mardi 25 septembre 2012

Mes coups de coeur été 2012

Alors que je suis à 3 heures 45 minutes de mon départ vers Paris, puis Madagascar, je peux difficilement partir sans partager mes coups de l'été qui se termine. Faute de temps, ce sera court. Même si j'aime tous
les oiseaux, quelques uns ressortent du lot par leur rareté ou par l'habitat où ils ont été observés. Ceci fait, je pourrai vous entretenir de mes trouvailles sur l'île mythique de Madagascar dès mon retour.


La Paruline du Canada / Canada Warbler n'est pas spécialement rare. Même que les travaux de l'Atlas ont permis de constater qu'elle s'observe un peu partout au Québec. Cependant, elle est pour moi l'une des plus belles parulines Québécoises avec ses lunettes et son collier de perles noires.

Le Bruant fauve / Fox Sparrow possède un chant mélodieux et puissant. Sa ritournelle enjouée surprend toujours agréablement lorsqu'on l'entend en forêt
Le Chevalier solitaire / Solitary Sandpiper n'est de passage sous nos latitudes que lors des migrations printanière et automnale. Il faut se rendre plus au nord du Québec si on veut espérer l'observer sur son terrain de nidification. C'est toujours un beau cadeau d'arriver face à face avec ce bel oiseau.




La Paruline à gorge grise / Connecticut Warbler niche seulement dans le nord du Québec et pour cette raison elle figure sur le tableau d'honneur. Comme c'est une espèce des plus furtives à photographier, je suis bien content d'avoir pu réaliser cette photo à travers le feuillage.
La Paruline verdâtre / Orange-crowned Warbler est une autre espèce prisée par les ornithologues Québécois. Et c'est quelque chose de la trouver sur son terrain de nidification alors qu'elle est en voix et qu'elle est occupée à nourrir sa nichée.




Qui dit Abitibi dit Grue du Canada / Sandhill Crane. Pourtant, j'ai rencontré des agents de conservation de la faune près de La Sarre qui m'ont dit que les grues n'étaient pas si nombreuses que ça  il y a quelques décennies. Un groupe de 9 individus nous attendait dans un champ près de Authier Nord.


Un autre véritable coup de coeur alors qu'on ne l'espérait plus, François et moi. Une belle femelle de Tétras à queue fine / Sharp-tailed Grouse, une autre spécialité abitibienne.


Et voici mon dernier ajout à ma liste québécoise. Une Aigrette garzette / Little Egret qui s'est égarée jusqu'aux rapides de Lachine à Montréal. Elle est à gauche d'une Grande Aigrette / Great Egret, une espèce qui niche à seulement quelques envolées de cet endroit. Ma 355ième espèce au Québec.





À bientôt donc !!!

mardi 11 septembre 2012

Les poules boréales (partie 2)

Le Tétras du Canada

Ma première rencontre avec le Tétras du Canada remonte au 4 juin 1994. Je me trouve au Lac Gonzague, dans le Parc des Laurentides, près du kilomètre 172. Ça fait déjà quelques décennies que je rêve d'en observer enfin un de près. Oui, de près, car, aussi paradoxal que ça puisse paraître, cet oiseau gibier par excellence auprès des chasseurs est également l'animal vivant en forêt boréale qui est le moins farouche à l'approche de l'homme. Bien avant ma rencontre historique avec cet oiseau, des chasseurs m'avaient déjà raconté qu'il était possible de tuer un tétras avec un simple bâton, tellement il était confiant. J'étais plutôt sceptique et je me demandais s'il s'agissait de ragots ou de faits véridiques. Je me suis alors fait confirmer ces dires par un ami fiable qui était à la fois biologiste et chasseur. Loin de moi l'idée de vouloir en tuer un, mais je salivais déjà à l'idée que je pouvais modestement espérer en voir un de très très près. Mais le hic dans toute cette histoire, c'est qu'il est pratiquement absent de la vallée du Saint-Laurent et que c'est un oiseau de grandes étendues forestières. De plus, les habitats qu'il fréquente varient selon les saisons.

