mardi 7 janvier 2014

Gros-bec errant / Coccothraustes vespertinus vespertinus / Evening Grosbeak



Et oui, c'est lui cet oiseau qui a éveillé en moi ce ravissement envers les oiseaux. Je m'en rappelle comme si c'était hier et pourtant ça fait plus de 50 ans aujourd'hui. Ça se passe à l'automne 1963, j'ai 12 ans. En remontant la rue menant à la maison paternelle, je m'approche d'un Érable negundo / Acer negundo et je perçois du mouvement dans les feuilles. Un oiseau, perché bas et affairé à bouffer une samare, attire davantage mon attention. Je ne connais rien des oiseaux et je suis subjugué par la beauté de celui qui me fait la grâce de se laisser observer de si près, sans même faire attention à moi.

Ce qu'il est beau avec son gros bec clair, son large bandeau jaune au front qui se prolonge au-dessus de l'oeil, le dépasse légèrement pour s'amincir et disparaître au niveau de la couronne. Le jaune étant ma couleur préférée, je ne pouvais tomber sur une plus belle espèce pour m'extasier. Sa cagoule noirâtre fait ressortir encore davantage son énorme pif. Ses ailes sont noires et ses secondaires sont d'un blanc immaculé.



Il est accompagné de sa femelle qui possède une belle robe même si, pour un daltonien comme moi, elle manque d'éclat comparé à son macho de partenaire.


Cet oiseau porte bien son nom d'"errant" puisque ses déplacements sont très imprévisibles. Il peut être abondant une année dans un secteur donné et y être complètement absent dans un autre temps. Originaire de l'ouest canadien, le Gros-bec errant a été observé pour la première fois dans le sud du Québec à la fin du XIXième siècle. Par la suite, il a été aperçu de plus en plus souvent et, aujourd'hui, on le retrouve aussi bien dans son habitat en saison de nidification qu'aux mangeoires durant l'hiver. Ce gros-bec est querelleur et très bruyant l'hiver lorsqu'il se tient en groupes, mais il devient plus discret et moins grégaire dès le début de la saison de nidification alors qu'il se déplace en couple (Scott et Bekoff, 1991). L'été dernier, j'ai été en mesure de le constater lors de la découverte d'un couple au nord du Réservoir Gouin. J'ai pu le repérer grâce à ce cri fort qui le caractérise lorsqu'il est en vol.

Durant la saison de nidification, les insectes, dont les coléoptères, les Chenilles arpenteuses et la Tordeuse des bourgeons de l'épinette, constituent une part importante de son alimentation (Terres,1980). Il est bon de préciser que le Gros-bec errant est, avec la Paruline obscure, l'un des meilleurs indicateurs de la présence de la tordeuse; en effet, là où la forêt est envahie par cet insecte, on note une concentration élevée de couples nicheurs (Blais et Parks, 1964; Erskine, 1977). Bien qu'il consomme des insectes, ce gros-bec est avant tout un granivore qui se nourrit de bourgeons et de graines de plusieurs types de plantes herbacées, d'arbustes et d'arbres, principalement ceux des érables et des conifères. Son bec puissant lui permet de briser le noyau des fruits, comme ceux du Cerisier à grappes, tout en rejetant la partie charnue. En hiver, les graines de l'Érable à Giguère (nom vernaculaire donné à l'Érable negundo) et les graines de tournesol des mangeoires sont une nourriture de choix pour l'espèce (Speirs, 1968; Aubry et Laporte, 1990).


Vu son errance et sa beauté, c'est toujours un privilège et une fête lorsque nous en rencontrons un. La réserve du Cap Tourmente, près de Saint-Joachim, est l'endroit tout indiqué pour en trouver en hiver. En ce beau dimanche nuageux du 5 janvier 2014, nous avons la chance de tomber sur quelques groupes de gros-becs. Voici quelques photos que j'ai pu faire à cette occasion.






Et cette dernière que j'aime beaucoup.




Je vous souhaite de belles aventures en 2014 et que votre route croise celle d'un Gros-bec errant.


À bientôt...


Bibliographie consultée

Vincent, J. 1995. Gros-bec errant, p 1086-1089 dans Gauthier, J. et Y. Aubry (sous la direction de). Les Oiseaux nicheurs du Québec: Atlas des oiseaux nicheurs du Québec méridional. Association québécoise des groupes d'ornithologues, Société québécoise de protection des oiseau, Service canadien de la faune, Environnement Canada, région du Québec, Montréal, xviii + 1295 p.





2 commentaires:

Gilles Bousquet a dit…

Excellent récit très captivant et de superbes photos!

lejardindelucie a dit…

Il est magnifique ce cousin de notre Grobec casse noyaux(Coccothraustes coccothraustes) .
Chez nous aussi il vient se régaler en hiver aux mangeoires. Cette année avec l'hiver très doux, il reste invisible, il trouve de quoi se nourrir dans la nature et du fait de la présence bien moindre de migrateurs il ne doit pas avoir de problème pour trouver de la nourriture.
Je comprends qu'un tel oiseau soit à l'origine d'une passion!