lundi 16 décembre 2013

La Milpa Field Station, Belize.



Des endroits merveilleux pour observer une grande variété d'espèces d'oiseaux autour de notre belle planète bleue, il y en a une multitude. Nous avons tendance à sous-estimer toute la richesse dissimilée dans un habitat propice. Il suffit d'y mettre du temps, d'épouser le rythme calme de la nature et de se fondre dans ce milieu pour y découvrir petit à petit tous les êtres qui y vivent. Des endroits m'ont marqué plus que d'autres et je m'y évade en pensée quand l'envie de partir me gagne et que je ne peux le faire tout de suite.

En mars 2006, j'organise un voyage ornithologique au Belize où nous visitons les points chauds. Après nous être d'abord arrêtés à Crooked Tree, nous nous dirigeons vers La Milpa Field Station.


1er mars 2006 : De Crooked Tree à La Milpa Field Station


Ce matin, Stanley vient nous chercher avec l’autobus à 8h00. Nous nous dirigeons ensuite vers notre deuxième site d'importance soit le Milpa Field Station. L’unique route carossable nous oblige à revenir vers la Northern Highway, à passer par Orange Walk, Yo Creek, August Pine Ridge, San Felipe et Blue Creek. Le tout devrait prendre environ 3 heures de conduite à une vitesse moyenne de 80 km/heure.





En arrivant dans la petite ville d'Orange Walk, nous pénétrons dans la première agglomération d’importance. Il n’y a pas de buildings en hauteur et les rues ne sont pas tellement encombrées par un trafic trop lourd. C’est une ville propre et on s’y sent très à l’aise. Nous faisons une escale dans un super marché et nous en profitons pour acheter de l’eau embouteillée et des friandises. Nous traversons ensuite le petit bourg de  Yo Creek et nous nous enfonçons toujours de plus en plus dans le pays des Mennonites. La route principale, asphaltée, est dans une très bonne condition et les déplacements, même ceux d’une durée de quelques heures, sont plaisants. Il y a toujours des beaux paysages à regarder et des belles surprises peuvent se manifester à tous moments. Nous atteignons la région de August Pine Ridge. Cette région, jusqu'à San Felipe, est agricole et nous voyons des vieux tracteurs dans les champs et des agriculteurs mennonites, facilement reconnaissables à leur salopette en jeans, leur barbe et leur chapeau de paille. C'est un bel habitat pour espérer trouver le Sporophile variable (Variable Seedeater). Un peu avant d'atteindre Blue Creek, un rapace blanc fait du surplace au-dessus d’un champs, à la façon de la Buse pattue ou de la Crécerelle d’Amérique. Nous identifions rapidement le Milan à queue blanche (White-tailed Kite). Les champs des environs sont survolés par des hirondelles et nous reconnaissons à l’œil l’Hirondelle rustique (Barn Swallow) et l'Hirondelle bicolore (Tree Swallow). Martin-pêcheur d'Amazonie et jaguarundiUn beau spectacle nous attend alors que nous arrêtons près de la route pour observer quelques Tyrans des savanes (Fork-tailed Flycatcher), perchés bas et très près du chemin. Nous nous apercevons bien vite qu’il y en a partout dans ce champs. Il s’agit sans doute d’un bon groupe en migration vers le nord. Dans ces champs cultivés, six ou sept jabirus ont été observés la semaine précédente.  Mais le manque de pluie fait qu’il n’y a presque plus d’eau dans les parages. Nous devrons donc nous reprendre dans des grands marais situés près de la jonction de la route de terre qui part de la route principale et qui mène à La Milpa. Un peu plus loin, nous empruntons un pont où le seul Martin-pêcheur d'Amazonie (Amazon Kingfisher) du voyage sera observé par quelques participants. Ce pont enjambe une zone inondée où des chicots de grands arbres servent de perchoirs à de nombreuses hirondelles. Nous nous arrêtons à cet endroit dans l'espoir de trouver des Ridgway's Rough-winged Swallow. Nous n'y trouvons que des Hirondelles à ailes hérissées (Northern Rough-winged Swallow), mais c'est ici que j'ai la chance d’observer mon premier Jaguarondi (Jaguarundi)  à vie. Ce gros chat noir est très furtif et il est rare de le voir en action en plein jour. C’est pourtant ce qui se produit, alors qu’il traverse la route en gambadant, juste après que notre groupe soit passé. C’est par pur hasard que je me retourne pour regarder en arrière de nous.
Nous arrivons finalement au Blue Creek Village, petite bourgade mennonite où l’on doit passer un poste de fouilles si on veut y accéder. Les Mennonites, un peu à la façon des Quakers ou des Amish, vivent à l’ancienne, sans électricité et sans eau courante, labourant le sol avec des bœufs et se déplaçant dans des calèches tirées par des chevaux. Ils sont agriculteurs et, en fait, ils fournissent les légumes à une bonne partie du pays. Nous aurons l’occasion d’en rencontrer quelques uns lors de nos déplacements. Nous ne visitons pas ce village, mais nous faisons un bref arrêt pendant lequel Jean Jacques Gozard nous entretient de leurs coutumes et de leur rôle dans l’économie du Belize. Nous en profitons pour repérer un Tyran à longue queue (Scissor-tailed Flycatcher), perché en évidence sur un fil électrique. Nous nous arrêtons ensuite dans un restaurant local pour prendre un bon dîner. Cette pause nous donne l'occasion de côtoyer des gens de la place et de constater la gentillesse et l'hospitalité des gens du coin.

