lundi 17 décembre 2012

Madagascar et ses vangidés

Lorsque, en 1990, Olivier Langrand fait paraître son livre "Guide to the Birds of Madagascar", la famille des Vangidés consiste en 14 espèces dont seulement l'une d'entre elles étend son aire de distribution en dehors de la Grande Île, soit l'Artamie azurée / Cyanolanius madagascarinus / Blue Vanga, observable également aux Comores. Toutes les autres espèces sont endémiques à Madagascar. Puis voilà qu'une nouvelle espèce est ajoutée en 1997, le Calicalic à épaulettes / Calicalicus rufocarpalis / Red-shouldered Vanga, ce qui porte à 15 le nombre total d'espèces rassemblées sous cette même famille et réparties en 12 genres, comprenant 22 taxons différents.

Suite à des études approfondies, utilisant des séquences de DNA à partir de plusieurs différents gènes, mitochondriales et nucléaires, il apparaît que, à l'intérieur d'une relative courte période de temps (à l'échelle planétaire) après son arrivée à Madagascar, l'ancêtre commun à tous les Vangidés aurait engendré simultanément cinq lignées différentes. Si les scientifiques ne s'entendent toujours pas sur la provenance de cet ancêtre, la plus probable serait le continent africain.

Le groupe 1 contient le Tylas à tête noire / Tylas eduardi / Tylas Vanga;

le groupe 2, le Hypositte malgache / Hypositta corallirostris / Nuthatch Vanga;

le groupe 3, l'Artamie chabert / Leptopterus chabert / Chabert's Vanga;

Des récentes analyses génétiques indiquent que l'ancêtre de l'Artamie chabert / Leptopterus chabert / Chabert's Vanga s'est scindé entre cette espèce et la Newtonie commune /  Newtonia brunneicauda / Common Newtonia, il y a environ 2.3 millions d'années. Le chabert est un Vangidé noir-et-blanc, relativement petit, avec un cercle bleu de peau nue entourant son oeil noir. Les sexes sont similaires, exception pour l'oiseau juvénile qui n'a pas le cercle oculaire bleu. Le bec du chabert est plus généraliste que chez d'autres membres de sa famille. Il attrape les insectes en vol, à la façon des moucherolles, et il occupe tous les types de forêt à Madagascar, incluant celles en regénération et les plantations, quelquefois loin de celle qui l'a vue naître. Photo prise au parc national de Masoala, le 18 octobre 2012.


le groupe 4, les Falculie mantelée / Falculea palliata / Sickle-billed Vanga, Artamie à tête blanche / Artamella viridis / White-headed Vanga, Vanga de Bernier / Oriolia bernieri / Bernier's Vanga, Vanga de Lafresnaye / Xenopirostris xenopirostris / Lafresnaye's Vanga, Vanga de Pollen /  Xenopirostris polleni / Pollen's Vanga et Vanga de Van Dam / Xenopirostris damii / Van Dam's Vanga;


Bien qu'il y ait de grandes différences entre le bec de la Falculie mantelée / Falculea palliata / Sickle-billed Vanga et celui de l'Artamie à tête blanche / Artamella viridis / White-headed Vanga (illustrée ci haut), il y a plusieurs similarités au niveau de la coloration du plumage. Ces espèces se sont apparemment scindées à partir d'un ancêtre commun il y a environ 1.1 millions d'années. Une différenciation similaire au niveau de la forme et de la taille des becs des oiseaux ainsi qu'une similitude du plumage s'observent de la même façon chez deux membres d'une autre lignée soient les Eurycère de Prévost / Euryceros prevostii / Helmet Vanga et Schetbé rouxSchetba rufa / Rufous Vanga. Selon les experts, les becs se seraient adaptés à leur façon de s'alimenter dans un laps de temps relativement court alors que la variation au niveau du plumage a été plus conservatrice et graduelle. Deux races de l'Artamie à tête blanche sont tentativement reconnues, basées sur une faible différence notée dans la taille du bec. Photo prise le 27 septembre au parc national de Mantadia.


La Falculie mantelée / Falculea palliata / Sickle-billed Vanga est probablement le membre le plus distinctif de la famille des Vangidés, avec son bec particulièrement long et fortement recourbé. À 32 cm de long, avec un bec de 7 cm, et pesant 199 grammes, la falculie est le plus gros des Vangidés. Contrairement à l'Artamie à tête blanche, le mâle et la femelle sont semblables chez la falculie. Alors que le noir de la falculie a des reflets bleutés, ils sont verdâtres chez l'artamie.  L'intérieur du bec de la falculie est d'un noir profond, comme s'il avait été peint à l'encre noir. Elle partage d'ailleurs cette caractéristique avec l'Artémie à tête blanche et le Vanga de Van Dam / Xenopirostris damii / Van Dam's Vanga. Photo prise le 25 octobre 2012 au parc national d'Ankarafantsika.

Seul membre du genre Oriolia, le Vanga de Bernier / Oriolia bernieri / Bernier's Vanga possède un bec fort et conique. L'espèce est sexuellement dimorphique: le mâle est entièrement noir luisant, alors que la femelle est brun-roux foncé et finement rayée. Cette photographie montre justement une femelle qui est venue se percher quelques secondes seulement au-dessus de nos têtes. C'est un oiseau très furtif qui accompagne souvent les groupes d'oiseaux qui patrouillent continuellement la forêt (feeding flocks). Avec d'autres Vangidés découlant de la même lignée, soient les Vanga à tête blanche, Falculie mantelée et Vanga de Van Dam, il partage le rôle tenu par les Picidés sous d'autres latitudes. Le Bernier est capable de s'accrocher à presque tous les troncs verticaux à la façon des pics. Il préfère les forêts humides des basses-terres et il est sujet aux mêmes pressions que l'Eurycère de Prévost / Euryceros prevostii / Helmet Vanga qui partage le même habitat. Photo prise le 16 octobre 2012 au parc national de Masoala.


Dix des douze genres constituant la famille des Vangidés ne contiennent qu'une espèce et l'extraordinaire diversité dans la taille des oiseaux, le coloris de leur plumage et la forme de leur bec créent de la confusion chez les taxonomistes. Cependant, le genre xenopirostris élude toute confusion avec ses trois espèces qui sont toutes compactes et qui possèdent un bec épais, compressé latéralement, qu'ils utilisent pour détacher l'écorce des arbres morts. Ce mâle Vanga de Lafresnaye / Xenopirostris xenopirostris / Lafresnaye's Vanga  a été photographié le 08 octobre 2012 dans la forêt épineuse de MOSA, près de Mangily. 


La plupart des 15 espèces de Vangidés sont largement distribuées et elles sont assez communes dans leurs habitats respectifs. Cependant, sept d'entre elles, incluant le Vanga de Pollen /  Xenopirostris polleni / Pollen's Vanga, ont une aire de distribution assez restreinte. Confiné dans les forêts primaires humides situées à l'est de l'île, le Vanga de Pollen est plus commun dans le sud de son aire que dans le nord où il est très rare ou absent d'habitats qui répondraient parfaitement à ses besoins. C'est la partie des basses-terres où se retrouve son habitat qui est le plus à risque d'être dégradée par l'abattage des forêts et la culture sur brûlis. Si la tendance se maintient, cette forêt sera détruite d'ici une vingtaine d'années. Sa population est déjà assez basse et son statut est préoccupant. Photo prise le 03 octobre 2012 dans le parc national de Ranomafana.