Au Québec, il se rencontre principalement dans les forêts de conifères (dominées par l'Épinette noire et le Sapin baumier) et dans les tourbières. Il aime les sous-bois arbustifs denses qui recouvrent une bonne partie du sol. Cependant, au printemps, à l'époque de la parade, il préfère un habitat moins dense afin de pouvoir accomplir les rituels liés à la formation des couples. Ensuite, il opte pour un habitat plus dense où la femelle peut nicher et élever sa couvée en toute sécurité et où le mâle est protégé des prédateurs lors de la mue. En été, on peut également apercevoir le tétras près des lisières de brûlés et dans des milieux ouverts, comme les clairières et les bleuetières où il s'alimente de fruits, de champignons, d'insectes et de plantes vertes. En hiver, il fréquente principalement les peuplements composés de Sapins baumiers, d'Épinettes noires, d'Épinettes rouges et de Pins gris, se nourrissant de bourgeons terminaux et d'aiguilles. Au Québec, l'Épinette blanche et le Mélèze laricin semblent être des essences importantes pour l'alimentation du tétras.

Lors de mes trois dernières expériences vécues en forêt boréale, dans le cadre de l'Atlas des oiseaux nicheurs du Québec, j'ai pu parfaire mon étude du comportement de la femelle Tétras du Canada lorsque seule et lorsque accompagnée par des poussins. Nos travaux de recherches s'étendent, grosso modo,  entre le 1er juin et le 15 juillet. Cette période de 6 semaines nous permet de vivre d'abord la difficulté, puis ensuite la  facilité de repérage des tétras (et également des perdrix). Au cours des trois premières semaines de juin, les rencontres sont beaucoup moins fréquentes et les chances de tomber sur un mâle sont renforcés par le fait que les poules sont sur les nids, en train de couver. Il en est tout autrement lorsque les poussins sont présents et accompagnent leur mère.

Ce mâle Tétras du Canada s'immobilise à quelques mètres de moi, se pensant bien camouflé parmi la végétation. Quelques secondes auparavant, il picorait sur le bord du chemin forestier. Au début juin, il est plus fréquent de rencontrer des mâles, car les femelles sont assises sur les nids.

Alors que la femelle perdrix peut devenir agressive à mesure que la tension envers un possible prédateur augmente, la femelle tétras semble toujours garder son sang froid. Si elle est seule, elle continue à marcher lentement le long du chemin en avalant des petits cailloux, des végétaux ou des insectes. J'ai quelquefois accompagné ainsi des femelles sur une bonne distance.

Lorsqu'elle est accompagnée de poussins, elle attend au dernier moment pour s'envoler et aller se percher dans un conifère tout près, entre 2 à 3 mètres du sol, et elle reste immobile. C'est alors assez facile de prendre une photo potable. Si les poussins peuvent voler sur une courte distance, ils se perchent eux aussi à proximité en évitant tout mouvement qui pourrait les trahir. S'ils ne peuvent voler, ils se dispersent en courant sous la végétation. La femelle émet alors des notes gutturales répétées.

J'ai repéré cette femelle de Tétras du Canada simplement en entendant des notes gutturales tout près. Je me doutais bien qu'il s'agissait d'un tétras, mais je n'étais pas certain si c'était un Tétras du Canada ou un Tétras à queue fine. Je me suis approché de la source des sons et cette femelle s'est envolée pour se percher à environ 3 mètres du sol. Elle a continué à glousser, ce qui indiquait qu'elle communiquait avec des oisillons.

Et voici le trésor qui se cachait pas très loin. Un superbe oisillon d'au moins 10 jours puisqu'il pouvait se servir de ses ailes pour s'envoler et aller se percher à l'abri dans un conifère.

Si vous voulez surprendre une famille de tétras (ou de perdrix), circulez lentement dans les chemins forestiers tôt le matin ou en fin de journée à partir de la mi-juin. Ce sont les moments de la journée où les adultes amènent les jeunes plus à découvert pour se nourrir. Il est cependant tout aussi possible d'en rencontrer à toute heure de la journée si on passe beaucoup de temps sur le terrain.  