Avant donc de prendre une route de terre sur notre gauche, en direction de la Milpa Field station, nous la dépassons pour arriver à un milieu très humide où nous tentons notre chance pour le jabiru. C’est un endroit de toute beauté où des gros groupes de Sarcelles à ailes bleues (Blue-winged Teal) et de Dendrocygnes à ventre noir (Black-bellied Whistling-Duck) ne cessent de s’envoler au-dessus des joncs et des hautes herbes. Tous les ardéidés sont là et en plusieurs exemplaires. Les jacanas, foulques et gallinules sont observés sur les différents plans d’eau. À un moment donné, la vue de gros oiseaux blancs, à côté des Grandes Aigrettes (Great Egret),  nous donne de faux espoirs puisqu’il s’agit en fait de nos premières Tantales d’Amérique (Wood Stork). En fouillant dans les arbres feuillus, nous trouvons plusieurs Bihoreaux violacés (Yellow-crowned Night-Heron) et une Crécerelle d'Amérique (American Kestrel) nous épie du haut de son perchoir alors que l'autobus passe en dessous d'elle.

Habitation à la MilpaNous arrivons à La Milpa Field Station vers les 14h30. Le temps de prendre possession de nos chambres et de nous installer un peu et nous repartons pour une excursion en forêt avant le dîner. La station de recherches étant située en pleine forêt, nous nous retrouvons dans la nature dès que nous franchissons la porte de notre chambre. Plusieurs beaux sentiers sillonnent la région, mais nous nous contenterons de suivre la route de terre où passe les véhicules. Il faut dire qu'il y en a peu à cet endroit. Dès les premiers instants, nous nous rendons compte du changement d'habitat. Nous entendons le Viréon à calotte rousse (Tawny-crowned Greenlet), le meilleur signe annonciateur qu'un "feeding flock" s'en vient. Et ça ne se dément pas. Suivent bientôt: la Sittine brune (Plain Xenops), le Grisin étoilé (Dot-winged Antwren), le Tyranneau à bec courbe (Northern Bentbill) et le Tyranneau à ventre jaune (Yellow-bellied Tyrannulet). Un bruit d'ailes qui frappent l'air nous fait regarder au-dessus de nos têtes et l'auteur de tout ce bruit se présente bientôt en un magnifique Sarcoramphe roi (King Vulture). Les arbres en fleurs attirent plusieurs espèces de colibris dont le Campyloptère pampa (Wedge-tailed Sabrewing) et l'Ariane candide (White-bellied Emerald), pendant que le diminutif Ermite à gorge rayée (Stripe-throated Hermit) butine dans le sous-bois. Un chant spécial attire notre attention et nous trouvons un magnifique mâle du Tangara à gorge rose (Rose-throated Tanager), bien installé sur une branche et qui chante à s'époumonner. Nous réaliserons plus tard notre chance, car c'est le seul que nous verrons du voyage.

Comme il se fait tard, nous retournons lentement au camp et voilà que des petites flaques d'eau en bordure du chemin font office de bains d'oiseaux . Nous nous arrêtons à environ 30 mètres des trous d'eau et nous observons se succéder: la Grive des bois (Wood Thrush), la Paruline du Kentucky (Kentucky Warbler),  l'Évêque paré (Blue Bunting) et l'Ermite à gorge rayée.

Après un bon souper, nous faisons la liste et nous compilons 125 espèces pour la journée et 191 espèces pour le voyage.

à flanc d'une ruine maya, nous pouvons voir un trou béant, fait par des pilleurs de tombeaux, à la recherche de trésor. photo Anne Déry. Autant vous entretenir tout de suite de quelques chiffres concernant ce site où se retrouve une belle forêt, riche en nature et en histoire. Cette réserve a vu le jour en 1988, après une entente intervenue entre Gallon Jug Industries et Program for Belize (organisation gouvernementale) pour un premier territoire couvrant 110,044 acres. En 1990 et en 1994, Coca Cola Foods Inc ajouta des acres, si bien qu'aujourd'hui, cette réserve couvre 245,822 acres et elle constitue la plus grande réserve protégée du Bélize. Sa situation géographique, au centre nord du pays, la rend importante pour la survie d'espèces endémiques du Peten (Mexique) et du Yucatan (Mexique) et la frontière guatémaltèque toute proche fait qu'elle participe activement aux efforts de conservation des deux pays limitrophes. Cette forêt appartient à la zone subtropicale humide et elle est constituée d'essences forestières de type décidu (avec des essences à feuilles très grandes), de savanes et de marécages. Elle partage avec le Peten la diversité animale. Plus de 70 espèces de mammifères ont été répertoriées (la moitié étant des espèces de chauve-souris). 390 espèces d'oiseaux  dont le quart sont des migrateurs du nord. Cette région, même après une exploitation forestière de 150 ans, est reconnue pour maintenir la plus grande concentration de Mahogany et de Sapodilla (d'où on tire le "chicle", à l'origine de la fabrication de la gomme à mâcher). 230 espèces d'arbres ont été répertoriées jusqu'à présent. En tant qu'extension du Peten, la proportion d'espèces endémiques aux deux pays est grande.