Listé comme en danger d'extinction, le Vanga de Van Dam / Xenopirostris damii / Van Dam's Vanga possède le statut le plus précaire chez les Vangidés. Il ne s'observe que dans deux forêts décidues sèches dans le nord-ouest de Madagascar: Ankarafantsika et Analamera. Elles sont assez éloignées l'une de l'autre, mais il y a des habitats pouvant l'abriter entre ces deux sites, mais ils n'ont pas encore été investigués. Bien que les deux sites principaux soient protégés, ils sont progressivement réduits par la collecte d'arbres secs pour en faire du charbon et par les feux de broussailles incontrôlés. Leur avenir est loin d'être assuré. La perte d'habitat est sans doute le plus grand danger auxquels les Vangidés ont à faire face sur la Grande-Île.  Photo prise le 25 octobre 2012 au parc national d'Ankarafantsika.

le groupe 5, les Artamie azurée / Cyanolanius madagascarinus / Blue Vanga, Calicalic malgache / Calicalus madagascariensis / Red-tailed Vanga, Calicalic à épaulettes / Calicalicus rufocarpalis / Red-shouldered Vanga, Vanga écorcheur / Vanga curvirostris / Hook-billed Vanga, Eurycère de Prévost / Euryceros prevostii / Helmet Vanga et Schetbé rouxSchetba rufa / Rufous Vanga.


La diversité dans la famille des Vangidés peut surpasser celle des pinsons de Darwin (Embérézidés) ou celle des souimangas d'Hawaii (Drépanididés) si l'on considère le nombre des genres qui ont découlé d'un même ancêtre ainsi que les différences dans les dimensions corporelles, les formes du bec et la coloration du plumage. Quelques espèces ont comblé les niches occupées normalement par les pics (Picidés), les pie-grièches (Laniidés), les mésanges (Paridés) et les sittelles (Sittidés), familles toutes absentes de Madagascar. Le Vanga écorcheur / Vanga curvirostris / Hook-billed Vanga, comme son nom le suggère, ressemble à une pie-grièche autant dans son alimentation que dans son comportement alors qu'il peut rester de longs moments bien assis sur une branche à attendre le passage d'une proie. Photo prise le 08 octobre 2012 à la forêt épineuse de MOSA, près de Mangily.
La forêt primaire des basses-terres est l'habitat privilégié par le Schetbé rouxSchetba rufa / Rufous Vanga. On le retrouve dans les forêts décidues arides de l'ouest et dans les forêts sempervirentes humides de l'est. Il préfère les forêts ayant encore des gros arbres et une canopée clairsemée, laissant pénétrer la lumière. Il est sexuellement dimorphique: le mâle (illustré ci-haut) a la tête ainsi que la région à partir du menton jusqu'à la poitrine complètement noires, la femelle est noire seulement jusqu'en dessous des yeux; la partie du menton en descendant est blanche. Chez toutes les espèces de Vangidés étudiées, les deux adultes formant le couple contribuent à la fabrication du nid.  Dans le cas du schetbé, le couple est souvent accompagné d'un troisième individu. Approximativement 30% des paires qui nichent peuvent compter sur la présence de un ou de plusieurs juvéniles ou même d'un autre adulte pour les aider. La plupart des Vangidés nidifie lors de l'été austral. Dans le parc national d'Ankarafantsika, les Vangidés commence la nidification à partir de la fin-septembre / mi-octobre, dates qui coïncident avec la fin de la saison sèche, pour la finir au début ou en mi-janvier, au milieu de la saison humide. Photo prise le 25 octobre 2012 au parc national d'Ankarafantsika.  
L'Eurycère de Prévost / Euryceros prevostii / Helmet Vanga se sert de son bec comme d'une paire de pince très résistante pour attraper des gros insectes et des vertébrés comme les batraciens, les geckos et les caméléons. Généralement les Vangidés démembrent les proies trop grosses, celles munies de piquants ou celles affublées d'une carapace trop rigide, avant de les avaler. Le Vanga écorcheur coince les caméléons dans une fourche horizontale et il tire sur la chair de sa victime. L'eurycère, à l'instar d'autres Vangidés, immobilise une grosse proie avec l'une de ses pattes et il se sert de son bec pour la déchirer en morceaux pouvant être ingurgités. L'eurycère se déplace à mi-hauteur dans la forêt et il se perche habituellement entre trois et dix mètres du sol. Il peut alors demeurer sans bouger pendant de longues périodes. On retrouve cette espèce seulement dans les forêt sempervirentes humides à l'est de l'île. On le rencontre principalement entre 400 et 900 mètres d'élévation, quoiqu'il a déjà été observé à 200 mètres et quelquefois à 1800 mètres. Il préfère les forêts primaires situées dans les basses-terres et ces dernières sont grandement menacées par l'agriculture et la coupe de bois faite à l'échelle industrielle. L'incapacité de l'eurycère à s'adapter à un autre habitat met un gros doute sur sa survie à long terme. Photo prise le 16 octobre 2012 au parc national de Masoala. 

Le Calicalic à épaulettes / Calicalicus rufocarpalis / Red-shouldered Vanga a été décrit à partir de deux spécimens récoltés en 1947 près de Toliara (Tuléar), au sud-ouest de Madagascar. Il n'a pas été revu par la suite, mais photographié en 1992, puis observé à nouveau en juillet 1997 alors que neuf mâles ont été localisés dans la même région, sur la route entre La Table et St-Augustin. Cette région couvre environ 30 km² et indique une population potentielle de 30 à 100 paires d'oiseaux. Plus au sud, il est maintenant connu de Hatokaliotsy, Tsimanampetsotsa et d'autres régions sur le plateau de Mahafaly, mais la densité apparaît être très basse. L'habitat préféré du calicalic est détruit au profit du charbon et de l'élevage des chèvres qui broûtent tout. Photo prise le 09 octobre 2012 à La Table, au nord de Tuléar.


L'ordre dans lequel le groupe s'est développé n'est pas clair selon les données moléculaires, mais voici ce que les scientifiques déduisent. Dans le groupe 3, l'Artamie chabert serait devenue espèce distincte il y a approximativement 2.3 millions d'années. Dans le groupe 4, l'ancêtre se serait diversifié dans les Artamie à tête blanche, Vanga de Bernier et Vanga de Van Dam, il y a environ 1.1 millions d'années; la Falculie mantelée s'est différenciée un peu plus tard. Finalement le groupe 5 s'est scindé entre le Schetbé roux et l'Eurycère de Prévost,  il y a environ 800,000 ans.

Selon les connaissances actuelles, les Vangidés ne sont pas migrateurs et ils n'ont jamais été rapportés sur le continent africain. Il a déjà été avancé que l'Artamie azurée disparaissait des forêts décidues à grosses feuilles de la partie ouest de Madagascar durant la saison sèche, mais ceci s'est évidemment avéré faux. En fait, des individus connus localement pour chaque espèce ont été observés toute l'année, en période de nidification ou non. À Ankarafantsika, des couples nicheurs de Schetbé roux ont été bagués et ensuite monitorés. On a découvert que les mâles et les femelles étaient sédentaires tout au long de l'année et qu'ils soutenaient un territoire stable. On a également bagués sept Artamies à tête blanche, cinq mâles et deux femelles, tous nés entre novembre et décembre. Trois mâles et une femelle furent observés sur les mêmes territoires l'année suivante. Quelques Falculies mantelées baguées à Ankarafantsika étaient sédentaires et elles ont niché sur les mêmes sites durant plusieurs années consécutives. Ils étaient clairement résidents, occupant le même habitat toute l'année et ne se déplaçant que rarement sur de longues distances.

