous les continents autour de la belle planète bleue. Malheureusement, ce n'est pas toujours beau à voir. Je ne désire pas partir de longues diatribes condamnant l'attitude insouciante des humains qui détruisent tout au nom d'une modernité qui conduit inévitablement vers un cul de sac. Mais je dirais que le problème avec l'Homme, c'est qu'il n'accorde pas à la nature son importance et ceci est malheureusement un constat universel. C'est certain que des pays comme le Costa Rica font bande à part, mais c'est un travail de tous les instants de la part des dirigeants qui doivent savoir dire non au lobbyisme des grandes compagnies internationales. Le pouvoir actuel est une question d'argent et il est trop facile en 2014, grâce au phénomène de la mondialisation, pour les nations surpeuplées (surtout la Chine) d'acheter des terres à l'autre bout du monde pour y cultiver les denrées nécessaires à leur survie. Anne et moi l'avons vu, entre autres, au Brésil alors que des Japonais essayaient d'acheter des coins de forêt incroyablement peuplés de vie animale et végétale. Le tout se fait naturellement au détriment des habitats originaux qui sont détruits pour faire place à la monoculture ou à l'élevage de bovins destinés à la consommation humaine.

Même la vie marine est en sérieux péril. Nous le vivons ici au Québec depuis quelques décades avec la surpêche à la morue (aussi fait par des bateaux usines japonais), mais c'est vrai également dans tous les pays. C'est à Madagascar, sur la côte nord ouest du pays, que j'ai la chance de m'entretenir avec un homme qui organise depuis toujours des plongées sous-marines pour les touristes intéressés à explorer les barrières de coraux. Il organise également des sorties pélagiques pour la pêche sportive. Ces deux activités ont diminué drastiquement au cours des dernières décades à cause de la détérioration des habitats et de la surpêche. Maintenant, les bateaux usines effectuent des dragages en profondeur pour récolter les crustacés qui peuplent les planchers marins. Les coraux sont proprement raclés et détruits. Les populations des requins sont décimées à cause des pouvoirs soit disant aphrodisiaques de leurs nageoires. On le capture, on lui coupe les nageoires et on le rejette à l'eau. Comme insensibilité et manque de respect, difficile de faire pire. Oui, je m'éloigne, mais pas tant que ça.

La seule façon de créer un contre-courant à la tendance suicidaire actuelle passe par l'éducation. Difficile d'apprécier et d'aimer quelque chose que nous ne connaissons pas. Une fois que nous la connaissons, comment pouvons-nous rester insensibles à sa perte ?  Que faire pour apporter NOTRE grain de sel à cet effort de sensibilisation ?


Comme pour tout effort d'éducation, il faut un début.


La petite Zoé, 3 ans et demi, observe pour la première fois de sa vie une Mésange à tête noire au Domaine de Maizerets. De plus, elle a la chance de la tenir dans sa main. La communication avec l'oiseau ne peut être plus directe et plus intime. Je crois que sa Mamie Anne ne pouvait lui faire un meilleur cadeau en cette belle journée d'automne 2014.


La magie de la première mésange fonctionne à tout coup. Je me souviendrai toujours de MA première mésange, celle qui m'a fait assez confiance pour se poser sur mon doigt. Elle m'agrippait avec douceur de ses griffes et, à travers elles, je sentais presque son pouls. Une communication instantanée. Toute cette beauté cache aussi une grande fragilité qui s'évalue tellement bien au contact des griffes de l'oiseau sur sa propre peau. 

Et oui, la première mésange peut opérer de grandes choses dans le coeur d'un enfant et, une fois harponné, qui sait jusqu'à quel point cet enfant saura prendre la défense de cette belle nature et assurer la pérennité qui lui revient.  


@ bientôt.