Les seuls habitants de ce secteur sont les employés du PFB et leurs familles.  Un petit nombre de petits fermiers qui s'étaient installés illégalement ont été relocalisés à l'extérieur du parc. La communauté mennonite de Blue Creek (population de 567 habitants) est, quant à elle, située plus au nord. La Milpa Field station fournit abri et nourriture pour une trentaine de visiteurs à la fois. Un système élaboré de sentiers balisés et bien entretenus et la disponibilité des employés du centre qui peuvent servir de guides font que les visiteurs peuvent profiter du site à sa juste valeur. Le nombre annuel de visiteurs tourne autour de 1200 et la proportion des gens du Belize est de 50%

L'héritage culturel de la région est grand puisque 60 sites mayas ont été localisés, allant du site où se déroulaient les cérémonies majeures, aux temples faisant office de sépulture, aux emplacements de jeux et aux terrasses, jusqu'aux sites industriels où on confectionnait les outils. La plupart des sites ont vu le jour aux 8ième et 9ième siècles avant JC.

2 mars 2006 : Medicinal Trail et Lagunita Trail en AM;  Bajo Trail en PM


Agadou, notre mascotte à la Milpa Field Station. Elle nous suivait partout. photo Laval Roy.
Après une première nuit réparatrice, dominée par les cris de l'Engoulevent pauraque (Pauraque) ou les sifflements plaintifs du Grand Tinamou (Great Tinamou), nous sortons tous dehors aux premières lueurs du jour. Pas question de manquer l'éveil de cette belle nature, en pleine forêt tropicale. Nous garderons le même scénario pour tous les matins passés à la Milpa. Un café chaud est servi dès 5h45 et, quinze minutes plus tard, nous sommes prêts à partir pour une petite excursion à pied jusqu'à 7h30. Une telle routine est facile à établir quand il y a toujours des belles découvertes à faire, matin après matin. D'abord, il y a les espèces fidèles, celles qui se retrouvent invariablement au même endroit, à la même heure: un petit groupe familial de Passerins indigos (Indigo Bunting), un Tyran de Wied (Brown-crested Flycatcher) qui nous houspille de son cri d'alarme puissant et sec, le gros Saltator à tête noire (Black-headed Saltator) qui annonce très bruyamment son arrivée,  ainsi que différentes autres espèces de petits passereaux (parulines, viréos, orioles et moucherolles) qui animent les buissons, les arbustes et les arbres. L'oiseau-vedette de cette première escapade d'avant déjeuner est le Tangara à miroir jaune (Yellow-winged Tanager). Et nous entendons aussi pour la première fois le Tétéma du Mexique (Mexican Antthrush), une espèce reconnue par certains comme une espèce distincte et par d'autres comme une sous-espèce du Tétéma  coq-de-bois (Black-faced Antthrush).  Avec toute cette nature qui s'éveille, c'est toujours un peu à regret que nous regagnons la salle à manger pour le déjeuner, mais la nourriture excellente nous fait patienter quelques minutes avant d'entreprendre la vraie journée.

Ce matin, notre guide local, Vladimir, nous propose de parcourir deux sentiers soit le Medicinal Trail et le Lagunita Trail, les deux couvrant une distance totale de deux kilomètres. Et nous aurons également un autre compagnon très inusité en la personne d'Agadou, un Dindon ocellé (Ocellated Turkey) qui nous a adopté dès les premiers moments de notre arrivée à La Milpa. Ce nom d'Agadou lui est attribué par notre groupe et je ne me souviens plus de toutes les pirouettes de l'esprit ou les associations de mots faites pour en arriver à ce résultat. Aussi difficile à croire que cela puisse paraître, Vladimir nous dit que c'est la première fois qu'il voit ce genre de dindon suivre un groupe de personnes. Agadou nous suit pas à pas, autant en milieu ouvert qu'en milieu forestier.  Quand nous nous arrêtons de longues minutes pour observer un oiseau ou un "feeding flock", le gros dindon en profite pour picorer dans le sous-bois, jamais à plus de cinq mètres de nous. La photo ci-haut a été prise par moi, à mains levées, sans aucun grossissement. C'était assez irréel comme situation.