     
À Ankarafantsika, il est très facile d'observer la Falculie mantelée. Elle vient presque à notre rencontre lorsque nous quittons le véhicule dans l'aire de stationnement du parc. En malgache, cette espèce porte le nom de Voronjaza, signifiant "l'oiseau enfant" et faisant référence aux cris forts qu'elle laisse entendre, soit des "kwa-kwa" qui ressemblent à ceux de la corneille mais en plus plaintif . Il a fallu peu de temps avant que cette falculie me conduise jusqu'à son nid. Difficile de dire s'il s'agit d'un mâle ou d'une femelle puisque les deux participent activement aux tâches entourant la nidification. Photo prise au parc national Ankarafantsika le 24 octobre 2012.


Dans le but de conserver toutes les espèces de Vangidés, il est essentiel que plus d'études scientifiques soient conduites avec l'objectif de déterminer les exigences d'habitat pour chaque espèce, d'estimer de façon précise la taille des populations, les patrons de dispersion et les pourcentages concernant les succès de reproduction, aussi bien que les causes de mortalité. Une telle information est indispensable si on veut établir une bonne stratégie de conservation. Madagascar possède déjà quelques forêts ou réserves protégées et il est à espérer que la volonté des autorités malgaches restera la même afin de maintenir cette volonté de les garder à l'abri de la pression humaine. Car, tout de suite en dehors des limites de ces parcs, la forêt continue à être détruite au profit de l'agriculture, du commerce du bois, des pâturages ou des cultures sur brûlis. 


Bibliographie

Handbook of the Birds of the World. Lynx Edicions, 2009. Volume 14.

Rare Birds of the World, par Guy Mountfort. Éditions Collins, 1988.

Threatened Birds of the World. Lynx Edicions, 2000.

Birds of the Indian Ocean Islands par Olivier Langrand. Éditions Struik, 1998.



jeudi 13 décembre 2012

Madagascar: l'île frag'île (2)

Du 25 septembre au 27 octobre 2012, en compagnie de Anne, de Gaétan Duquette et de Jean Jacques, je me suis rendu sur l'île de Madagascar. Nous avions déjà planifié cette visite à l'automne 2009, mais un putsch contre le gouvernement en place, lancé le 26 janvier de cette même année et le troisième depuis 1960, a créé un climat d'instabilité politique qui nous a fait renoncer à ce voyage. Sachant que nous aurions beaucoup de déplacement à faire sur la Grande Île, incluant des vols internes par Air Madagascar qui n'est pas reconnu pour la fiabilité de son service, nous avons pensé que s'y rendre dans ces circonstances ne serait pas une bonne idée. Déjà, des émeutes avaient lieu avec ses blessés et ses morts et, comme c'était la capitale Antananarive qui était la plus affectée, beaucoup de vols étaient paralysés. En fin de compte, le président actuel Andry Rajoelina a remplacé le président destitué le 17 mars 2009, Marc Ravalomanana. La stabilité politique en 2012 nous semblait idéal pour nous lancer dans l'aventure.


De gauche à droite:  Laval Roy,  Anne Déry,  Gaétan Duquette et Jean Jacques Gozard. Au parc national de Masoala le 03 octobre 2012. Photo par notre guide malgache Bruno Andriandraotomalaza.


Le but concerté était d'observer le plus grand nombre possible d'espèces d'oiseaux (276 espèces se retrouvent sur la liste totale de l'île) tout en mettant l'accent sur les espèces endémiques (107 espèces) qui représentent 38.8 % de toutes les espèces que nous pouvions y voir. C'est énorme et très attirant, surtout lorsque l'on sait que la faune et la flore de Madagascar sont en sursis. Elles le sont malheureusement pour plusieurs raisons, dont



la déforestation au profit des monocultures ou du pâturage


Au sud de l'île, entre Fort-Dauphin et la réserve de Berenty, nous rencontrons des champs à perte de vue où la culture du sisal est la seule ressource récoltée dans les environs. L'utilisation du sisal est importante dans la vie quotidienne des malgaches. On peut en tirer de la corde, tresser des chapeaux... Photo prise le 12 octobre 2012.


 la disparition des zones marécageuses au profit de la riziculture irriguée


Tous les milieux humides non protégés (et la plupart ne le sont pas) sont irrémédiablement transformés en rizières. Photo prise à Antananarive le 27 septembre 2012. 


l'étalement urbain autour des grandes villes qui empiète toujours davantage sur les milieux naturels


Une joute de foot est organisée sur un grand terrain vague en banlieue d'Antananarive. Photo prise le 27 octobre 2012.


la pauvreté des gens (85% des gens sur l'île vivent avec moins de $ 2.00 par jour) et leur manque de prise de conscience sur la nécessité de protéger la nature


Ce superbe mâle de Ganga masqué / Pterocles personatus / Madagascar Sandgrouse vient tout juste d'être blessé à mort à la suite d'un jet de pierre effectué habilement par un jeune malgache. Ce dernier est fier de sa chasse et il ne pense absolument pas aux répercussions découlant de la mort de l'oiseau. En 30 jours passés en sol malgache, nous n'avons rencontré cette espèce qu'à trois reprises. Cette occasion-là était la première. Nous venions juste d'observer l'oiseau en vol lorsqu'il s'est posé au sol près du chasseur. Comment en vouloir au garçon qui a profité d'une occasion unique de procurer à lui-même et à sa famille quelques protéines de plus cette journée-là. À voir les autres enfants qui accourent, il ne sera pas le seul à profiter de cette manne. Photo prise dans la région nommée "la Marmite", près de Tuléar, le 9 octobre 2012.  


La forêt primaire recule au rythme de 300 000 hectares par an, sous le coup des défrichements qu'opèrent les paysans, poussés par la pauvreté à étendre pâturages et cultures sur brûlis. Cette évolution fait craindre la disparition totale de cette forêt dans les dix ans à venir, une accélération consécutive de l'érosion, un assèchement du climat et, à terme, la désertification de la majeure partie de l'île.


Vue du sol et à faible attitude, la campagne malgache entre Andasibe et Antsirabe peut offrir des paysages d'une grande beauté. Les forêts vertes entourent les champs, les rizières, les cultures en pente et les habitations. Photo prise le 1 octobre 2012.


Dès que nous gagnons en altitude et que nous avons des vues imprenables sur la campagne environnante, il est plus facile alors de voir à quel point la forêt à perdu du terrain sous la pression humaine. Photo prise le 2 octobre en direction de Ranomafana.


Photo prise à partir de l'avion nous menant à Maroantsetra au nord-ouest de la Grande Île. La forêt subsistante suit le fond des canyons ou s'accroche aux versants pentus des collines. Photo prise le 15 octobre 2012.