 

vendredi 10 octobre 2014

Août 2014



03 août 2014


Les mois de juillet et août sont merveilleux pour observer les jeunes oiseaux et leurs parents nourriciers. Ceux qui, comme nous, entretiennent pendant toute l'année leur poste d'alimentation, ont alors la chance de voir arriver les petites familles autour des points de nourrissage. Pendant que les jeunes attendent avec plus ou moins de patience leur retour, les parents viennent picorer quelques graines pour les offrir à leur ado en pleine croissance. Ou du moins viennent-ils se nourrir eux-mêmes en vitesse, car tout le temps qu'ils ont est dévolu à trouver des insectes pour tenter de calmer l'appétit sans fond de leur progéniture. 2014 a vu défiler différentes familles dans notre cour soient celles des Mésange à tête noire, Cardinal rouge et Bruant familier.


S'il est vrai que les bruants posent souvent des problèmes d'identification pour les débutants même si ceux-ci rencontrent des adultes des différentes espèces, imaginez lorsqu'ils doivent négocier avec des immatures. À l'instar de quelques autres espèces de bruants, les oiseaux immatures du Bruant familier / Spizella passerina passerina / Chipping Sparrow arborent des rayures sur la poitrine et le ventre, rayures qui disparaîtront à mesure que le plumage adulte apparaît. 






Voici de quoi aura l'air, le printemps prochain, le jeune oiseau rayé de la photo précédente.



Une façon simple de reconnaître un immature est d'observer la commissure du bec qui est toujours colorée chez un jeune oiseau. Il est normal pour un oiseau d'avoir l'intérieur du bec et de la gorge très coloré. Il est plus facile pour le parent d'y introduire la nourriture. Ça doit se faire vite et sans trop de bavure. Pas de temps à perdre. Ici, il s'agit d'un jeune Moineau domestique / Passer domesticus domesticus / House Sparrow


09 août 2014


En scrutant notre liste des espèces observées en 2014, nous réalisons qu'une visite dans la région des Escoumins nous permettrait d'ajouter des laridés, genre mouettes, à notre bilan annuel. C'est donc dans cet esprit que nous couvrons les 260 kilomètres (4h30 de route) qui nous séparent de ce merveilleux site qu'est le village de Les Escoumins. C'est toujours une fête de s'y rendre autant pour les excellentes possibilités d'observer des espèces différentes que pour savourer les beaux paysages qui fleurissent le long du parcours. Cette année, il y a énormément de Mouettes de Bonaparte dans la petite baie jouxtant le village sur presque toute sa longueur. Il y en a en fait des milliers. Nous passons de longues heures à scruter les environs avec la lunette. La température est juste incroyable et nous jasons avec les autres observateurs présents. Très agréable... mais aucune des espèces de laridés espérées n'est présente. Oups ! Un Goéland brun vient sauver l'honneur de la famille. Merci à Germain Savard et à Jacques Ibarzabal pour nous l'avoir presque présenté bien cuit dans une assiette. Ce sont des pros et ce n'est pas toujours évident de repérer cette espèce-là à travers des centaines de goélands. 

Après le lunch, nous pensons au retour. J'offre à Anne de le faire en prenant la traverse d'Essipit vers Trois-Pistoles. Anne ne l'a jamais prise et ce serait une occasion de revenir chez nous par la rive sud du fleuve Saint-Laurent. Elle accepte et nous patientons une couple d'heures avant de prendre le bateau qui nous mènera donc jusqu'à Trois-Pistoles. La traverse dure environ 1h30 et l'eau est étale. Plutôt rare pour ce coin de pays. Nous passons tout le temps sur la passerelle du navire, à l'affût de toute ce qui bouge.



C'est en attendant le traversier et du bout du quai d'Essipit que je photographie ce Cormoran à aigrettes / Phalacrocorax auritus auritus / Double-crested Cormorant  qui passe très près.
 

La plus grosse colonie de Fou de Bassan / Morus bassanus / Northern Gannet en Amérique du nord se retrouve à l'Île Bonaventure avec 24 000 couples. Le Fou de Bassan se nourrit de harengs, de maquereaux, de capelans, de lançons et de calmars. Il peut parcourir de très longues distances quotidiennement pour trouver la nourriture pour lui et pour sa nichée. Même s'il niche dans le golfe, il est commun de le voir aussi à l'est que dans les parages de Trois-Pistoles.