Comme il ne pleut pas, les sentiers sont toujours très secs et il fait bon se promener dans une belle forêt mature. Notre première grande surprise ne tarde pas à venir quand Vladimir nous avise qu'il vient d'entendre le très recherché Motmot nain (Tody Motmot). Et voilà que l'oiseau se tient bien perché, très en évidence et que nous l'observons "pleine grandeur" dans nos lunettes d'approche. Il se permet même de vocaliser alors que nous l'observons avec grand intérêt. Même si le Belize est l'endroit le plus sûr en Amérique centrale pour observer cette espèce (après ou à égalité avec la région du Darien, dans la partie est du Panama), nous n'en observerons pas d'autre durant tout le reste du voyage. Quelques pas plus loin, c'est un magnifique Tangara à gorge noire (Black-throated Shrike-Tanager) qui se laisse admirer sous toutes ses coutures. Cette espèce, tout comme son cousin costaricien, le Tangara à gorge blanche (White-throated Shrike-Tanager), agit toujours comme indicateur qu'une colonne de Fourmis légionnaires (Army Ants) est dans les parages.  Un groupe de Cardinaux à ventre blanc (Black-faced Grosbeak), toujours aussi loquaces, passent furtivement haut dans la canopée et un Piauhau roux (Rufous Piha) bien en voix refuse de se laisser voir. Un autre coin de forêt abrite un Antriade turdoïde (Thrushlike Shiffornis), facilement repérable à son sifflement caractéristique. On ne tarde pas à le repérer dans la végétation assez épaisse. Vers 10h30, alors que nous marchons à découvert, nous observons les rapaces qui profitent toujours davantage des thermales à partir de cette heure-là: un Sarcoramphe roi, un Aigle tyran (Black Hawk Eagle) et un Aigle orné (Ornate Hawk Eagle) sont parmi les espèces les plus remarquables. En revenant au camp pour le dîner, nous prenons le temps d'observer les Ridgway's Rough-winged Swallow qui sont résidentes à la Milpa. Elles viennent même se percher sur le bras de notre galerie et nous pouvons les observer à partir de l'intérieur de notre chambre
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Après un dîner copieux et une petite sieste, nous repartons à pied vers les 15h00 pour aller découvrir le Bajo Trail, une boucle d'à peine un kilomètre, mais qui nous réserve de très belles surprises. Nous venons à peine de parcourir une centaine de mètres que le sentier est traversé par une colonne de Fourmis légionnaires. Il n'en faut pas plus pour observer nos premiers PAF du voyage. J'appelle ainsi les espèces d'oiseaux si intimement associées aux Fourmis légionnaires qu'ils en ont acquis l'épithète de professionnelles (Professional Army ant Followers). Ces oiseaux ne suivent pas les fourmis parce qu'ils s'en nourrissent, mais plutôt que ces masses de fourmis voraces avancent en colonnes très serrées et elles dévorent tout ce qui leur tombe entre les mâchoires: arthropodes, insectes, petits mammifères ou reptiles. Au passage de ces prédateurs, les insectes s'enfuient par tous les moyens et les oiseaux en profitent pour les gober et les avaler tout rond. Parmi ces espèces d'oiseaux spécialisées, nous avons la chance d'observer le très coloré Grimpar roux (Ruddy Woodcreeper) et le Grimpar à ailes rousses (Tawny-winged Woodcreeper). Les deux espèces sont tellement occupées à se nourrir qu'elles se perchent très près de nous. Pour moi, le Grimpar roux est un "lifer" et je me paie la traite. Il faisait partie depuis trop longtemps de ma "wish list". Un peu plus loin, nous arrivons dans un habitat où on a le plus de chance de trouver la très localisée Paruline à plastron (Gray-throated Chat), une espèce très furtive qui se tient dans le faîte des arbres. Comme Vladimir connaît bien son chant, notre attention se porte sur tous les bruits nouveaux qui viennent faire vibrer nos tympans. Un cri spécial interroge tout le monde, notre guide y compris, et nous trouvons finalement l'auteur, un Renard gris (Gray Fox) attiré par notre présence et qui s'enfuit dès qu'il se sent épié. Et voilà que l'oiseau recherché se fait entendre et nous pouvons observer le mâle et la femelle qui s'activent dans le feuillage épais.  Un groupe de Geais verts (Green Jay) nous survolent en piaillant, mais la plupart des observateurs ne verront qu'un bout de queue ou de ventre, pas assez pour pouvoir les cocher. Le Grimpar à bec ivoire (Ivory-billed Woodcreeper) sera la dernière espèce nouvelle à être découverte dans ce sentier.

Chouette mouchetée, très commune à la Milpa. Photo Roch Bernier.

Après un délicieux souper, nous faisons notre liste quotidienne et une expédition nocturne d'une heure est offerte à ceux qui désirent étirer un peu plus une journée déjà bien remplie. Cette expédition se fait par groupe de six et les participants s'assoient dans la boîte d'un pick up. Valdimir se tient debout à l'avant de la boîte du camion et éclaire les environs avec un projecteur puissant. Le camion va lentement et nous avons tout le temps d'observer les êtres vivants qui se dévoilent à nos yeux. En cette première soirée, nous observons un Renard gris, quatre Cerfs de Virginie et sept Chouettes mouchetées (Mottled Owl).

Les autres observations intéressantes de la journée: le Jabiru d'Amérique (en vol par Jean Jacques seulement), le Caïque à capuchon (Brown-hooded Parrot), le Martinet de Cayenne (Lesser Swallow-tailed Swift), le Colibri jacobin (White-necked Jacobin), le Toucanet émeraude (Emerald Toucanet), le Pic or-olive (Golden-olive Woodpecker), le Grimpar fauvette (Olivaceous Woodcreeper), le Manakin à col blanc (White-collared Manakin), le Manakin à cuisses jaunes (Red-capped Manakin), le Microbate à long bec (Long-billed Gnatwren), le Troglodyte à ventre blanc (White-bellied Wren), l'Évêque bleu-noir (Blue-Black Grosbeak) et le Tangara à tête grise (Gray-headed Tanager).

Nous cumulons 98 espèces pour la journée et nous en sommes à 225 espèces pour le voyage.