Le Tétras à queue fine

Le Tétras à queue fine (anciennement connue sous le nom de Gélinotte à queue fine) est le seul de nos tétraoninés à constituer des "arènes" (ou leks) lors de l'accouplement. Les mâles se regroupent sur des terrains dégagés, utilisés dans certains cas depuis des générations, où ils exécutent des danses destinées à gagner la faveur des femelles. Les concurrents, en nombre très variable, mais en moyenne une dizaine, occupent des sites individuels de quelques mètres de diamètre dans un endroit dégarni de végétation. Leurs gloussements et leurs caquètements s'entendent de loin, surtout à la fin d'avril ou au début de mai, mais parfois aussi à l'automne, à l'aube et au crépuscule (Edminster, 1954; Johnsgard, 1973). Cet oiseau est considéré encore aujourd'hui comme un nicheur résident rare dans le nord du Québec méridional, comme le signalait Normand David en 1980.

Je connais peu ce tétras que je n'ai rencontré qu'à seulement deux reprises. La première rencontre s'effectue le 27 juin 2011. Je suis accompagné par François Gagnon et nous sommes en transit entre deux parcelles prioritaires au nord du Réservoir Gouin. Voici les notes prises à ce moment dans mon carnet de terrain:

1 Tétras à queue fine décolle à partir du bord du chemin lorsque je circule sur un chemin forestier très large dans la parcelle 18WV07. Je le reconnais à sa queue pâle et pointue. J'avertis François qui n'a pas eu le temps de le voir et nous décidons d'essayer de retrouver l'oiseau. Nous revenons sur nos pas à bord du véhicule. Alors que François se dirige dans le boisé en bordure de route, je reste sur le bord du chemin et, moins d'une minute plus tard, je vois s'envoler 5 oiseaux. Vol groupé semblable à celui de la Perdrix grise où alternent battements d'ailes et glissades. Bruit sourd des ailes lors du décollage et cris de contact émis par les oiseaux, tel qu'enregistré sur mon Ipod (Sibley). Cette espèce est méga rare dans le secteur où nous nous trouvons.
Impossible de prendre une photo à ce moment-là, mais nous nous reprenons le 5 juillet 2012. Nous nous trouvons dans la parcelle 18UA03, située près de Matagami. Il est environ 18h30 et, avant de regagner la tente pour la nuit, nous décidons d'aller faire un tour de reconnaissance dans les chemins forestiers que j'aurai à couvrir le lendemain. Question de voir si ces chemins sont carrossables. Au détour de la route, nous apercevons un gros oiseau qui se tient sur le côté de la route. À voir son long cou, je pense et dit "perdrix", mais François aperçoit la queue et crie aussitôt "Tétras à queue fine". Là c'est l'excitation générale.

Au premier coup d'oeil, le long cou et la crête sur la tête, me font penser à la perdrix, mais François, en observant la queue pointue, fait entendre un tonitruant "Tétras à queue fine" .

Pendant que je cherche ma caméra sur le siège arrière du véhicule, François s'avance vers l'oiseau. Je lui demande de m'attendre un peu, car j'ai peur que l'oiseau s'envole avant que je n'aie eu le temps de le pixelliser. Mais non, l'oiseau ne s'envole pas et il se montre même très agressif. À un moment donné, il s'avance vers François les ailes ouvertes afin de l'effrayer.


Du moins, c'est ce que je crois. Mais ce qui suit démontre qu'il ne veut pas effrayer François, mais il veut plutôt faire s'envoler des poussins que ni François ni moi-même avons encore aperçu tellement notre attention est portée uniquement sur l'adulte qui nous fait face. Nous savons maintenant que nous avons affaire à une femelle et à sa nichée. L'excitation devient encore plus grande. À un moment donné, la femelle part en courant, le corps tendu vers l'avant, les ailes étirées et tenues à l'horizontal, un peu comme un mâle en train de faire sa parade au printemps. Elle se dirige vers nous...

  
et elle fait s'envoler 2 poussins cachés par la végétation et que nous n'avons pas encore vus.



Et elle n'arrête pas ce manège tant que les 9 poussins présents (du moins ce que je peux compter dans tout ce brouhaha) ne sont pas tous partis se cacher à l'abri dans la végétation. Une fois la nichée en sécurité, la femelle s'envole pas très loin dans un feuillu et voilà la seule photo que je peux en faire avant qu'elle ne s'éloigne encore un peu plus.