Une flore particulièrement riche et une faune originale font de Madagascar un véritable laboratoire de l'évolution. Mais la déforestation menace à très court terme ce patrimoine à l'immense potentiel scientifique ainsi que la survie de certaines populations rurales. Aussi les autorités et l'aide internationale s'efforcent-elles de sensibiliser ces populations et les visiteurs à la protection des écosystèmes de l'île.

Lors de notre passage dans le magnifique parc de Ranomafana, le 4 octobre 2012, nous avons lu sur des panneaux extérieurs que des équipes de chercheurs de partout à travers le monde venaient passer plusieurs semaines par année pour étudier la faune et la flore du parc. Les sujets d'étude les plus populaires sont sans contredit les lémuriens, ces animaux fétiches qui symbolisent Madagascar dans l'imagerie populaire.



Et voici des 19 espèces de lémuriens qui ont croisé notre route, celle qui a un côté le plus accrocheur. Cette femelle de  Maki catta / Lemur catta / Ring-tailed Lemur, ainsi que son jeune d'environ trois semaines, ont su gagner nos coeurs dès les premières secondes de notre rencontre. C'est d'ailleurs un toutou à l'éphigie de cette espèce que j'ai offert à ma petite-fille adorée Éloïse, tout en espérant qu'elle aura un jour la chance d'en observer un en vrai dans la nature, non dans un zoo derrière une vitrine ou les barreaux d'une cage. Photo prise à la Réserve de Berenty, le 13 octobre 2012.


Les papillons et les batraciens/reptiles sont aussi très courus alors que les oiseaux attirent plus les ornithologues que les chercheurs scientifiques. Pourtant, comme je le mentionnais dans mon billet du 18 mars 2011, une nouvelle espèce de râle forestier venait d'être reconnue dans la partie ouest de l'île, à la suite d'une étude plus aprofondie des sous-espèces connues de l'espèce nominale.


En date de 2007, 46 régions sont légalement protégées, incluant 18 parcs nationaux et 23 réserves spéciales. Ceci pour une superficie d'environ 1.7 millions d'hectares. Voici les principales régions.



Parcs nationaux (PN), forêts et réserves protégées


         Forêts pluvieuses

1.- PN d'Andasibe-Mantadia
2.- Île Aye-aye
3.- Réserve de Manombo 
4.- PN de Marojejy 
5.- PN de Masoala 
6.- PN de Montagne d'Ambre 
7.- Réserve de Nosy Mangabe
8.- PN de Ranomafana

         Forêts décidues

09.- PN d'Ankarafantsika 
10.- Réserve d'Ankarana 
11.- Région de Daraina
12.- Forêt de Kirindy
13.- Région de Mitsinjo
14.- PN de Tsingy de Bemaraha
15.- PN de Zombitse 

         Forêts xérophiles

16.- PN d'Andohahela
17.- Réserve de Berenty







Serait-ce trop peu trop tard ?  Ce que nous avons senti tous les quatre lors de notre visite, c'est un-peu-pas-mal de défaitisme dans l'esprit d'abord de notre guide Bruno qui donnerait pourtant sa vie pour que la nature soit protégée à jamais sur son île. Il est une personne super positive, mais il y a des situations qui semblent hors d'atteinte même pour un homme de bonne volonté. La dégradation des milieux naturels se rencontre aussi bien dans les eaux qui entourent l'île. Nous discutions un soir à Masoala, Jean Jacques et moi, avec un français qui organise de la plongée dans les barrières de coraux depuis plusieurs années. Tout comme partout ailleurs dans le monde, les coraux souffent beaucoup de la pollution, du changement climatique et de bien d'autres causes reliées à des activités de pêche ou de collectes de spécimens pour divers usages. Il y a beaucoup moins de poissons à cause de la surpêche de gros bateaux-usines et les  poissons prédateurs ont par le fait même vu leur population péricliter. Si on ne s'en tenait qu'à la pêche artisanale des milliers de pêcheurs malgaches le long des côtes, la pression exercée serait beaucoup plus facilitante pour assurer la pérennité de la ressource.

Oui, je sais, je n'ai pas tellement parlé des oiseaux de Madagascar dans mes deux derniers billets. Je fais mon mea culpa , mais je voulais tellement insister sur l'URGENCE de vous rendre sur l'île avant qu'il ne subsiste que des miettes. J'espère me tromper, mais si je le fais, je ne serai sûrement pas le seul, car plusieurs recommandations lues dans divers rapports vont en ce sens. Et après ce que j'ai vécu personnellement, je ne peux que confirmer la situation précaire dans laquelle se trouve présentement Madagascar, l'île frag'île.


... à suivre...

Si vous voulez voir un rapport complet de mon voyage à Madagascar, cliquez sur ce lien


Sur mon blog, je compte aller plus à fond avec certaines espèces ou certains sujets. Je vous entretiendrai des oiseaux dans mon prochain, c'est promis.

...à suivre donc...





lundi 10 décembre 2012

Madagascar: l'île frag'île (1)

Rien qu’à entendre ou à lire le nom de Madagascar et voilà que mon imagination s’emballe, mes neurones s’entrechoquent et ils font jaillir un feu d’artifice d’images dépeignant des formes de vie tout à fait uniques au monde : lémuriens de diverses dimensions, caméléons aux formes surprenantes et aux couleurs kaléidoscopiques, baobabs ventrus et immenses poussant dans un habitat tellement aride qu’on ne s’attendrait pas à y retrouver de tels géants. On dirait que cet arbre a été planté tête première par un dieu distrait (ou particulièrement facétieux) et que les branches aériennes seraient en fait des racines tournées vers le ciel.


Baobabs au parc Mosa, près de Mangily, dans la région de Tuléar.  08 octobre 2012.


Originellement coincée entre l’Afrique et l’Inde,  Madagascar s’est trouvée isolée lorsque le mouvement des plaques tectoniques s’est enclenché il y a plus d’une centaine de millions d’années. Portées par le magma en fusion présent sous la croûte terrestre, ces plaques se sont mises à littéralement « surfer »  à la surface de la planète bleue et le super continent Gondwana s’est fractionné, donnant graduellement naissance aux continents tels que nous les connaissons aujourd’hui. 

Selon les estimations scientifiques reconnues, l’Île de Madagascar aurait commencé à dériver il y a de cela 121 millions d’années. Ce long isolement a contribué à engendrer des formes de vies tout à fait uniques. En permettant d’abord à des espèces de survivre alors qu’elles ont disparu partout ailleurs et aussi en voyant des espèces communes avec d’autres continents acquérir des singularités qui en ont fait des espèces nouvelles. Nous connaissons tous le rôle des îles dans la formation d’espèces endémiques. L’isolement de certaines espèces animales ou végétales, contraintes à s’acclimater à des habitats ou à des conditions de vie différents de ce qu'ils avaient connus jusque là, les a rendues sujettes à acquérir une originalité tellement grande qu’elles sont devenues des espèces distinctes et à part entière.

Comme elle était flanquée jadis de l’Afrique et de l’Inde,  je me serais attendu à retrouver à Madagascar des animaux présents aujourd’hui sur ces deux continents : des cervidés, des pachydermes, des singes, des gros félins… Rien de cela sur Madagascar. Le mammifère carnivore malgache se rapprochant le plus d'un félidé, par l'apparence tout au moins, est le Fossa / Cryptoprocta ferox /  Fosa. Il appartient à la famille des Eupléridés, endémique à Madagascar. Essentiellement forestier, ses griffes semi-rétractiles lui permettent de grimper et de descendre des arbres la tête en avant, et l'animal peut aussi sauter d'arbre en arbre. Actif de jour comme de nuit, il se nourrit principalement de lémurs, de tenrecs, de rongeurs, de lézards et d’oiseaux.