3 mars 2006 : site Maya de La Milpa en AM;  le centre de compostage en PM

urubus dans la brûme matinale. photo Anne Déry.
Les oiseaux-vedettes de notre escapade d'avant déjeuner sont: la Paruline polyglotte (Yellow-breasted Chat) et l'Évêque paré, enfin observés par tous. Parmi les "habitués" des lieux, ceux qui se retrouvent invariablement au même endroit et à la même heure, figurent la douzaine d'Urubus à tête rouge (Turkey Vulture) toujours perchés sur les branches dénudées d'un grand arbre, tout près de l'entrée menant à la Milpa. J'ai d'ailleurs croqué cette image alors que les oiseaux perchés sortent lentement de la brume du matin. Et dire que quelques semaines auparavant, c'est un immature de Harpie féroce (Harpy Eagle) qui s'est tenu dans ces parages pendant une couple de jours. Ce rapace imposant a été réintroduit dans la réserve de la Milpa (six ont été relâchés au cours des derniers mois et sont suivis par une équipe de biologistes Américains, sous les auspices de la Société Audubon du Massachusetts). Les oiseaux sont donc suivis par télémétrie par les chercheurs qui, une fois qu'ils les ont retrouvés, prennent des photos et montent ainsi une imposante banque de données. Le défi de ces oiseaux est de trouver la nourriture pour survivre. En effet, ces gros oiseaux de proie ont comme nourriture préférée les singes et les paresseux. Or, il n'y a pas de paresseux au Belize et les singes ne sont pas aussi nombreux qu'au Costa Rica ou au Panama, par exemple. Un des chercheurs m'a montré quelques photos d'un immature qui tenait dans ses serres immenses un Coati ou Coatimundi, un gros représentant de la famille des procyonidés à laquelle appartient notre Raton laveur (Raccoon). Notre groupe n'aura pas la chance d'observer cet oiseau rare lors des multiples déplacements dans la réserve. Cependant, encore ce matin, Agadou, le docile dindon dodu, nous fait l'honneur de sa présence.
  la très belle forêt du site maya de La Milpa. Photo Anne Déry.
Après le  déjeuner, nous utilisons les deux véhicules du centre pour nous rendre sur le site archéologique maya de la Milpa, à quelques kilomètres de route. C'est quand même très impressionnant de se retrouver dans des lieux animés jadis par un peuple inventif qui a su créer un empire qui a rivalisé d'ingéniosité avec les Incas d'Amérique du Sud. S'il existe encore des descendants Mayas, les coutumes ancestrales ont disparu depuis belles lurettes.

Comme il n'a été découvert que depuis quelques décennies, ce site n'est pas encore nettoyé sur toute sa superficie, ce qui fait que la majorité des structures sont enterrées sous des tonnes de terre. Malgré cet état, certains petits temples servant de sépultures ont déjà été pillés. Vladimir, grâce à des dessins, nous montre ce qui se cache sous ces monticules de végétation et nous fait comprendre ce que la vie quotidienne pouvait avoir l'air à ce moment-là. C'est difficile d'imaginer que plusieurs dizaines de milliers de personnes vivaient ici et que des enfants, sans doute aussi énergiques que les nôtres, égayaient la forêt de leurs cris. C'est donc avec un sentiment d'émerveillement et de respect que nous marchons lentement dans cette belle forêt. Les grands arbres sont droits et ils atteignent facilement les trente mètres de haut. Le sous-bois est quand même assez éclairci, ce qui nous donne une bonne vision des oiseaux qui peuplent les environs. Nous découvrons ici des belles espèces, dont plusieurs sont des nouvelles pour le voyage: l'Amazone poudrée (Mealy Parrot), la Dryade couronnée (Purple-crowned Fairy), l'Araçari à collier (Collared Araçari), le Pic enfumé (Smoky-Brown Woodpecker), le Pic roux (Chestnut-colored Woodpecker), le Moucherolle royal (Northern Royal-Flycatcher), le Pipromorphe roussâtre (Ochre-bellied Flycatcher), le Smaragdan émeraude (Green Shrike-Vireo), la Paruline à ailes dorées (Golden-winged Warbler), la Paruline à couronne dorée (Golden-crowned Warbler) et la Paruline à flancs marron (Chestnut-sided Warbler).

le site de compostage. Laval et Jean Guy Picard en face de la fosse. Photo Anne Déry.Après un bon dîner, nous profitons d'une couple d'heures pour nous reposer, pour lire ou pour faire un peu de lavage et nous repartons vers les 15h00 pour une visite au site de compostage du centre, nommé également la décharge. C'est en fait une fosse d'environ six mètres sur quatre mètres, avec une profondeur de deux mètres, où tous les restants de table et de cuisine sont jetés. C'est à ciel ouvert, en pleine forêt et les nuées d'insectes qui survolent les matières en décomposition attirent une bonne variété d'oiseaux. Elle est située à quinze minutes de marche de nos chambres et nous empruntons le large chemin en terre battue pour nous y rendre.  Vladimir a pris soin d'aller installer deux bancs, les mêmes qui servent à s'asseoir dans les boites de camion pour les sorties nocturnes. Sur la photo, je suis en compagnie de mon ami Jean-Guy Picard. Même si les lieux sont enveloppés d'une odeur assez particulière, c'est très tolérable et l'agitation des oiseaux nous fait oublier ce côté assez facilement. C'est donc en position assise, pour la moitié du groupe, ou en position debout mais immobile pour l'autre moitié, que se font les observations durant l'heure qui suit. Et quelles belles observations: un couple de Jacamars à queue rousse (Rufous-tailed Jacamar) est perché à quelques mètres seulement de nous et ils sont affairés à surveiller les insectes qui survolent la fosse. Une Paruline à capuchon femelle (Hooded Warbler) se promène lentement en face de nous et elle est imitée par quelques Tangaras à tête grise (Gray-headed Tanager) qui nous dévoilent des oiseaux d'une grande beauté. Je ne peux m'empêcher d'avoir une pensée pour mon ami Pierre Bannon qui aurait fait des photos sublimes comme seul lui sait en faire. S'affairent également un Grimpar à ailes rousses (Tawny-winged Woodcreeper) qui nous montre les plaques aux ailes qui lui valent son nom et le diminutif Platyrhynque à queue courte (Stub-tailed Spadebill) vient rendre quelques visites au ravissement des observateurs ébahis. Celui que j'appelle affectueusement le "tididoc", à cause de son cri très particulier, est entendu à tous les jours, mais très rarement vu. Et voilà qu'il se tient là immobile et nous pouvons l'observer sous tous les angles. Un vrai petit bijou !!!  Une espèce plus familière pour nous les Québécois que nous sommes, soit un Moucherolle à ventre jaune (Yellow-bellied Flycatcher), se perche à deux mètres maximum et il reste dans les parages pendant quelques minutes. Une des vedettes de ces lieux est la Colombe à front gris (Gray-fronted Dove) qui se promène lentement le long du sommet de la fosse. Encore là, nous nous permettons une observation extensive de ce beau colombidé.