Au Québec, en août, il est toujours intéressant de prendre une traverse entre les 2 rives du Saint-Laurent, dans l'espoir d'observer des espèces d'oiseaux dites pélagiques. Ce sont des espèces qui vivent la majorité du temps en haute mer. Il faut donc s'éloigner du rivage pour avoir une chance de bien les observer. Malgré une température presque trop clémente, nous avons la chance de croiser la route d'un Labbe parasite / Stercorarius parasiticus /  Parasitic Jaeger. Cet individu est un adulte en plumage inter nuptial intermédiaire, un manteau qu'il porte entre mars et novembre. C'est la première fois que j'ai la chance d'en observer un dans ce plumage. L'oiseau était excessivement loin du traversier.


Pour repérer l'espèce qui se présente ensuite, il faut chercher les barres de courant i.e. le lieu où des courants de différentes origines se rencontrent et font que la végétation flottante se rassemble et forme des tapis flottants où les phalaropes viennent se nourrir. Ici un petit groupe de Phalarope à bec étroit / Phalaropus lobatus / Red-necked Phalarope s'envole à l'arrivée du bateau et se pose sur l'eau un peu plus loin.


Petite mouette trapue, au cou épais et au bec d'un jaune immaculé, la Mouette tridactyle / Rissa tridactyla tridactyla / Black-legged Kittiwake semble très bien pourvue pour affronter les vents violents et les autres intempéries qui sévissent en haute mer. Elle niche sur les flancs des murs rocheux qui bordent les îles ou certaines rives le long du grand fleuve. Remarquez le bout des primaires totalement noir, c'est bien une mouette.


15 août 2014


Nous sommes le 15 août depuis à peine quelques minutes lorsque nous observons une espèce très inusitée en cette date de l'année et sous un climat aussi tempéré. Nous revenons d'une fête chez un ami de Neuville lorsque nous arrivons à la hauteur de la sortie Duplessis sud. Nous sommes sur l'autoroute 40 en direction est. Anne me fait penser qu'un oiseau spécial a été observé dernièrement bien assis sur une pancarte de signalisation. En me disant cela, elle se penche et me dit presque normalement : "et bien oui, il est là !".  Nous arrêtons en trombe et nous voyons bien à l'oeil qu'il s'agit de ce qui a été rapporté. Vite à la maison pour prendre jumelles et caméra et nous revoilà sur le site une quinzaine de minutes plus tard.



Et oui, même ma caméra n'en croyait pas sa lentille, un Harfang des neiges / Bubo scandiacus / Snowy Owl trônant sur le panneau de signalisation annonçant l'autoroute Duplessis sud à partir de l'autoroute 40 ouest. D'après la grosseur et les fines rayures, j'irais pour une femelle, mais il y a place à l'erreur dans cette tentative de confirmer un sexe à cet oiseau. Que fait-il en plein été beaucoup plus au sud que son territoire de nidification habituel ? Peut-être était-il blessé ou malade lorsque le temps fut venu pour migrer plus au nord ?  L'hiver 2013-2014 a été prolifique pour la présence des harfangs dans la région et un peu partout au Québec. Il est juste normal qu'un certain pourcentage ne puisse retourner vers le nord à la suite de fatalité, de maladie ou de blessure. Ça me rappelle l'observation d'une Chouette lapone à Pointe-Platon en août 2005. Comme le harfang de cette année, elle semblait en parfaite forme.



17 août 2014


Nous débutons notre fin de semaine dans la région de Montmagny dans le but d'ajouter quelques espèces de limicoles. Malheureusement pour nous, les heures de marées sont tout à fait affreuses en cette belle fin de semaine. Si vous désirez profiter le plus possible des meilleures heures pour observer les limicoles, vous devez le faire de deux à trois heures avant la marée haute ou être présents lorsque la marée redescend. L'eau qui monte pousse les oiseaux de rivages de plus en plus près de la grève et les fait se rassembler aux endroits les plus propices à l'alimentation. La marée fine haute les fera se diriger vers les points d'eau dans les champs, les bassins de rétention, les marécages ou le long des rivières. De même, lorsque l'eau se retire à la faveur de la marée baissant, les plages de boue qui apparaissent attirent à nouveau les oiseaux. Et comme les heures de marées hautes retardent d'une heure à tous les jours, nous pouvons espérer des conditions optimales une fin de semaine sur deux. 