Aucun cervidé non plus, aucune proie de grande dimension qui pourrait assurer la survie de gros prédateurs félins comme c'est le cas dans les savanes du continent africain. Et pourtant, il en existe des savanes sur l'île, très semblables à celles du continent. Elles couvrent de grandes étendues dans la partie ouest de l'île et sur les Hautes Terres situées au centre du pays, à partir de Antananarive au nord jusqu'à Isalo à l'ouest et à Ihosy à l'est. Les massifs forestiers sont rares, l'immensité des savanes rappelant des steppes interminables. Ayant déjà exploré les savanes du Kénya et de la Tanzanie, je m'attendais à tout moment à voir surgir un buffle ou un rhinocéros de derrière un tas d'arbustes secs et épineux. Madagascar rappelle l'Afrique à plus d'un aspect, mais elle est beaucoup plus reposante au niveau de la dangerosité. 




En route vers Katsepy, dans la partie nord-ouest de Madagascar, on se croirait dans la savane africaine avec des arbustes faisant penser à des acacias. Mais ici, aucun gros mammifères ou pachydermes. Photo prise le 21 octobre 2012. 


Les primates malgaches, bien différents de ceux d’Afrique et de l’Inde, sont les lémuriens. Bien que les lémuriens soient souvent confondus avec les premiers primates, les primates anthropoïdes (singes, grands singes et humains),  ils se contentent de partager avec les anthropoïdes des caractères morphologiques et comportementaux trouvés chez les primates primitifs. Mais d'où proviennent-ils ? Selon des recherches scientifiques, les lémuriens seraient originaires du continent africain, d'où ils seraient arrivés il y a de cela autour de 62 à 65 millions d'année en traversant l'océan Indien sur des tapis de végétation, à une époque où les courants océaniques étaient favorables à la dispersion vers cette île. Les premiers humains arrivés sur l'île, il y a de cela près de 2 000 ans, ont côtoyé des lémuriens de la taille d'un gorille mâle, mais ces animaux ne survécurent pas très longtemps. Aujourd'hui, il y a près de 100 espèces de lémuriens et la plupart de ces espèces ont été promues au rang d'espèce à part entière seulement dans les années 1990.


Le Hapalémur doré / Hapalemur aureus / Golden Bamboo Lemur est le plus rare des lémuridés que j'ai eu l'occasion de rencontrer à Madagascar. Découvert en 1985 dans le parc national de Ranomafana (où cette photo a d'ailleurs été prise le 4 octobre 2012), il n'a été décrit que deux ans plus tard. Selon les chercheurs, moins de 2 000 individus se partagent une aire de distribution de 2 500 km² partant de Ranomafana au nord et suivant un étroit corridor de forêt vers le sud jusqu'aux versants nord-est du massif d'Andringitra. Et vous savez quoi ?  Cette espèce endémique se nourrit à 90% des feuilles et bourgeons d'une espèce de bambou tout aussi endémique, soit le Madagascar Giant Bamboo / Cathariostachys madagascariensis.
Voici le fameux Indri ou Babakoto / Indri indri / Indri, le plus gros des lémurs de Madagascar. Il est aussi le plus diurne des lémuriens malgaches, ne se déplaçant la nuit que lors de conditions météorologiques adverses ou lorsque dérangé par un prédateur (comme le Fossa). La densité de sa population est très basse, environ cinq adultes par km² dans la région du parc national d'Andasibe-Mantadia. Il vit en petits groupes familiaux de trois à six animaux. Les couples ne se défont qu'à la mort d'un des deux partenaires. Le chant qui a fait sa renommée peut s'entendre jusqu'à deux kilomètres à la ronde. Il débute par un hurlement émis par tous les membres du groupe pendant quelques secondes. Ensuite, ce sont de longues plaintes variant en tonalité et en volume qui peuvent durer de 45 secondes à trois minutes. Deux adultes de sexe différent peuvent même synchroniser leur chant et former un duo. Entendues de loin, certaines bribes de ce concert nous ont fait penser au chant d'une baleine. Le but premier de ces sons serait la proclamation de leur territoire, mais ils peuvent également servir à maintenir la cohésion dans le groupe. L'aire de distribution de l'Indri coïncide avec celle de la tribu Betsimisaraka qui lui a donné le nom de Babakoto qui signifie littéralement "ancêtre de l'homme" ou "père de l'homme".

Le Lépilémur de Milne-Edwards / Lepilemur edwardsi / Milne-Edwards Sportive Lemur est l'une des 23 espèces de lépilémurs répertoriées à Madagascar. De ce total, 15 espèces ont été décrites récemment. Les chercheurs croient que chaque forêt le moindrement vaste et saine devrait virtuellement abriter une espèce de ces petits lémuriens.  En fait, chaque espèce occupe une aire distincte dont les frontières semblent, en grande partie, être délimitées par les grands cours d'eau. Des études plus approfondies pourraient même mener à la découverte de nouvelles espèces. Le lépilémur est strictement nocturne et il se nourrit de feuilles, de fruits, de graines et de fleurs. Durant le jour, il peut être aperçu bien callé au creux de la grosse fourche principale d'un feuillu. Comme cette mère étreignant son petit dans la forêt d'Ankarafantsika, le 26 octobre 2012.

Voilà un visage connu, car on le voit régulièrement dans les reportages télévisés.  Le Propithèque de Verreaux / Propithecus verreauxi / Verreaux's Sifaka est ce lémurien que l'on voit accroché à des plantes très épineuses, les didieréacées, ou sautant d'une tige à l'autre sans prendre garde aux arêtes acérées. Il semble vraiment immunisé contre toute douleur occasionnée par des piqûres. Très étrange ! Et tout aussi étrange est sa façon de se déplacer lorsqu'il est au sol. Il le fait de côté, par bonds saccadés et continus, en tenant ses bras horizontalement au niveau des épaules comme pour garder son équilibre. Il peut le faire sur une dizaine de mètres quand la distance entre les arbres le nécessite.
Réserve de Berenty le 12 octobre 2012.

Et voici le Propithèque de Verreaux dans une pose caractéristique alors qu'il est agrippé par les pattes de derrière et qu'il se laisse pendre tête première pour atteindre des feuilles ou des fleurs. Réserve de Berenty le 13 octobre 2012.


En voici un autre dont la renommée n'est plus à faire: le Maki catta / Lemur catta / Ring-tailed Lemur. Cette espèce est emblématique de Madagascar pour bien des gens. On le retrouve dans la partie sud et sud-ouest de l'île, dans des habitats très variés: forêts épineuses, forêts arbustives sèches, forêts décidues ou forêts-galeries. J'ai photographié cette femelle transportant son petit âgé d'environ trois semaines dans le parc de Berenty le 12 octobre 2012.