Il commence à se faire tard et le cri lointain du Grand Tinamou ou le roucoulement plaintif du Pigeon ramiret (Scaled Pigeon) nous font comprendre que la journée tire à sa fin. Nous revenons lentement par la route quand nous apercevons, à une distance d'une trentaine de mètres, les petits trous d'eau qui servaient avant hier de bains aux oiseaux de la forêt. Nous décidons d'attendre un peu en retrait et de vérifier si les mêmes espèces vont se représenter à ces lieux d'ablution. Alors que les premières Grives des bois (Wood Thrush) se présentent farouchement, nous voyons arriver sur la gauche une espèce de pigeon bas sur pattes et tout foncé. Et oui, une Colombe rouviolette (Ruddy Quail Dove) qui vient s'abreuver avant la nuit. Et cet autre petit oiseau au ventre jaune et aux moustaches noires, et oui la Paruline du Kentucky (Kentucky Warbler) est de retour. Une version semblable, mais en format réduit, de la Grive des bois est bientôt identifiée comme la Paruline couronnée (Ovenbird). Le seul colibri à se présenter est toujours l'Ermite à gorge rayée. Je ne sais pas où étaient les tinamous les autres journées, mais ce soir, nous entendons également le Tinamou de Boucard (Slaty-breasted Tinamou) et le Tinamou cannelle (Thicket Tinamou). Et le gros Carnifex à collier (Collared Forest-Falcon) est l'un des derniers oiseaux diurnes à se faire entendre avant la noirceur.
Engoulevent pauraque. Photo Roch Bernier.


Après la liste quotidienne, un petit groupe ira faire une sortie nocturne où seront observées les mêmes espèces que la veille avec, en prime, l'Engoulevent pauraque.

Nous bouclons cette journée avec 100 espèces pour la journée et nous en sommes à 243 espèces pour le voyage.






4 mars 2006 : Well's Trail en AM;  Mahogany Trail et centre de compostage en PM


Après une autre nuit très confortable, nous entamons notre tournée d'avant déjeuner. Cette excursion nous donnera l'occasion ce matin de tous observer un couple de Tohis à dos vert (Green-backed Sparrow), facilement attirés à découvert par l'enregistrement de leur propre chant. Je demande à Jean Jacques si on ne pourrait pas se concentrer ce matin pour attirer un Tétéma du Mexique (Mexican Antthrush). Cette espèce est vocale toute la journée, mais elle semble plus réceptive à répondre et à être attirée par son chant plus tôt en journée. Nous nous rendons donc dans le secteur où nous l'avons entendu deux jours plus tôt. L'oiseau commence à vocaliser par lui-même et Jean Jacques enregistre son chant et lui fait entendre à un rythme espacé et le plus naturel possible. L'oiseau s'approche lentement et il est maintenant bien près. Mais impossible de le voir. En revenant sur nos pas, nous observons des colibris qui butinent dans les grosses fleurs d'un arbre fruitier. Nous identifions l'Émeraude de Canivet (Canivet's Emerald), le Campyloptère pampa et la Dryade couronnée (Purple-crowned Fairy).

Après le déjeuner, alors que nous sommes encore à la salle à manger du centre, j'entends un son familier, mais que je n'ai pas entendu depuis au moins cinq ans (la dernière fois étant dans les Andes équatoriennes en 2000). Je crois reconnaître le Carnifex barré (Barred Forest-Falcon) et je le mentionne à Jean Jacques. Ne connaissant pas son chant, il ne peut me le confirmer. Mais voilà qu'arrive Vladimir et ce dernier nous souligne qu'il vient d'entendre l'espèce. Ordinairement, ce carnifex répond très bien à son chant, mais il semble plutôt timide ce matin. Nous entendons aussi le Carnifex à collier (Collared Forest-Falcon) qui crie dans le lointain.