C'est donc avec peu d'attente que nous entamons notre sortie. Et c'est mieux ainsi, car la récolte des nouvelles espèces n'a pas lieu. Mais, la sortie en vaut la chandelle, car nous vivons de beaux moments en plein air... et je ramène une couple de photos.



C'est à l'embouchure de la Rivière Boyer, près de Saint-Vallier, que nous rencontrons un immature de Pluvier kildir / Charadrius vociferus vociferus / Killdeer. Je repère d'abord un adulte qui semble agité par notre présence. Il est très nerveux comme s'il y avait un rejeton dans les parages. Et voilà qu'apparaît cet individu: à la bande beige qui colore l'espace entre ses deux colliers et son plumage quelque peu hirsute, il est facile de deviner qu'il n'est pas très âgé. Comme ce pluvier niche tôt en saison, cet ado n'est sûrement pas le produit d'une première nichée en 2014.



C'est aux bassins de rétention de La Durantaye que nous observons un Celery Looper / Anagrapha falcifera qui se nourrit sur une fleur de luzerne. Si quelqu'un pouvait me fournir le nom français de ce papillon, ce serait très apprécié.



23 août 2014


Une semaine plus tard, nous revoilà sur la rive sud du fleuve nous rendant même jusqu'à Kamouraska. Nous sommes toujours à la recherche de nouvelles espèces de limicoles pour l'année. Mais c'est sur le chemin du retour, à Montmagny, que nous faisons les plus belles observations. Non, pas de limicoles nouveaux, mais de deux juvéniles de Faucon pèlerin / Falco peregrinus anatum / Peregrine Falcon qui nous offrent un spectacle vraiment exceptionnel. Non pas que je veuille faire de l'anthropomorphisme, mais je trouve l'attitude des immatures des oiseaux souvent très semblable à celles des humains. Je m'explique. L'oiseau inexpérimenté va souvent être trop insouciant du danger pour éviter de s'exposer à des situations précaires pour sa sécurité. Alors que l'adulte suspecte et suppute toute situation nouvelle, l'immature s'expose davantage. Près du quai Boulanger, les deux ados vont même jusqu'à se percher sur un fil électrique installé dans la cour arrière d'une maison. Ceci constitue une occasion tout à fait exceptionnelle pour moi de croquer des images inédites et difficiles à réaliser en temps normal.



Avouez que pouvoir photographier un Faucon pèlerin d'aussi près relève du pur fantasme !!! Et ce n'est pas tout...


Non seulement permet-il une photo "gros plan", mais en plus les deux ados exécutent devant nos yeux ébahis des manoeuvres dignes d'un pilote de F-18...


ils s'agacent et s'amusent littéralement entre eux, semblant comparer leur maîtrise de vol. Ces exercices sont essentiels à des oiseaux de proie dont le succès de chasse réside dans leur aptitude à confronter des situations différentes à toutes les occasions.


Et voilà même que, lors de l'un des multiples passages devant nous, un des faucons me lorgne d'une façon plutôt impressionnante. Heureusement pour moi, j'excède de loin la taille d'un limicole ou même d'un canard... ou d'une oie bien gavée.



24 août 2014



Le lendemain, nous nous rendons dans le beau comté de Lotbinière, toujours prometteur de belles observations. Chaque visite nous réserve des rencontres inattendues et souvent surprenantes. Nous nous rendons à Sainte-Croix-de-Lotbinière.  Malgré que j'aie passé ma tendre enfance, mon adolescence et quelques années de ma vie d'adulte à cet endroit, chaque visite revêt un cachet de découverte. La végétation n'est plus la même (normal après quelques décades) et la présence animale a également changé. Selon la tendance normale ou ma connaissance plus grande des oiseaux (du point de vue chant, comportement ou habitat), je reconnais une baisse dans l'effectif de certaines populations et une hausse dans d'autres cas.

En cette fin août, j'amène Anne à cet endroit avec l'espérance d'y observer la Grande Aigrette / Ardea alba alba / Great Egret.  Sa présence à cet endroit n'est pas si commune que cela. Du moins ne l'était-elle pas avant le tournant du siècle dernier ! Aujourd'hui, en cette année 2014, j'observe le plus grand nombre jamais observé par moi-même, ce qui est quand même digne de mention, en ce lieu.