Le Lémur fauve / Eulemur fulvous / Common Brown Lemur se nourrit de feuilles, de bourgeons, de fleurs et de fruits. Dans le nord-ouest de l'île, dans la région de Ankarafantsika, il mange des grosses cigales lorsque ces dernières émergent du sol pour se reproduire. Dans l'est, on peut l'observer ingurgiter de fleurs d'eucalyptus ou d'aiguilles de pin, comme c'est le cas sur cette photo prise dans le parc national de Mantadia, près de Andasibe, le 27 septembre 2012.




Cependant, de nombreuses espèces de lémuriens sont menacées d'extinction en raison de la perte de leur habitat et de la chasse. Même si les traditions locales aident généralement à protéger les lémuriens et leurs forêts, l'abattage illégal, la pauvreté généralisée et l'instabilité politique empêchent et sapent les efforts de conservation.

..... à suivre....

Si vous voulez voir un rapport complet de mon voyage à Madagascar, cliquez sur ce lien

http://www.ornithoplanete.net/madagascar2012/madagascar2012-index.htm


Sur mon blog, je compte aller plus à fond avec certaines espèces ou certains sujets.

..... à suivre donc....



Bibliographie

Mammals of Madagascar, a complete guide  par Nick Garbutt, 2007. Editeurs: A&C Black Publishers Ltd in UK et Yale University Press in US.  ISBN 978-0-300-12550-4

Madagascar   par Office National du Tourisme de Madagascar, oct. 2007. Éditeurs: Gallimar Loisir. ISBN 978-2-74-242146-6

Wikipedia






lundi 19 novembre 2012

Voir 9,000 espèces d'oiseaux et accrocher ses jumelles ???

C'est pourtant ce qu'entend faire le roi actuel des ornithologues internationaux, Tom Gullick, un ancien officier de la marine britannique. À l'âge vénérable de 81 ans, il a été le premier à atteindre et même à dépasser le cap tout à fait exceptionnel de 9,000 espèces différentes d'oiseau. Il en est maintenant à 9,047 alors que son plus proche compétiteur, Jon Hornbuckle, un autre Britannique faut-il ajouter, est à 8,957. Les Britanniques sont reconnus pour être des "cocheurs" incomparables. Les quatre premiers de la liste mondiale sont tous des Britanniques, suivis d'un Suédois, d'un Étasunien, d'un Canadien et de trois autres Étasuniens pour compléter le top 10. Une anecdote en passant. Je me trouve, le 20 octobre dernier,  au petit aéroport de Maroantsetra, situé dans la partie nord ouest de Madagascar, lorsqu'un ornithologue Britannique m'accoste après m'avoir vu scruter le ciel avec mes jumelles. Billet d'avion pour Antananarivo en poche, je passe le temps en épiant tout ce qui bouge à l'extérieur.  Il nous manque deux espèces qui pourraient facilement passer en vol dans ce secteur de l'île. Ce Britannique en est à son deuxième voyage à Madagascar et il recherche deux espèces qui nous ont également échappé jusqu'alors. Il est sur son retour et il les a encore manqués. Il en est à 7,405 espèces et son nom est Andrew Goodwin. Je lui demande d'autographier mon guide de terrain. Oui, ils sont vraiment passionnés ces Britanniques. Et OUI, finalement, nous avons vu les deux espèces qui lui manquent encore: le Râle d'Olivier / Amaurornis olivieri / Sakalava Rail et le Faucon à ventre rayé / Falco zoniventris / Banded Kestrel. Fin de l'aparté.


C'est le 19 août 2012, sur l'île indonésienne de Yamdena, que Tom a réussi l'exploit tant attendu. Et l'oiseau qui passera à l'histoire en est tout un, d'une beauté que l'on souhaite pour chaque étape importante de notre liste personnelle, il s'agit du Ptilope de Wallace / Ptilinopus wallacii / Wallace's Fruit-Dove.

Cette trouvaille couronne une quête de plus de quarante ans dans le but de voir le plus possible d'espèces différentes d'oiseaux à travers le monde. Le tout commença lorsque, en 1971 et à l'âge de 40 ans, il quitta sa Grande Bretagne natale pour se rendre vivre en Espagne où il commença son métier de guide ornithologue.

Il lui reste encore environ 1,100 espèces possibles à voir, selon la liste de James Clements, mais à partir de sa maison d'Infantes en Espagne, il a confié qu'il n'a pas l'intention de viser le cap des 10,000 espèces.

"Assez, c'est assez" dit-il en riant. Mais il se sent très fier d'avoir été le premier à atteindre les 9,000 espèces, un but ambitieux qu'il s'était donné et qui le faisait redoubler d'ardeur depuis des années. Dans la poursuite de son but, Tom a eu la chance de croiser des oiseaux qui font toujours fantasmer les ornithologues du monde entier. Et il mentionne:

 l'Aigle ibérique / Aquila adalberti / Spanish Imperial Eagle , l'un des rapaces les plus rares et les plus en danger au monde et qu'il peut observer près de sa maison en Espagne;

le Colibri d'Helen / Mellisuga helenae / Bee Hummingbird, le plus petit oiseau du monde, pas plus gros que le pouce et qui se retrouve à Cuba;

le Paradisier bleu / Paradisaea rudolphi / Blue Bird-of-Paradise de Nouvelle Guinée, souvent reconnu comme étant le plus beau des oiseaux et qui fait une parade nuptiale tout à fait spectaculaire;

le  Ara hyacinthe / Anodorhynchus hyacinthinus / Hyacinth Macaw au Brésil, le plus gros et le plus étourdissant des perroquets volants et, finalement,

la Brève de Gurney / Pitta gurneyi / Gurney's Pitta de Thaïlande qui est non seulement le plus coloré des oiseaux, mais aussi l'un des plus rares.

En fait, Tom a même participé à la redécouverte d'une espèce d'oiseau que l'on croyait éteinte soit le Néospize de Sao Tome / Neospiza concolor / Sao Tome Grosbeak, un passereau rouge observé à Sao Tome/Principe, dans le golfe de Guinée au large des côtes africaines.

Son accomplissement résulte de son obsession, dès l'âge de 8 ans, pour tout ce qui touche les oiseaux. Ce qu'il révèle ensuite peut nous laisser un peu perplexe aujourd'hui. "J'ai commencé en collectionnant des oeufs d'oiseaux, comme tous le faisaient à ce moment-là. Je me revois très bien grimpant dans un vieux pommier pour aller extirper un oeuf d'un nid de Gros-bec casse-noyaux / Coccothraustes coccothraustes / Hawfinch ou me balançant au bout d'une corde pour cueillir un oeuf d'un Grand Corbeau / Corvus corax / Raven".

En dépassant le cap des 9,000 espèces, Tom Gullick rejoint la notoriété d'une autre grande ornithologue, une Américaine cette fois-ci, Phoebe Snetsinger, qui atteignit la première le cap des 8,000 espèces. Malheureusement, elle a connu une fin tragique lorsque le véhicule qu'elle occupait avec d'autres ornithologues quitta la route pour tomber dans un ravin. Ça se passait en 1999, à Madagascar. Elle venait d'atteindre les 8,400 avec l'observation d'un Calicalic à épaulettes / Calicalicus rufocarpalis / Red-shouldered Vanga.