Notre excursion de ce matin se fait dans un autre beau sentier qui mène à un ancien puits, d'où son nom de Well's Trail. C'est une belle forêt primaire et les sentiers sont bien balisés. Les espèces-vedettes dans ce sentier sont le Grand Hocco (Great Curassow), la Pénélope panachée (Crested Guan) et le Tamatia de Lafresnaye (White-whiskered Puffbird) que nous ne faisons malheureusement qu'entendre. L'entrée du sentier se situe à une dizaine de minutes de marche du centre et nous sortons très près de nos habitations. Pour moi le hocco est un rêve depuis nombre d'années. Même s'il est sur la liste du voyage, je l'ai manqué tellement souvent auparavant que je ne l'ai pas du tout en tête. Quand Jean Jacques me dit qu'il l'entend, mon sang ne fait qu'un tour. Ce gros cracidé émet des sons très bas et sourds qu'on n'associe pas à ceux d'un oiseau. Jean Jacques enregistre ces sons et les repasse. Tout le monde retient son souffle, car on "sent" que l'oiseau s'approche. Et voilà qu'il apparaît au-dessus de nos têtes, en vol plané. La grosseur de son corps et la largeur de ses ailes impressionnent à coup sûr. Nous avons le temps de voir sa tête hirsute et le bas ventre blanc. Quelle chance nous avons de voir cet oiseau d'aussi près et nous faisant un tel spectacle aérien. Moi qui suis si attentif aux sons, je suis aux anges d'avoir pu l'entendre dans la nature et d'avoir vu son comportement lorsqu'il s'est approché de nous avec lenteur et circonspection.

À l'heure du dîner, un Aigle Tyran glisse devant nous, sans donner un coup d'ailes, porté par l'air chaud de mi-journée. Après une couple d'heures de détente, nous repartons pour l'excursion d'après-midi. Notre programme comporte la visite d'un petit sentier situé juste en avant du centre de La Milpa: le Mahogany Trail. En plus d'observer des vieux spécimens de cet arbre réputé, nous rencontrons des espèces intéressantes comme le Pic de Pucheran (Black-cheeked Woodpecker), le Pipromorphe à tête brune (Sepia-capped Flycatcher), le Moucherolle à croupion jaune (Sulphur-rumped Flycatcher), la Paruline à couronne dorée (Golden-crowned Warbler)  et le Viréon à calotte rousse. Nous nous dirigeons ensuite au site de compostage où nous observons pendant environ trente minutes. Les espèces présentes sont les mêmes que la veille avec en prime un Troglodyte à ventre blanc très coopératif qui se nourrit au sol, de l'autre côté de la fosse. Un nouvel animal s'y retrouve également. Un Agouti brun, genre de gros Cochon d'Inde qu'on rencontre très souvent dans les forêts tropicales, se nourrit au sol, sans se soucier outre mesure de notre présence.

Dindon ocellé perché la nuit dans un cécropia. Photo Roch Bernier.
Nous prenons quelques minutes d'arrêt aux trous d'eau et nous n'ajoutons pas d'espèces nouvelles à cet endroit. C'est au son du rire moqueur du Macagua rieur (Laughing Falcon) que nous rejoignons le centre pour le souper. Après le repas, nous faisons la liste quotidienne et un groupe fait une dernière sortie. Même si nous couvrons le chemin opposé à notre première sortie, nous enregistrons sept Chouettes mouchetées, une Buse à gros bec (Roadside Hawk), une Amazone poudrée, trois Dindons ocellés  et deux Engoulevents pauraque. C'est très impressionnant de découvrir des gros oiseaux comme les dindons perchés dans des Cecropias, à quelques 25 mètres du sol. C'est une image qui restera longtemps gravée dans ma mémoire.

Voici donc une portion de voyage que je n'oublierai jamais, tellement elle m'a fourni de belles observations. J'en ai quelques autres à vous parler. À suivre...

À bientôt.



mardi 10 décembre 2013

Le + petit, le + grand et le + beau.



Lorsque nous faisons une sortie en nature, il est impossible de savoir à l'avance ce que nous découvrirons. Souvent nous planifions une sortie dans le but d'observer telle ou telle espèce, mais rien n'est jamais garanti. En 2013, Anne et moi n'avons pas encore ajouté le Harfang des neiges sur notre liste annuelle. Et comme l'hiver 2013-2014 semble être un "hiver à harfang", il ne fallait pas manquer le train. C'est donc samedi matin le 7 décembre que, après avoir regardé les mentions rapportées sur le forum Ornitho-Qc et sur la ligne rouge locale du COQ, nous décidons de nous essayer au bout du rang des Beaumont, dans l'arrondissement Sainte-Foy, ville de Québec. Nous découvrons un superbe chemin en milieu agricole, mais aucune trace de harfang. La destination sûre qui s'impose est donc le chemin d'Azur près de Saint-Vallier / La Durantaye, la fameuse "route des harfangs" popularisée par Jacques Samson, chroniqueur au journal "Le Soleil".

Et là nous ne sommes pas déçu. Avant même que nous n'empruntions le chemin d'Azur, voilà que Anne repère un Harfang des neiges / Bubo scandiacus / Snowy Owl  immature posé dans un champ. Même s'il est éloigné, je ne suis pas du genre à le déranger en essayant de l'approcher pour réussir une meilleure photo. Je prends ce que la nature me donne et je fais avec. Après environ cinq minutes de guet, bien assis dans le véhicule, voilà que nous voyons s'approcher un petit groupe de Plectrophanes des neiges / Plectrophenax nivalis nivalis / Snow Buntings.