Trois Grandes Aigrettes partagent un rocher avec quatre Grands Hérons bleus au bout du quai accessible par la côte à Mogène à Sainte-Croix-de Lotbinière.  C'est un rassemblement peu observé dans la région et qui témoigne très bien des changements qui s'opèrent depuis quelques années. La Grande Aigrette devient de plus en plus commune et qui s'en plaindrait !!!


À l'âge de 18 ans, je travaillais comme appariteur de biologie à la Polyvalente Pamphile Lemay de Sainte-Croix-de-Lotbinière. Je me souviens très bien d'avoir trouvé une photographie dans une revue et qui représentait vraiment à mes yeux ce qu'était un ornithologue. Un biologiste déambulait avec un télescope à l'épaule dans un environnement montrant un marais en arrière plan. Cette image est restée gravée dans ma mémoire comme si c'était hier. Je me souviens d'avoir découpé cette photographie, de l'avoir exposé ostensiblement au département de biologie de l'école et d'avoir inscrit à la main au bas de l'image " Voici ce qui représente pour moi un vrai ornithologue".  Et voilà que, 30 ans plus tard, je photographie la compagne de ma vie qui longe la rivière Du chêne à Leclercville et qui se rend vers moi pour me rendre compte de ses observations. Difficile pour moi de ne pas faire le lien, de ne pas boucler la boucle. 


L'amour et la passion des oiseaux peut envahir le coeur de tout être vivant qui est sensible à ce qui l'entoure. Anne est architecte de profession, elle est une fille née et élevée en ville, pourtant elle est habitée par cet amour de la nature qui la mène toujours et en tout temps à vouloir parfaire ses connaissances de cette extraordinaire nature qui l'entoure. En sa compagnie, j'ai le bonheur de voyager à travers le monde et de parfaire nos connaissances mutuelles de cette nature qui nous obnubile et qui nous surprendra, heureusement et je le devine, jusqu'à la fin de nos jours.



30 août 2014


Nous terminons nos excursions de ce mois en un endroit que vous ne devinerez jamais. Et oui, je vous le donne en mille, le quai Boulanger à Montmagny.  Un choix normal puisque nous n'avons toujours pas observé ces espèces de limicoles qui manquent à notre liste annuelle et qui y sont pourtant rapportées à répétition au cours des derniers jours. Mais nous sommes faits forts et nous savons très bien que jamais rien n'est assuré en ornitho. Nous devons vraiment adopter l'attitude zen et profiter de ce qui passe... point à la ligne. À vrai dire, nous sommes devenus, à longueur de temps, devenus des pros en cette matière.



Ce Petit Chevalier / Tringa flavipes / Lesser Yellowlegs est l'espèce de limicole la plus présente en cette journée. Je profite des quelques minutes d'ensoleillement en ce début d'avant midi pour capter cette image. Et oui, comme il arrive souvent, il faut être au bon endroit, au bon moment.



Merci de nous suivre dans nos sorties. Nous nous dirigeons maintenant et résolument vers le mois de septembre.



@ bientôt.







dimanche 5 octobre 2014

Plum Island, Massachusetts.



En consultant Google map, nous découvrons que seulement 71 milles (114 km) séparent Pine Point (Maine) de Plum Island (Massachusetts). Le temps de déplacement est estimé à 1h29. C'est donc avec beaucoup d'excitation que nous décidons de quitter notre camp de base douillet de Pine Point, près de Scarborough, pour nous diriger vers Plum Island, près de la ville de Newburyport. Nous sommes le 30 juillet 2014 et nous comptons le faire "back and forth" comme disaient les romains de la Rome antique. Un autre point excitant est le fait que nous traverserons très brièvement un autre état américain, soit le New Hampshire. Ce sera pour nous deux l'occasion de commencer une liste toute neuve pour cet état. Oui, je sais, ça peut sembler un peu beaucoup maniaque, mais c'est ce qui ajoute du sel à notre vie et nous l'assumons très bien.