J'ai eu la chance d'observer cette espèce et de réussir une photo qui ne permet toutefois pas de montrer la couleur de l'épaule, mais, par contre, très bien l'oeil clair de l'oiseau. Comme je connaissais l'histoire de Phoebe, ça m'a fait un petit quelque chose en cochant cet oiseau. Phoebe a commencé sa quête vers la mi-quarantaine alors qu'on lui a diagnostiqué un cancer fatal. Comme elle s'était déjà engagée dans un voyage, elle a décidé de le faire. Des soins ultérieurs lui ont permis une rémission complète de la maladie. N'eût été de l'accident routier, elle porterait sans doute aujourd'hui la couronne.

Ce mâle de Calicalic à épaulettes finit par se montrer un peu à découvert après de longues minutes de patience. La scène se passe le 09 octobre 2012, dans la partie sud ouest de Madagascar, près de La Table et d'Ifaty. C'est un endroit très aride avec une forêt basse et constituée d'arbustes sans feuille et souvent munis d'épines. 

Tom Gullick connaissait très bien Phoebe Snetsinger, car il lui avait servi de guide en Espagne et au Maroc. "Elle m'a souvent confié que ce ne serait qu'une question de temps avant que son record ne soit atteint et battu. Je lui ai alors demandé qui, selon elle, pourrait la surpasser et elle m'a dit qu'elle était certaine que ce serait un Britannique". De toute évidence, Mme Snetsinger ne connaissait pas que les oiseaux !!!





Bravo à M Tom Gullick pour sa grande passion et surtout pour sa ténacité hors du commun. Ça prend une détermination incroyable pour réaliser une telle quête.



mardi 25 septembre 2012

Mes coups de coeur été 2012

Alors que je suis à 3 heures 45 minutes de mon départ vers Paris, puis Madagascar, je peux difficilement partir sans partager mes coups de l'été qui se termine. Faute de temps, ce sera court. Même si j'aime tous
les oiseaux, quelques uns ressortent du lot par leur rareté ou par l'habitat où ils ont été observés. Ceci fait, je pourrai vous entretenir de mes trouvailles sur l'île mythique de Madagascar dès mon retour.


La Paruline du Canada / Canada Warbler n'est pas spécialement rare. Même que les travaux de l'Atlas ont permis de constater qu'elle s'observe un peu partout au Québec. Cependant, elle est pour moi l'une des plus belles parulines Québécoises avec ses lunettes et son collier de perles noires.

Le Bruant fauve / Fox Sparrow possède un chant mélodieux et puissant. Sa ritournelle enjouée surprend toujours agréablement lorsqu'on l'entend en forêt
Le Chevalier solitaire / Solitary Sandpiper n'est de passage sous nos latitudes que lors des migrations printanière et automnale. Il faut se rendre plus au nord du Québec si on veut espérer l'observer sur son terrain de nidification. C'est toujours un beau cadeau d'arriver face à face avec ce bel oiseau.




La Paruline à gorge grise / Connecticut Warbler niche seulement dans le nord du Québec et pour cette raison elle figure sur le tableau d'honneur. Comme c'est une espèce des plus furtives à photographier, je suis bien content d'avoir pu réaliser cette photo à travers le feuillage.
La Paruline verdâtre / Orange-crowned Warbler est une autre espèce prisée par les ornithologues Québécois. Et c'est quelque chose de la trouver sur son terrain de nidification alors qu'elle est en voix et qu'elle est occupée à nourrir sa nichée.




Qui dit Abitibi dit Grue du Canada / Sandhill Crane. Pourtant, j'ai rencontré des agents de conservation de la faune près de La Sarre qui m'ont dit que les grues n'étaient pas si nombreuses que ça  il y a quelques décennies. Un groupe de 9 individus nous attendait dans un champ près de Authier Nord.


Un autre véritable coup de coeur alors qu'on ne l'espérait plus, François et moi. Une belle femelle de Tétras à queue fine / Sharp-tailed Grouse, une autre spécialité abitibienne.


Et voici mon dernier ajout à ma liste québécoise. Une Aigrette garzette / Little Egret qui s'est égarée jusqu'aux rapides de Lachine à Montréal. Elle est à gauche d'une Grande Aigrette / Great Egret, une espèce qui niche à seulement quelques envolées de cet endroit. Ma 355ième espèce au Québec.





À bientôt donc !!!

mardi 11 septembre 2012

Les poules boréales (partie 2)

Le Tétras du Canada

Ma première rencontre avec le Tétras du Canada remonte au 4 juin 1994. Je me trouve au Lac Gonzague, dans le Parc des Laurentides, près du kilomètre 172. Ça fait déjà quelques décennies que je rêve d'en observer enfin un de près. Oui, de près, car, aussi paradoxal que ça puisse paraître, cet oiseau gibier par excellence auprès des chasseurs est également l'animal vivant en forêt boréale qui est le moins farouche à l'approche de l'homme. Bien avant ma rencontre historique avec cet oiseau, des chasseurs m'avaient déjà raconté qu'il était possible de tuer un tétras avec un simple bâton, tellement il était confiant. J'étais plutôt sceptique et je me demandais s'il s'agissait de ragots ou de faits véridiques. Je me suis alors fait confirmer ces dires par un ami fiable qui était à la fois biologiste et chasseur. Loin de moi l'idée de vouloir en tuer un, mais je salivais déjà à l'idée que je pouvais modestement espérer en voir un de très très près. Mais le hic dans toute cette histoire, c'est qu'il est pratiquement absent de la vallée du Saint-Laurent et que c'est un oiseau de grandes étendues forestières. De plus, les habitats qu'il fréquente varient selon les saisons.

Au Québec, il se rencontre principalement dans les forêts de conifères (dominées par l'Épinette noire et le Sapin baumier) et dans les tourbières. Il aime les sous-bois arbustifs denses qui recouvrent une bonne partie du sol. Cependant, au printemps, à l'époque de la parade, il préfère un habitat moins dense afin de pouvoir accomplir les rituels liés à la formation des couples. Ensuite, il opte pour un habitat plus dense où la femelle peut nicher et élever sa couvée en toute sécurité et où le mâle est protégé des prédateurs lors de la mue. En été, on peut également apercevoir le tétras près des lisières de brûlés et dans des milieux ouverts, comme les clairières et les bleuetières où il s'alimente de fruits, de champignons, d'insectes et de plantes vertes. En hiver, il fréquente principalement les peuplements composés de Sapins baumiers, d'Épinettes noires, d'Épinettes rouges et de Pins gris, se nourrissant de bourgeons terminaux et d'aiguilles. Au Québec, l'Épinette blanche et le Mélèze laricin semblent être des essences importantes pour l'alimentation du tétras.

Lors de mes trois dernières expériences vécues en forêt boréale, dans le cadre de l'Atlas des oiseaux nicheurs du Québec, j'ai pu parfaire mon étude du comportement de la femelle Tétras du Canada lorsque seule et lorsque accompagnée par des poussins. Nos travaux de recherches s'étendent, grosso modo,  entre le 1er juin et le 15 juillet. Cette période de 6 semaines nous permet de vivre d'abord la difficulté, puis ensuite la  facilité de repérage des tétras (et également des perdrix). Au cours des trois premières semaines de juin, les rencontres sont beaucoup moins fréquentes et les chances de tomber sur un mâle sont renforcés par le fait que les poules sont sur les nids, en train de couver. Il en est tout autrement lorsque les poussins sont présents et accompagnent leur mère.