Et voilà ce que mes rencontres m'ont permis d'apprendre sur le comportement des poules des trois espèces de tétraoninés présentes au Québec. La moins agressive est, sans trop de surprise, celle du Tétras du Canada. En deuxième position, la femelle du Tétras à queue fine semble plus préoccuper à faire s'enfuir sa marmaille qu'à vouloir affronter physiquement le prédateur potentiel. Par contre, la femelle de la Gélinotte huppée est prête à mettre sa vie en péril pour défendre sa nichée.

J'aurais aimé expérimenter plus de rencontres avec le Tétras à queue fine, car une seule occasion peut ne pas refléter le comportement habituel. Si quelqu'un d'entre vous qui lisez ce billet a vécu une expérience différente avec ce tétras, j'aimerais bien en entendre parler.


dimanche 9 septembre 2012

Île-aux-Basques: automne 2012

Et oui, cette année Anne et moi n'accompagnerons pas les ornithologues amateurs du COQ (Club des Ornithologues de Québec) lors de leur sortie automnale à l'Île-aux-Basques puisque nous nous retrouverons, à ces mêmes dates, sur une autre île, en fait la cinquième plus grosse au niveau mondial, soit Madagascar. Nous passerons 32 jours complets en sol malgache, du 26 septembre au 28 octobre 2012. Six vols internes nous permettrons de couvrir l'île dans sa presque totalité puisque l'extrême nord, où une seule espèce endémique peut être espérée, sera volontairement écarté de notre itinéraire. Nous serons alors accompagnés par nos amis ornithologues internationaux, Jean-Jacques Gozard du Costa Rica et Gaétan Duquette de Longueuil. Toute une virée en perspective que je partagerai avec vous à mon retour. C'est promis.

Mais, pour l'instant, allons-y avec un autre séjour inoubliable sur cette petite île magique qui, printemps et automne de chaque année depuis 2005, nous attire comme un aimant totalement irrésistible. Anne et moi décidons donc de réserver le chalet Meredith pour la fin de semaine de septembre qui correspond à celle d'un congé férié québécois (Fête du travail) où le lundi est ajouté à la fin de semaine habituelle. Ceci nous donne donc 3 jours au lieu de 2 et c'est bien suffisant pour nous permettre de profiter de l'île, surtout que nous y ajoutons une quatrième journée en traversant le vendredi (pratique courante pour les mordus de l'île).  C'est donc le vendredi 31 août que nous empruntons le bateau de notre capitaine Jean-Pierre Rioux pour une traversée d'une dizaine de minutes et couvrant les 5 kilomètres qui nous séparent de l'île. En raison de rafales de vent de 25 kilomètres à l'heure, la randonnée est plutôt houleuse, mais quand même agréable. La météo annoncée est rassurante pour les jours qui viennent et nous abordons l'aventure avec beaucoup d'optimisme. Nous accostons l'île vers 15h00 et, quelques minutes plus tard, nous sommes déjà partis à la découverte de quelques précieux trésors ailés:

Sept Courlis corlieu viennent se poser sur la pointe de sable de l'île parmi les trois espèces de goélands communs: Goéland marin, argenté et à bec cerclé. En raison de la marée haute, la pointe de sable est réduite de façon maximale.
En à peine 2h30, nous croisons 34 espèces d'oiseaux et, comme c'est souvent le cas pour une aussi petite île, la vedette d'une journée peut être complètement absente le lendemain. C'est ainsi que nous observons parmi les espèces répertoriées un groupe de 19 Tournepierres à collier, 1 Chevalier grivelé, 2 Bruants de Lincoln et 1 Paruline tigrée en plumage d'automne. De ces espèces, seulement le tournepierre sera revu subséquemment (et seulement 2 ou 3 par jour). Comme je ne veux pas trop étirer ce billet, je vais y aller avec les découvertes intéressantes selon les journées qui suivront.