Il est 07h00 du matin lorsque nous quittons la maison et nous arrivons vers 08h15 dans le petit hameau de Plum Island, situé au nord de l'île du même nom. Vive Google map ! C'est incroyable comme ce programme informatique peut nous donner une idée très juste de la réalité. En plus de nous tracer la route idoine pour nous rendre à bon port, les estimations de temps sont également très fiables.







Le village de Plum Island est tout ce qu'il y a de touristique et les maisons cossues, ou plus modestes mais inabordables pécuniairement en raison seulement de leur emplacement, ne manquent pas. C'est un endroit où le sable est omniprésent et c'est le royaume de la farniente sous un soleil brûlant. Pour nous, obnubilés comme nous le sommes par la gent ailée, c'est un endroit idyllique pour y observer des espèces qui se sont adaptées à l'humain comme le Moqueur polyglotte,



Le Moqueur polyglotte / Mimus polyglottos polyglottos / Northern Mockingbird s'observe partout sur la côte est des États-Unis. C'est un oiseau peu commun au Québec, malgré qu'il y soit de plus en plus souvent observé. En vol, il attire l'attention par les plages blanches sur ses ailes et de chaque côté de la queue. Il porte bien son nom, car il peut imiter à la perfection les sons émis par des dizaines d'autres espèces d'oiseaux et aussi des sons aussi hétéroclites que les sirènes d'ambulance, de camion de pompier ou de véhicule de police. En fait, il peut imiter les sons récurrents dans son environnement quotidien. Et quand il se met à l'oeuvre, ça peut durer de très longues minutes. Et, comble de malheur, il peut se faire aller les mandibules en pleine nuit. Pas toujours facile d'avoir un moqueur dans l'entourage immédiat.




l'Hirondelle noire,



Si l'on peut compter sur les doigts des deux mains les endroits au Québec où des colonies d'Hirondelle noire / Progne subis subis / Purple Martin peuvent s'observer, c'est bien différent dans les secteurs visités sur la côte étatsunienne. Dans la petite ville de Plum Island, une colonie nous accueille dès notre arrivée près d'un quai. Et nous trouvons une autre colonie à l'entrée du parc, près du centre d'interprétation.


le Bruant chanteur et le Moineau domestique. Rien de bien "sexé" me direz vous, mais attendez de voir ce que le Parker River National Wildlife Refuge abrite comme flore et comme faune.





Ce refuge a été établi en 1941 pour assurer un habitat propice au nourrissage, au repos et à la nidification d'espèces d'oiseaux migratrices. Situé le long du corridor migratoire de l'Atlantique, le Parker River National Wildlife Refuge a accueilli jusqu'ici plus de 300 espèces d'oiseaux, résidents ou migrateurs, de même qu'une grande variété de mammifères, d'insectes, de poissons, de reptiles et d'amphibiens. Ce vaste marais salé est adossé à Plum Island, une île qui lui sert de barrière naturelle contre l'effet des vagues en provenance de l'océan. Ce site est composé de 4 700 hectares d'habitats variés incluant des plages sablonneuses, des dunes, de la forêt riparienne, des zones arbustives et même des mares d'eau fraîche. L'habitat le plus abondant est constitué de plus de 3 000 hectares de marais salés, l'un des écosystèmes les plus productifs dans la nature.





Ce site est aussi un lieu privilégié par le Pluvier siffleur / Charadrius melodus / Piping Plover où il est ultra protégé à cause de son statut d'espèce Quasi menacé aux États-Unis. Son statut est encore plus précaire et plus préoccupant au Canada alors qu'il est considéré Menacé En Péril.



Voici ce qui me semble être une femelle de Pluvier siffleur / Charadrius melodus / Piping Plover. Il faut cependant faire très attention, car le mâle et la femelle sont difficiles, voire impossibles à distinguer sur le terrain. Au cours de la saison de reproduction les mâles ont "généralement" une large bande noire autour du cou alors que les femelles en ont une étroite. Non pas toujours facile d'être un "birder".



Si vous désirez observer ce pluvier sur son terrain de nidification, inutile de vous rendre dans ce parc, car toutes les plages susceptibles d'abriter cette espèce sont fermées à la circulation humaine durant les mois stratégiques de reproduction de l'espèce.



