mardi 1 octobre 2013

Ornitho-photo dans le Bas Saint-Laurent: 28 et 29 septembre 2013



28 septembre 2013

La température s'annonce extraordinaire pour la fin de semaine qui s'amorce. C'est donc avec beaucoup de fébrilité qu'Anne et moi quittons Québec vers les 7h30 en ce samedi matin pour nous diriger vers une région du Québec que nous adorons, soit le Bas-Saint-Laurent. Anne a connu des ennuis de santé le printemps dernier, ce qui l'a empêché de passer autant de temps qu'elle l'aurait souhaité dehors à observer les oiseaux. Elle se sent en déficit d'observations en nature et cette escapade de deux jours promet de pallier à ce manque.

Un premier arrêt se fait au quai de Rivière-Ouelle, le fief de Jean-François Rousseau, de Claude Auchu et de Christiane Girard. Nous arrivons au quai à 9h00 et nous croisons justement Christiane et Claude qui sortent du site. Rien à signaler de leur côté. Nous nous installons quand même pour les trente minutes qui suivent. Le ciel est rempli des cris de vol des Pipits d'Amérique / Anthus rubescens rubescens / American Pipit, des Alouettes hausse-col / Eremophila alpestris alpestris / Horned Lark et de différents passereaux en migration. Un voilier d'une trentaine d'Oies de neiges / Chen caerulescens atlantica / Snow Goose passent un vol en faisant entendre leur habituel babillage.




Les balayages incessants de lunettes d'approche vers le large nous permettent de localiser quelques Plongeons catmarin / Podiceps grisegena grisegena / Red-necked Grebe. Pour nous deux, il s'agit d'une première observation de cette espèce en 2013 et nous sommes très heureux.

Notre deuxième arrêt se fait dans le village de Kamouraska, plus précisément au bout de la rue Saint-Louis. Il s'agit d'un cul-de-sac qui donne sur le stationnement d'un petit parc aménagé. À partir de cet endroit, nous pouvons emprunter un sentier pour une marche en bordure du fleuve ou dans un boisé. Nous avons également une vue sur la zone intertidale et c'est cette zone qui nous attire ce matin. Depuis quelques semaines, ce site héberge plusieurs espèces de limicoles dont la Barge hudsonienne / Limosa haemastica / Hudsonian Godwit, un oiseau spectaculaire, observable seulement durant les périodes migratoires. À notre arrivée, la marée est passablement haute et nous voyons des photographes qui sont accroupis près de grosses roches. Un coup de lunette me permet de repérer une barge, posée à quelques mètres seulement des observateurs. Nous décidons alors de nous approcher lentement et avec beaucoup de précaution.

Environ une soixantaine de limicoles se tiennent sur les roches. Les oiseaux ne sont pas nerveux du tout. Je m'accroupis un peu en retrait des quatre personnes présentes et je profite des moments incroyables que nous offrent les Bécasseau variable / Calidris alpina hudsonia / Dunlin, Bécasseau maubèche / Calidris canutus rufa / Red Knot , Bécasseau semipalmé / Calidris pusilla / Semipalmated Sandpiper, Bécasseau sanderling / Calidris alba / Sanderling,  Tournepierre à collier / Arenaria interpres interpres / Ruddy Turnstone et Pluvier argenté / Pluvialis squatarola / Black-bellied (Gray) Plover. Nous passons une bonne heure à partager la vie de nos amis emplumés. Ils sont occupés à deux tâches bien précises; soit qu'ils se reposent, le bec bien enfoui sous les plumes du dos, soit qu'ils font le ménage de leur plumage. Deux activités essentielles pour des oiseaux en migration. Et puis, sans raison apparente, tout le groupe s'envole en même temps.


C'est entourée de Bécasseaux maubèches et de Bécasseaux variables que la Barge hudsonienne s'envole en toute hâte.


Nous nous regardons tous pour savoir lequel d'entre nous a fait un faux mouvement qui aurait causé la fuite des volatiles. Et non, il ne s'agit pas de nous, mais de ce point dans le ciel qui vient en notre direction à toute vitesse.


Le Faucon émerillon / Falco columbarius columbarius / Merlin est régulièrement observé sur les rivages des plans d'eau lors des migrations printanières et automnales. En fait, il suit les passereaux et les limicoles dans leur migration de masse. C'est un véritable bolide qui provoque toute une frénésie dans les rangs des petits oiseaux qui le voient arriver.

Durant l'heure où je suis là, le faucon passe à trois reprises et son passage a le même effet sur la bande d'oiseaux: c'est la débandade générale.

