jeudi 8 décembre 2011

Aux antipodes et parmi les puffins.




Nous nous trouvons présentement à quelques milliers de kilomètres à l'est de la région la plus aux antipodes avec le Québec. Malgré ce qui nous a été raconté moultes fois depuis notre tendre enfance, non, ce n'est pas en Chine que nous aboutirions si nous creusions un trou en droite ligne, directement sous nos pieds, et qui traverserait le globe de part en part. Non, ce serait plutôt en Australie, plus précisément à l'extrémité ouest de cette immense île continent.








L'action se déroule en fait en Tasmanie, une île située à 300 kilomètres au large de Melbourne et qui appartient à l'Australie. L'État de Tasmanie comprend l'île de Tasmanie et mille autres petites îles. L'île s'étend sur 364 kilomètres du nord au sud et 306 kilomètres d'ouest en est. Plus du tiers du territoire de la Tasmanie est classé en réserves naturelles, parcs nationaux et sites du patrimoine mondial de l'UNESCO.

Aujourd'hui, le 6 novembre 2011, nous nous trouvons près de Port Arthur, situé au sud est de l'île, à une heure trente de route de Hobart, pour une balade en mer. Nous sommes une dizaine de québécois bien motivés qui partons pour vivre une expérience unique, dans un endroit qui l'est tout autant. Cependant, cette sortie ne s'adresse pas seulement aux ornithologues et notre groupe constitue environ le tiers du nombre de passagers. L'activité proposée n'est pas très longue, environ trois heures, et il n'est pas prévu de nous rendre bien loin au large. Alors qu'habituellement nous devons nous éloigner d'une trentaine de kilomètres des côtes, ici, c'est différent puisque la limite du plateau continental se trouve à quelques kilomètres seulement de la rive. On sait que c'est à cet endroit que se concentre le plancton, donc les poissons qui s'en nourrissent et les oiseaux qui se nourrissent des deux. Le fait de partager le bateau avec des non ornithologues refroidit un peu nos espoirs de "courir" après les oiseaux, mais nous nous fions à nos guides, Sam et Susan,  qui nous disent que le capitaine s'organise habituellement pour approcher l'embarcation des oiseaux marins quand nous en apercevons.





Il est 13h00 et nous arrivons en avance à notre rendez-vous. Nous attrapons quelque chose à manger au petit restaurant dépanneur à côté, puis nous nous régalons tout en attendant que les participants à la sortie en mer précédente reviennent avant de commencer la nôtre. Avec quelques minutes de retard, un gros autobus arrive, les touristes en débarquent et nous prenons leur place. Une balade de cinq minutes nous amène au quai où nous embarquons tous. Le bateau est confortable, la vision est bonne peu importe où nous sommes assis et les paysages sont spectaculaires.




Nous commençons l'excursion en longeant les côtes. D'immenses falaises rocheuses nous dévoilent des formations géologiques uniques alors qu'elles sont constituées de strates superposées tantôt à l'horizontale et tantôt à la verticale. Il est facile d'imaginer la pression énorme qu'a dû subir la croûte terrestre pour en arriver à ce résultat. Les rochers ont des teintes beiges ocrées alors que l'eau est bleue turquoise foncée. Même un daltonien comme moi y trouve son compte.




Nous nous approchons ensuite de deux colonies d'otaries qui folâtrent sur les rochers:

l'Otarie à fourrure d'Afrique du sud (sous-espèce d'Australie) / Australian Fur Seal / Arctocephalus pusillus doriferus




l'Otarie à fourrure de Nouvelle-Zélande / New Zealand Fur Seal / Arctocephalus forsteri





Des Baleines à bosse / Humpback Whales / Megaptera novaeangliae, en provenance d'Afrique du Sud (selon le guide naturaliste du bateau), exécutent quelques pirouettes spectaculaires hors de l'eau. Au même moment, un premier Albatros à cape blanche / White-capped Albatross vient vers nous. Je suis le premier à le repérer et je me mets à crier pour que tous mes compagnons se préparent à l'observer. Il se dirige vers nous et il passe sur ma droite. Malgré le tangage du bateau, je réussis à en faire une photo





J'ai la chance de me reprendre avec deux autres albatros et on voit très bien les vagues d'environ un mètre qui compliquent énormément les prises de vue











Un très gros groupe de puffins est repéré au loin et nous nous en approchons. Ils sont là par milliers. Surtout des Puffins à bec grêle / Short-tailed Shearwaters /  Puffinus tenuirostris, mais nous pouvons également identifier quelques Puffins fuligineux / Sooty Shearwaters / Puffinus griseus. Les deux espèces se ressemblent énormément et, hormis la pâleur du dessous de l'aile du fuligineux, le critère d'identification se situe au niveau de la grosseur du bec. Pas évident avec ces grosses vagues et le tangage du bateau. Le capitaine du bateau manoeuvre tellement bien son embarcation que nous nous retrouvons bientôt littéralement parmi les puffins. C'est un moment impressionnant et inoubliable. Du jamais vécu encore par aucun des participants, incluant même notre guide de Tropical Birding,  Sam Woods.


Sous des mauvaises conditions de lumière, les puffins paraissent noirs alors qu'ils sont d'un brun doré lorsque les conditions de lumière sont idéales. Ceci dû à une qualité réfléchissante particulière au plumage de la plupart des procellariidés. Sur la photo qui suit, il est possible de reconnaître un Puffin fuligineux aux grandes plages blanches sous les ailes. Il s'agit d'un oiseau à gauche de l'image.





Grâce à des manoeuvres très habiles, le capitaine réussit à placer son bateau dans la ligne de vol des puffins. Nous sommes bientôt entourés de centaines d'oiseaux qui se posent sur l'eau, prennent quelques secondes de repos et ...





décollent en courant sur l'eau et en battant des ailes.





Sur cette dernière photo, nous pouvons voir un comportement des puffins que je ne connaissais pas. En plein milieu de l'image, nous voyons un oiseau qui semble tout simplement "trébucher" et tomber la tête première dans l'eau. En fait, c'est très volontaire et la plupart des oiseaux le faisait. Les oiseaux ne battent pour ainsi dire jamais des ailes, excepté lors du décollage, et ils volent regroupés souvent à quelques centimètres seulement au-dessus de l'eau. J'ai remarqué qu'ils se déplacent souvent perpendiculairement à la vague. Ils peuvent facilement attaquer cette vague en plongeant tête première et ils utilisent leurs ailes lorsque dans l'eau pour se propulser (à la manière des guillemots) afin d'attraper leurs proies. Après quelques secondes, ils se pointent hors de l'eau et ils reprennent leur course folle. Tout se fait si vite que c'en est presque étourdissant.





Cette photo démontre bien aussi les caractères distinctifs de ce puffin qui sont le bec court et mince (Puffin à bec grêle) et la queue tellement courte qu'elle permet un bon dépassement des pattes (Short-tailed Shearwater).


Cette sortie en mer constitue notre dernière excursion en Australie. Nous ne pouvions rêver mieux pour terminer sur une bonne note un si beau voyage.


@ bientôt,


 


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