 Petit aparté:

Vers 19h30, nous observons la deuxième pleine lune du mois d'août 2012 et elle s'appelle la Lune bleue (Blue Moon). La première pleine lune était visible le 2 du même mois.

Une année civile comporte habituellement 12 pleines lunes, parfois 13. Cette treizième pleine lune "supplémentaire" est appelée "lune bleue"; de fait, on appelle "lune bleue" la seconde pleine lune d'un même mois. Contrairement à ce que suggère son nom, elle n'est pas du tout bleue.





1er septembre 2012

À 7h00, nous faisons notre première session au télescope alors que nous dirigeons nos yeux de cyclope vers le large en direction de la côte nord où les falaises de Tadoussac sont visibles de l'Île-aux-Basques. Je sais, c'est trop loin pour pouvoir identifier quoi que ce soit, mais les eaux intermédiaires peuvent nous procurer quelques surprises. La visibilité est bonne, mais l'activité est quasi nulle. Pas de laridés, donc pas de labbes. Pas de Petit Pingouin, nous sommes probablement trop tard pour le temps de l'année, et pas de Plongeon catmarin, nous sommes trop tôt dans la saison. Du fait que nous sommes six semaines en avance sur notre séjour automnal habituel, nos repères sont quelque peu perturbés. Parmi les espèces observées figurent: 600 Cormorans à aigrettes, 80 Guillemots à miroir, 90 Eiders à duvet, 3 Grèbes jougris, 32 Macreuses à front blanc, 10 Macreuses brunes, 22 Fous de Bassan, 20 Mouettes tridactyles, 1 Sterne arctique et 1 Plongeon huard. Du côté des mammifères marins, une bonne trentaine de Phoques communs se prélassent sur un îlot à plusieurs centaines de mètres de distance de notre position et 5 Bélugas, ces petites baleines blanches qui font la renommée de la région de Tadoussac, passent au large en formation serrée. Nous discernons 3 dos blancs et 2 dos gris, ce qui signifient que deux juvéniles de l'année accompagnent 3 adultes.



Même si l'observation d'un Phoque commun est chose habituelle lors d'un séjour à l'île, le voir d'aussi près relève du fantasme. Cet individu se repose sur les berges de l'île alors que normalement il le fait sur les rochers plus au large.


Quelques minutes après que nos regards se soient croisés, le mammifère marin rejoint l'eau où il se déplace tellement mieux que sur la terre ferme.

Du côté des limicoles, nous observons un groupe de 18 Courlis corlieu, 4 Bécasseaux minuscules, 6 Bécasseaux semipalmés, 7 Pluviers argentés, 11 Pluviers semipalmés, 50 Bécasseaux sanderling et 5 Bécasseaux maubèches.

Le Bécasseau maubèche est une espèce rencontrée moins fréquemment et en plus petit nombre que les autres calidris plus communs.  On le voit plus à l'automne alors qu'il arbore un plumage plus terne, mais quand même intéressant.

Le Bécasseau minuscule affectionne les dépôts de varech. On le reconnaît à son plumage brun, le "V" pâle dans le dos, ses pattes jaunâtres et son bec légèrement courbé vers le bas. Il porte bien son nom puisqu'il est le plus petit de nos calidris.


Ce Bécasseau semipalmé arbore le plumage typique d'un adulte en mue lors de la migration d'automne avec un mélange de plumes noirâtres (plumes nuptiales usées) et de plumes grises (plumes internuptiales fraîches) sur la partie supérieure de l'oiseau. Les adultes retiennent au moins quelques scapulaires et tertiaires nuptiales au cours de la migration automnale. La mue reste incomplète tant que les zones d'hivernage ne sont pas atteintes. (The Shorebird Guide, page 148).


Le Pluvier semipalmé est très vocal et son "piiiviiii" s'entend très souvent et nous indique sa présence. Cet individu est un adulte en plumage internuptial. Ce plumage diffère de celui du juvénile par l'uniformité de la partie supérieure de l'oiseau. Le collier est quelquefois incomplet chez les juvéniles et chez les adultes en plumage internuptial. (The Shorebird Guide, page 51).