Les limicoles se comportent la majeure partie du temps de la même façon. Ils passent et repassent devant l'endroit où ils décident finalement de s'arrêter. Il s'agit d'un modus operandi observable partout. Ça fait 50 ans que j'observe les limicoles et c'est toujours aussi fascinant de voir leur agissement. Ici la barge est facilement reconnaissable à sa taille plus grande et au motif bicolore du dessous des ailes.

Dès que le groupe atterrit, les oiseaux reprennent leurs activités comme si rien ne s'était passé. Cependant, certaines interactions se produisent entre oiseaux de même espèce ou d'espèces différentes.


À un moment donné, la barge déploie ses ailes, étire le cou et émet quelques cris. Quelques secondes plus tard, elle reprend sa pose de repos, entourée d'un Pluvier argenté et de deux Bécasseaux maubèches.


Le Bécasseau variable est l'espèce la plus active parmi ce groupe de limicoles.





Il porte bien son nom. Certains individus arborent un manteau où le gris prédomine.




 Pour d'autres, c'est le brun ou le roux...




ou un mélange de toutes ces couleurs.




En plumage juvénile, le Bécasseau sanderling est toujours aussi éclatant de blancheur. Ses yeux, bec et pattes sont d'un noir d'encre qui tranche sur le blanc presque immaculé des parties inférieures.




Les plumages des juvéniles du Pluvier argenté peuvent également être variables au niveau de la couleur. Certains individus peuvent être très jaunâtres aux parties supérieures lorsque le plumage est frais, mais cette couleur s'affadit et disparaît complètement avec l'usure des plumes.



Même si le plumage juvénile du Bécasseau maubèche semble terne comparativement à celui en période nuptiale, il n'en reste pas moins qu'il est très beau avec les plumes bien marginées de son dos.




Le seul oiseau en quête de nourriture est ce Tournepierre à collier qui circule lentement entre les roches.




Pendant tout le temps où nous avons été sur le site, je n'ai jamais senti de tension que les photographes présents aurait pu exercer sur les oiseaux. Tout s'est fait dans le respect et j'étais bien content de l'expérience vécue.

Après un arrêt rapide à Cacouna, nous faisons une escale le long de la rivière Trois-Pistoles, dans le village du même nom. Ici, une bande d'Oies des neiges est posée dans la zone intertidale et une brève recherche nous permet de repérer une Oie de Ross. Un peu plus loin, c'est un autre prédateur des grèves que nous trouvons. Un magnifique Faucon pèlerin / Falco peregrinus anatum / Peregrine Falcon quitte une grosse roche où il était perché et il se dirige vers nous. Sur la photo, la masse sombre à la droite est la tête de Anne.




Il est 16h00 lorsque nous arrivons à la Pointe-au-père, le secteur le plus à l'est de la ville de Rimouski. Avant de regagner le motel Bienvenue, situé en arrière du musée de l'Empress of Ireland, nous empruntons la vieille route qui longe les rives du fleuve Saint-Laurent. Après l'ajout de quelques nouvelles espèces, nous déclarons la journée terminée. Notre liste cumulative contient près de 60 espèces. Considérant le peu de passereaux observés, nous sommes bien contents de ce résultat.

29 septembre 2013 

Lever à 6h30 et départ aux environs de 7h15. Nous nous rendons à Sainte-Luce, à environ dix minutes en auto du motel. La température est extraordinaire et les oiseaux volent beaucoup au large. Deux Courlis corlieux / Numenius phaeopus hudsonicus / Whimbrel déambulent le long de la grande plage située dans la région la plus touristique du village. Ce secteur est encore en plein travaux de rénovation suite aux grandes marées d'il y a quelques années.

Quelques milliers d'Oies des neiges squattent les battures à l'ouest du sous-marin musée Onondaga .




La dernière nouvelle espèce de cette escapade se matérialise en un passereau qui quittera bientôt le ciel québécois pour se retrouver peut-être aussi loin que le sud du Mexique, dans la province de Oaxaca, où nous serons Anne et moi en février prochain. Qui sait ? Peut-être le retrouverons nous ?


Bruant des prés / Passerculus sandwichensis / Savannah Sparrow

Et maintenant un dernier coup d'oeil sur notre oiseau-vedette.






 À bientôt !





2 commentaires:

David M. Gascoigne, a dit…

Formidable. Merçi beaucoup pour des très belles photos.

Noushka a dit…

Bonjour Laval,
Une superbe série et belle expérience!
Je suis certaine que nous autres photographes et passionnés d'oiseaux pouvons les admirer sans exercer de pression sur eux.
Et les groupements de "verts" qui disent le contraire veulent s'approprier le droit exclusif de les approcher....
Je vois cela en Europe de + en +.
De très belles photos et une sympathique bouffée d'iode avec ce post!
Bises et bonne continuation!