À l'entrée du refuge, il y a un centre d'interprétation et une première rampe en bois traité qui permet d'accéder à une belle et grande plage. Alors qu'il était possible de profiter de la plage sur notre gauche, la plage était fermée sur notre droite à cause de la nidification du Pluvier siffleur. En observant au télescope, nous avons pu trouver une Petite Sterne / Sternula antillarum antillarum / Least Tern dans une position assise qui pouvait faire croire qu'elle couvait, mais nous avons aperçu un oisillon tout près.


Et la voilà cette Petite Sterne qui maraude continuellement au-dessus des plans d'eau dans le refuge. Nous l'observions aussi régulièrement au Scarborough Marsh, dans le Maine. Sa petitesse, son bec d'un jaune pétant et son front blanc sont des critères faciles à observer.


Une seule route traverse le refuge et elle s'étend sur environ 10.5 kilomètres entre l'entrée et  la section de Nelson Island où la suite ne peut se faire qu'à pied. Les premiers 6.5 kilomètres sont asphaltés et le reste est sur gravier. Pour l'avoir parcourue, je peux confirmer qu'elle est maintenue dans une condition parfaite. La limite de vitesse est restreinte tout au long du trajet à 25 km/heure. Il est interdit d'arrêter n'importe où le long de la route, mais des aires de stationnement sont accessibles aux endroits les plus intéressants pour l'exploration visuelle. Des sentiers ont été aménagés à des endroits stratégiques où ils mènent tantôt à une tour, tantôt à une cache, tantôt à la plage, tantôt près d'un point d'eau ou d'un autre point d'intérêt. Au tournant d'une courbe de la route, voici ce qui s'est présenté à nos yeux ravis


Et oui, pas moins de neuf Cygnes tuberculés / Cygnus olor / Mute Swans se reposent sur un plan d'eau, le long de la seule route qui traverse le refuge. Que de majesté chez cet oiseau !  Saviez-vous que le manteau d'un cygne peut compter environ 25 000 plumes ? C'est l'oiseau le plus lourd pouvant s'envoler et migrer sur des bonnes distances.


Et oui, je vous avais dit dans mon dernier billet que ce qui nous attirait le plus à cet endroit, Anne et moi, c'est le rapport sur Ebird de la présence du Bruant maritime / Seaside Sparrow à Plum Island dans les jours précédents notre visite. Et non, nous ne l'avons pas trouvé, mais nous avons tellement aimé notre escapade dans ce refuge protégé. Ça fait tellement de bien de réaliser qu'il peut y avoir un contrepoids aux destructions d'habitats qui se produisent à tout instant tout autour de notre belle planète bleue. 


Voici pour terminer ce billet quelques photos qui illustrent des beaux moments d'observation.






Le roi du marais, le Tyran tritri / Tyrannus tyrannus / Eastern Kingbird est omniprésent dans le refuge et sa présence est fort remarquable...et remarquée.



Une Centaurée jacée / Centaurea jacea / Brown knapweed attire et accueille un bourdon avec un nectar nourricier et l'insecte assurera la pollinisation croisée en visitant une autre centaurée. Le cycle de la vie se perpétue au Parker River National Wildlife Refuge.



Il n'y a pas que le Moqueur polyglotte qui soit bien représenté au refuge. Le Moqueur chat est abondant et même le Moqueur roux / Toxostoma rufum rufum / Brown Thrasher s'est montré la binette alors que nous faisions une petite marche dans un sentier.


Qu'il est beau ce Tohi à flancs roux / Pipilo erythrophthalmus erythrophthalmus / Eastern Towhee ! Alors que nous déambulions à faible vitesse, les fenêtres de la Matrix baissées, son "Drink some teaaaaa" ou son "to-whee" trahissaient tout de suite sa présence. Des sons que nous voudrions plus communs dans notre arrière-cour à Québec.


J'espère que ce billet vous aura donné le goût de faire un arrêt à ce site lorsque vous passerez dans le coin. Ou, du moins, vous aura renseigné sur un autre beau coin de la planète. Il y en a tellement.


@ bientôt.