Ce mâle Tétras du Canada s'immobilise à quelques mètres de moi, se pensant bien camouflé parmi la végétation. Quelques secondes auparavant, il picorait sur le bord du chemin forestier. Au début juin, il est plus fréquent de rencontrer des mâles, car les femelles sont assises sur les nids.

Alors que la femelle perdrix peut devenir agressive à mesure que la tension envers un possible prédateur augmente, la femelle tétras semble toujours garder son sang froid. Si elle est seule, elle continue à marcher lentement le long du chemin en avalant des petits cailloux, des végétaux ou des insectes. J'ai quelquefois accompagné ainsi des femelles sur une bonne distance.

Lorsqu'elle est accompagnée de poussins, elle attend au dernier moment pour s'envoler et aller se percher dans un conifère tout près, entre 2 à 3 mètres du sol, et elle reste immobile. C'est alors assez facile de prendre une photo potable. Si les poussins peuvent voler sur une courte distance, ils se perchent eux aussi à proximité en évitant tout mouvement qui pourrait les trahir. S'ils ne peuvent voler, ils se dispersent en courant sous la végétation. La femelle émet alors des notes gutturales répétées.

J'ai repéré cette femelle de Tétras du Canada simplement en entendant des notes gutturales tout près. Je me doutais bien qu'il s'agissait d'un tétras, mais je n'étais pas certain si c'était un Tétras du Canada ou un Tétras à queue fine. Je me suis approché de la source des sons et cette femelle s'est envolée pour se percher à environ 3 mètres du sol. Elle a continué à glousser, ce qui indiquait qu'elle communiquait avec des oisillons.

Et voici le trésor qui se cachait pas très loin. Un superbe oisillon d'au moins 10 jours puisqu'il pouvait se servir de ses ailes pour s'envoler et aller se percher à l'abri dans un conifère.

Si vous voulez surprendre une famille de tétras (ou de perdrix), circulez lentement dans les chemins forestiers tôt le matin ou en fin de journée à partir de la mi-juin. Ce sont les moments de la journée où les adultes amènent les jeunes plus à découvert pour se nourrir. Il est cependant tout aussi possible d'en rencontrer à toute heure de la journée si on passe beaucoup de temps sur le terrain.  

Le Tétras à queue fine

Le Tétras à queue fine (anciennement connue sous le nom de Gélinotte à queue fine) est le seul de nos tétraoninés à constituer des "arènes" (ou leks) lors de l'accouplement. Les mâles se regroupent sur des terrains dégagés, utilisés dans certains cas depuis des générations, où ils exécutent des danses destinées à gagner la faveur des femelles. Les concurrents, en nombre très variable, mais en moyenne une dizaine, occupent des sites individuels de quelques mètres de diamètre dans un endroit dégarni de végétation. Leurs gloussements et leurs caquètements s'entendent de loin, surtout à la fin d'avril ou au début de mai, mais parfois aussi à l'automne, à l'aube et au crépuscule (Edminster, 1954; Johnsgard, 1973). Cet oiseau est considéré encore aujourd'hui comme un nicheur résident rare dans le nord du Québec méridional, comme le signalait Normand David en 1980.

Je connais peu ce tétras que je n'ai rencontré qu'à seulement deux reprises. La première rencontre s'effectue le 27 juin 2011. Je suis accompagné par François Gagnon et nous sommes en transit entre deux parcelles prioritaires au nord du Réservoir Gouin. Voici les notes prises à ce moment dans mon carnet de terrain:

1 Tétras à queue fine décolle à partir du bord du chemin lorsque je circule sur un chemin forestier très large dans la parcelle 18WV07. Je le reconnais à sa queue pâle et pointue. J'avertis François qui n'a pas eu le temps de le voir et nous décidons d'essayer de retrouver l'oiseau. Nous revenons sur nos pas à bord du véhicule. Alors que François se dirige dans le boisé en bordure de route, je reste sur le bord du chemin et, moins d'une minute plus tard, je vois s'envoler 5 oiseaux. Vol groupé semblable à celui de la Perdrix grise où alternent battements d'ailes et glissades. Bruit sourd des ailes lors du décollage et cris de contact émis par les oiseaux, tel qu'enregistré sur mon Ipod (Sibley). Cette espèce est méga rare dans le secteur où nous nous trouvons.
Impossible de prendre une photo à ce moment-là, mais nous nous reprenons le 5 juillet 2012. Nous nous trouvons dans la parcelle 18UA03, située près de Matagami. Il est environ 18h30 et, avant de regagner la tente pour la nuit, nous décidons d'aller faire un tour de reconnaissance dans les chemins forestiers que j'aurai à couvrir le lendemain. Question de voir si ces chemins sont carrossables. Au détour de la route, nous apercevons un gros oiseau qui se tient sur le côté de la route. À voir son long cou, je pense et dit "perdrix", mais François aperçoit la queue et crie aussitôt "Tétras à queue fine". Là c'est l'excitation générale.

Au premier coup d'oeil, le long cou et la crête sur la tête, me font penser à la perdrix, mais François, en observant la queue pointue, fait entendre un tonitruant "Tétras à queue fine" .

Pendant que je cherche ma caméra sur le siège arrière du véhicule, François s'avance vers l'oiseau. Je lui demande de m'attendre un peu, car j'ai peur que l'oiseau s'envole avant que je n'aie eu le temps de le pixelliser. Mais non, l'oiseau ne s'envole pas et il se montre même très agressif. À un moment donné, il s'avance vers François les ailes ouvertes afin de l'effrayer.


Du moins, c'est ce que je crois. Mais ce qui suit démontre qu'il ne veut pas effrayer François, mais il veut plutôt faire s'envoler des poussins que ni François ni moi-même avons encore aperçu tellement notre attention est portée uniquement sur l'adulte qui nous fait face. Nous savons maintenant que nous avons affaire à une femelle et à sa nichée. L'excitation devient encore plus grande. À un moment donné, la femelle part en courant, le corps tendu vers l'avant, les ailes étirées et tenues à l'horizontal, un peu comme un mâle en train de faire sa parade au printemps. Elle se dirige vers nous...

  
et elle fait s'envoler 2 poussins cachés par la végétation et que nous n'avons pas encore vus.



Et elle n'arrête pas ce manège tant que les 9 poussins présents (du moins ce que je peux compter dans tout ce brouhaha) ne sont pas tous partis se cacher à l'abri dans la végétation. Une fois la nichée en sécurité, la femelle s'envole pas très loin dans un feuillu et voilà la seule photo que je peux en faire avant qu'elle ne s'éloigne encore un peu plus.



Et voilà ce que mes rencontres m'ont permis d'apprendre sur le comportement des poules des trois espèces de tétraoninés présentes au Québec. La moins agressive est, sans trop de surprise, celle du Tétras du Canada. En deuxième position, la femelle du Tétras à queue fine semble plus préoccuper à faire s'enfuir sa marmaille qu'à vouloir affronter physiquement le prédateur potentiel. Par contre, la femelle de la Gélinotte huppée est prête à mettre sa vie en péril pour défendre sa nichée.

J'aurais aimé expérimenter plus de rencontres avec le Tétras à queue fine, car une seule occasion peut ne pas refléter le comportement habituel. Si quelqu'un d'entre vous qui lisez ce billet a vécu une expérience différente avec ce tétras, j'aimerais bien en entendre parler.