Le premier plectrophane attire l'attention du rapace et nous assistons presque à un contact visuel entre les deux comparses de la toundra. "Peut-être se sont-ils déjà rencontrés dans le nord du Québec ?" que je me demande intérieurement. "Qui sait ?".



Et cet éclaireur est bientôt suivi du reste de cette petite volée comptant une vingtaine d'individus tout au plus.




Aussi surprenant que cela puisse paraître, le harfang peut très bien s'accommoder d'un plectrophane comme amuse-gueule. Pour connaître la panoplie de proies potentielles de ce rapace autant diurne que nocturne, je vous réfère à un article écrit en janvier 2013 à l'adresse suivante. Et voilà donc deux espèces nichant dans le grand nord du Québec et qui nous font le bonheur de nous visiter en hiver. Ça fait bien plus d'une décennie que le harfang ne s'était pas montré en si grand nombre sous nos latitudes. Dans les années 1970-80, on pouvait l'espérer aux quatre ans et c'était réglé comme une horloge.

Après une si belle rencontre, nous nous dirigeons vers le Domaine de Maizerets, ville de Québec. Le PLUS PETIT de nos strigidés, la Petite Nyctale / Aegolius acadicus acadicus / Northern Saw-whet Owl y est observée depuis quelques jours. Depuis 2005, nous ne comptons plus les tentatives avortées pour l'apercevoir dans ce parc municipal. Et voilà que le 7 décembre 2013 est la bonne journée. La chouette lilliputienne est cependant bien camouflée dans une épinette et cette photo est le mieux que je peux en tirer... mais ça me convient très bien.


La prochaine destination nous amène dans le Parc linéaire de la rivière Beauport, ville de Québec. Ce qui nous attire là est la présence du PLUS GRAND des strigidés québécois, le Grand-duc d'Amérique / Bubo virginianus virginianus / Great Horned Owl. Nous avons devant nous une grosse femelle au plumage foncé. Un observateur rencontré sur le terrain nous dit qu'il voit quelques fois le mâle reconnaissable à son plus petit gabarit et à son plumage plus gris. C'est vrai qu'elle est énorme. Quelle différence avec la petite chouette observée antérieurement. Elle aussi se tient dans un conifère, mais il est de taille supérieure. En cette fin de journée, elle se baigne des derniers rayons de soleil avant de s'activer durant la nuit.


Et c'est le dimanche matin que nous nous rendons en véhicule à environ dix minutes de la maison. Je suis bien intrigué de voir le PLUS BEAU canard du monde, le Canard mandarin / Aix galericulata / Mandarin Duck, même s'il s'agit indubitablement d'un échappé de captivité et qu'il se tient dans un environnement tout-à-fait incongru. Beaucoup de travaux d'infrastructure routière ont été faits au cours des deux dernières années sur le tronçon de l'autoroute Robert Bourassa. Des bretelles d'accès et de sortie ont été modifiées et, au niveau du boulevard du Versant nord, une énorme dépression entre des voies très achalandées a permis une accumulation d'eau appréciable. La nature ayant horreur du vide, il n'en fallait pas moins pour attirer des Canards colverts, accompagnés par un splendide mâle de Canard mandarin. D'où vient-il ? On ne le sait pas. À l'état sauvage, ce dernier fréquente les étangs, les petits lacs et les mares, toute étendue d'eau douce aussi modeste soit-elle pourvu qu'elle se situe à proximité d'une forte densité d'arbres, d'arbustes et d'arbrisseaux d'essences les plus diverses dont certains surplombent la surface de l'eau. Ces exigences ne sont pas sans rappeler celles de son cousin le Canard branchu / Aix sponsa / Wood Duck. Ils sont d'ailleurs les deux seuls représentants du genre Aix. Le Canard mandarin n'est considéré à l'état sauvage que dans le nord est de l'Asie.

Le Canard mandarin mâle a le dessus de la tête vert et roux cuivré, les joues partiellement blanches, le bec rouge. Une touffe de grandes plumes orange dressées, en forme d'éventail, retombe sur le haut des ailes. Une double ligne blanche accolée d'une double ligne noire encadre les côtés de la poitrine brune et blanche. Le ventre blanc précède une queue relativement longue et noire. Enfin, les plumes ornementales brun-orange des ailes sont des rémiges tertiaires, ses ailerons lui ont valu le nom scientifique de galericulata qui en latin signifie 'galère'. *



Il est un canard de surface : il nage bien mais il ne plonge que très rarement et uniquement en cas de danger. Il se déplace également avec aisance sur la terre ferme et il ne lui déplaît pas de se percher à des hauteurs variables dans les arbres où il peut trouver abri et refuge en cas de nécessité. D'autre part, le rapport entre l'envergure des ailes et son poids lui permet d'obtenir une très bonne navigabilité et d'être considéré comme un des meilleurs anatidés en ce qui concerne la qualité de vol. En bref, on peut le considérer comme un excellent canard "tout-terrain". * 


Il est omnivore. En plus des graines et des fruits qu'il prélève sur la végétation forestière, il se nourrit d'insectes aquatiques et de petits poissons qu'il capture aux alentours et à l'intérieur des mares. *

 


Après avoir vu le + petit, le + grand et le + beau dans la même fin de semaine, comment ne pas se sentir privilégiés ?  La nature est belle et généreuse.


À bientôt,


Bibliographie consultée

* http://www.oiseaux.net/oiseaux/canard.mandarin.html