Lorsqu'ils se nourrissent, les interactions entre Pluviers semipalmés sont choses fréquentes. Ils foncent l'un sur l'autre, le dos arqué, l'air menaçant. En premier plan, un juvénile reconnaissable aux franges pâles garnissant les plumes de la partie supérieure de l'oiseau; en second plan, un adulte en plumage internuptial.

La température est idyllique aujourd'hui avec un soleil omniprésent et une température au-dessus des 20° C. Nous observons 47 espèces dont 1 seul Bruant des marais. Les parulines sont nombreuses et, tout au cours de la journée, 8 Parulines obscures se présentent finalement devant nous dans leur apparat automnal.

Les plumages déroutants des parulines en automne représentent un défi presque cauchemardesque pour les ornithologues Québécois débutants... et même pour les plus aguerris. Cette Paruline obscure nous a posé quelques problèmes d'identification lors de la première rencontre. Ces boules d'énergie ne cessent de farfouiller dans le feuillage et nous ne voyons bien souvent qu'une partie de l'oiseau à la fois. Heureusement, avec beaucoup de patience de la part de l'observateur, il arrive que l'oiseau passe quelques secondes dans une ouverture dégagée dans la végétation. L'unique bande alaire pâle nous a tout de suite orientée vers cette espèce. Elle peut être très visible chez certain individu et presque imperceptible chez d'autres.

La dernière espèce nouvelle de la journée est une Paruline à couronne rousse (de la sous-espèce palmarum) qui vient nous saluer alors que nous sommes assis sur la petite galerie du chalet vers les 17h30. Ce sera le seul individu de cette espèce que nous verrons de toute la fin de semaine.


2 septembre 2012

Cette femelle de Colibri à gorge rubis se perche
un bref instant avant de retourner se nourrir
dans les fleurs de rosiers sauvages.
Encore une autre belle journée en perspective. Moins de soleil prévu, mais une température plus tempérée et plus confortable. Vent léger et aucune pluie. Ce matin, nous délaissons les télescopes et nous nous dirigeons vers la pointe est de l'île, à l'Anse-d'en-bas. En arrivant à cet endroit vers 7h15, nous savons que le soleil levant aura tôt fait de réchauffer les lieux et que les oiseaux ne tarderont pas à s'activer. Nous comptons bientôt 24 Merles d'Amérique, dans différents plumages, qui se nourrissent en bordure de la plage et dans deux gros sorbiers généreux en fruits. 1 Grive à dos olive et 1 Grive solitaire sont découvertes près du sol, sur le bord de la plage ou à travers les rosiers. Un mâle de Pic flamboyant visite les sorbiers alors que pas moins de 4 Pics mineurs s'activent tout près. 1 Mouette de Bonaparte crie en vol et nous la repérons facilement parmi des goélands.

S'y trouvent également quelques dizaines de Jaseurs d'Amérique, 1 mâle de Crécerelle d'Amérique, 1 Bihoreau gris, 1 Martin-pêcheur d'Amérique, 3 Bruants fauves (nous en aurons 10 dans la journée), 2 Viréos aux yeux rouges, 1 Paruline à gorge noire, 1 Paruline rayée, Paruline à collier  et 1 femelle de Colibri à gorge rubis.

Nous revenons en empruntant le sentier de la falaise où des personnes présentes sur l'île ont observé un petit hibou vers 18h00, la veille. Nos recherches sont vaines, mais nous avons la chance d'entendre les "hurlements" d'un Phoque commun. Pas étonnant que son nom vernaculaire soit "Loup marin". Un très beau moment !

La fin d'après-midi nous réserve nos plus belles surprises alors que nous nous retrouvons sur la pointe ouest de l'île. Aussitôt arrivés tout près de l'eau, vers 16h00, nous repérons un groupe de limicoles. Il doit y avoir environ 50 Bécasseaux sanderlings et 3 Bécasseaux à croupion blanc. Je m'avance lentement vers eux en faisant de nombreux arrêts stratégiques afin qu'ils s'habituent graduellement à ma présence. Je finis par me retrouver assis par terre à environ 5 mètres du premier individu, un Bécasseau à croupion blanc adulte en mue.



