dimanche 6 janvier 2013

"La sacrée dinde du Jour de l'An"...



oui, je l'aurai sur l'estomac longtemps ".  Et oui, c'est Hi Ha Tremblay et sa célèbre chanson "C'est l'temps d'une dinde" qui m'inspire dans ce premier message de l'année 2013. Et bien, pour Anne et moi, c'est la fête en ce 30 décembre 2012 puisque, après plusieurs essais infructueux, nous réussissons à observer ensemble et au Québec quatre Dindons sauvages / Meleagris gallopavo silvestris / Wild Turkeys posés au sol, en train de farfouiller dans la neige pour se nourrir. Ça se passe au sud du village de Saint-Gilles, dans le beau comté de Lotbinière. Après quelques minutes, elles s'envolent pour aller se percher dans une grande épinette en bordure de route. Elles n'y demeurent que quelques minutes et elles reviennent se poser dans le champ, une centaine de mètres plus loin que lors de leur découverte. Le temps est couvert et il neige à plein ciel, difficile alors de faire mieux que cette photo.



Ce qui est intéressant en ornithologie, c'est que nous pouvons attacher une histoire ou une anecdote à presque chacune des observations d'oiseaux que nous faisons. Anne et moi, nous sommes ensemble depuis un peu plus de sept ans et, comme tous bons ornithologues qui se respectent, nous tenons chacun de notre côté une liste des oiseaux rencontrés sur le terrain. Cependant, nous tenons également une liste commune des oiseaux observés ensemble. Mais cette liste s'applique selon deux critères bien précis: elle doit contenir des espèces vues seulement dans la province de Québec et après le 3 septembre 2005. Tout le reste ne compte pas. Même si nous observons ensemble une Nyctale de Tengmalm le 18 mai 2005, à l'Île-aux-Basques, ça ne compte pas puisque nous ne formons pas un couple à ce moment là. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ???  Mais ça ajoute un défi supplémentaire et les vrais passionnés n'hésitent pas à s'encombrer de règles à suivre qu'elles soient simples ou compliquées. C'est très important pour mesurer le sérieux de notre quête.

Toujours est-il que nous avions déjà observé ensemble le Dindon sauvage, mais ce n'était pas au Québec. Ça se passe le 1er septembre 2011 et nous sommes près de Goose Rocks Beach dans l'état du Maine, aux États-Unis. Nous circulons en voiture dans un secteur habité, en banlieue d'une petite ville dont je ne me souviens plus du nom. Les maisons sont coquettes, construites sur des terrains assez vastes et ça respire la campagne. Soudain, nous apercevons un Dindon sauvage en bordure de route et il s'aventure un peu nerveusement sur un terrain gazonné. Nous avançons lentement en véhicule et nous le voyons rejoindre quatre ou cinq de ses semblables en bordure d'un boisé qui jouxte une propriété privée. Jamais nous n'aurions cru observer ensemble nos premiers Dindons sauvages dans de telles circonstances et dans un tel habitat.




Le dindon est présent partout aux États Unis et il est plus abondant dans les états du centre et de l'est du pays. Ce n'est donc pas sans raison que le menu incontournable de leur Thanksgiving comprend cette grosse dinde bien dodue, qui trône au beau milieu d'une table bien garnie. Au Québec, c'est une toute autre histoire puisque, au début des années 1990, sa présence était assurée seulement dans la région sud ouest, près des frontières avec les états du Vermont, du New Hampshire et de New York. C'est d'ailleurs le 13 avril 1991 que je l'observe pour la première fois au Québec et ça se passe dans le rang Fisher, à Saint-Bernard de Lacolle. Au cours des deux dernières décades, cette espèce connaît cependant un essor remarquable. Elle est rapportée aujourd'hui dans 9 des 16 régions administratives de la province: Outaouais, Laurentides, Lanaudière, Mauricie, Montréal, Montérégie, Estrie, Centre-du-Québec et Chaudière-Appalaches. Et le nombre d'individus par observation est souvent très impressionnant, car il atteint quelquefois la quarantaine. En observant les dindons en décembre dernier, je me suis dit que l'abondance de neige pourrait agir comme un frein déterminant dans leur volonté d'agrandir leur cheptel et leur ère de distribution. En 1991, on m'a en effet souvent répété que l'espèce survivait principalement dans cette région à cause de la faible quantité de neige au sol qui lui permettait de s'alimenter facilement. L'hiver 2012-2013 s'annonce très neigeux dans les régions nouvellement conquises par les dindons et ils pourraient voir leur nombre diminuer à cause de leur incapacité à se nourrir adéquatement. À suivre.

Pour finir, permettons nous un peu d'exotisme. Il existe deux espèces de dindons dans le monde. Le Dindon sauvage et le Dindon ocellé / Meleagris ocellata / Ocellated Turkey. Ce dernier s'observe en Amérique centrale dans la Péninsule du Yucatan. À partir du nord du Bélize jusque, vers l'ouest, à l'est du Chiapas (Mexique) et, vers le sud, jusqu'au nord du Petén (Guatemala). C'est un dindon plus petit que le nôtre. Le mâle de l'ocellé étant de la même dimension que la femelle du sauvage. C'est le 1er mars 2006 que j'ai la chance d'en observer et d'en photographier un. Ça se passe au Belize, à La Milpa Field Station.

 


Maintenant que l'hiver s'est bien installé chez nous, il s'agit de sortir pour aller chercher des belles images et des belles histoires à raconter. Il y en sûrement quelques unes à ajouter à la banque de nos souvenirs.



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