Bécasseau à croupion blanc, adulte en mue: des plumes brun-gris remplacent, sur la partie supérieure de l'oiseau, celles usées qui sont noirâtres en leur centre. Quelques minces lignes foncées peuvent être présentes sur la poitrine et les flancs. "Shorebirds: An identification guide. Hayman, Marchant and Prater. Houghton Mifflin Company, 1986". Page 197


Juvénile de Bécasseau sanderling.

Après une quarantaine de minutes à cet endroit, nous décidons de revenir au chalet en passant par la grande pointe de sable. Alors que nous approchons de cette pointe, nous apercevons un petit groupe de limicoles qui la quitte en passant en vol devant nous. J'identifie des Bécasseaux sanderling, mais un des oiseaux est plus gros et je crois reconnaître un Bécasseau à poitrine cendrée. Comme le groupe se dirige à l'endroit que nous venons de quitter, nous décidons d'y retourner. Arrivés sur les lieux, nous avons l'immense bonheur d'observer non pas un, mais bien deux Bécasseaux roussâtres. C'est incroyable de penser qu'ils n'y étaient pas quinze minutes plus tôt. Et le Bécasseau à poitrine cendrée est bien là lui aussi.

Deux juvéniles de Bécasseaux roussâtres se nourrissent ensemble dans le varech.





Juvénile de Bécasseau à poitrine cendrée.

Après toutes ces émotions, nous nous dirigeons vers la pointe de sable, mais des cris de sternes nous font nous retourner et nous apercevons une dizaine de Sternes arctiques qui s'en viennent en vol vers nous. Je sors mon Ipod et je compare ce que j'entends avec les cris de la pierregarin et de l'arctique. Aucun doute possible, c'est bien la Sterne arctique. Ce qui est comique, c'est que je venais de demander à Anne si elle souvenait d'octobre 2010 alors que nous avions été survolés par une vingtaine de Sternes arctiques. En arrivant à la pointe, un autre Bécasseau roussâtre se nourrit dans le varech. Une autre journée tout à fait exceptionnelle.

3 septembre 2012

Aujourd'hui, nous n'avons que l'avant-midi pour espérer ajouter d'autres espèces à notre liste cumulative qui en est à 70 espèces. Nous aimerions bien atteindre les 75. Nous décidons de commencer par la pointe est, car nous avons bien aimé la diversité des espèces hier matin. Avant de quitter le Meredith, nous jetons un oeil sur le Lac salé et nous observons un Grand Héron juvénile en vol. Et de 71. Chemin faisant, par la route des Basques, nous rencontrons une deuxième nouveauté, une coquette et furtive Paruline couronnée toute en couleurs et muette comme une carpe. Par chance qu'un mouvement trahit sa présence. Et de 72.  En arrivant à l'Anse-d'en-bas, Anne me montre un petit rapace perché dans le haut d'une épinette. Nous pensons avoir affaire avec la crécerelle de la veille, mais non, il s'agit bien d'un Faucon émerillon. Et de 73. Peu après, un Épervier brun vient nous survoler en tournoyant et oups! il fonce vers un petit groupe de fringillidés. L'un deux, qui a échappé à la poursuite, se perche et se met à télégraphier les dernières nouvelles à tous: un Bec-croisé bifascié. Et de 74.

Nous nous dirigeons ensuite vers le quai de pierre et nous sommes surpris de trouver un Pipit d'Amérique. Il nous semble un peu tôt dans la saison, mais nous prenons tout ce qui passe devant nos jumelles. Et de 75. En revenant, nous nous assoyons sur le petit banc, sur le trottoir en bois dans la partie ouest de l'étang. Voilà qu'un son familier attire mon attention. Mais il s'agit d'un Cardinal à poitrine rose. Quelques sifflements et l'oiseau juvénile se présente devant nos yeux ravis. Et de 76.

Ce Pipit d'Amérique apporte de la couleur à un décors plutôt terne.

Et, au large, entre l'île et la rive sud, des milliers de Macreuses à front blanc forment des radeaux impressionnants et leur babillage incessant fait office de bruit de fond. 

Un autre beau séjour à l'île magique. Nous avons déjà hâte à la prochaine. À suivre...